2014-02-01 09:08
Il est des auteurs qui ont le génie d’insuffler un souffle à un lieu, qui ont une telle force dans l’écriture que les mots prennent vie et se mettent en mouvement dans un ballet d’images d’une précision incroyable. Carlos Ruiz Zafón en fait partie pour moi. Une fois l’ouvrage terminé, me restent des sensations, des impressions, des scènes dont je crois avoir été témoin alors qu’elles ne sont que le fruit de ma lecture. Vous l’avez compris, je suis conquise, et ce n’est pas la première fois, par cet auteur espagnol qui a le don de faire de Barcelone un personnage à part entière. Ce roman classé en littérature jeunesse (qui n’a de jeunesse que l’âge des protagonistes, et qui devrait être réservé à un public assez averti, non pas à cause des scènes de violence, mais des thématiques / mythes abordés, et du talent de sa plume), m’a fait pénétrer dans un univers qui m’a semblé être hors du temps, déconnecté de notre réalité, de la réalité de la Barcelone que je connais. Les personnages, complexes, ont un lourd passé, et je n’ai pu que m’attacher à Germán, sorte d’artiste maudit qui sombra lorsque la maladie lui enleva l’amour de sa vie, à Marina, qui lutte pour rester debout, adulte avant l’heure par la force des choses, et à Oscar, l’adolescent qui deviendra homme devant la férocité de l’histoire. Marina et Oscar, alors que s’éveillent leurs sentiments, se trouvent plongés dans un mystère vieux de 30 ans, où se confondent habilement passé et présent, et où l’horreur de l’être humain côtoie l’amour absolu. Que ferait-on par amour ? Y-a-t-il des limites à ne pas franchir ? Les réponses vous surprendront, Carlos Ruiz Zafón se joue des mythes pour créer sa véritable histoire. Mais ce mystère, passerait presque inaperçu si ce n’était l’atmosphère noyée dans la brume de cette Barcelone qui est capable de vous prendre dans ses bras pour vous bercer de son amour, ou de vous acculer au fond d’une ruelle pour vous dissimuler ses sombres secrets et desseins. Multifacette, Barcelone se construit, respire, vit au fil des pages, et le rythme de ma respiration a suivi le cours de l’action, tantôt calme, souvent saccadé, parfois coupé… Je suis encore habitée par ce monde qui frôle l’onirisme, rêve ou cauchemar qui m’a tenue éveillée alors que la fatigue voulait m’étreindre. Comme souvent, un seul regret, de ne pas avoir d’autres ouvrages de Zafón dans ma PAL, pour goûter de nouveau à sa magie.