La nuit des éventails commence par un entrelacement de chapitres racontant deux histoires différentes à des époques différentes et sans liens apparents entre elles. Il faudra attendre la moitié du livre pour commencer à voir apparaître des indices sur leurs liens respectifs, avec largement le temps de s’interroger sur la ou les raisons de cette alternance d’époques et de personnages. Ce temps est mis à profit pour se laisser porter par les mots.
La plume de Cathy Borie est en effet très agréable, imagée et chantante avec des tournures soignées, au moins sur le début. Sur la fin du livre j’ai moins eu cette impression de légèreté chantante, mais j’était probablement plus attentif à l’histoire elle-même et aux liens multiples qui se tissaient, qu’à la narration elle-même.
Les personnages, principaux comme secondaires, sont profonds et très travaillés, que ce soit sur leur histoire, comme sur leurs motivations. Ils sont à la fois typiques de leurs époques et originaux. Un point m’a un peu gêné : la deuxième audition avec le comédien, Adrien, semble vécu comme une première rencontre. Les aspects physiques semblent découverts à ce moment-là sans avoir été perçu à la première audition, étrange.
De deux histoires entrelacées, nous passons à trois avec la jeunesse d’Adrien et la recherche de son amour perdu, une quête pas évidente au vu de ses critères...
Ensuite nous approchons de la fin qui est particulièrement étrange. Nous comprenons enfin, au moins en partie, les tenants et les aboutissants de ces multiples histoires... mais je n’ai pas bien compris l’objectif de l’auteur, était-ce le destin inéluctable, était-ce la recherche de l’amour... j’avoue que la fin m’a laissé perplexe, le reste sous spoiler :Certes, à partir de la jeunesse d’Adrien nous partions un peu dans le morbide avec son amour inconditionnel de l’amour dans un cimetière. En soi, dans ce livre au moins, ce n’est pas gênant et même très bien amené, motivé, cela semble très naturel et très beau.
Mais là où j’ai moins accroché, c’est la recherche “malsaine” d’Adrien pour la branche parallèle de sa famille, et sa volonté de commettre cet “inceste” au 3e degré. Et là d’un seul coup Adrien semble avoir oublié sa passion de l’amour dans un cimetière. Clarisse quitte Adrien dès qu’elle apprend la vérité... Mais le rapprochement incestueux des deux branches familiale a quand même lieux au degré de parenté suivant dont naîtra une fille...
Je retiendrais une plume, une narration et des personnages particulièrement intéressants, mais je reste relativement déçu par les choix effectués pour cette fin très particulière.