Avec
Défaillances Marie-Pierre Bardou nous entraîne dans une histoire assez classique rehaussée par une narration originale. Je m’explique. La majorité du livre se déroule pendant une soirée comme nous en avons tous vécu : beaucoup de monde, d’alcool, et plus si affinité, une ambiance forte, ou pas, suivant le point de vue des invités, et qui lentement par à la dérive pour atteindre des sommets au bout de la nuit. Certes, ici l’auteur force le trait, mais peut-être pas tant que ça.
Parce qu’avoir des bouts de lui était préférable au vide. Parce qu’elle conservait ainsi l’illusion d’un succédané d’amour, à défaut d’autre chose.
Et l’originalité dans tout ça ? Elle vient doublement de la narration. Marie-Pierre Bardou a choisi de nous livrer son livre en kit, à la manière d’un puzzle. Le premier chapitre est quasiment la fin de l’histoire.
4h du mat’, une morte dans une baignoire. Puis elle empile les chapitres en avançant ou reculant dans les heures qui ont précédées cette mort, mais aussi dans les mois. Elle a, malgré tout, la gentillesse d’indiquer la date et l’heure en tête de chapitre. Cela oblige le lecteur a rester concentré pour replacer les différents morceaux au bon endroit dans la trame au fur et à mesure qu’ils nous sont livrés.
Il faut également rester concentrer pour essayer de deviner qui est la morte. Car dans sa grande “bonté”, l’auteur a oublié dans le premier chapitre de nous éclairer à sujet. Elle nous facilite un peu la tache toutefois, car sur la multitude d’invités à cette soirée, la plupart ne sont là que pour le décor. Il y a quelques rôles secondaires, et finalement peu de personnages proprement dit. Le lecteur n’est pas perdu au milieu d’innombrables noms et descriptions. Ce qui rend encore plus rageant de ne pas découvrir qui est la morte du premier chapitre.
Le deuxième intérêt dont je parlais à propos de la narration, c’est la personne. L’auteur raconte son histoire à le troisième personne du singulier, mais en se plaçant au fil des scènes du point de vu d’un personnage différent, quitte à nous raconter deux fois la même scène. Dans ces narrateurs deux sont particuliers, et donnent un charme particulier à l’histoire : ce sont les deux chats de l’organisatrice de la soirée.
Les humains croyaient toujours que les chats rêvaient de souris, de chasses, d’aventures, tout ce qui était censé être inscrit dans leurs gènes depuis la nuit des temps félins. Chamallow rêvait qu’il dormait, c’est tout. Et rien n’était plus délicieux que de dormir en rêvant qu’il dormait…
Nous avons même un personnage fantôme : la mystérieuse
elle. Est-
elle réellement qui l’on croit ?
L’histoire commencera comme elle a finit : raconté par un chat qui relativise les drames humains à son échelle féline.
Bref, une histoire captivante, à reconstituer soit même, le tout porté par une écriture fluide, précise et impitoyable je dirais. L’auteur se plait également à parsemer régulièrement son récit de petits pavés intrigants ou choquants.