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Mon ombre assassine de Estelle Tharreau
Date france :
2019.01.20
Editeur :

Mon ombre assassine

2019
3½ h
D'après votre vitesse de lecture (15 000 mots à l'heure), il devrait vous falloir environ 3½ h pour lire ce livre.

Temps restant en fonction de l'avancement :

17 %44 %72 %
3 h2 h1 h
 
 
En attendant son jugement, du fond de sa cellule, Nadège Solignac, une institutrice aimée et estimée, livre sa confession. Celle d’une enfant ignorée, seule avec ses peurs. Celle d’une femme manipulatrice et cynique. Celle d’une tueuse en série froide et méthodique. Un être polymorphe. Un visage que vous croisez chaque jour sans le voir. Une ombre. Une ombre assassine.

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Les commentaires :

 
J’avais un petit doute en entamant cette lecture car je n’avais apprécié que modérément L’Impasse, le précédent livre de Estelle Tharreau. Pas d’inquiétudes, mes craintes se sont rapidement envolés. Pour commencer, les “notes préliminaires” nous laissent entrevoir une plongée dans le monde particulier des tueuses en série. Ensuite l’auteur tisse sa narration en entremêlant plusieurs procédés, tous portés par une écriture précise : des articles de journaux, des extraits d’audition, ainsi que le journal de la victime ou tueuse, la question se pose. Bon, voilà pour les généralités, si vous ne voulez pas en savoir trop sur l’histoire, il vaudrait mieux en rester là, et vous plongez directement dans le livre. Après les “notes préliminaires” qui nous laissent deviner la suite, nous avons directement droit à un meurtre suivi d’une arrestation, le tout assortit d’un petit suspense : tueuse en série ou légitime défense. Ensuite, depuis sa cellule où elle attends son jugement, Nadège va nous raconter son histoire depuis sa plus petite enfance. Là, l’auteur tombe un peu dans la facilité en nous proposant une biographie qui, en fonction de l’intelligence et de l’affect du personnage, ne pouvait mener qu’au suicide ou à la tueuse en série. Je vous laisse découvrir vous-même tous ces événements qui immanquablement ne pouvait l’amener qu’à ces solutions. Bien entendu, comme notre Nadège est très intelligente et n’a aucune empathie, son parcours était tout tracé. Cerise sur le gâteau, elle est jolie et elle a un air candide et innocent. Tout pour se fondre dans la masse, d’autant qu’avec des parents démissionnaires, elle a pris pour “mentor”... un chat de gouttière... 
J’avais sept ans et mon répertoire « social » s’était enrichi d’une nouvelle partie intitulée « bien et mal ». [...] Je faisais un tri rapide des actions entrant dans l’une ou l’autre de ces deux catégories. [...] la ligne de démarcation était simple : « bien », pas de réprimande ou de punition, « mal », représailles physiques ou verbales. [...] la cour de récréation et ses occupants, [...] m’apprirent un enseignement capital : [...] Ne pas se faire prendre et échapper à une punition faisaient immédiatement sortir un acte de la catégorie du « mal » pour errer dans une zone neutre.
 
Je venais d’apprendre que la mort pouvait rendre les rêves possibles.
 
J’effaçai immédiatement mon sourire et fis rapidement appel à mon répertoire.
 Malgré cette relative facilité sur l’émergence de son personnage, Estelle Tharreau construit un livre addictif avec un certain nombre de rebondissements issus des petites erreurs de jeunesse de notre tueuse en série. Tels les cailloux du petit Poucet, ces erreurs pourraient permettre à la justice de suivre sa trace et de comprendre ce qu’il s’est réellement passé. L’auteur nous dévoile en parallèle l’avancée de l’enquête avec les révélations de Nadège à son cher journal. L’intérêt du livre provient également de la découverte de cet apprentissage et de l’attente de la réponse à la grande question : “sera-t-elle jugée coupable ?” et non à la question “est-elle coupable ?” Ça nous en avons très vite la certitude. Ce qui fait également froid dans le dos, c’est que Nadège, personnage de fiction, pourrait bien exister dans la réalité. D’ailleurs, même si vous ne la connaissez pas, encore, elle, elle vous connait peut-être déjà ! N’avez-vous pas dans votre entourage de jolies jeunes femmes à l’air innocent travaillant dans le “social”, au sens large du terme ? Je n’ai plus qu’a vous souhaiter une bonne lecture de Mon ombre assassine, et de bien dormir après. 
Comme dans la nature, certains prédateurs sont créés pour rétablir des équilibres [...] C’est pour cette raison que j’avais été mise sur cette terre avec cette singulière aptitude à tuer.
Je dois contribuer à soulager le monde de ces femmes trop faibles, trop dégénérées pour vivre. Pour les empêcher d’enfanter et de perpétuer leurs tares tout comme ma mère avait engendré mon frère et ma sœur.
 
Le crime, l’impunité, les ricochets de la souffrance.
Mon épanouissement était total.

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