Xavier Massé nous amène sur
La Route du lac à travers une narration un peu particulière. Nous partons d’un prologue qui plante bien le décor en présentant une scène assez anxiogène et qui ouvre sur tous les possibles. Ensuite les chapitres vont se succéder pour comprendre ce qu’il s’est passé ce soir-là. Bon, jusque-là rien d’inhabituel. Pour nous sortir de notre lecture linéaire, au fil de ces chapitres, l’auteur saute d’un personnage à l’autre, que ce soit les responsables de l’enquête de gendarmerie ou les habitants de ce village idéal et paisible. Heureusement les chapitres sont datés. De plus, il insère régulièrement des flash-backs sur des événements des mois précédents, et plus la narration avance, plus ils se font précis et explicatifs. Ils sont également datés et un sous-titre donne en plus un lien temporel avec un événement important. L’auteur à dû trouver que cela ne suffisait peut-être pas à rompre la linéarité du récit, car il intercale également quelques “interludes” qui se déroulent dans la même trame temporelle que l’enquête, mais qui sont plus proches d’un point de situation des personnages vu par l’auteur. Et là aussi, plus le récit avance, plus les points de situations sont précis, le premier étant particulièrement imprécis et obscur.
Les personnages sont bien travaillés, mais un peu trop stéréotypés à mon goût. Ils peuvent donner des pistes trop faciles.
le mari volage, sa femme qui savait, le veuf prêt à tout pour protéger son fils, l’ancien légionnaire et ex-taulard, le patron de bar qui falsifie les comptes, le flic véreux, le gosse de riche qui deal…
Heureusement, il y a Rémi. Rémi remplit bien son rôle pour les lecteurs, comme pour les villageois : il apporte un souffle d’air frais et de bonne humeur dans ce village meurtri par plusieurs disparitions, ainsi que dans cette histoire où l’enquête piétine.
Avertissement : si vous voulez lire ce livre, n’allez pas plus loin, il va y avoir des révélations.
J’écrivais un peu plus haut que les personnages étaient un peu trop “classiques” à mon goût, j’ai le même ressenti pour l’intrigue. Je m’attendais à une bonne surprise quand les gendarmes se sont orientés sur la piste de la drogue, je me suis dit que c’était trop facile, que c’était une fausse piste et qu’il allait y avoir un retournement de situation… je l’attends toujours… Certes, il y a quelques originalités, mais cela reste quand même
un gosse de riche qui deal pour la mafia et qui est couvert par un gendarme véreux, le tout révélé par quelques hasards et coïncidences…
Heureusement encore, Rémi est là. L’auteur utilise sa différence pour le rendre invisible aux villageois, gendarmes et lecteurs. Il le laisse évoluer dans son monde partiellement imaginaire, une sorte de réalité augmentée, pour être le vrai moteur de cette histoire.
La narration est prenante, et même s’il faut rester concentré pour suivre le fil de l’histoire entre les flash-backs temporels et les interludes, et même si l’intrigue est assez convenue, cela reste une bonne histoire agréable à lire et qui a le mérite d’ouvrir la réflexion sur les différences.