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Liste des livres

Le coq et l'arlequin de Jean Cocteau
1918
Jean Cocteau
Musique
1 h
A la parution du Coq et l’Arlequin en 1918, Jean Cocteau dédie ce texte à Georges Auric, un des jeunes musiciens du « groupe des Six » avec lequel il partage le rejet d’héritages artistiques tels que le debussysme ou le wagnérisme. Dans la préface qu’il rédige en 1978 lors de la réédition du livre, Georges Auric écrit qu’il y retrouve « plusieurs des pensées qui, auprès de Satie, [les] préoccupaient tous, mais exprimées avec une acuité, un “brio” très exactement éblouissants », à propos de Stravinsky notamment, et du Sacre du Printemps que Cocteau considère comme « un chef-d’oeuvre » qui « nous cogne en mesure sur la tête et sur le cœur ».
Au-delà d’une réflexion sur la création musicale, « ces notes autour de la musique apparaissent en même temps comme des notes autour des années où elles étaient rédigées », écrit Georges Auric. « Il me suffit d’en entrouvrir les pages : en marge de chacune, avec le binocle de notre “bon maître” d’Arcueil, avec son rire, ses mauvaises humeur, avec les coulisses de Parade, les exégèses de leur auteur et nos longues discussions, c’est également toute la vie quotidienne d’une époque que je pouvais croire pour toujours abolie qui ressuscite pour moi. »
Demian de Hermann Hesse
1946
Hermann Hesse
Littérature étrangère
3½ h
Histoire de la jeunesse d’Émile Sinclair est le roman d’une adolescence, un roman d’initiation, de formation, et l’un des chefs-d’oeuvre du genre. Demian enseigne à Émile Sinclair à ne pas suivre l’exemple de ses parents, à se révolter pour se trouver, à s’exposer à la fois au divin et au démoniaque, à traverser le chaos pour mériter l’accomplissement de sa destinée propre.
Trois des romans de Hermann Hesse, Demian (chronologiquement le premier), Siddhartha et Le Loup des steppes offrent autant de variations sur le thème de l’étranger qui ne doit pas craindre de se séparer de la société, de « vivre en dehors ».
 
 
Amok de Stefan Zweig
1922
Stefan Zweig
Littérature allemande
3 h
L’amok, en Malaisie,· est celui qui, pris de frénésie sanguinaire, court devant lui, détruisant hommes et choses, sans qu’on puisse rien faire pour le sauver. Le narrateur rencontre sur un paquebot un malheureux en proie à cette forme mystérieuse de démence. Histoire encore d’une folie, d’une passion d’un amour fou, cette fois - que la Lettre d’une inconnue reçue par un romancier à succès. Mais la passion peut faire de l’homme dominateur et méprisant un être humilié et ridiculisé : c’est le thème du troisième de ces récits, La Ruelle au clair de lune.
Un mois chez les filles de Maryse Choisy
2015
Maryse Choisy
Récit
3 h
En 1928, la jeune journaliste Maryse Choisy décide de mener une enquête sur les milieux de la prostitution parisienne et explore un nouveau genre, le reportage en immersion. Elle se fait passer pour une femme de chambre dans une maison de rendez-vous, se déguise pour entrer dans les dancings de la pègre, devient sous-maîtresse chez Ginette, danseuse de salon dans un bar lesbien, puis s’invite dans un hôtel particulier où de riches Américaines s’offrent de prétendus princes russes. Elle réussit même à s’infiltrer dans le plus illustre des claques parisiens, Le Chabanais.
Personnage célèbre des années folles, fantasque, libre et anticonformiste, Maryse Choisy se révèle une plume drôle, crue, engagée. On pense autant à Albert Londres qu’à Colette en lisant ce texte qui fit scandale et s’arracha alors à plus de 450 000 exemplaires.
La redécouverte d’un livre exceptionnel, une invitation à suivre Maryse Choisy là où vous n’oseriez jamais aller.
 
 
Vent d'Est, vent d'Ouest de Pearl Buck
1932
Pearl Buck
Littérature étrangère
3½ h
Kwei-Lan “vient d’être mariée”, sans le connaître, à un jeune homme de sa race mais qui revient d’Europe. Ce Chinois n’est plus un Chinois, il a oublié la loi des ancêtres, il ne reconnaît, ne respecte ni les coutumes ni les rites... Le frère de Kwei-Lan, qui vient de passer trois ans en Amérique, l’héritier mâle, dépositaire du nom et des vertus de la race, annonce son mariage avec une étrangère ; il revient avec elle... A travers les réactions des membres de cette famille de haute condition où l’attachement aux traditions, le culte des ancêtres, l’autorité du père et de la mère n’avaient encore subi aucune atteinte, la grande romancière Pearl Buck nous fait vivre intensément le conflit souvent dramatique entre la jeune et la vieille Chine.
 
 
Cacao de Jorge Amado
1955
Jorge Amado
Littérature étrangère
2 h
Dans ce roman court, violent et superbe, on trouve déjà l’ébauche de tous les grands thèmes de l’oeuvre de Jorge Amado : le défrichement des terres vierges, l’épopée de leur conquête par le fer et le feu, la prospérité des grands capitalistes, la misère extrême des paysans, la saga d’un monde fécondé par la sueur et le sang des hommes. Ici, il nous raconte, avec comme il le dit lui-même « un minimum de littérature et un maximum d’honnêteté », la vie de Sergipano, jeune paysan exploité, berné, trompé, qui refusera finalement un faux bonheur et une relative aisance matérielle parce qu’il ne veut pas trahir sa classe et préfère partir pour la lutte « le coeur propre et heureux ».
Frankie Addams de Carson McCullers
1949
Carson McCullers
Littérature américaine
4½ h
Frankie, une adolescente de douze ans, est assez mature mais mal à l’aise avec son corps en plein changement. Orpheline de mère, la seule personne qui écoute ses tourments est Berenice, la vieille cuisinière noire. Mais ni la bienveillance de celle-ci, ni le mariage de son frère Jarvis ne seront suffisants pour lui ôter l’envie de quitter très vite ce pays où elle étouffe.
Carson McCullers, romancière américaine des années quarante qui fut l’amie de Tennessee Williams, parvient une fois encore à toucher par son style d’une économie de moyens impressionnante. Six ans après “Le cœur est un chasseur solitaire”, qu’elle a publié à 22 ans en 1940 et qui l’a rendue célèbre, Carson McCullers (1917-1967) écrit Frankie Addams, son deuxième chefs-d’œuvre, avec toujours cette question lancinante chez la grande romancière américaine du sud des Etats-Unis : pourquoi est-il si difficile de passer de l’enfance à l’âge adulte, si compliqué aussi de conclure la paix avec soi-même ?
Aimez-vous Brahms... de Françoise Sagan
1959
Françoise Sagan
Littérature
2 h
Paule passe difficilement du rang de jeune femme au rang de femme jeune. Délaissée par son amant, adorée par un jeune homme de quinze ans son cadet, elle s’inquiète au seuil d’une nouvelle liaison, tourmentée par son désir de bonheur.
Le Vieux Marin de Jorge Amado
1978
Jorge Amado
Littérature étrangère
5½ h
Un narrateur cynique et ironique essaie de démêler le vrai du faux dans une histoire abracadabrantesque. Qui pouvait bien être le commandant Vasco Moscoso de Aragão, débarqué un jour en grande pompe dans la paisible ville de Piripiri peuplée de retraités en attente du jugement dernier ? Était-il, comme certaines mauvaises langues l’affirment, un simple fils de commerçant, ou ce vieux loup de mer, capitaine au long cours ? La ville se divise. On argumente, réfute, s’exclame, s’esclaffe, se dispute, se sépare. Au grand dam du narrateur, simple serviteur de l’illustre mystère. Jusqu’au jour où le fier et digne capitaine se voit obligé de prendre les commandes d’un bateau transportant d’importants passagers. La vérité finira-t-elle par éclater aux yeux de tous ? Titres honorifiques et mariages bourgeois en prennent pour leur grade, et Jorge Amado de rendre hommage, encore une fois, aux filles de petite vertu et au peuple métissé d’un Brésil ardent.
Les Deux Morts de Quinquin-la-Flotte de Jorge Amado
1971
Jorge Amado
Littérature étrangère
2 h
Joaquim Soares da Cunha était un homme respecté de tous : fonctionnaire émérite, bon père et bon époux, il jouissait du respect de ses pairs. Quand un jour il décide de tout abandonner pour parcourir les rues de Bahia, laissant les costumes et les conventions sociales au placard pour s’adonner aux joies du vagabondage et à la légèreté d’une vie qu’il a choisie : il devient Quinquin-La-Flotte. Si sa famille le renie, ses compagnons de fortune vont faire de lui un roi, un « philosophe en guenilles » qu’ils croient presque immortel jusqu’à ce qu’on retrouve son cadavre dans une cabane de Bahia. La fille, le frère et le très respecté gendre de Quinquin vont alors tout faire pour qu’il recouvre ce qu’ils pensent être sa dignité perdue. L’affublant d’un costume flambant neuf et de souliers luisants, ils vont lui organiser un enterrement digne de ce nom. Mais Bel-Oiseau, Martin le Caporal et Vent Follet - ses plus fidèles amis - ne l’entendent pas ainsi : rejoignant la dernière volonté de ce « vieux loup de mer », ils le ressusciteront pour l’emmener faire le grand saut dans les bras de celui qu’il a toujours voulu comme tombeau : l’océan.
Les deux morts de Quinquin-La-Flotte est plus qu’un roman : c’est un conte à la fois poétique et libérateur, qui révèle avec une plume acide et drôle, la rigidité et l’absurdité d’une société cloisonnée et pleine d’a priori. Jorge Amado nous offre ici un bel hymne à la liberté et fait de Bahia un concentré d’universel, reflet des réactions contrastées que la mort entraîne.
Vol au-dessus d'un nid de coucou de Ken Kesey
1963
Ken Kesey
Littérature américaine
8 h
Dans une maison de santé, une redoutable infirmière, “La Chef”, terrorise ses pensionnaires et fait régner, grâce à un arsenal de “traitements de choc”, un ordre de fer, les réduisant à une existence quasi végétative. Surgit alors McMurphy, un colosse irlandais, braillard et remuant, qui a choisi l’asile pour échapper à la prison. Révolté par la docilité de ses compagnons à l’égard de “La Chef”, il décide d’engager une lutte qui, commencée à la façon d’un jeu, devient peu à peu implacable et tragique. Publié pour la première fois en France en 1963 sous le titre La machine à brouillard, ce livre, rendu célèbre par le film de Milos Forman, est devenu un classique, traduit dans le monde entier et vendu à des millions d’exemplaires dans son pays d’origine. C’était le premier roman de Ken Kesey, chef de file des “Easy Riders”, qui a disparu en novembre 2001.
Le sari vert de Pearl Buck
1969
Pearl Buck
Littérature
4 h
Une brève rencontre amoureuse tandis que l’aube se lève sur la plage de Bombay, la paix d’un village chinois épargné par la guerre, des cendres qui vont se dispersant sur les flots du Gange l’impossible dialogue entre un soldat américain et une jeune coréenne, la nostalgie d’une vieille orientale perdue dans les rues de New York...
De Pékin à Delhi, des Philippines à la Corée, - d’un récit à l’autre -, Pearl Buck nous livre les multiples visages de cette Asie qui n’a cessé d’occuper son esprit et son coeur depuis plus de trente ans et dont elle connaît comme personne les rites et les couleurs, les raffinements et la misère, la sagesse, la permanence...
L’Orient pose encore à l’Occident de multiples énigmes. Pour les résoudre, Pearl Buck nous pro pose des clefs précieuses.
Eux de Joyce Carol Oates
2007
Joyce Carol Oates
Littérature américaine
13 h
« Eux » ce sont les hommes qui ont traversé la vie de Maureen Wendall et l’ont marquée à jamais. Howard, le père, qui leur rend la vie infernale : renvoyé pour fraude de la police, il sombre dans l’alcool avant de mourir écrasé sous une tonne d’acier à l’usine. Jules, le grand frère tant aimé, qui disparaît à l’entrée de l’adolescence pour essayer de fuir le contexte familial sordide et flirte avec la pègre sans même s’en rendre compte. Mais « Elles », sont-elles vraiment leurs victimes ou leurs complices passives mais dévouées ? Ainsi Loretta, la mère, dont le premier amant fut assassiné d’une balle dans la tête par son propre frère alors qu’ils venaient de faire l’amour. Hantée par cet univers de violence masculine, elle ne cessera pour autant de refuser à ses filles la chance de se sortir de leur milieu, semblant prendre plaisir à leur imposer la compagnie des hommes veules qu’elle se choisit. À travers l’histoire de cette famille maudite, Joyce Carol Oates dépeint trente ans de drames, de conflits, de violence, d’amour et de folie dans le décor sordide mais grouillant de vie des bas-fonds de Detroit. Elle met son intelligence cruelle et son impitoyable lucidité au service d’une vaste fresque qui s’étend de la Dépression des années 1930 aux émeutes raciales de 1967 et dont la puissance n’a d’égale que le brio du style.
Les dimanches de Monsieur Ushioda de Yasushi Inoué
2000
Yasushi Inoué
Littérature japonaise
5 h
Président d’une grande entreprise japonaise, Monsieur Ushioda souhaiterait pouvoir connaître le dimanche un peu de tranquillité et se consacrer à des sujets d’intérêt personnel. Hélas... Que ce soit son épouse, ses amis ou des inconnus, il semble que le monde entier se ligue pour le déranger sous les prétextes les plus futiles - et les plus contraignants. Jusqu’au jour où...
Dans ce roman écrit en 1970, Inoué traite de problèmes sociaux sur un mode humoristique. Le message de 68 est bien passé mais, chez Inoué, pas de révolutionnaires hurlants ni de hippies euphoriques : simplement le changement d’attitude des gens ordinaires vis-à-vis des rites sociaux. Refusant de donner dans la nostalgie, l’esthétisme ou le pittoresque, le grand écrivain japonais nous livre ici quelques scènes irrésistibles - et sournoisement immorales - d’une comédie profondément humaine. Yasushi Inoué (1907-1991) est sans doute le plus grand et le plus populaire écrivain japonais de son temps. Son oeuvre, d’une richesse exceptionnelle, aborde tour à tour avec le même bonheur toutes les formes de l’écriture.
La révolution du silence de Jiddu Krishnamurti
1971
Carlos Suarès
Jiddu Krishnamurti
Religion
4 h
Durant des décennies, de l’Inde à l’Amérique et à l’Europe, Krishnamurti n’a cessé de dénoncer l’illusion de ces «drogues dorées» que sont les religions, les doctrines politiques aussi bien que la consommation matérielle, également impuissantes à répondre aux besoins spirituels de l’homme. Dans ce livre paru en 1970 et d’une actualité toujours brûlante, il nous incite une fois de plus à nous libérer des discours ou des morales préétablis, à écouter notre silence intérieur et celui de la nature. «Ce qui est créateur est toujours destructeur», affirmait-il. En menant une critique radicale des formes modernes de l’asservissement, son oeuvre dégage des perspectives dont la ruine actuelle des grandes idéologies ne fait que souligner la pertinence.
La première et dernière liberté de Jiddu Krishnamurti
1973
Jiddu Krishnamurti
Religion
5½ h
Si l’on ne se comprend pas soi-même, il est impossible de penser « vrai » ; à chacun de faire d’abord la lumière en lui-même. Telle est la « première et dernière liberté » dont nous entretient ce livre, qui résume toute la pensée et l’enseignement du grand philosophe indien.
Sans nous enfermer dans aucun système, nous invitant au contraire à une mise en question permanente, il aborde les problèmes fondamentaux de la vie avec le seul souci de rendre l’homme plus libre. C’est sans doute pourquoi le rayonnement de Krishnamurti ne cesse de croître, de génération en génération, dans un monde et une société de plus en plus en proie à l’inquiétude spirituelle.
Tereza Batista de Jorge Amado
1974
Jorge Amado
Littérature étrangère
12 h
Bienvenue dans l’univers coloré, exotique, érotique et cruel de Tereza Batista. Dans un Brésil déchiré par des inégalités sociales grandissantes, la petite Tereza est vendue par sa tante au Capitão, un monstre de cruauté et de dépravation qui abuse des fillettes qu’il achète comme une vulgaire marchandise. Adolescente, elle trouve naïvement refuge dans les bras d’un don Juan manipulateur.
Femme, elle croit rencontrer l’amour avec un médecin bien sous tous rapports qui fait d’elle une infirmière respectable et finit par…
mourir. Désabusée, elle se tourne alors vers le Bordel, où sa sensualité de mulâtresse devient son arme pour survivre. C’est alors que la Peste Noire s’abat sur le pays. Avec les autres filles des rues, Tereza résiste, lutte et repousse le mal.
Dans Tereza Batista, Jorge Amado nous entraîne au coeur d’un Brésil populaire qu’il manie à la perfection grâce à une construction virtuose qui mêle écriture orale et critique sociale. Roman de femmes, il dresse à travers le portrait de Tereza le destin de toute une génération de Brésiliennes. Roman populaire, il enchante la littérature avec son érotisme poétique et inventif et rend hommage à un peuple en quête de ses origines.
Un instant dans le vent de André Brink
1978
André Brink
Littérature étrangère
6½ h
L’expédition conduite par Erik Larsson à l’intérieur du continent sud-africain se termine par un désastre : le guide se suicide, les porteurs s’enfuient, les deux Blancs qui l’avaient conçue meurent. Elisabeth Larsson reste seule survivante, au milieu de l’immense veld. Apparaît Adam, un esclave en fuite, qui a suivi le convoi de loin.
Cette femme blanche, cet homme noir que tout sépare vont cheminer ensemble des mois, vers ce qu’ils appellent encore la civilisation. Mais le vrai cheminement s’accomplit en eux-mêmes à la rencontre l’un de l’autre et de l’amour qui va les unir.
On retrouve dans Un instant dans le vent la même langue somptueuse, le même amour passionné de la terre africaine et la même condamnation des rigueurs de l’apartheid que dans les autres romans d’André Brink.
Shogun de James Clavell
1978
Shogun (2)
James Clavell
Littérature
11 h
Dans les années 1600, John Blackthorne, un navigateur anglais qui a rêvé d’accomplir le tour du monde, aborde aux côtes du Japon. Et pour lui l’aventure commence dans ce pays inconnu, mystérieux, en proie à de sauvages divisions féodales tandis que s’accomplit l’irrésistible ascension de Toranaga - qui deviendra Shôgun, le maître du Japon, John Blackthorne va vivre une extraordinaire aventure. D’une foule de personnages infiniment vivants et divers, pères jésuites, guerriers, prostituées, se détache la figure de la très belle Mariko, épouse d’un samouraï et qui s’éprend de Blackthorne. Leur amour sera semé de guets-apens, d’intrigues cruelles et d’assassinats... Dans cette saga, deux civilisations s’affrontent. Le Japon révèle aux yeux Occidental tous ses contrastes: sa férocité et les rites de sa politesse, les raffinements de son érotisme et sa fascination de la mort
La Bataille du Petit Trianon de Jorge Amado
1980
Jorge Amado
Littérature étrangère
5 h
Nous sommes au Brésil à Rio de Janeiro, en pleine Seconde Guerre Mondiale, sous l’Estado Novo, dictature militaire proche de l’idéologie nazie qui n’a de cesse de chasser les communistes et de torturer les opposants politiques.
Le grand poète académicien Antonio Bruno apprend la déroute des Français et l’entrée des Allemands dans Paris. Devant une telle défaite, voyant que la barbarie s’installe, il meurt de chagrin. Une place est désormais vacante à l’Académie des Lettres brésilienne ; le colonel Agnaldo Sampaio Pereira, grand admirateur du Troisième Reich, va alors se présenter, persuadé d’être élu à l’unanimité. Mais les académiciens refusent de laisser ce « Goebbels » brésilien briguer le fauteuil des immortels et vont lui imposer un autre candidat, membre de l’armée lui aussi, mais défenseur de la démocratie : le général Waldomiro Moreira. Qui du fascisme ou du libéralisme finira par gagner ? L’armée parviendra-t-elle à trouver sa place au sein du précieux monde des Lettres ?
Avec un humour féroce, Jorge Amado dénonce, dans La bataille du Petit Trianon, la bestialité et la bêtise de l’homme.
Dans une société où les machinations et la perversité sont de mise, ne restent que la littérature et la poésie pour (ré)enchanter le monde et faire éclater sa sensualité.
Deux amours cruelles de Junichirô Tanizaki
1979
Junichirô Tanizaki
Littérature japonaise
2 h
« Bien des histoires d’amour de la littérature japonaise atteignent des profondeurs de tendresse et de cruauté que la littérature occidentale n’a presque jamais atteintes… Les deux histoires de Tanizaki dont Kikou Yamata nous donne aujourd’hui la traduction, appartiennent à cette catégorie qui dépasse tous les qualificatifs. Le plaisir, la joie de découvrir un monde aussi étonnamment étrange, séduisant et souvent hallucinant m’apparaît comme aussi merveilleux que de pouvoir regarder l’autre côté de la lune. C’est un monde qui, bien qu’il nous soit demeuré longtemps caché n’est pas aussi inaccessible qu’on pouvait le penser. C’est un peu comme cette part de réalité de notre âme que nous apercevons dans nos rêves et sans laquelle on ne pourrait jamais saisir la vraie nature de notre être très mystérieux. »
La Découverte de l'Amérique par les Turcs de Jorge Amado
1992
Jorge Amado
Littérature étrangère
1½ h
Nous sommes au début du siècle dans l’État de Bahia. Les Turcs – ainsi appelle-t-on les immigrants venus de pays Ottomans tels que la Syrie ou le Liban – s’y sont installés récemment. Parmi eux, il y a Jamil, qui rêve de fortune et d’amour. Raduan, un philosophe séducteur qui parle aussi bien qu’il bat les cartes. Et Ibrahim, un veuf éploré que sa fille, laide et acariâtre, ne cesse de poursuivre afin de le remettre sur le bon chemin. Et si la solution était de trouver un prétendant assez cupide pour épouser la jouvencelle en échange du commerce de son père ?
De maisons closes en bars enfumés, nos trois personnages parlent des femmes, de sexe et d’amour. Dans un pays où les hommes se battent et s’entre-tuent pour quelques cacaoyers, où l’on peut devenir quelqu’un au mépris de sa condition sociale, nos trois Turcs rêvent et avec eux, le peuple brésilien. Dans cette Découverte de l’Amérique par les Turcs, Jorge Amado nous ouvre les portes d’un Brésil sensuel et coloré, où la provocation n’a d’égale que sa langue savoureuse et salvatrice.
Leçons de conduite de Anne Tyler
1988
Pulitzer (fiction) 1989
Anne Tyler
Littérature
6½ h
Partis en voiture assister aux funérailles d’un vieil ami, Ira et Maggie n’éviteront pas les querelles triviales et les remises en cause douloureuses d’un couple que tout semble opposer : lui est d’un réalisme sans concession ; elle, une grande rêveuse. L’émotion des retrouvailles entre copains transformera bientôt la cérémonie en remake des noces du défunt. La vie conjugale ne serait-elle qu’un long deuil ? À l’image de leur vieille guimbarde, l’amour d’Ira et Maggie s’étiole au fil des kilomètres et des petites disputes. À chaque carrefour, Maggie hésite, remet en question ses choix, défait et refait sa vie, s’abandonne à la rêverie complaisante d’une existence réussie. Entre stations-services et fast-foods, mari et femme trouvent toujours un inconnu, confident de fortune, à qui livrer leurs petits tracas, leurs maux d’amour, leurs regrets ou leurs timides espoirs. Comédie de moeurs aux personnages irrésistiblement drôles et émouvants, Leçons de conduite – pour lequel Anne Tyler a obtenu le prix Pulitzer en 1989 – est avant tout une leçon d’amour.
Les Piliers de la Terre de Ken Follett
1990
Les Piliers de la Terre (1)
Ken Follett
Roman Histo
24 h
Dans l’Angleterre du XIIe siècle ravagée par la guerre et la famine, des êtres luttent chacun à leur manière pour s’assurer le pouvoir, la gloire, la sainteté, l’amour, ou simplement de quoi survivre. Les batailles sont féroces, les hasards prodigieux, la nature cruelle. Les fresques se peignent à coups d’épée, les destins se taillent à coups de hache et les cathédrales se bâtissent à coups de miracles... et de saintes ruses. La haine règne, mais l’amour aussi, malmené constamment, blessé parfois, mais vainqueur enfin quand un Dieu, à la vérité souvent trop distrait, consent à se laisser toucher par la foi des hommes.
Abandonnant le monde de l’espionnage, Ken Follett, le maître du suspense, nous livre avec Les Piliers de la Terre une œuvre monumentale dont l’intrigue, aux rebonds incessants, s’appuie sur un extraordinaire travail d’historien: Promené de pendaisons en meurtres, des forêts anglaises au cœur de l’Andalousie, de Tours à Saint-Denis, le lecteur se trouve irrésistiblement happé dans le tourbillon d’une superbe épopée romanesque dont il aimerait qu’elle n’ait pas de fin.
 
 
La Nuit de tous les dangers de Ken Follett
1991
Ken Follett
Thriller
10 h
Southampton, Angleterre, septembre 1939 : l’Europe entre en guerre, et le Clipper de la Pan American - un fabuleux vaisseau des airs, le plus luxueux hydravion jamais construit - décolle pour la dernière fois vers l’Amérique. A son bord, un lord anglais, fasciste notoire, et sa famille ; une princesse russe ; un couple d’amants ; un beau jeune homme, très intéressé par les bijoux qui ne lui appartiennent pas ; et puis le chef mécanicien, officier irréprochable soumis au plus odieux des chantages. Durant trente heures de traversée, la tempête va secouer l’appareil. Au-dehors... et au-dedans.
Un savoureux cocktail de suspense et d’humour, dû au romancier de L’Arme à l’oeil et du Code Rebecca.
Moi qui n'ai pas connu les hommes de Jacqueline Harpman
1995
Jacqueline Harpman
Littérature
3½ h
Elles sont quarante, enfermées dans une cave, sous la surveillance d’impassibles gardiens qui les nourrissent. La plus jeune – la narratrice – n’a jamais vécu ailleurs. Les autres, si aucune ne se rappelle les circonstances qui les ont menées là, lui transmettent le souvenir d’une vie où il y avait des maris, des enfants, des villes…
Mystérieusement libérées de leur geôle, elles entreprennent sur une terre déserte une longue errance à la recherche d’autres humains – ou d’une explication. Elles ne découvrent que d’autres caves analogues, peuplées de cadavres.
Le Maître de thé de Yasushi Inoué
1995
Yasushi Inoué
Littérature japonaise
3 h
« Monsieur Rikyu a assisté à la mort de beaucoup de samouraïs... Combien d’entre eux ont dégusté le thé préparé par Monsieur Rikyu avant d’aller trouver la mort sur le champ de bataille ? Quand on a assisté à la mort de tant de guerriers, on ne peut pas se permettre de mourir dans son lit ! »Non, Monsieur Rikyu (1522-1591), Grand Maître de thé issu du bouddhisme zen, n’est pas mort dans son lit ! Il s’est fait harakiri à l’âge de 69 ans. Pourquoi s’est-il donné la mort ? Un vieux moine, son disciple, tente d’élucider le mystère de ce suicide.
Ce livre-enquête nous projette dans le Japon de la fin du xvie et du début du xviie siècle. A cette époque, la cérémonie du thé était un acte grave, un rituel qui témoignait d’un engagement redoutable, empreint d’exigences éthiques et politiques, prétexte parfois à des négociations secrètes.
Le Maître de thé est donc tout naturellement un roman d’initiation, de méditation, lyrique et sensuel à la fois. A travers la figure historique de Rikyu, Yasushi Inoué (1907-1991) dresse le portrait d’une génération hantée par la mort. Etrange de penser qu’il a écrit là son dernier récit et sans doute son chef-d’oeuvre, publié en 1991, l’année même de sa disparition !
Lumière noire de Minette Walters
1996
Minette Walters
Policier
8½ h
Quand Jane Kingley se réveille dans une clinique de Salisbury après son prétendu suicide, elle a tout oublié des événements qui l’ont conduite là. Pourquoi son entourage et sa famille affirment-ils qu’elle n’a pas pu supporter la trahison de Leo Wallader, cette ordure, qui a filé avec sa meilleure aime? Dans le chaos de sa mémoire défaillante, assaillie de pressentiments horribles, Jane refuse cette explication. Avec l’aide ambiguë du docteur Proterhoe, la jeune femme tente de comprendre, d’explorer ses cauchemars, de rassembler des indices, de découvrir l’invraisemblable et sanglante vérité.
Une affaire personnelle de Kenzaburô Ôé
1997
Kenzaburô Ôé
Littérature étrangère
3 h
Empreint d’une étrange violence intérieure, Une affaire personnelle est un roman cruel et douloureux : Bird, le héros de cette bouleversante histoire, a vingt-sept ans et son épouse vient de mettre au monde un enfant anormal. Déchiré par des sentiments contradictoires, dont l’immense tentation de se débarrasser du nouveau-né, le jeune père ira-t-il jusqu’à tuer de ses mains le bébé monstrueux ?
Résonances de Minette Walters
1997
Minette Walters
Policier
7½ h
Dans le garage de sa luxueuse demeure, l’architecte Amanda Powell découvre un clochard mort de froid. Émue, elle prend en charge ses obsèques. Mais son garage contenait de la nourriture, alors pourquoi cet homme s’est-il laissé mourir de faim ? C’est la question que se pose le reporter Michael Deacon, spécialiste des sans abris. Il se lance dans une enquête au cours de laquelle il recueille Terry, un jeune sans famille qui a préféré la rue à l’internement. Ce grand gaillard d’une quinzaine d’années a bien connu le clochard. Avec son aide et celle d’un photographe, le journaliste plonge dans le passé et s’intéresse à de mystérieuses disparitions. Si le récit se déroule avec comme arrière-plan social, le milieu des SDF, ce n’est pas là son seul intérêt. Les protagonistes sont tous confrontés à des problèmes affectifs et d’identité que la romancière aborde avec virtuosité, en analysant les relations familiales, la misère, le péché et la rédemption.
Ni chaud ni froid de Minette Walters
1999
Minette Walters
Thriller
2 h
A Sowerbridge, jolie petite ville d’Angleterre, une vieille dame fortunée et sa garde-malade sont sauvagement assassinées.
Patrick O’Riordan, ouvrier irlandais sans emploi, est immédiatement inculpé de ce double meurtre et mis sous les verrous. Il n’en faut pas plus pour ranimer la flamme d’un racisme séculaire dans la cité. Face à la montée de la violence et par solidarité avec ses compatriotes irlandais, Siobahn Lavenham alerte les autorités et tente de défendre la famille du meurtrier présumé sur laquelle s’acharnent les habitants.
Ragots, rumeurs, haines ancestrales : tout et n’importe quoi se dit au sujet de n’importe qui. Le pire de préférence...
Garçon manqué de Nina Bouraoui
2000
Nina Bouraoui
Littérature
2½ h
Je deviens Brio. Être la première en tout. Être un garçon avec la grâce d’une fille. Brio pour toute l’Algérie. Brio contre toute la France. Brio contre mon corps qui me fait de la peine. Brio contre la femme qui dit : Quelle jolie petite fille. Tu t’appelles comment ? Ahmed. Sa surprise. Mon défi. Sa gêne. Ma victoire.
Je fais honte au monde entier. Je salis l’enfance. C’est un jeu pervers. C’est un jeu d’enfant. Non je ne veux pas me marier. Non, je ne laisserai pas mes cheveux longs. Non, je ne marcherai pas comme une fille. Non, je ne suis pas française.
Un serpent dans l'ombre de Minette Walters
2000
Minette Walters
Policier
8 h
Londres, l’hiver. Un pays en grève sous la pluie. Les tas d’ordures s’empilent dans les rues... Un soir de novembre, quelque part dans la ville, une femme noire meurt dans un caniveau. On l’appelait Annie la Folle, ses voisins la méprisaient. Sa mort passerait forcément inaperçue si une jeune femme, Mrs Ranelagh, ne s’acharnait à prouver qu’il s’agit d’un meurtre.
Mais pourquoi cet acharnement ? Pourquoi son mari refuse t-il de dire ce qui s’est passé ce soir-là ? Pourquoi médecins et policiers déclarent-ils qu’ils ne savent rien ou presque de la vie d’Annie, et guère plus sur les circonstances de sa mort ? Pourquoi enfin une femme consacrerait-elle vingt ans de sa vie à traquer la vérité si elle n’avait pas une raison très personnelle de le faire... Vraies ou fausses pistes, tracées par la redoutable Minette Walters, emportent jusqu’au bout le lecteur, fasciné par ce serpent dans l’ombre...
J'irai pas en enfer de Jean-Louis Fournier
2001
Jean-Louis Fournier
Littérature
1 h
Insupportable garnement, provocateur né, impénitent redoutable et redouté, jamais avare de sacrilèges… Tel a été Jean-Louis Fournier dans sa jeunesse, un épi constamment dressé sur la tête comme marque indélébile d’être retors, inscrit malgré lui dans un collège catholique, pour le malheur de ses enseignants. « J’irai certainement en enfer, bonne-maman le dit souvent. » À vrai dire, le narrateur fait tout pour y aller. À force de péchés mortels. Il gâche un jour de procession, il regarde les Vénus dénudées dans le Larousse illustré, il pense à Jésus chaque fois qu’il mange un cornichon, il déplace une statue de la Vierge pour la faire trôner au-dessus de toilettes à la turque… « J’étais une honte pour mes parents, pour le collège, pour la France, pour l’humanité. Dieu devait regretter de m’avoir créé. » Seule l’écoute du Concerto pour violon en mi mineur de Felix Mendelssohn lui permet, en de rares occasions, de monter au ciel…
Avec la même légèreté, la même distance sensible qui faisait la force de Il a jamais tué personne, mon papa, avec le même souci iconoclaste et irrévérencieux que Le Curriculum vitae de Dieu, Jean-Louis Fournier signe là un ouvrage empreint de poésie, d’humour à froid, entre les Marx Brothers et les Monty Python.
La grammaire est une chanson douce de Erik Orsenna
2001
Erik Orsenna
Littérature
1 h
« Elle était là, immobile sur son lit, la petite phrase bien connue, trop connue : Je t’aime.
Trois mots maigres et pâles, si pâles. Les sept lettres ressortaient à peine sur la blancheur des draps.
Il me sembla qu’elle nous souriait, la petite phrase.
Il me sembla qu’elle nous parlait :
– Je suis un peu fatiguée. Il paraît que j’ai trop travaillé. Il faut que je me repose.
– Allons, allons, Je t’aime, lui répondit Monsieur Henri, je te connais. Depuis le temps que tu existes. Tu es solide. Quelques jours de repos et tu seras sur pied.
Monsieur Henri était aussi bouleversé que moi.
Tout le monde dit et répète « Je t’aime ». Il faut faire attention aux mots. Ne pas les répéter à tout bout de champ. Ni les employer à tort et à travers, les uns pour les autres, en racontant des mensonges. Autrement, les mots s’usent. Et parfois, il est trop tard pour les sauver. »
 
 
Intime pulsion de Minette Walters
2002
Minette Walters
Policier
7 h
Acid Row. Une cité-dépotoir. Une banlieue où le meilleur côtoie le pire.
Où un rien peut déclencher n’importe quoi y compris l’horreur. Et un matin la rumeur naît, court, s’enflamme : Amy, une fillette de onze ans a disparu. L’émeute se déclenche, nourrie par la chaleur, les rancœurs et les frustrations. Tandis que la police, débordée sur le terrain, s’efforce en vain de contenir la foule déchaînée, les enquêteurs, dans une infernale course contre la montre, tentent de retrouver la jeune Amy. Mais parmi les désaxés et derrière les coupables tout trouvés, qui est le vrai criminel ?                     
Le mystère des Trois Frontières de Eric Faye
2001
Eric Faye
Fantastique
2½ h
Ethnologue et fin connaisseur des mythes, un homme part se reposer dans une petite pension, au coeur d’une forêt. Il y croise un randonneur qui lui relate d’étranges et terrifiantes rencontres. Très vite, l’antique forêt produit sur le cerveau du narrateur son envoûtant travail : mythe et réalité se confondent. La puissante nature, la mémoire des temps anciens, une série de faits troublants et l’image obsessionnelle d’une femme inconnue: le lecteur est pris dans ce rêve éveillé aux frontières du visible et de l’invisible, du présent et du passé, du monde intérieur et du monde extérieur.
Le Mystère des Trois Frontières, court roman, est suivi de huit récits mythologiques dans lesquels l’auteur du Général Solitude bouscule une nouvelle fois le temps et l’espace.
Madame Bâ de Erik Orsenna
2002
Erik Orsenna
Littérature
7 h
Pour retrouver son petit-fils préféré qui a disparu en France, avalé par l’ogre du football, Madame Bâ Marguerite, née en 1947 au Mali, sur les bords du fleuve Sénégal, présente une demande de visa. Une à une, elle répond scrupuleusement à toutes les questions posées par le formulaire officiel 13-0021. Et elle raconte alors l’enfance émerveillée au bord du fleuve, l’amour que lui portait son père, l’apprentissage au contact des oiseaux…, sa passion somptueuse et douloureuse pour son trop beau mari peul, ses huit enfants et cette étrange « maladie de la boussole » qui les frappe…
Sans fard ni complaisance, c’est l’Afrique d’aujourd’hui qui apparaît au fil des pages, l’Afrique et ses violences, ses rêves cassés, ses mafias, mais aussi ses richesses éternelles de solidarité et ce formidable tissage entre les êtres.
Quinze ans après L’Exposition coloniale, Erik Orsenna explore à nouveau les relations de la France avec son ancien empire. Mais cette fois, c’est le Sud qui nous regarde.
Le moral des ménages de Eric Reinhardt
2002
Eric Reinhardt
Littérature
4 h
Manuel Carsen, abandonné par sa femme et sa fille, n’a pas été à la hauteur de ses rêves. Diplômé d’une école de commerce, il a rapidement quitté son métier de représentant dans une centrale d’achats pour devenir chanteur. A quarante ans, il est un chanteur inconnu. En racontant son enfance et son adolescence, Manuel dresse le portrait d’une France frileuse dont il rejette les valeurs, celles de la classe moyenne. Chez les Carsen, il n’y a jamais deux lampes allumés dans la même pièce, le camembert dure une semaine, on ne va jamais au restaurant ni au cinéma. Le père, timide et complexé, dominé par sa femme, humilié par ses employeurs, subit chaque soir les sarcasmes d’un fils déchaîné. Mais aujourd’hui, Manuel comprend qu’il est un raté, comme son père, et que sa fille le méprise. Au discours plein de rage et de fureur qu’il débitait adolescent, répond, vingt ans après, la diatribe aussi cruelle de sa fille qui le traite de nul, d’égoïste et d’imposteur.
Le Golem de Gustav Meyrink
2002
Gustav Meyrink
Littérature allemande
5 h
1915. Tandis que la Première Guerre Mondiale ensanglante l’Europe, un auteur quasiment inconnu publie son premier roman, qui connaît un succès foudroyant. Placé sous le signe du Golem, cette créature d’argile façonnée jadis par un rabbin, et qui revient hanter la ville tous les trente-trois ans, le livre ressuscite la Prague du tournant du siècle : Prague et son ghetto, rasé quelques années avant la guerre par des autorités soucieuses d’« assainissement ». Dans ses rues tortueuses où sont tapis des êtres fantastiques, dévorés par la passion et la haine, des crimes se commettent, tandis que les couples dansent dans des cabarets sordides. La folie sourd des vieilles pierres... elle poisse les songes et les souvenirs, elle sème sous les pas des passants des arcanes indéchiffrables. Jusqu’où le narrateur ira-t-il pour se libérer de son emprise et connaître enfin son destin ?
Le bruit des trousseaux de Philippe Claudel
2003
Philippe Claudel
Essai
1 h
Pendant onze années, chaque semaine, Philippe Claudel est allé donner des cours de français en prison, à des hommes et des femmes, jugés ou en attente de l’être, qui avaient commis des actes plus ou moins graves. Quelques mois après avoir cessé ces visites, il a pris conscience que ce lieu l’habitait toujours et pesait sur sa vie. Ni le roman ni le récit, dans leur fluidité, n’auraient su mettre en lumière ce qui est de l’ordre du morcellement et de la rupture. Car la prison fragmente la vie, la découpe selon l’espace et le temps, la retranche, l’ampute. De courts textes sont nés. Des scènes s’articulant les unes aux autres. Un puzzle s’est dessiné, qui peut se lire aussi et surtout comme une tentative de rendre compte d’un lieu qui n’en est pas un, d’un lieu que l’on masque toujours derrière des portes scellées. Un lieu qui nous hante malgré tout, et où la plupart d’entre nous n’entrent jamais.
 
 
La nuit des démons de Jocelyne Godard
2003
L'Apocalypse (1)
Jocelyne Godard
Roman Histo
6 h
1400. L’enluminure est à son apogée. Clarisse, fille de lissier, cherche à sauvegarder les acquis de ses ancêtres ayant autrefois travaillé à la confection de l’éblouissante et gigantesque tapisserie L’Apocalypse de saint Jean. En ces temps troublés où Bourguignons et Armagnacs s’entretuent sous les yeux ravis des Anglais, deux femmes s’affrontent. L’une, la reine Isabeau de Bavière, s’attache à ruiner la France, l’autre, Yolande d’Aragon, s’active avec un courage exemplaire à sauver le royaume. Plongée dans ce chaos qu’elle affronte avec audace, Clarisse, décidée à conquérir sa place parmi les lissiers de son époque, découvre Angers, Saumur, Bourges, le château de Mehun-sur-Yèvre où s’est enfui le dauphin et toute la beauté du Val de Loire. Sa rencontre avec Marie d’Anjou, la dauphine, fille de Yolande d’Aragon, marquera son destin.
Les âmes grises de Philippe Claudel
2003
Renaudot 2003
Lectrices de Elle (roman) 2004
Philippe Claudel
Policier
4 h
Une jeune enfant est retrouvée morte, assassinée sur les berges engourdies par le gel d’un petit cours d’eau. Nous sommes en hiver 1917. C’est la Grande Guerre. La boucherie méthodique. On ne la voit jamais mais elle est là, comme un monstre caché. Que l’on tue des fillettes, ou que des hommes meurent par milliers, il n’est rien de plus tragiquement humain.
Qui a tué Belle de Jour ? Le procureur, solitaire et glacé, le petit Breton déserteur, ou un maraudeur de passage ?
Des années plus tard, le policier qui a mené l’enquête, raconte toutes ces vies interrompues : Belle de jour, Lysia l’institutrice, le médecin des pauvres mort de faim, le calvaire du petit Breton... Il écrit avec maladresse, peur et respect. Lui aussi a son secret.
Les âmes grises sont les personnages de ce roman, tout à la fois grands et méprisables. Des personnages d’une intensité douloureuse dans une société qui bascule, avec ses connivences de classe, ses lâchetés et ses hontes. La frontière entre le Bien et le Mal est au coeur de ce livre d’une tension dramatique qui saisit le lecteur dès les premières pages et ne faiblit jamais. Jusqu’à la dernière ligne.
 
 
Histoire de ma mère de Yasushi Inoué
2004
Yasushi Inoué
Littérature japonaise
2½ h
Histoire de ma mère est le récit minutieux et poignant des dernières années d’une femme qui sombre dans la sénilité, sous le regard impuissant et consterné de sa famille. Une vie se défait doucement au fil de quelques années. D’abord les souvenirs s’enfuient, la mémoire récente s’efface, puis l’infantilisme vient, la perception du monde extérieur disparaît. C’est une histoire éternelle, vieille comme le monde, et plus actuelle que jamais dans notre univers étroit qui ne sait plus donner une place à ses anciens. Composé de trois textes poétiquement intitulés “Sous les fleurs”, “Clair de lune” et “Visage de neige”, voici sans doute, dans sa brièveté et sa retenue, le livre le plus déchirant de Yasushi Inoué.
 
 
Miroir de sang de Olivier Descosse
2004
Olivier Descosse
Thriller
7 h
Le corps d’une enfant est découvert atrocement mutilé dans les calanques de Marseille, Riad Kellal, le limier de la brigade criminelle aux origines algériennes et Paul Cabrera, le policier aux allures de loubard régnant sur la BAC nord. Ces deux flics hors-norme se lancent sur la piste du tueur. Chacun de leur côté, les deux hommes ont une raison personnelle d’être le premier à arrêter le monstre. De Marseille à Lyon en passant par la Camargue, de l’univers des Hell’s Angels à celui des gitans, les pistes courent en parallèle alors qu’un autre crime se prépare. Deuxième enquête du lieutenant Paul Cabrera, “Miroir de sang” plonge ses racines au plus profond de la folie humaine. Après “Le Couloir de la pieuvre”, une partie d’échecs hallucinante où les règles volent en éclat. Un thriller époustouflant qui confirme l’exceptionnel talent d’Olivier Descosse.
Les Désaxés de Christine Angot
2004
Christine Angot
Littérature
3 h
François et Sylvie vivent ensemble depuis une quinzaine d’années. Ils ont deux enfants, un garçon et une fille. Lui est scénariste de cinéma, elle, réalisatrice. Ils s’aiment, mais ils s’aiment mal. Aucun ne parvient à trouver dans leur relation de quoi surmonter ses problèmes psychologiques. Ils en viennent à se reprocher mutuellement leurs échecs ou leurs déceptions professionnelles.
C’est l’histoire de milliers de couples que l’auteur de L’Inceste et de Pourquoi le Brésil ? évoque dans ce roman dont la tonalité très classique a surpris ses admirateurs comme ses détracteurs. Christine Angot reste néanmoins fidèle aux thèmes de toute son oeuvre : l’intime, le mal de vivre, l’exigence et les désarrois de l’amour.
Existence de Eric Reinhardt
2004
Eric Reinhardt
Littérature
4 h
Diplômé d’une école prestigieuse, obsédé de logique et fanatique de l’œuvre de Wittgenstein, Jean-Jacques Carton-Mercier est devenu à près de quarante ans un cadre supérieur détestable qui méprise ses contemporains. Égocentrique et conformiste, il se comporte en tyran domestique avec son épouse et ses deux enfants. Mais un fait anodin - l’achat d’un Bounty dans une boulangerie - va déclencher dans sa vie une série de catastrophes. Ce misanthrope sûr de ses valeurs et de sa supériorité intellectuelle va rencontrer l’hostilité de ses semblables, découvrir ses faiblesses et ses doutes sur l’existence qu’il s’est construite. La folle journée de Jean-Jacques Carton-Mercier, d’humiliations en désastres, est un vrai régal pour l’esprit. Épousant la pensée chaotique du narrateur, souvenirs, hypothèses et inventions diverses bousculent le récit. L’enchaînement inattendu des dialogues et des situations, l’apparition de personnages burlesques font de cette étrange satire le roman le plus drôle et le plus surprenant qui soit.
Dona Flor et ses deux maris de Jorge Amado
2005
Jorge Amado
Littérature étrangère
12 h
Jolie et rayonnante, cuisinière émérite, Dona Flor est très aimée. On la plaint aussi parce qu’elle a épousé Vadinho, vaurien, joueur et coureur. Mais le roman s’ouvre au moment du carnaval et sur la mort inattendue de Vadinho, après sept ans de mariage. Dona Flor se consolera assez vite en épousant le docteur Teodoro, bien qu’il ne soit pas doué d’un tempérament de feu. Vient le jour où Dona Flor trouve Vadinho étendu nu sur le lit. Invisible à tous, Vadinho est complètement réincarné pour la seule Dona Flor et entend bien jouir de ses droits de mari? À Bahia, terre des dieux, des danses et des résurrections, des transes et du candomblé, une telle aventure devient l’histoire d’une ville bien-aimée et de tout un peuple, une sorte de voluptueuse chronique. Ce roman foisonnant, truculent et irrévérencieux est un chef-d’œuvre d’humour qui prend la forme d’un pied de nez à la morale. Tout l’art de conter de Jorge Amado s’y retrouve dans sa quintessence. Un plat aux aromates puissants, à la saveur et à l’exubérance toute tropicale cuisiné de main de maître.
La petite fille de monsieur Lin de Philippe Claudel
2005
Philippe Claudel
Littérature
2 h
Monsieur Linh est un vieil homme. Il a quitté son village dévasté par la guerre, n’emportant avec lui qu’une petite valise contenant quelques vêtements usagés, une photo jaunie, une poignée de terre de son pays. Dans ses bras, repose un nouveau-né. Les parents de l’enfant sont morts et Monsieur Linh a décidé de partir avec Sang diû, sa petite fille. Après un long voyage en bateau, ils débarquent dans une ville froide et grise, avec des centaines de réfugiés. Monsieur Linh a tout perdu. Il partage désormais un dortoir avec d’autres exilés qui se moquent de sa maladresse. Dans cette ville inconnue où les gens s’ignorent, il va pourtant se faire un ami, Monsieur Bark, un gros homme solitaire. Ils ne parlent pas la même langue, mais ils comprennent la musique des mots et la pudeur des gestes. Monsieur Linh est un cœur simple, brisé par les guerres et les deuils, qui ne vit plus que pour sa petite fille. Philippe Claudel accompagne ses personnages avec respect et délicatesse. Il célèbre les thèmes universels de l’amitié et de la compassion. Ce roman possède la grâce et la limpidité des grands classiques.
Satané Dieu de Jean-Louis Fournier
2005
Jean-Louis Fournier
Littérature
1 h
Quand Dieu eut fini le monde, il se recula pour l’observer. Et il dit : « Cela est bon. Peut-être trop bon pour eux... »
Dieu loge maintenant avec saint Pierre au dernier étage d’une grande tour. Dieu s’ennuie. Les hommes s’amusent. Dieu est jaloux.
« Vous avez réussi le paradis, il n’y a pas de raison que vous loupiez l’enfer », lui dit saint Pierre.
Encouragé, Dieu invente dans la foulée: la famine qui décime, la culpabilité pour tout gâter, la rentabilité pour tout gâcher, TF1, la surpopulation jusqu’à saturation, les guerres de religion comme punition, après Mozart, Jean Michel Jarre, et, pour se marrer pendant les fêtes de fin d’année, un bon raz-de-marée... Un essai de théologie légère, qui ose enfin regarder Dieu dans les yeux.
 
 
Moi Constance Princesse d'Antioche de Marina Dédéyan
2005
Marina Dédéyan
Roman Histo
7 h
A l’hiver 1130 le sort de la principauté d’Antioche au nord de la Syrie, conquise par les Francs trente ans plus tôt, repose sur les frêles épaules d’une enfant de sept ans. L’histoire de Constance de Hauteville racontée par elle même est à l’image de cette époque : extraordinaire. Petite fille, mariée en secret, à neuf ans, à un chevalier de vingt-cinq ans son aîné, elle découvre peu à peu les armes de son sexe faisant de ce mariage de raison une étonnante histoire d’amour. Elle apprend aussi à surmonter la haine de sa mère en même temps qu’à louvoyer entre les revendications des empereurs byzantins, les ambitions du roi de Jérusalem et les attaques des turcs pour préserver sa liberté de femme et de princesse.
Petite mort de Alexandra Schwartzbrod
2005
Alexandra Schwartzbrod
Thriller
4 h
« Longtemps, j’ai cru que je n’aimais pas le sexe ; seul m’occupait l’amour, le plaisir n’en était qu’un des attributs. j’ai été nommée en Orient vingt-huit jours avant le début de la guerre, et ma vie en a été bouleversée... » Telles sont les premières lignes du journal intime que Viviane reçoit un jour par la poste accompagné d’une fiole exhalant un mystérieux parfum, mélange d’ambre et de pâte d’amande. D’où vient ce texte ? Pourquoi le lui a-t-on envoyé ? Et surtout, qui est la femme qui se livre ainsi, avec rage et impudeur, n’omettant aucune de ses aventures érotiques ? A-t-elle un lien avec ces noyées que l’on retrouve au même moment dans l’Ourcq, accrochées à une écluse, au pied de l’appartement où Viviane exerce comme psychologue, spécialisée dans les “addictions” ? La jeune femme est happée par une enquête qui, au fil des pages, va la mener bien au-delà des berges du canal et l’inciter à franchir toutes les frontières, y compris et surtout celles du sexe.
 
 
L'agenda de Rome de Jean-Jacques Roche
2005
Jean-Jacques Roche
Thriller
6½ h
L’Europe reprendrait-elle le flambeau du Saint-Empire romain germanique qui, au Moyen-Âge, s’étendait de la Baltique à la Méditerranée ?
Parce qu’ils ont osé suggérer cette éventualité, deux policiers, dont les enquêtes n’auraient jamais dû se rejoindre, vont affronter des tueurs tapis dans les sous-sols du Berlaymont, le siège de la Commission européenne. Isolés, marginalisés, leur seule chance de survie est d’apporter la preuve qu’ils ne sont pas devenus fous.
À eux et à eux seuls de décrypter cet “Agenda de Rome” écrit en contrepoint du traité fondateur du Marché commun, à eux de faire le lien entre le cadavre d’un ouvrier kurde abandonné dans une rue de Bruxelles et les 450 immigrants clandestins pris en otages par leurs passeurs aux abords des côtes italiennes. De Bruxelles à Bari, des cités mafieuses d’Albanie aux antichambres de l’Union, un puzzle inquiétant dessine les contours d’une Europe impériale qui n’a pas besoin de constitution pour être déjà réalité.
Rue des rats de Francois Forestier
2005
Francois Forestier
Thriller
4 h
Entre la Goutte d’or et la Chapelle, dans le 18e arrondissement de Paris, la drogue est partout. La misère et l’injustice ont colonisé le quartier et les rats ont envahi les murs, les poubelles, les caniveaux… Deux gangs blacks règnent sur tous les trafics : les Hommes du Sel et les Hommes des Hommes. Max Mpétigo, un métis expert en risque industriel, regarde partir à la dérive ce petit monde qu’il connaît comme sa poche. Mais cette fois, les habitants algériens, soudanais, coréens, Haïtiens, croates ou biélorusses sont en colère : les immeubles menacent de s’écrouler, d’impromptus incendies se multiplient, les flics découvrent les cadavres de toxicomanes atrocement mutilés et une énième bavure policière achève de mettre le quartier sens dessus dessous… Quand le commissaire Sétubal, dépassé par les évènements, l’appelle en renfort, Max répond présent. Mais son enquête prend une tout autre tournure lorsqu’il découvre que son ami Macdou, qui tient le resto le plus populaire de la rue Doudeauville, a mis les mains dans une sale affaire… Plongé dans les sombres luttes de pouvoir qui déchirent son territoire, Mpétigo parviendra-t-il à sauver son ami et à éviter que le fragile équilibre du quartier ne vole en éclat ?
Mes trains de nuit de Eric Faye
2005
Eric Faye
Littérature
3 h
Les trains de nuit ont offert à Eric Faye ses premières insomnies heureuses. New York, Prague, Samarkand, Sarajevo, Berlin, Pékin... autant de nuits blanches partagées avec le « petit peuple du couloir » : fumeurs, noctambules, bavards impénitents. Espace privilégié où le temps semble s’arrêter, le wagon-lit est un lieu de rêverie et de rencontres, le voyage en train un condensé de l’existence, avec ses séparations et son terminus.
Au fil de ses souvenirs parfois incertains et romanesques, l’auteur nous entraîne dans son labyrinthe littéraire et insolite. A bord du transsibérien ou du Kafka express nous traversons des frontières aujourd’hui disparues, des empires rayés de la carte, des bouts du monde ignorés.
Enfant, Eric Faye s’endormait en écoutant le chant des locomotives, ce qui lui permet d’affirmer aujourd’hui que certains trains de nuit pleurent. Héritier d’une histoire familiale dans laquelle les chemins de fer ont toute leur place, il nous offre cet éloge de la lenteur, de la contemplation et du nomadisme.
Salut au Grand Sud de Isabelle Autissier
2006
Isabelle Autissier (et Erik Orsenna)
Littérature
3 h
A bord du voilier de 15 mètres qu’elle vient d’acquérir, Isabelle Autissier a embarqué son ami Erik Orsenna. Ils ont jeté l’ancre dans les baies où avait mouillé le Pourquoi-Pas ? du commandant Charcot, ont admiré montagnes enneigées et icebergs, ont affronté les dangers du détroit de Drake. Avec l’expérience de la concurrente du Vendée Globe, avec la hauteur de vue de l’auteur du Portrait du Gulf Stream, Salut au Grand Sud raconte leur croisière...
Telling de François Taillandier
2006
La Grande Intrigue (2)
François Taillandier
Littérature
4 h
Une inquiétude singulière, durant ses premières années, avait quelquefois tourmenté Nicolas : il se demandait si tout ce qui l’entourait n’était pas le résultat d’une vaste supercherie, organisée par les adultes dans l’incompréhensible dessein de le tromper. Selon sa pensée d’enfant, voici ce qui se passait peut-être : la vie courante, dans toutes ses dimensions, telle qu’elle se déroulait autour de lui, était un spectacle, une mascarade. Tout le monde faisait semblant. Avant sa naissance, rien n’était comme ça. Les grands avaient tout comploté et tramé. On lui avait affirmé qu’à un certain âge il fallait aller à l’école, mais ça n’existait pas, l’école. On avait du même coup inventé tout ce qu’on y enseignait. En réalité, il n’y avait jamais eu de rois de France, ni d’arithmétique. Les fables de La Fontaine n’avaient été écrites que pour lui. La Fontaine lui-même n’avait jamais existé.
L'eau rouge de Pascale Roze
2006
Pascale Roze
Littérature
1½ h
A la fin de sa vie, Laurence Bertilleux perd la tête. Ses filles, qui la veillent, l’entendent délirer doucement. Elles saisissent des mots qui sortent de la bouche de leur mère, tels que Lân, Chaudoc, Coincoin et Moulin. Les filles reconnaissent le mot Chaudoc, elles savent que Laurence y a séjourné pendant la guerre d’Indochine avant leur naissance. Quelques jours avant de mourir, Laurence trouve la force d’échapper à la surveillance de son entourage, de filer à l’aéroport de Roissy, prête à s’embarquer pour la Guyane. Elle est rattrapée de justesse, ramenée chez elle. Alors elle baisse les yeux, se laisse mourir avec son secret et son histoire.
C’est cette histoire et le secret de L’eau rouge que Pascale Roze nous raconte dans son nouveau roman, assurément le plus romanesque depuis son prix Goncourt, Le Chasseur Zéro. Pourquoi l’Indochine ? Pourquoi le choix de ce pays, de cette vie parmi les militaires, pour une jeune fille de vingt-cinq ans que rien ne destinait à de pareilles aventures ? Pourquoi un retour en France aussi précipité quelques années plus tard ? Le roman de Pascale Roze répond à ces questions et à tant d’autres sur un mode aussi intriguant qu’émouvant. Les mots inconnus prononcés par Laurence à la fin de sa vie nous sont devenus familiers. On reconnaît en chacun d’entre eux, au-delà des surnoms ou des diminutifs, un amour, une passion, un rêve de jeune fille.
Le prix du pardon de Jean-Michel Morel
2006
Jean-Michel Morel
Littérature
9 h
1890. New York. Louis Morghana a dix ans. Sa mère s’allie au mouvement de grève de l’usine où elle travaille. Son père, parce qu’il est flic, ne veut pas ternir l’honneur de sa femme en l’emprisonnant. Il s’enfuit dans l’Ouest avec Louis mais succombe dans des circonstances dramatiques. De ce point de départ tragique naît une palpitante aventure où le jeune garçon, élevé par un Indien, apprend à devenir trappeur, à suivre n’importe quelle piste et à se défendre dans n’importe quelles circonstances. Il apprend à tuer pour sauver sa peau. En quête de ses origines, il parcourt le Mexique, devient garde du corps dans les premiers studios hollywoodiens, puis modèle de Picasso dans le Paris des anarchistes, combattant aux côtés des Irlandais en 1916, soldat dans la guerre des tranchées en Argonne, prisonnier au bagne de Cayenne… Mais le souvenir de sa mère le hante. Tout au long de cette formidable odyssée, on découvre un personnage fort, taciturne, violent et droit, qui n’est influencé par aucune pensée, et ne se laisse distraire par aucune femme. Et pourtant, doté d’une loyauté infaillible, il n’aura de cesse de retrouver sa mère. Le pardon est à ce prix.
Le Paradis des perdantes de Jean-Pierre Perrin
2006
Jean-Pierre Perrin
Thriller
5½ h
Morvan, ancien flic à la cellule antiterroriste de l’Elysée, est recruté pour assurer la protection rapprochée du prince héritier d’un émirat du Golfe. Une jeune fille l’engage bientôt pour enquêter discrètement sur la disparition de sa sœur, une adolescente fascinée par Jehan, la trop belle actrice égyptienne, qui fait battre tous les cœurs du monde arabe. Les services secrets britanniques se mêlent à l’affaire ainsi que Jehan, elle-même porteuse d’un lourd secret. Morvan découvre l’implication d’un prince saoudien et l’existence d’une clinique clandestine : le Paradis des perdantes, où s’organisent d’effroyables tractations. A travers cette enquête se dévoile l’envers du décor doré du Golfe : les intrigues des services secrets, la corruption infinie des gouvernants, leurs perversions et leurs liens particulièrement troubles avec les réseaux d’Al-Qaïda qui s’abreuvent à l’ombre des palais. C’est l’énigme du Paradis des perdantes. Sa clé ouvre grandes les portes de l’enfer.
Le syndicat des pauvres types de Eric Faye
2006
Eric Faye
Littérature
3 h
Je vous ai reconnu comme faisant partie des nôtres. Voilà. Nous autres, lorsque nous rencontrons quelqu’un comme vous... nous cherchons intuitivement quel enfant il a pu être dans la cour de l’école, avec encore en lui les espoirs, les émerveillements qu’il perdra un à un. Nous remontons avant la catastrophe. Avant le moment où Mozart a été assassiné. Quand l’enfant croit encore en lui. A ses chances, sans imaginer qu’à son âge, la plupart des portes sont déjà closes.
Puisque rien ne dure de Laurence Tardieu
2006
Laurence Tardieu
Littérature
1½ h
Vincent roule à vive allure sur l’autoroute. Il va à la rencontre de celle qu’il a aimée, Geneviève, qui se meurt. Sur la route, Vincent repense au passé. À ce qui, quinze ans auparavant, a détruit leur couple. A ce qui les unit au-delà de la mort. Il repense à Clara, leur enfant disparu, à son corps jamais retrouvé, à la douleur jamais éteinte qui a consumé leur amour. Face au drame, Geneviève a choisi la solitude, consignant sa souffrance dans des carnets, comme si l’écriture la maintenait en vie, tandis que Vincent a tenté d’oublier. De prendre la fuite. Mais tous deux partagent pour la vie un malheur inhumain. Lorsque Vincent rejoint Geneviève, c’est une femme rongée de peine et de tristesse, mais aussi une femme qui s’apaise et veut affronter le passé. Dans les derniers gestes, dans les ultimes paroles qui accompagnent la mort, Geneviève et Vincent se retrouvent, et Clara, leur petite fille, revit au fil des souvenirs. Le temps est venu pour Vincent de se réconcilier avec la vie.
Dans un souffle brûlant et avec une bouleversante retenue, Puisque rien ne dure dit la douleur de perdre un enfant. En laissant la parole au père et à la mère, Laurence Tardieu fait entendre la souffrance qui emmure, incompréhensible pour les autres, l’irrémédiable cassure du couple, la façon dont chacun supporte le malheur. Dans ce texte poignant, la vie et la mort sont indissociables, comme l’ombre et la lumière.
 
 
J'abandonne de Philippe Claudel
2006
Philippe Claudel
Littérature
1½ h
Le narrateur est un jeune veuf qui vit seul avec sa petite fille de vingt et un mois. Psychologue dans un hôpital, son rôle est d’annoncer aux familles la mort de leurs proches et de les convaincre d’autoriser le prélèvement d’organes sur celui qui vient à peine de disparaître. Mais aujourd’hui, il ne veut plus être une hyène qui bondit sur sa proie pour la dépecer. Son métier le dégoûte. D’ailleurs, tout le dégoûte : la bêtise et la haine de son collègue, la vulgarité de ses contemporains, la violence et la laideur d’un monde qui n’est plus le sien.
C’est au confessionnal, la petite pièce où exercent les hyènes, dans un climat de tension extrême, qu’il va peu à peu retrouver la force de continuer à vivre. Bouleversé par une mère qui vient d’apprendre la mort brutale de sa fille de dix-sept ans, il comprend qu’il ne peut pas abandonner son enfant, innocente et fragile.
À ce récit d’un homme blessé, au bord de l’effondrement, se mêlent les mots d’amour et de tendresse d’un père qui refuse de léguer à sa fille un monde de cendres et de ruines.
J’abandonne est un cri de détresse face à une société qui se déshumanise. Un regard sans complaisance sur les lâchetés et les impostures de l’époque. Mais c’est la compassion qui l’emporte et le lecteur retiendra les gestes d’une infinie douceur et les paroles d’espoir sur lesquels s’achève ce texte poignant.
Nous sommes cruels de Camille de Peretti
2006
Camille de Peretti
Littérature
4 h
Julien et Camille sont faits pour s’entendre. Fascinés par la littérature du XVIIIe siècle, élèves brillants, orgueilleux, cyniques et prétentieux, ils ont tous deux la conviction de s’être trompés d’époque. Et surtout une dévorante envie de s’amuser et d’affirmer leur toute-puissance. Alors quoi de plus idéal pour combler leurs aspirations que de se prendre pour le vicomte de Valmont et la marquise de Merteuil ? Quelques règles, de nombreuses “proies” à séduire, un maximum de “trophées”... Les voilà “partenaires de crime”, maîtres d’un jeu cruel dont ils tirent les ficelles en redoutables manipulateurs. Marie, Stanislas, William, Emilie, Hadrien, Diane... autant de victimes de leur association diabolique. Mais quand les deux adolescents se laissent rattraper par leurs modèles, les nouveaux enjeux les dépassent. Piqués dans leur amour-propre, ils sont incapables de mettre le terme qui s’impose à leur entreprise. Le jeu s’annonce de plus en plus périlleux ; et risque bien de les mener à ce qu’ils redoutent par-dessus tout : devenir des adultes.
Du même auteur de Nan Aurousseau
2007
Nan Aurousseau
Littérature
2½ h
« On m’attend sur mon deuxième bouquin il paraît.
Eh bien on m’attendra longtemps parce que je n’en ferai pas. C’est ce que je me disais après la parution de Remords d’un comique voyageur, mon premier roman. Le succès m’avait fait peur, je ne m’y attendais pas, et puis la foule m’inquiétait pendant les signatures, mes tendances paranoïdes s’en étaient trouvées aiguisées et logiquement j’échafaudais des hypothèses solides en apparence “C’est bien beau tout ça mais ça peut mal s’achever, dans un Salon du livre par exemple, qu’un tordu fanatisé, le foie pourri par les neuroleptiques, me finisse sur ma pile d’invendus un dimanche de septembre”.
Finir à la rentrée, c’était bien dans mon genre. Je restais donc sur ma réserve quand quelqu’un a sonné à ma porte un matin. Il devait être aux environs de six heures et je dormais encore. J’ai enfilé une chemise à la va-vite et j’ai été ouvrir. C’était ma voisine du dessous, elle était à poil avec un colt 45 à la main. »
Mes mauvaises pensées de Nina Bouraoui
2007
Renaudot 2005
Nina Bouraoui
Littérature
5 h
« Avez-vous des grains de beauté ? Des cheveux blancs que vous teignez ? Pratiquez-vous un sport ? Prenez-vous des coups de soleil ? Faites-vous l’amour la veille ou le matin de nos séances ? En gardez-vous une trace ? Est-ce que je suis jalouse ? Avez-vous eu des relations sexuelles avec une autre femme ? Avez-vous peur de la nuit ? De l’amour ? Comment se prénomment vos enfants ? Êtes-vous une mère douce ? Combien de baisers par jour ? Quels sont vos mots sur moi ? Quel est mon dossier ? Me trouvez-vous jolie ? Intelligente ? Perdue ? Avez-vous fixé ma voix sur une bande magnétique ? Dois-je vous avouer qu’il m’arrive de rêver de vous ?»
Dans un style ample et fluide, Nina Bouraoui restitue cette parole propre à la thérapie, cet abandon qui reste tenu, contrôlé, dans une frénésie de vitesse, et révèle la géographie intime, physique et amoureuse d’une « déracinée ». Un « roman confession » d’une grande maîtrise.
Unica de Elise Fontenaille
2007
Elise Fontenaille
Littérature
2 h
J’ai attrapé le dreamcatcher sur ma table de nuit, je me suis assis sur le lit à côté d’Unica. Et je lui ai demandé d’enlever son bonnet. Elle l’a ôté d’un coup, ses cheveux sont tombés sur ses épaules, ils étaient blancs comme de la coke, scintillants ; jamais de ma vie je n’avais vu une crinière pareille, même chez les punks de Japantown ? J’ai posé le dreamcatcher sur sa tête, j’osais à peine les toucher, tellement c’était troublant, ces cheveux si blancs sur cette tête d’enfant.
Une vie de Simone Veil
2007
Simone Veil
Bio
5½ h
C’est un évènement. Simone Veil accepte enfin de se raconter à la première personne.
De son enfance niçoise dans une famille juive complètement assimilée, et de sa déportation à Auschwitz avec sa mère et l’une de ses sœurs en mars 1944, jusqu’à ses fonctions les plus récentes, elle a su s’imposer comme une figure singulière et particulièrement forte dans le paysage politique français. Femme libre s’il en est, elle a exercé le pouvoir sans jamais le désirer pour lui-même mais pour améliorer, autant qu’elle l’a pu, les conditions de vie de ses concitoyens : à l’administration pénitentiaire, puis au ministère de la Santé dans le gouvernement Chirac sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing – c’est là qu’elle fait voter, contre son camp, la loi sur l’IVG ; à la présidence du Parlement européen, où elle se montre capable de tenir tête au Premier Ministre français, Raymond Barre ; comme ministre des Affaires Sociales, de la Santé et de la Ville dans le gouvernement dirigé par Balladur et présidé par François Mitterrand ; au Conseil constitutionnel ainsi qu’à la Fondation pour la mémoire de la Shoah.
Fidèle à ce qu’elle estime être la fonction des rescapés des camps de la mort, elle a témoigné, chaque fois qu’elle l’a pu, en France comme partout, de son expérience d’Auschwitz.
Mais cette femme de mémoire n’est jamais nostalgique, jamais passéiste, elle n’a souci que du monde de demain, celui qu’elle léguera à ses petits-enfants et à ses arrière-petits-enfants dont la place est grande dans sa vie.
Elle a beaucoup voyagé, rencontré la plupart des « grands » de ce monde, vécu de près les évènements majeurs du XXe siècle. Elle en parle sans forcer sa voix, mais on l’entend.
Bleu de chauffe de Nan Aurousseau
2007
Nan Aurousseau
Littérature
2½ h
Mon patron s’appelle Dolto. C’est un petit homme suave d’une quarantaine d’années assez rond à l’extérieur mais géométriquement pourri et sans pitié à l’intérieur. Aidé par trois garçons baraqués, il vient de déménager le coffre-fort de l’entreprise. Le coffre-fort de son entreprise. Et cela de nuit, un mardi, alors qu’il était censé être en vacances. J’ai pris des photos. Le coffre a été embarqué dans une camionnette blanche que j’ai photographiée aussi. Il se croit malin Dolto, mais avec moi il a tout faux, il est tombé sur un os, un os de Mamout. Mamout c’est mon nom, moi je ne descends pas du singe comme je dis toujours. Avec ses lunettes à double foyer Dolto vous regarde toujours par en dessous et quand il vous parle on dirait qu’il vous suce. Mais il s’agit juste d’une impression parce qu’en réalité il est en train de vous enculer et ça, vous ne le sentez pas. Vous avez mal après. Mais après il est trop tard...
 
 
La cuve du diable de Alexandra Schwartzbrod
2007
Alexandra Schwartzbrod
Thriller
4½ h
Qui a voulu tuer Lino Wang, le tycoon de Hong Kong, devenu le plus gros vendeur de textile de Naples ? Venu enquêter sur la percée inquiétante des triades chinoises dans une ville contrôlée par la Camorra, un journaliste français découvre l’envers de Naples, une cité oubliée de l’Europe où règne le culte de la misère et du bon Dieu. Sa route croise celle d’une femme mystérieuse en quête d’une autre vie. Ensemble ils plongeront dans les tréfonds d’une ville peut-être maudite.
Il n'y a personne dans les tombes de François Taillandier
2007
La Grande Intrigue (3)
François Taillandier
Littérature
5 h
Nouvelles révélations sur les personnages qui peuplaient Option Paradis (2005) et Telling (2006). Louise et Nicolas, les cousins amants, vivent toujours ensemble. Elle a le droit d’avoir un amant. On les retrouve au QG de campagne d’un candidat à la présidence de la République, un certain dimanche 21 avril 2002. Durant l’été 2005, Christophe Herdoin, le frère de Louise, perd son ombre sur une plage vietnamienne. La retrouvera-t-il ? A sa mort, en 1976, on découvre ce qu’a été la vie risquée et libre de Pauline, la mal mariée de Vernery-sur-Arre, où le clan Herdoin avait toujours fait silence sur elle. A l’automne 2009, à Bruxelles, Athanase, rescapé d’une guerre africaine, continue de songer aux Bantamas, son ethnie d’origine. Il décide alors d’écrire un roman. Il sera Sobel l’écrivain. Elie Rubien, le coiffeur juif de Belleville, jadis venu d’Ukraine, meurt amnésique. Le château des La Ronzière, proche de Vernery, appartiendrait désormais à une secte...
Il n’y a personne dans les tombes est un roman foisonnant où toutes ces vies et bien d’autres s’entrecroisent, révélant les mystères intimes et les désirs étouffés d’une société de plus en plus normative. François Taillandier replace ses personnages dans l’histoire et les mythes anciens qui l’ont constituée. Architecture, religion, économie, littérature, en pleine mutation, explosent dans ce récit mordant et multiple. Il joue avec les ruptures de style, dévoile les impostures des langages convenus et des codes institutionnels pour créer une langue pleine d’invention et de saveur. On peut lire dans l’ordre ou le désordre les trois volets parus de cette suite romanesque qui annonce au moins une bonne nouvelle : il n’y a personne dans les tombes.
Cendrillon de Eric Reinhardt
2007
Eric Reinhardt
Littérature
12 h
C’est un livre d’amour. C’est un livre d’amour dédié à une saison, l’automne. C’est un livre d’amour et de guerre sur la mondialisation, les dérives du capitalisme moderne.
Laurent Dahl prend la fuite, abandonnant femme, enfants, appartement londonien et domestiques. Son ascension fulgurante dans une société d’investissements vient de s’achever en faillite.
Patrick Neftel roule à vive allure vers un studio de télévision, des armes cachées dans le coffre de sa voiture, pour accomplir le geste radical et désespéré qui lui donnera enfin le sentiment d’exister.
Thierry Trockel conduit son épouse vers un manoir isolé aux environs de Munich. Ils doivent y retrouver un couple rencontré sur Internet.
À travers ces trois personnages issus d’une classe moyenne toujours malmenée par l’auteur du Moral des ménages, c’est la société dans toute sa rudesse qui se révèle : traders bourrés de cocaïne, laissés pour compte de la promotion sociale, parents soumis et humiliés, adolescents rageurs, jeunes gens avides et ambitieux, arrogance et dégradation des people, mépris des intellectuels de gauche pour les déclassés.
Cendrillon est le roman que l’on attendait sur notre monde, un monde qui agonise et ressuscite d’un marché financier à l’autre : documenté, précis, captivant. On se passionne pour les paris périlleux des spéculateurs qui jouent avec l’argent des autres, au risque de tout perdre.
Parle-moi d'amour de Philippe Claudel
2008
Philippe Claudel
Littérature
1 h
Femme : Les enfants ! Comme si tu les connaissais ! Tu t’en es préoccupé de tes enfants ?
Homme : J’ai toujours eu leurs photos sur mon bureau !
Femme : Et c’est en les regardant en photo que tu les as élevés peut-être ? C’est toi qui les as torchés ? Tu t’es réveillé la nuit lorsqu’ils étaient malades ? Tu les as consolés quand ils pleuraient ? Tu les as emmenés au zoo, au cirque, au jardin d’enfants, au Luxembourg pousser des bateaux, faire du poney ?
Homme : Chaque année je faisais le père Noël !
Femme : Tu l’as fait deux fois ! Et en plus tellement mal qu’ils t’ont reconnu tout de suite ! Et les anniversaires ? Tu étais là pour les anniversaires avec les copines et copains qui dévastaient systématiquement l’appartement, se gavaient de bonbons et vomissaient ensuite leurs chamallows dans tous les coins ? C’est toi qui t’es fait engueuler par les instituteurs, les professeurs, les principaux, les proviseurs ?
Il a jamais tué personne, mon papa de Jean-Louis Fournier
2008
Jean-Louis Fournier
Littérature
1 h
Mon papa était docteur. Il soignait les gens, des gens pas riches, qui souvent ne le payaient pas, mais ils offraient un verre en échange, parce que mon papa, il aimait bien boire un coup, plusieurs coups même, et le soir, quand il rentrait, il était bien fatigué. Quelquefois, il disait qu’il allait tuer maman, et puis moi aussi, parce que j’étais l’aîné et pas son préféré. Il était pas méchant, seulement un peu fou quand il avait beaucoup bu. Il a jamais tué personne, mon papa, il se vantait.
Petite fabrique des rêves et des réalités de Philippe Claudel
2008
Philippe Claudel
Littérature
3 h
« Il me semble souvent que j’écris des romans comme le ferait un cinéaste, et j’ai eu le sentiment très net de réaliser mon film, Il y a longtemps que je t’aime, comme un écrivain compose un roman. Une fois le tournage passé, une fois le film achevé, je n’en avais pas fini avec l’aventure. Le désir de la réexplorer avec le recul, et avec les mots - ceux de l’écrivain ? ceux du cinéaste ? -, s’est alors imposé. J’ai songé aux décors, aux comédiennes, aux techniciens, au cadre, aux figurants [...].
Bref, j’ai tenté de constituer un making-of d’un genre particulier qui ferait comprendre la double nature qui est la mienne. Et il me semble aujourd’hui, grâce à ce petit livre qui peut se lire aussi comme une autobiographie fragmentée, tendre encore davantage la corde sur laquelle j’essaie de cheminer, depuis longtemps déjà. »
P.C.
Camelia.came de Yves Mamou
2008
Yves Mamou
Thriller
5½ h
Un jeune Black, livreur d’une importante société de vente de fleurs par Internet, meurt dans une explosion dans une cité de la banlieue parisienne. Un commando de tueurs colombiens débarque à Paris à la recherche de plusieurs centaines de kilos de cocaïne. Des terroristes islamistes, cachés dans un grand hôtel parisien, attendent en vain un message de leur contact. Un ingénieur colombien vient d’inventer un moyen pour faire passer la drogue incognito. Une jeune femme se fait enlever… Pourquoi le destin de ces personnages, pas toujours très recommandables, se croiseraient-ils ? Le commissaire Martucci et un agent américain de la DEA vont devoir unir leurs forces pour mener à bien cette enquête.
Les tribulations d'une caissière de Anna Sam
2008
Anna Sam
Essai
2 h
Que voit-on du monde et des gens quand on les voit du point de vue d’une caissière de grande surface ? Que sait-elle de nous en voyant ce que nous achetons, ce que nous disons, les questions que nous posons ? Le passage en caisse est en réalité un moment très particulier. À tort, nous pensons que tout est neutre dans cette opération et nous ne nous surveillons pas. La caissière est pour nous un regard aveugle, à la limite elle est elle-même une machine. Nous nous montrons donc comme nous sommes. Et lorsque la caissière s’appelle Anna Sam, qu’elle est titulaire d’une licence de lettres et qu’elle n’a pas les yeux dans la poche de sa blouse, elle saisit sur le vif nos petits mensonges, nos petites lâchetés, nos habitudes plus ou moins bizarres, et elle en fait un livre qui ne ressemble à aucun autre.
 
 
Option Paradis de François Taillandier
2008
La Grande Intrigue (1)
François Taillandier
Littérature
3½ h
Je repense souvent à tous les gens que nous avons vus vivre ici. Ce n’est qu’en devenant à notre tour adultes que nous pouvons nous interroger sur ce qu’ils étaient. Quand j’étais petit, les gens me paraissaient normaux. Je considérais qu’ils étaient ce qu’ils disaient être, ce qu’ils laissaient voir. Les conversations courantes, la lecture du journal, le déjeuner du dimanche, l’observance des règles élémentaires de la vie sociale. Ils se conformaient à tout cela, mais nous savons bien, à présent, que c’était faute de savoir que faire du reste, de ce qui bouillait dans la marmite. Ils étaient désarmés, ils ne savaient pas comment faire autrement. Ils y passaient tous. Il y avait quelque chose de caché ici, dans ces murs, dans ces pièces. Ils restèrent silencieux. Ils se tenaient dans leur présence et leur distance. Ils avaient été enfants ici, puis ils avaient changé de sphère, connu des mondes nouveaux. Ils avaient su que ce pays ne les retiendrait pas, ne les retiendrait plus. A quoi s’agissait-il donc d’échapper ?
Le voyage des lycéens de Samia Essabaa
2009
Samia Essabaa (et Cyril Azouvi)
Essai
2½ h
Samia Essabaa a 42 ans. Elle est professeur d’anglais au lycée professionnel Moulin-Fondu de Noisy-le-Sec (93). Elle y enseigne à des adolescents majoritairement musulmans, et majoritairement issus de l’immigration arabe et africaine.
A l’occasion du 11-Septembre, elle prend conscience du racisme et de l’antisémitisme qui règnent dans ses classes. Aux yeux de cette professeur, elle-même musulmane et d’origine marocaine, le constat est accablant : parmi ses élèves, les Juifs sont stigmatisés et dépréciés, responsables de beaucoup des malheurs du monde, et notamment des leurs.
Refusant de rester sans réagir, Samia décide de frapper fort en organisant un premier voyage scolaire à Auschwitz en 2005. La préparation de ce voyage est l’occasion pour elle de constater également de graves lacunes dans les connaissances des jeunes : le nom d’Auschwitz est bien souvent inconnu, et la Shoah ne dit rien à personne, ou alors son existence est mise en doute.
Samia n’est pas la première enseignante à emmener ses élèves dans un camp de concentration. En revanche, elle est l’une des très rares à rééditer l’expérience et à y mêler par la suite, en 2007, une classe d’un lycée juif de Pavillon-sous-Bois (93) et une classe d’un lycée mixte juif-musulman de Casablanca. Samia Essabaa a quarante-deux ans, elle enseigne l’anglais au lycée Théodore Monod de Noisy-le-Sec. Cyril Azouvi est journaliste à Management.
On m'a demandé de vous calmer de Stéphane Guillon
2009
Stéphane Guillon
Humour
4½ h
« Le patron de Radio France me propose un thé vert. Deux énormes théières trônent sur une table de réunion ovale. Je décline son offre.
“Vraiment? Vous ne voulez rien boire?” S’ensuit une longue discussion sur l’humour, ses limites, ce qui est drôle, ce qui ne l’est pas... Bizarrement ma tête bourdonne, je repense à mes débuts, mes galères, mes premiers pas sur scène, mes premières chroniques radio, avec toujours le même but: faire rire les autres... Et puis j’entends cette phrase étrangement menaçante: “On m’a demandé de vous calmer.” Comme si quelqu’un venait de siffler la fin de la récré. »
Stéphane Guillon
 
 
Les Joyeuses de Michel Quint
2009
Michel Quint
Littérature
2½ h
« Les enfants, le destin est une vaste plaisanterie, une histoire pleine de bruit et de fureur racontée par un idiot… Ce soir, nous avons la réponse à la vieille question, to be or not be : nous sommes, nous vivons, nom de Zeus ! Nous venons de perdre Fenton, et nos commères de Windsor sont orphelines du jeune premier. En gros, je suis dans la merde pour mes représentations ! Alors que notre concours du meilleur Falstaff serve au moins à désigner le successeur de Bruno au bras d’Emma ! Je déclare solennellement Rico gagnant d’une nuit d’amour et désormais titulaire du rôle de Fenton ! Apprends le texte dès aujourd’hui, petit et viens dans mes bras ! »
Michel Quint nous invite à partager le quotidien d’une troupe de comédiens délurés. Au-delà d’un éloge du théâtre, c’est à la vie et aux plaisirs de la chair qu’il rend hommage.
Nous étions les Mulvaney de Joyce Carol Oates
2009
Joyce Carol Oates
Littérature américaine
12 h
À Mont-Ephraim, une petite ville des États-Unis située dans l’Etat de New York, vit une famille pas comme les autres : les Mulvaney. Au milieu des animaux et du désordre ambiant, ils cohabitent dans une ferme qui respire le bonheur, où les corvées elles-mêmes sont vécues de manière cocasse, offrant ainsi aux autres l’image d’une famille parfaite, comme chacun rêverait d’en avoir. Jusqu’à cette nuit de 1976 où le rêve vire au cauchemar... Une soirée de Saint-Valentin arrosée. Un cavalier douteux. Des souvenirs flous et contradictoires. Le regard des autres qui change. La honte et le rejet. Un drame personnel qui devient un drame familial. Joyce Carol Oates épingle l’hypocrisie d’une société où le paraître règne en maître ; où un sourire chaleureux cache souvent un secret malheureux ; où il faut se taire, au risque de briser l’éclat du rêve américain.
Nous aurons toujours Paris de Eric Faye
2009
Eric Faye
Littérature
2 h
Quelques mots singuliers entendus enfant dans la conversation ses grands, quelques cartes figurant les monuments d’une cité mythique, un livre qui tombe d’un rebord de table et s’ouvre à la page du 2 mai 1950, une villa blanche qui vous rappelle l’Afrique, et un vieux poste de radio, et revoilà la légende du Rosebud, le souvenir qui imprègne le présent et dont le parfum ne se dissipe jamais, et qui aide, transforme l’avenir en un jardin vivable, comme Bogart trouve la force de quitter Ingrid Bergman en lui disant, pendant que l’avion mouline du brouillard sur la piste, We’ll always have Paris.
Et c’est ainsi, dans Casablanca, que les deux amants réussissent à continuer à vivre, à se séparer s’il le faut et à suivre chacun son propre chemin, en se souvenant de leur idylle dans le Paris d’avant l’occupation allemande. En puisant dans cette réserve de lumière. Avec ce livre entièrement dédié à un sentiment, celui du “merveilleux”, à sa naissance et son cours à travers la vie d’un homme - la sienne - l’auteur nous invite à le suivre dans son propre puits de lumière.
Nous aurons toujours Paris est conçu sous forme de boucle, et c’est dans le perpétuel aller-retour entre les rêveries de l’enfant, ses projections et leur prolongeaient à l’âge adulte, dans leur décalage, souvent, que se glisse le merveilleux, que se construisent la vie et l’œuvre, avec leurs impasses, fausses pistes, déceptions et surprises. Il n’est donc pas, ou très peu, question de Paris dans ces pages. Mais plutôt de pérégrinations et de rencontres : du Japon à l’Afrique, et de julien Gracq à Ismail Kadaré ou Albert Cossery, quand ce n’est pas l’ombre du toujours énigmatique B. Traven.
Philippe de Camille Laurens
2009
Camille Laurens
Littérature
½ h
« On peut bien dire qu’on est malheureux, mais on ne peut pas dire le malheur. Il n’y a pas de malheur dans le mot malheureux. Tous les mots sont secs. Ils restent au bord des larmes. Le malheur est toujours un secret. »
Un temps fou de Laurence Tardieu
2009
Laurence Tardieu
Littérature
3 h
J’ai peur de vous revoir. Peut-être aurait-il mieux valu en rester là, comme nous l’avons fait depuis six ans, conformément à je ne sais quel accord tacite passé entre nous : ne pas nous revoir, jamais, garder au creux de nous cette longue nuit irréelle comme un secret qui n’appartient qu’à nous. Peut-être, au fond, l’accident est-il celui de notre rencontre, pas du silence qui s’ensuivit […]. J’ai peur de vous revoir, mais comme j’en suis heureuse.
Laurence Tardieu
Le rêve entouré d'eau de Bernard Chapuis
2009
Deux Magots 2010
Bernard Chapuis
Littérature
6 h
Quatre objets étranges, quatre orphelins adoptés par quatre célibataires : Talbeau, avocat débonnaire et somptueux, Valentine, dont le salon russe ne désemplit pas, Luca, photographe de charme à l’accent romain, et Bichot, le voisin du dessus, le petit homme au cœur d’une tribu imaginative. Des voix, des rires, des dîners, des bouteilles, des chats. Les objets : la selle du cavalier indien, le lit Ernest Boiceau, la tacouba d’Ahamed, le matsu des Kotani. Le jeu est de les trouver. Quatre voyages qui commencent et s’achèvent au Cap Ferret en passant par le Lac Léman, l’océan de sable du Ténéré, la mer intérieure du Japon. Sous le vent de l’amitié, quatre histoires entourées d’eau.
Et si on dansait ? de Erik Orsenna
2009
Erik Orsenna
Littérature
1 h
Après La grammaire est une chanson douce, après Les Chevaliers du Subjonctif, après La révolte des accents, Erik Orsenna poursuit les aventures grammaticales de son héroïne Jeanne et de son frère Tom. Ou comment vont-ils découvrir cette fois l’art de ponctuer leur vie…
Jeanne a seize ans désormais. Depuis les débuts de son exploration de la grammaire, elle a grandi et s’est enhardie. Elle est aujourd’hui à la tête d’un commerce illicite : elle rédige et monnaye les devoirs des élèves de l’île. De fil en aiguille, elle va devenir le nègre des hommes politiques et rédiger leurs discours. C’est à cette occasion, l’élargissement de sa clientèle au monde politique, que l’importance de la ponctuation lui saute aux yeux, ou plutôt aux oreilles. Avec l’aide de Tom, son frère musicien, elle apprend les bases de la musique et du rythme pour parfaire les discours qu’elle écrit. Car qu’est-ce qu’un discours sinon une sorte de chanson où la musique, le ton, le rythme jouent un rôle aussi grand que les paroles ?
Jeanne va trouver à cette recherche un intérêt tout particulier. Car elle est tombée amoureuse. Et la ponctuation n’a-t-elle pas été inventée pour exprimer les sentiments, marquer le rythme du cœur, noter les nuances affectives ?
Alors comment ponctuer un texte ? Comment animer sa vie ? Et si, au lieu de la subir, on la dansait ?
L'hirondelle du faubourg de Véra Belmont
2009
Véra Belmont (et Anne-Marie Philipe)
Bio
3½ h
La vie de Véra Belmont est comme un film. Elle est une toute jeune juive polonaise lorsque la guerre éclate, doit mentir et voler pour survivre : Plus tard, elle se détache de sa bande des rues pour entrer aux jeunesses communistes, puis devient comédienne un peu par hasard. Elle sera par la suite une grande productrice française, notamment sur les films de Sautet, Pialat, Annaud, Demy, Truffaut.. et une magnifique réalisatrice. Anne-Marie Philipe, par ses questions pertinentes et personnelles, nous dévoile un des grands caractères de notre temps.
Le paquet de Philippe Claudel
2010
Philippe Claudel
Théâtre
½ h
Un homme tire un énorme paquet auquel il semble tenir plus que tout. Que renferme-t-il donc ? Le corps de sa femme qu’il aurait assassinée ? Les seuls biens qui lui restent ? Ses souvenirs, ses rêves, ses joies ? Les débris d’une vie ? Nos lâchetés, nos abandons, nos laideurs ? Tous nos maux et nos mots impuissants ? Lorsque le monde s’effondre, la question n’est pas de savoir ce que l’on sauve, mais ce dont on ne peut se débarrasser.
Comment peut-on être Américain ? de Véronique Maumusson
2010
Véronique Maumusson
Récit
13
4½ h
On ne saurait soupçonner Véronique Maumusson de classique allergie antiaméricaine. Ancienne journaliste au Monde, elle a épousé un Américain et vit à Los Angeles depuis quinze ans. Ses enfants y sont nés. Elle y a trouvé une maison, des amis, un réseau associatif, un univers de vie.
Pourtant, quinze ans après, cette culture continue de la surprendre. Elle nous fait part de ces interrogations au travers d’un récit d’expérience qui n’est en rien un essai géopolitique ou un ouvrage de conjoncture. Elle raconte ce qu’est sa vie de tous les jours, une vie surprenante.
L’individualisme, le puritanisme, la religion, le patriotisme, l’argent tout-puissant, la consommation souveraine, la méfiance envers l’État, la culture autocentrée sont et restent, pour elle, des motifs d’étonnement dont elle détaille les tenants et les aboutissants.
Elle ne dissimule pas sa sympathie pour Obama. Mais jusqu’à quel point Obama a-t-il les moyens d’agir et est-il représentatif de l’Amérique profonde ?
Bellefleur de Joyce Carol Oates
2010
La trilogie gothique (1)
Joyce Carol Oates
Littérature américaine
18 h
Une gigantesque demeure dans la région de Chautauqua, près du mythique Lac Noir. Six générations d’une même famille l’habitent au cours du xixe siècle : les fortunés et influents Bellefleur. Ils possèdent une multitude de terres, emploient leurs voisins et pèsent sur le gouvernement. Groupe excentrique et prolifique, ils composent un clan des plus bigarrés : un tueur en série, un allumé qui part se terrer dans les montagnes à la recherche de Dieu, un noctambule inquiétant, un brillant scientifique, une enfant singulière, sont autant de personnages qui viennent animer la vie domestique.
Après la naissance de sa fille Germaine, Leah, une jeune femme délicate, décide de restaurer l’empire des Bellefleur, tandis que son mari, Gideon, incorrigible pilote qui cherche son propre plaisir dans des activités égoïstes, s’en éloigne indéniablement, jusqu’à finir par détruire la lignée toute entière dans un acte macabre final.
Avec Bellefleur, Joyce Carol Oates signe un roman baroque, foisonnant et riche qui, d’un rythme lancinant, nous entraîne dans les pénombres des consciences. En mélangeant événements magiques et historiques, elle nous livre une réflexion sur les limites de la liberté individuelle dans une société américaine cloisonnée où les origines et les racines entravent les destins.
Purge de Sofi Oksanen
2010
Femina (étranger) 2010
Fnac (roman) 2010
Sofi Oksanen
Littérature étrangère
6½ h
« Un vrai chef-d’oeuvre. Une merveille.
J’espère que tous les lecteurs du monde, les vrais, liront Purge. »
Nancy Huston En 1992, l’Union Soviétique s’effondre et la population estonienne fête le départ des Russes. Mais la vieille Aliide, elle, redoute les pillages et vit terrée dans sa maison, au fin fond des campagnes.
Ainsi, lorsqu’elle trouve Zara dans son jardin, une jeune femme qui semble en grande détresse, elle hésite à lui ouvrir sa porte. Ces deux femmes vont faire connaissance, et un lourd secret de famille va se révéler, en lien avec le passé de l’occupation soviétique et l’amour qu’Aliide a ressenti pour Hans, un résistant. La vieille dame va alors décider de protéger Zara jusqu’au bout, quel qu’en soit le prix.
Sofi Oksanen s’empare de l’Histoire pour bâtir une tragédie familiale envoûtante. Haletant comme un film d’Hitchcock, son roman pose plusieurs questions passionnantes : peut-on vivre dans un pays occupé sans se compromettre ? Quel jugement peut-on porter sur ces trahisons ou actes de collaboration une fois disparu le poids de la contrainte ?
Des questions qui ne peuvent que résonner fortement dans la tête des lecteurs français.
 
 
Ce n'est rien qu'un Président qui fait perdre du temps de Legrand Thomas
2010
Legrand Thomas
Essai
2 h
Alors si ce n’est rien, pourquoi en parle-t-on autant ? Les commentateurs de la vie politique se trouvent dans la situation de leurs confrères commentateurs sportifs devant un match de foot au cours duquel le joueur vedette de l’équipe de France monopoliserait le ballon pour s’épuiser en figures incroyables. Il faudrait s’extasier, applaudir la dextérité de l’artiste, la précision du jongleur ou bien dénoncer la frime, le jeu perso et l’accaparement. Puis constater à la mi-temps qu’il n’y a toujours pas de but marqué. Rien. À mi-mandat, on attend la grande réforme. Au-delà d’une parole effrénée empreinte de volontarisme, on cherche la rupture, la modernité, la gouvernance modeste et transparente. Que sont devenus les marqueurs idéologiques du sarkozysme, le “travailler plus pour gagner plus” (impraticable), la “discrimination positive” (abandonnée), la “laïcité positive” (oubliée), la “réforme de la Françafrique” (même pas essayée), l’“immigration choisie” (infaisable), la “politique de civilisation” (disparue), le “Grand Paris” (une ligne de métro) ? Ce n’est rien, Nicolas Sarkozy ne représente donc pas un danger pour la République. Il n’est qu’un Président banalement de droite, un pragmatique opportuniste dont le ton péremptoire n’a d’égal que sa capacité au revirement. Une perte de temps pour la modernisation de la vie politique française. Un Jacques Chirac en sueur, le dernier Président du XXe siècle.
 
 
L'Entreprise des Indes de Erik Orsenna
2010
Erik Orsenna
Littérature
5 h
Les bateaux ne partent pas que des ports, ils s’en vont poussés par un rêve. Bien des historiens ont déjà commenté et commenteront la Découverte de Christophe et disputeront de ses conséquences. Étant son frère, celui qui, seul, le connaît depuis le début de ses jours, j’ai vu naître son idée et grandir sa fièvre. C’est cette naissance, c’est sa folie que je vais raconter.
E.O.
Adieu Jérusalem de Alexandra Schwartzbrod
2010
Alexandra Schwartzbrod
Thriller
6 h
2017. Mounir est un modeste employé de l’Institut scientifique de Kazan, en Russie. La veille de son départ pour La Mecque, où il doit accomplir le Hadj, le grand pélerinage, le site explose sous ses yeux dans une fumée de fin du monde. Dans l’avion, il est pris de convulsions et meurt peu après son arrivée. À son insu, il a introduit dans la ville sainte le plus terrible des fléaux qu’on croyait disparu depuis le Moyen-Âge. Persina Yersis. La peste noire. La bactérie se répand à une vitesse incontrôlable parmi les pélerins. Les morts se chiffrent par milliers. Dans la panique, la rumeur enfle : les juifs ont empoisonné l’eau de la Mecque. Et cette rumeur franchit les frontières, jusqu’à Jérusalem où les Palestiniens puis les Arabes d’Israël lancent des actions de représailles contre les Juifs. Israël s’embrase, Jérusalem tombe.
Cette catastrophe bouleverse l’échiquier politique international et fera basculer dans son sillage des destins individuels : de l’égyptien Youssef Chahid, médecin volontaire à l’hôpital de La Mecque, à l’estonien Rein Laristel, tout juste élu secretaire général de l’ONU ; de l’américaine Susan Rice, secrétaire d’État des États-Unis confrontée au plus périlleux défi de sa carrière, au commissaire arabe israélien Eli Bishara en lutte contre le chaos ; jusqu’à la belle juive turque Ana Güler, déchirée entre Istanbul et Jérusalem. À travers eux, l’histoire s’incarne : de Kazan à La Mecque, de New York à Tel Aviv, de Washington à Istanbul, de Catane à Dubaï. Leur monde, notre monde, ne sera plus jamais le même. Et si c’était vrai ?
Le cargo de la honte de Bernard Dussol
2010
Bernard Dussol (et Charlotte Nithart)
Essai
3½ h
En août 2006, le Probo Koala, navire vraquier affrété par la société Trafigura, troisième négociant de pétrole sur la planète, fut à l’origine de la catastrophe écologique survenue en Côte d’Ivoire en déchargeant, au port d’Abidjan, 500 tonnes de déchets toxiques. Ces derniers, répandus à terre en zone de décharge, entraînèrent la mort de 10 personnes et l’intoxication de 6 000 autres.
Cet ouvrage, qui mérite amplement l’appellation de « thriller », raconte comment le Probo Koala, à la fois tanker et usine flottante, en vient un jour à déposer sa mystérieuse cargaison sur le port d’Abidjan. Mystérieuse et assassine : les émanations sèment la mort dans la capitale ivoirienne, obligeant les dirigeants politiques du pays à faire croire qu’ils séviront – mais seuls les troisièmes couteaux seront finalement sanctionnés.
Cette affaire révèle comment certaines compagnies transforment le monde, et surtout le tiers-monde, en poubelle, tirant de cette poubelle d’incroyables profits. C’est tout un système que les auteurs de ce livre mettent à nu : comment on mélange les carburants au mépris des normes pour en tirer un profit immédiat ; comment les circuits sont mondiaux et les navires, des paramètres sur ces circuits ; comment on étouffe les affaires pour continuer de faire des affaires. L’enquête est serrée, minutieuse, extrêmement informée. Elle se lit comme un roman. À terme, on regrette que ce ne soit pas un roman.
Conseils d'amie à la clientèle de Anna Sam
2010
Anna Sam
Essai
1½ h
Cette fois, Anna Sam passe de l’autre côté. Ce n’est plus son expérience de caissière qu’elle nous raconte, mais son expérience de cliente dans les grandes surfaces. Saura-t-elle déjouer tous les pièges que nous tendent les responsables de rayons ? Parviendra-t-elle à faire son choix entre les 101 variétés de yaourts nature ? Et, quand son caddie entrera en collision avec celui d’une honnête ménagère qui ne demandait rien à personne, pourra-t-elle s’en sortir sans appeler les pompiers ? Elle est bien placée, elle, pour nous donner des conseils d’amie et pour nous aider dans le monde déroutant de la grande consommation. Avec le même humour et le même sens de l’observation qui ont fait le succès des Tribulations d’une caissière, elle nous fournit le guide indispensable de l’acheteur en grande surface.
 
 
Les romans vont où ils veulent de François Taillandier
2010
La Grande Intrigue (4)
François Taillandier
Littérature
4 h
Dans ce tome comme dans les précédents, la chronologie est brisée, et l’auteur constate qu’il est obligé d’aller au-delà du cadre temporel qu’il s’était fixé (environ la seconde moitié du XXe siècle).
Il joue ainsi sur les télescopages temporels, évoquant aussi bien la guerre 1914-1918 et les traces laissées dans les familles Maudon, Herdoin et Rubien, qu’une partouze parisienne à laquelle participent Nicolas Rubien et sa compagne et cousine Louise Herdoin et qui le fait remonter à la Genèse et au mythe judéo-chrétien de la Chute. Et sur les décalages générationnels comme lorsque le jeune Gregory Rubien initie son grand-père, François, le vétérinaire retraité de Villefleurs, aux secrets d’une émission de télévision, Cool Quartier, formule mixte entre Loft Story et Plus belle la vie (l’auteur s’est amusé à forger un nouveau concept de la télé-poubelle).
On pourra aussi bien croiser un homme d’affaires chinois, numéro un mondial des sites de rencontres sur Internet, qui invente une nouvelle langue universelle, l’Unilog, que les méditations inquiètes du curé de Vernery-sur-Arre qui voit s’effondrer le catholicisme… Mais les échos d’un chapitre à l’autre montrent bien que l’on parle du même monde, d’un monde où les héritages du passé continuent subrepticement de peser sur les vivants, et dont l’avancée et les évolutions flirtant parfois avec l’absurde suscitent autant d’interrogations.
Time to turn de François Taillandier
2010
La Grande Intrigue (5)
François Taillandier
Littérature
4 h
Turn ! au début des années 2010, ce mot surgit sur les affiches et les écrans, comme une injonction à changer de vie, d’habitudes, de références, de pays... au seuil de World V, le nouveau monde délocalisé prévu par le mystérieux « Charlemagne », cela peut être la métamorphose aussi bien que l’abandon ou le reniement. ou ne sait pas. mais le concept éclaire la vie ou la mort des personnages qui peuplent la grande intrigue.
Greg rencontre Clara, ancienne confidente de « Charlemagne ». c’est d’abord une belle histoire d’amour, et puis cela se transforme (turn !) : le jeune homme découvre en lui une puissance de jalousie destructrice. dans le même temps, Nicolas, sou père, parti faire de l’urbanisme en afrique (turn !), entame une aventure avec une nommée Anne-Lise. a l’inverse de l’histoire naïve et sincère que vit son fils, c’est une relation empreinte de défiance entre deux personnes dites « adultes », plus ou moins désillusionnées. Dans quelle mesure sommes-nous capables d’amour ?
Cependant François Rubien, l’ancien vétérinaire de Villefleurs, est mort en 2009. Emmanuelle, une des soeurs de Nicolas, va se réinstaller dans la maison provinciale de la famille, à Vernery-sur-Arre, peut-être pour préserver tant bien que mal un lien entre passé et présent.
La grande intrigue finit ici - à moins quelle ne commence. Le lecteur, lui, peut débuter là. Dans ce volume comme dans les précédents, la chronologie est oubliée : les morts et les vivants, l’origine et le turn, l’advenu et l’avenir se font miroir, réfractant les métamorphoses de notre temps.
Principe de précaution de Matthieu Jung
2010
Matthieu Jung
Littérature
5½ h
Demain, la finance virtuelle dominera l’économie mondiale. Sur la Toile, les adolescents parleront de leur vie sexuelle en langage texto. Ils seront agressés par des casseurs en voulant rejouer mai 1968. Les caméras de vidéo-surveillance protégeront les habitants des quartiers chic. Pour vivre longtemps, il faudra manger cinq fruits et légumes par jour et ne plus boire d’alcool. Le monde de Pascal Ebodoire, personnage principal de “Principe de précaution”, c’est déjà le nôtre.
L'Enquête de Philippe Claudel
2010
Philippe Claudel
Littérature
3½ h
« C’est en ne cherchant pas que tu trouveras. » Comment l’Enquêteur du nouveau roman de Philippe Claudel aurait-il pu s’en douter ? Comment aurait-il imaginé que cette enquête de routine serait la dernière de sa vie ? Chargé d’élucider les causes d’une vague de suicides dans l’entreprise d’une ville qui ressemble hélas à toutes les nôtres, l’Enquêteur est investi d’une mission qu’il doit mener à terme comme il l’a toujours fait. Des signes d’inquiétude s’emparent de lui peu à peu : l’hôtel où il s’installe accueille tantôt des touristes bruyants et joyeux, tantôt des personnes déplacées en détresse. Dans l’entreprise où il devrait être attendu afin de résoudre son enquête, personne ne l’attend et tous lui sont hostiles. Est-il tombé dans un piège, serait-il la proie d’un véritable cauchemar ? On l’empêche de boire, de dormir, de se nourrir, on ne répond jamais à ses questions que par d’autres questions. Le personnel même est changeant, soit affable soit menaçant. À mesure qu’il avance dans ses découvertes, l’Enquêteur se demande s’il n’est pas lui-même la prochaine victime d’une machine infernale prête à le broyer comme les autres. On devine ainsi que l’impuissance de l’Enquêteur à clore son enquête reflète notre propre impuissance face au monde que nous avons construit pour mieux nous détruire.
 
 
Nos étoiles ont filé de Anne-Marie Revol
2010
Lectrices de Elle (document) 2011
Anne-Marie Revol
Littérature
5½ h
Ça ne devrait pas être de la littérature, ça ne devrait même pas être un livre. Mais comme tout cela n’aurait pas dû arriver, un texte a été écrit, des lettres adressées à deux petites filles, deux étoiles filantes, aujourd’hui et depuis bientôt deux ans disparues.
Fait divers atroce, disent les médias. Il n’y a pas de hiérarchie dans le malheur et, pourtant, en ce matin d’août 2008, la France entière se réveille sous le choc de la mort par incendie de deux enfants, moins de quatre ans à elles deux. On ne fait pas de livre avec ça, répétons-le, sauf si peu à peu le seul moyen de continuer à vivre consiste, grâce à des lettres d’une mère destinées à ses deux merveilles, à les réincarner jour après jour, à les faire précisément revivre.
Ce livre hors-norme et hors catégorie est avant tout un livre d’amour pour ces deux princesses envolées, et pour leur père aimant, présent, auquel on va s’attacher page après page afin de comprendre l’incompréhensible : comment la force de ce couple aussi pur permet de se sauver.
Nos étoiles ont filé est un livre qui évite pathos et complaisance, qui hésite parfois entre rires et larmes, qui se distingue par son aspect unique, sinon ludique, et sa très saine incorrection. Pendant son écriture, un petit garçon est né du même amour. Le texte, cela n’étonnera personne, lui est dédié. Si la littérature ne sert à rien, elle aura au moins servi à cela.
Des yeux de soie de Françoise Sagan
2010
Françoise Sagan
Littérature
2½ h
Comment quitte-t-on quelqu’un ? Et pourquoi ? Voici dix-neuf nouvelles froides et cinglantes, dix-neuf petites histoires qui nous plongent dans un décor de ruptures. Un homme amoureux de sa femme se rend compte qu’elle a un amant et part pour une partie de chasse avec lui. Aura-t-il le courage ? Une femme qui a déjà bien vécu s’aperçoit qu’elle a des sentiments pour son gigolo ; une autre rentre de week-end à l’improviste et tombe sur les évidences d’une histoire entre son mari et quelqu’un d’autre... Chacun de ces instants de vie reflète une cruauté, une situation inhabituelle ou imprévue et les fins ne sont jamais ce qu’on imagine. La vivacité d’esprit et la légèreté de ton de l’auteur sont une excuse pour se surprendre à sourire impitoyablement face aux déboires des personnages.
Un orage immobile de Françoise Sagan
2010
Françoise Sagan
Littérature
3 h
Au printemps de 1832, Flora, fille d’émigrés, née, élevée, mariée et devenue brutalement orpheline et veuve en Angleterre, arrive un beau jour à Jarnac pour y rouvrir Margelasse, le château de sa famille. Personne ne l’a aperçue encore dans la région quand Maître Nicolas Lomont, trente ans, notaire, met son cheval en route vers Margelasse. L’histoire commence. Au début, c’est une tranquille histoire d’amour, puis vient le drame plein de bruit, de fureur, de passion.
Le récit est tout entier rapporté par Nicolas, trente ans plus tard. Vieux, solitaire, peu porté à la littérature, il ne sait pas trop ce qui le pousse à saisir un cahier et tracer ces mots : « Si un lecteur découvre un jour ces pages… », mais il continue. Me Lomont, bien qu’il décide plusieurs fois d’arrêter, de jeter son manuscrit au feu, se prend au jeu. Il dira tout. Il se surprend même à se griser de mots, à ressusciter d’une phrase ses amis morts, son ennemie disparue.
Autant que pour l’histoire elle-même, violente, insolite, éperdue, on se passionne pour ce miracle qui transforme peu à peu chaque soir, quelques années avant 1870, un vieux notaire de province en un écrivain d’abord sage et classique, puis de plus en plus fougueux, débridé, lyrique… en un mot romantique. Un livre à part dans l’univers de Sagan, proche de Stendhal ou Maupassant.
Mon oncle d'Algérie de Nathalie Funès
2010
Nathalie Funès
Littérature étrangère
2 h
« Dans mon souvenir d’enfant, mon grand-oncle, Fernand Doukhan était un vieux grincheux qui semblait se battre contre des moulins à vent. Dix ans après sa mort, cette image est venue se heurter à une notice biographique de quelques lignes, sur son passé d’anarchiste en Algérie, que j’ai découverte sur Internet. C’est ainsi qu’est née l’idée de ce livre.
Il venait d’une famille juive berbère, comme la moitié des juifs d’Algérie, sans doute installée là depuis le xie siècle. Il voit le jour à Alger, en 1913. Il est le premier homme de la famille à naître français, le premier à avoir un prénom qui ne soit pas hébraïque, le premier à apprendre le français à l’école, le premier à devenir instituteur, alors que de génération en génération, chez les Doukhan, on était matelassier, brocanteur, domestique… Il va partir au front dès le début de la Seconde Guerre mondiale pour défendre le drapeau français. Il est fait prisonnier, le 23 octobre 1940, envoyé pour cinq ans dans les stalags allemands, alors qu’à Alger le régime de Vichy supprime le décret Crémieux, retire leur nationalité aux juifs, leur interdit d’enseigner. À son retour, instituteur à l’École Lazerges, dans le quartier de Bab el Oued, il devient anarchiste, commence à s’emporter contre cette France coloniale qui laisse derrière les grilles de ses écoles la majorité des enfants musulmans. Quand éclatent les premières attaques du FLN, en novembre 1954, les anarchistes et les trotskistes sont les seules mouvances politiques à réclamer la fin de la colonisation française. Fernand Doukhan milite de plus en plus activement. Il s’insurge, dans le journal Le Libertaire, contre « la dictature française en Algérie»… Il est arrêté le 28 janvier 1957, en pleine bataille d’Alger. Parce qu’il a fait grève à l’appel du FLN. Il est à nouveau emprisonné. Cette fois-ci au camp de Lodi, à une centaine de kilomètres au sud d’Alger. Là où moisissent les « Français de souche » suspectés d’être favorables aux thèses indépendantistes et où sera aussi enfermé Henri Alleg, l’auteur de La Question. Le 30 mars 1958, quatre ans avant l’indépendance, des militaires viennent le chercher, le poussent dans un camion, puis sur un bateau en direction de Marseille. Sur simple arrêt préfectoral, Fernand Doukhan vient d’être expulsé d’Algérie. Il n’y retournera plus jamais.
Il est mort en 1996 à Montpellier. Sans laisser de souvenirs, de correspondances, de journal intime, ni même d’héritiers. Ce livre a été un long voyage dans le passé, à la recherche des traces qui restaient de lui, en France, en Algérie, dans les archives, auprès des témoins qui ont croisé sa route. »
Nathalie Funès
La dame du Nil de Pauline Gedge
2010
Pauline Gedge
Roman Histo
9 h
Seize siècles avant Cléopâtre, Hatchepsout a investi tout au long de son existence le devant de la scène royale, tâchant de rendre paix et éclat à un pays affaibli par les guerres à répétition. Malgré la loi qui, dans cette Égypte antique, refuse le droit de règne aux femmes, malgré la désapprobation des prêtres et l’ombre planante d’un demi-frère successeur potentiel, Hatchepsout est sacrée, à quinze ans, « prince héritier » par son père, le puissant Touthmôsis Ier. Se déroule dès lors sous nos yeux le destin flamboyant et tragique de cette figure féminine d’exception. Contrainte d’épouser son demi-frère, être faible et démissionnaire, elle devra subir la désignation de son successeur par son mari : le fils que lui donna l’une de ses concubines. La douleur de l’humiliation s’accentue alors dans l’avènement soudain de ce futur rival.
 
 
On m'a demandé de vous virer de Stéphane Guillon
2010
Stéphane Guillon
Humour
5 h
2009. « On m’a demandé de vous calmer », lâche lors d’une entrevue à Stéphane Guillon, Jean-Paul Cluzel, prédécesseur de Jean-Luc Hees à la présidence de Radio France. La fin de la récré semble avoir sonné pour l’humoriste. Pourtant, n’épargnant ni le gouvernement ni l’opposition, le trublion des ondes ne se calme pas et continue, du lundi au mercredi, à 7h55, de captiver 2 millions d’auditeurs.
23 juin 2010. Aux alentours de 8 heures, il y a ces mots qui résonnent aux 4 millions d’oreilles des fidèles de la matinale de France Inter : « Merci à tous, du fond du coeur, vous allez me manquer. » Suivis d’une salve d’applaudissements en studio. « France Inter. Fini de rire », titre en une dès le lendemain le quotidien Libération : Stéphane Guillon et Didier Porte, deux des animateurs phare de la station, ont été remerciés. D’abord par l’élégante voix de la presse, puis par un recommandé signé de la main de Philippe Val.
« France Inter : une radio de gauche qui licencie comme la pire des entreprises de droite », lance Stéphane Guillon.
Comment expliquer, si ce n’est en invoquant le spectre gouvernemental, l’éviction d’un homme qui, à lui seul, a fédéré deux ans durant plus de 2 millions d’auditeurs chaque jour ? La France est outrée et ses acteurs politiques (François Bayrou et Martine Aubry, pour ne citer qu’eux) s’insurgent et dénoncent une volonté de briser le débat démocratique, une atteinte violente à la liberté d’expression.
Dans ce second volume réunissant les chroniques de Stéphane Guillon diffusées entre septembre 2009 et juin 2010, on retrouve l’écriture affûtée et ce brillant sens de la formule par lesquels Stéphane Guillon s’est fait connaître, haïr et célébrer. Sur le ton de l’animateur de supermarché, il criera à la cantonade, en prélude à son ultime chronique, « Tout doit disparaître ! », « Liquidation totale des humoristes ! ». On sait pourtant à quel point, plus que jamais, l’époque et la nation ne se passeront plus du génie doublé d’humour qu’il incarne.
La dernière femme de sa vie de Christine Fizscher
2011
Christine Fizscher
Littérature
4 h
Leur rencontre n’a l’air de rien.
Printemps 2000. Place Saint-Germain-des-Prés, on célèbre par une plaque les amours contingentes de Sartre et Beauvoir. Sont présents quelques philosophes, des écrivains, une poignée de féministes et l’immense André Markhem. Entre Alma et lui, le premier échange est bref. Il lui laisse un numéro. Elle oublie ou croit oublier, peu importe. Il suffira de quelques semaines et d’un message sur un répondeur pour que l’histoire prenne tout son sens. Neuf ans, ce n’est pas rien.
La légende de Bloodsmoor de Joyce Carol Oates
2011
La trilogie gothique (2)
Joyce Carol Oates
Littérature américaine
12 h
Après Bellefleur, voici le deuxième tome de la trilogie gothique de Joyce Carol Oates.
Pensylvannie. 1789. Cinq soeurs entre seize et vingt-deux ans. La narratrice : une vierge amère.
Tout commence quand Miss Deirdre Zin, fille adoptive de l’inventeur John Quincy Zin, est enlevée par un homme mystérieux en pleine journée. Avant cet épisode, la famille Zin était une famille comme les autres : cinq filles en âge de se marier, vivant tranquillement dans la vallée de Bloodsmoor. Mais après cet événement tragique, tout va basculer.
Constance Philippa, qui se comporte de manière scandaleuse la nuit de son mariage. Malvinia, séduite par les feux de la rampe, va attirer l’attention d’un dandy peu scrupuleux, Mark Twain. Octavia, la moins rebelle des soeurs, trouvera sa « récompense » non loin de chez elle. Samantha, la plus douée des cinq, se dévouera entièrement à l’oeuvre de son père… et en subira les conséquences. Quel sera leur sort à la veille du siècle nouveau ?
Toni 11,6 de Alice Géraud-Arfi
2011
Alice Géraud-Arfi
Essai
3 h
Le 5 novembre 2009, à 10 heures du matin, Toni Musulin appuie doucement sur l’accélérateur de son fourgon blindé. À l’arrière de son véhicule, 11,6 millions d’euros enfermés dans des sacs.
En quelques jours, le convoyeur anonyme de la Loomis devient un personnage public. Il est « l’auteur du casse du siècle », construction médiatique fantasmée autour d’un mode opératoire sans arme ni violence, autour d’un butin d’un montant sans précédent.
Depuis sa cavale, Toni Musulin observe, terré et atterré, sa photo et son nom circuler en boucle sur Internet. Il sait, dès les premiers jours, en raison de cette médiatisation, qu’il ne récupérera pas les neuf millions laissés dans sa planque. Il voit s’écrouler le plan qu’il a monté mois après mois, détails après détails. Après deux semaines d’errance, il décide de se rendre. Mais refuse depuis de s’exprimer. Face aux enquêteurs, il opte pour le mutisme total. Face au juge, il joue avec le personnage qui lui a été attribué. Pour la première fois, grâce à des entretiens réalisés avec l’auteur depuis la prison, il parle.
Il raconte ce jour du 5 novembre. Ceux qui ont suivi. Il parle de lui. De son histoire. Des 2,5 millions qui manquent toujours au butin. Et après lesquels la police court toujours.
Aujourd'hui les coeurs se desserrent de Pascale Roze
2011
Pascale Roze
Littérature
2 h
Les Deslorgeux, industriels rouennais qui tirent leur gloire de la fabrication de la popeline, perdent sur trois générations argent, certitude, pouvoir. Ne reste d’eux qu’une petite Lorette, vivant quelque part dans le monde. La Seconde Guerre Mondiale, la montée en puissance du tiers-monde peuvent expliquer le déclin de cette famille, mais aussi le besoin d’échapper à son destin, de rester fidèle à ses principes envers et contre tout, de desserrer un coeur que la morale bourgeoise, catholique et provinciale contraint si durement. Le récit se noue autour de la rivalité de deux frères. L’un s’évade d’un camp disciplinaire pendant la guerre, et refuse d’en parler, tandis que l’autre échappe à la dureté des combats et se réfugie dans la peinture. L’un se marie, a des enfants, mais s’enferme sa vie durant dans le silence. C’est lui qui dirigera l’entreprise familiale. L’autre, qui a vu celle qu’il aimait épouser son frère, n’a pas de descendance.
C’est donc le dernier des fils de cette famille qui prend la parole. Au fil de son récit où se reconstituent les événements passés surgissent des questions essentielles et douloureuses : qu’est-ce qu’une vie réussie ? Comment vivre « sa » vie ? Que reçoit-on en héritage ?
La malédiction de Jacinta de Lucia Puenzo
2011
Lucia Puenzo
Littérature étrangère
5½ h
Pepino – littéralement, concombre – est un jeune homme petit et désorienté. Il vit dans la Plata, à Buenos Aires, un quartier en marge. Tenant son surnom de la série Señora Maestra, qui mettait en scène une classe d’enfants dans laquelle il jouait un bègue, il est obsédé par son auteur : Santa Cruz.
Un soir, alors qu’il a décidé de tuer Bochatón – un chanteur rock sur le retour – pour le faire accéder à la gloire, il rencontre une jeune femme grande et perdue : Twiggy. Schizophrène, droguée et loufoque, elle reconnaît sa solitude dans les yeux de ce garçon aux airs d’orphelin. Ils tombent amoureux. Devenus inséparables, après avoir cru croiser Santa Cruz dans la rue, ils apprennent la mort mystérieuse de Jacinta Pichimahuida, l’institutrice de la série. S’ensuivent des disparitions tragiques d’anciens acteurs, enfants stars, tombés depuis dans l’anonymat. Mais Santa Cruz est-il toujours vivant ? Qui se cache derrière Pepino, celui que personne ne reconnaît jamais ?
Lucía Puenzo nous offre avec La malédiction de Jacinta un portrait au vitriol d’une Argentine cernée par la violence et la drogue. Enfants déboussolés d’avoir connu le succès trop jeunes, mère ambitieuses qui confondent leur reflet avec celui de leur progéniture, auteurs de séries à succès vaniteux… Aucun des travers de notre société du spectacle éphémère n’est épargné. Avec un humour noir et décapant, Lucía Puenzo nous propose une vision décalée et extrême d’une civilisation en perte de repères.
La voix des êtres aimés de Isabelle Jarry
2011
Isabelle Jarry
Littérature
4½ h
Au début de l’été, Céleste retrouve Paul qu’elle n’a pas vu depuis quinze ans.
Il était son professeur de philosophie, elle a été sa jeune maîtresse pendant trois ans.
Paul est très malade. Se sachant condamné, il demande à Céleste de venir passer quelques jours avec lui à la campagne. Il lui demande aussi de lui raconter une histoire d’amour. Céleste lui fait le récit d’une aventure qu’elle a eue au Vietnam, des années auparavant, avec un pêcheur du nom de Hoàng. À travers cette romance que Céleste dévoile lentement, c’est leur histoire d’amour passionnée que Paul revit.
Dans la vacance et le silence des jours d’été, les deux personnages partagent un huis-clos rempli des fantômes de leur amour passé. L’histoire de Céleste et Hoàng croise celle de Paul et Céleste, elle s’y compare et s’y mélange dans un jeu de miroirs où chacun cherche son lien perdu.
Dans une tension entretenue par la pression qu’exerce la maladie, la conscience du temps très court qui leur est accordé et l’intimité de plus en plus grande qui s’installe entre eux, les deux personnages sont rattrapés par l’intensité du sentiment qui les a unis. Séduction, langage de l’amour, dépendance, ruptures, passion physique, danger et excès, différence d’âge, fossé culturel, c’est autour de ces thèmes que tournent Céleste et Paul, lui en philosophe spinoziste, elle en amoureuse exaltée.
La Bibliothèque du Docteur Lise de Mona Thomas
2011
Mona Thomas
Essai
3½ h
La bibliothèque du docteur Lise est l’histoire d’une cancérologue, de nos jours, à Paris, qui vivrait moins bien, qui soignerait moins bien sans la compagnie des livres. Pas tout à fait récit, pas tout à fait essai ni roman, ce texte généreux et inventif à l’humour vif met en scène le docteur Lise dans son quotidien hospitalier, face aux malades, aux familles, aux questions graves parfois inconvenantes que posent toutes les étapes de la maladie.
C’est avec l’aide de grands écrivains comme Philip Roth, Thomas Bernhard, Norman Mailer, Céline, Tolstoï, Henry James, Cormac McCarthy, Malcolm Lowry, Franz Kafka ou Robert Antelme (pour n’en citer que quelques-uns) que le médecin approche au plus juste l’âme et le corps humain et saisit de l’intérieur les incarnations de la douleur, la peur, la honte, la frustration, la déchéance mais aussi le désir, le sexe et le scandale de la mort. De même, le docteur Lise mesure le point commun entre l’art de soigner et l’art d’écrire : l’absence de jugement, qui fait que chaque patient se doit d’être « considéré comme une personne, voire un personnage, et pas uniquement un malade ».
Mais outre le fait que la littérature aide le docteur Lise à mieux soigner, elle étanche aussi le besoin de poésie et de beauté de cette femme de cinquante ans, cigarette aux lèvres, dissidente à sa façon, que la machine hospitalière pourrait broyer. Peu disposée à se soumettre aux discours dominants que subit la profession et aux conditions de travail parfois irrecevables, le docteur Lise, en brandissant la voix et le souffle des écrivains, donne vie et sens à chacun de ses gestes, et un visage à chacun de ses patients.
 
 
Nagasaki de Eric Faye
2011
Académie française (roman) 2010
Eric Faye
Littérature
1 h
Shimura-san mène une existence solitaire et ordonnée dans la banlieue de Nagasaki. Mais voilà que des objets se déplacent, chaque jour, insidieusement, que de la nourriture disparaît. Fantôme ? Hallucinations ? Grâce à une webcam, la vérité se fait jour : une femme habite clandestinement chez lui, depuis un an...
Nagasaki est un chef-d’oeuvre de mélancolie, un récit percutant sur l’isolement, où les ombres qui peuplent l’histoire du Japon ne sont pas loin.
 
 
Sauvage de Nina Bouraoui
2011
Nina Bouraoui
Littérature
4 h
« À la fin des années 1970, Sami, un jeune garçon, disparaît au centre de la campagne algéroise. Pour ne jamais l’oublier, Alya, son amie d’enfance, écrit chaque jour son histoire, leur histoire, réinventant le passé, fixant le présent, temps de l’attente et de l’imagination. Il m’est difficile de savoir la personne que je suis mais il m’est facile de savoir pourquoi j’écris. C’est arrivé en 1979. Dans les nuits algériennes où mes rêves n’étaient plus des rêves d’enfant. C’est arrivé dans l’attente d’un amour qui ne reviendrait pas. C’est arrivé dans l’espoir de devenir une personne qui trouverait sa place dans le monde. C’est arrivé tous les soirs, quand je regardais le soleil tomber derrière les plaines de la Mitidja. Chaque fois je me disais qu’il emportait une part de moi-même. Tout tourne, tout s’efface et tout recommence et je ne sais pas si l’on retrouve un jour ce que l’on a perdu.
Sauvage est le récit de cette année-là. »
Vies de mafia de Delphine Saubaber
2011
Delphine Saubaber (et Henri Haget)
Essai
4½ h
« Nous avons voulu raconter la mafia, faire entrer le lecteur dans cet univers surréaliste et incompréhensible pour un étranger, en suivant des morceaux d’existences, en racontant des gens qui vivent, travaillent, tuent, souffrent. Si l’on trouve facilement des ouvrages didactiques sur la mafia, sa mondialisation ou son histoire, on en trouve plus rarement sur la mafia vue de l’intérieur, racontée sous un prisme humain. La mafia, ses soldats, ses vies brisées, ses vies de film, au service du crime ou au service de l’État… C’est l’idée de cet ouvrage, à mi-chemin entre la littérature et le journalisme : plonger le lecteur dans ce monde totalement à part dont la réalité, secrète, ancestrale ou d’une modernité étonnante, lui est étrangère. Raconter les gens qui combattent sur ces terres de l’Italie du Sud, du témoignage exceptionnel d’un tueur repenti de Cosa Nostra, qui confesse plus de cent homicides, aux juges à la vie sacrificielle et blindée… Car c’est une guerre qui se joue au quotidien, là-bas, et qui n’intéresse plus seulement l’Italie mais aussi l’Europe et le monde, où la mafia étend ses tentacules.
Tous deux journalistes, nous avons, au fil de nos reportages et de nos rencontres avec des destins d’exception, été si souvent frappés, bouleversés, que nous avons eu envie de les retranscrire dans ce livre documenté, fondé sur des faits et des personnages réels, des documents judiciaires, et assumant parfois une part de fiction. À travers ces histoires conçues comme des nouvelles, ce livre vise aussi à dessiner, en creux, l’esprit des organisations mafieuses et leur extraordinaire ascension, de la mère et mythique Cosa Nostra à la Ndrangheta calabraise, encore très méconnue et devenue pourtant, aujourd’hui, la mafia la plus puissante d’Europe. »
Henri Haget et Delphine Saubaber
Zombi de Joyce Carol Oates
2011
Joyce Carol Oates
Littérature américaine
2½ h
Et si Zombi était le plus terrifiant des livres de Joyce Carol Oates ? Quentin, son héros ou plutôt son anti-héros, raconte son histoire. Il ne se nomme que par ses initiales : “Q.P.”. Il a 31 ans et une honorable famille qui ne peut le croire vraiment coupable de l’agression sexuelle qu’il a commise sur un jeune garçon. Par prudence, il est mis sous surveillance médicale. En vérité, “Q.P.” kidnappe des jeunes gens et les lobotomise avec un pic à glace pour en faire des “zombis” obéissants et aimants. Hélas l’opération rate toujours. “Q.P.” est navré de devoir récidiver.
Depuis une trentaine d’années, Joyce Carol Oates déploie dans ses romans, nouvelles et essais, tout un monde de frustrations et de perversions observé sans compassion ni haine. En vérité tout est extrême chez elle. Et d’une précision quasi documentaire. Elle a une façon unique de nous emmener en enfer et de nous persuader que cet enfer ressemble à l’Amérique de tous les jours alors que l’auteur ne cesse de nous parler aussi d’elle-même, de ses peurs et de ses cauchemars. En bref de cette forme de folie qui habite les plus grands écrivains.
 
 
Une anglaise à bicyclette de Didier Decoin
2011
Didier Decoin
Littérature
5 h
Un massacre d’Indiens dans le Dakota du Sud. Le mariage d’une jeune femme avec son père adoptif dans l’Angleterre victorienne. Un constable trop méticuleux. Une bicyclette qui change un destin. Cinq mystérieuses photographies. Et sir Arthur Conan Doyle qui croit dur comme fer à l’existence des fées.
Le romanesque à l’état pur de Didier Decoin.
Le système Victoria de Eric Reinhardt
2011
Eric Reinhardt
Littérature
11 h
Si David Kolski, architecte reconverti en directeur de travaux, avait renoncé à adresser la parole à cette inconnue croisée dans une galerie marchande, s’il lui avait dit : « Excusez-moi, je suis désolé, je vous ai pris pour quelqu’un d’autre », s’il avait su qu’en abordant une femme de cette stature il entraînerait son existence dans une direction impossible, Victoria de Winter n’aurait pas trouvé la mort onze mois jour pour jour après leur rencontre.
Aujourd’hui, elle serait encore vivante, David ne vivrait pas retiré dans un hôtel de la Creuse, séparé de sa femme et de ses filles. Il n’aurait pas été détruit par le rôle qu’il a joué dans ce drame ni par les deux jours de garde à vue qui en ont découlé. Seulement, le visage de Victoria s’est tourné vers le sien et David a aussitôt basculé dans sa vie.
Le pacte des vierges de Vanessa Schneider
2011
Vanessa Schneider
Littérature
2½ h
2008, Gloucester, États-Unis. Dix-sept jeunes filles d’un même lycée tombent enceintes en même temps. Stupeur dans la ville. La rumeur publique fait état d’un pacte. Les gamines se seraient concertées pour faire et élever leurs enfants ensemble. Qu’en est-il exactement ?
À une journaliste venue enquêter sur l’événement, quatre d’entre elles se racontent.
Il y a Lana, la meneuse, dont le père a disparu un jour, la laissant seule avec une mère devenue mutique, abrutie de médicaments, d’alcool et de télévision. Placée un temps dans un foyer, elle y a rencontré Cindy dont la mère a quitté le domicile pour s’enfuir avec le plombier et que sa tante a ensuite recueillie. Il y a Sue, coincée entre ses parents puritains et bien-pensants, et Kylie, qui partage la passion de sa mère pour Kylie Minogue et enchaîne les concours de Mini-Miss depuis toute petite.
Leurs voix se succèdent pour évoquer le « groupe », leurs relations, le mystère de leur grossesse multiple et ce pacte, qui leur permet d’échapper au quotidien d’une ville portuaire où le chômage et ses conséquences déciment les familles et laissent peu de place à un avenir meilleur.
À travers la narration croisée de ces quatre vies d’adolescentes, à travers le récit de leur enfance et de leurs blessures, de leurs espoirs et de leurs bonheurs, Vanessa Schneider nous raconte avec tendresse et non sans humour une certaine société américaine entre désoeuvrement, rêves et réalité.
 
 
Franz Stangl et moi de Dominique Sigaud
2011
Dominique Sigaud
Littérature
2½ h
« Au début il y aurait eu cet homme, Franz Stangl, né en Autriche en mars 1908, bon professionnel de la police autrichienne, embauché par l’Histoire dans la Gestapo, rapidement monté en grade, d’abord surintendant à l’un des hôpitaux du programme d’extermination des handicapés, puis commandant du camp d’extermination de Treblinka en 1942. Sa dernière promotion.
De là, l’Italie, la défaite, la fuite, le faux nom et l’installation au Brésil. De longues et belles années jusqu’à l’arrestation en 1967, l’extradition en Allemagne, le procès, la condamnation à perpétuité, puis l’appel.
Au début du récit, il y aurait pourtant cette phrase prononcée la veille de sa mort, “Je n’ai plus d’espoir”, presque une phrase finale, précédée d’un “À présent j’ai tout dit pour la première fois”, le différenciant cette fois radicalement des autres responsables et qui entamerait la dernière période de son existence, environ vingt-quatre heures, l’engageant de façon inattendue dans une voie presque contraire à ce qu’il avait vécu jusque-là. D’où mon attrait peut-être, le désir d’en savoir plus. Une entrée en matière en tout cas, et ce Franz Stangl et moi venu d’emblée, en une fois. » Dominique Sigaud
La confusion des peines de Laurence Tardieu
2011
Laurence Tardieu
Littérature
2 h
« J’ai toujours su qu’un jour, ce livre, je l’écrirais. Il m’a fallu du temps. Il m’a fallu écrire d’abord d’autres livres, plus doux, plus feutrés, inventer des histoires, sans doute tentatives d’approche de celui-ci. Un jour d’août 2009, parce qu’il ne pouvait plus en être autrement, j’ai su que j’allais enfin affronter ce autour de quoi j’avais toujours tourné.
On écrit de très loin. De ce qui ne peut se dire. Vient un moment où écrire, c’est aller chercher tout ça, qui se tenait enfoui, secret, pour le libérer enfin, afin de pouvoir continuer à vivre.
La confusion des peines, c’est le livre d’une fille pour son père. La fille, la narratrice, prend appui sur le silence qui depuis dix ans a entouré la condamnation de son père et, dans le même temps, la mort de sa mère, pour tenter de retracer un cheminement : qui est cet homme, qu’enfant elle a aimé d’un amour fou, qui lui apparaissait tellement au dessus des autres, qui un jour s’est brutalement retrouvé condamné pour corruption, et qu’aujourd’hui elle ne sait plus rejoindre ? Comment comprendre, accepter, qu’un homme n’est pas un mais multiple, secret, contradictoire, faillible – humain ? Et, ce cheminement étant fait, comment sortir du silence qui la lie depuis toujours à ce père, si proche et si lointain, pour s’arracher à lui et exister enfin ?
N’être plus la fille, devenir une femme ? La confusion des peines, c’est cette expérience : celle, miraculeuse, que permet l’écriture : passer d’une rive à une autre – naître, enfin. » Laurence Tardieu
Room de Emma Donoghue
2011
Emma Donoghue
Littérature
7 h
Sur le point de fêter ses cinq ans, Jack a les préoccupations des petits garçons de son âge. Ou presque.
Il ne pense qu’à jouer et à essayer de comprendre le monde qui l’entoure, comptant sur sa mère pour répondre à toutes ses questions. Cette mère occupe dans sa vie une place immense, d’autant plus qu’il habite seul avec elle dans une pièce unique, depuis sa naissance.
Il y a bien les visites du Grand Méchant Nick, mais Ma fait tout pour éviter à Jack le moindre contact avec ce personnage. Jusqu’au jour où elle réalise que l’enfant grandit, et qu’elle ne va pouvoir continuer longtemps à entretenir l’illusion d’une vie ordinaire. Elle va alors tout risquer pour permettre à Jack de s’enfuir.
Mais l’enfant va-t-il réussir à trouver des repères loin de leur univers ? Quel accueil lui réservera le monde extérieur, lui l’enfant né de la captivité d’une femme ? Room interroge la capacité de survie qui existe en chacun de nous, tout en célébrant les pouvoir du récit et du langage. Mais l’auteur résume magnifiquement son principal objet de réflexion : « Le drame essentiel de la parentalité : comment l’on passe d’un instant à l’autre du rôle de celui qui console à celui qui persécute, tout comme les enfants passent leur temps à illuminer notre vie et à nous rendre fous. J’ai essayé de saisir cette étrangeté et ce paradoxe. Devenir parent suscite les émotions les plus folles qu’on puisse ressentir. »
 
 
Sarko m'a tuer de Gérard Davet
2011
Gérard Davet (et Fabrice Lhomme)
Essai
6 h
David Sénat, Aurélie Filippetti, Jean-Hugues Matelly, Jean Charbonniaud, Christine Boutin, Pierre de Bousquet de Florian, Alain Genestar, Jacques Espérandieu, Marc Robert, Yannick Blanc, Isabelle Prévost-Desprez, Yves Bertrand, Claire Thibout, Éric Delzant, Julien Dray, Jean-Pierre Havrin, Gérard Dubois, Valérie Domain, Daniel Bouton, Abderrahmane Dahmane, Didier Porte, Dominique Rossi, Jacques Dupuydauby, Renaud Van Ruymbeke, Patrick Poivre d’Arvor, Patrick Devedjian, Dominique de Villepin.
Pour la première fois, des victimes du sarkozysme parlent. Révélations sur la face cachée du pouvoir en place.
 
 
Les vaches de Staline de Sofi Oksanen
2011
Sofi Oksanen
Littérature étrangère
7½ h
Les « vaches de Staline », c’est ainsi que les Estoniens déportés désignèrent les maigres chèvres qu’ils trouvèrent sur les terres de Sibérie, dans une sorte de pied de nez adressé à la propagande soviétique qui affirmait que ce régime produisait des vaches exceptionnelles. C’est aussi le titre du premier roman de Sofi Oksanen, dont l’héroïne, Anna, est une jeune Finlandaise née dans les années 1970, qui souffre de troubles alimentaires profonds. La mère de celle-ci est estonienne, et afin d’être acceptée, cette femme a tenté d’effacer toute trace de ses origines, et de taire les peurs et les souffrances vécues sous l’ère soviétique. Ne serait-ce pas ce passé qui hante encore le corps de sa fille ?
Sofi Oksanen fait preuve d’une grande puissance d’évocation quand elle décrit les obsessions de ces deux femmes. Il y a la voix d’Anna qui tente de tout contrôler, son corps, les hommes, et le récit plus distant de la mère qui se souvient de la rencontre avec « le Finlandais », à Tallinn, dans les années 1970, sous un régime de terreur et de surveillance.
Veuf de Jean-Louis Fournier
2011
Jean-Louis Fournier
Littérature
1 h
« Je suis veuf, Sylvie est morte le 12 novembre, c’est bien triste, cette année on n’ira pas faire les soldes ensemble. Elle est partie discrètement sur la pointe des pieds, en faisant un entrechat et le bruit que fait le bonheur en partant. Sylvie m’a quitté, mais pas pour un autre. Elle est tombée délicatement avec les feuilles. On discutait de la couleur du bec d’un oiseau qui traversait la rivière. On n’était pas d’accord, je lui ai dit tu ne peux pas le voir, tu n’as pas tes lunettes, elle ne voulait pas les mettre par coquetterie, elle m’a répondu je vois très bien de loin, et elle s’est tue, définitivement.
J’ai eu beaucoup de chance de la rencontrer, elle m’a porté à bout de bras, toujours avec le sourire. C’était la rencontre entre une optimiste et un pessimiste, une altruiste et un égoïste. On était complémentaires, j’avais les défauts, elle avait les qualités. Elle m’a supporté quarante ans avec le sourire, moi que je ne souhaite à personne. Elle n’aimait pas parler d’elle, encore moins qu’on en dise du bien. Je vais en profiter, maintenant qu’elle est partie. » Jean-Louis Fournier souhaitait mourir le premier, il a perdu. Sa femme partie, il n’a plus personne avec qui parler de lui. Alors pour se consoler, ou pour se venger, en nous parlant d’elle, il nous parle de lui.
 
 
Petit lexique du petit de Jean-Luc Petitrenaud
2011
Jean-Luc Petitrenaud
Littérature
1 h
Les idées les plus saugrenues sont souvent les plus savoureuses. Ainsi, à force de s’entendre parodié sinon pastiché par son ami Nicolas Canteloup, Jean-Luc Petitrenaud a décidé de relever ce drôle de défi : écrire un petit lexique gourmand du petit, alors qu’il est tendrement moqué chaque matin pour ses petits défauts, sa manie irrépressible de nommer ses petites auberges, les petits plats, la petite serveuse, ses petites recettes, sa petite casserole, le petit café ou le petit pois.
Alignés au fil des pages comme les poussins derrière la mère poule, les « petits » arrondissent joliment les angles de la vie. Allez, encore un petit verre et Petitrenaud retourne nourrir ses petits.
Voilà bien un livre qui ne ressemble à aucun autre, beaucoup plus personnel qu’il n’y paraît au premier abord car Jean-Luc Petitrenaud s’est laissé prendre au jeu et au piège que lui tendait son curieux sujet : il finit par nous émouvoir et nous livrer autant de secrets que d’anecdotes, autant de conseils que de sourires.
L'Expression des Sentiments de Patrick Poivre d'Arvor
2011
Patrick Poivre d'Arvor
Littérature
1 h
« Ma mère est morte cet été. Le sol s’est dérobé sous mes pieds. J’ai perdu mes repères, tout autant que ma mère. Après la disparition de mes deux filles, la mort rôde une nouvelle fois. J’ai du chagrin, mais je ne peux pas le dire, ma mère me l’a toujours interdit. Une femme secrète, retenue, emmurée, droite, digne, qui détestait la maladie et l’hôpital. Pour elle comme pour les autres. A-t-elle aimé ses enfants ? Évidemment. Le leur a-t-elle dit ? Non. Les a-t-elle jamais embrassés ? Pas sûr. Combien de non-dits qui auront surgi entre pudeur et impudeur ? Des souvenirs lumineux d’enfance qui éclatent comme des bulles. »
Plus qu’une introspection, qu’une thérapie, ce livre est l’hommage d’un homme redevenu petit garçon.
Dans ma jeunesse de Albert Jacquard
2012
Albert Jacquard
Bio
½ h
Sur le ton de la confidence, après la mort de sa femme, Albert Jacquard raconte son enfance et sa jeunesse. Non pas pour le plaisir de se raconter, tout au contraire, mais parce que cette enfance et cette jeunesse sont d’une certaine façon celles d’un autre que celui que nous connaissons, l’infatigable défenseur des sans voix, le pourfendeur de la compétition, l’observateur lucide du monde. Cet « Albert Jacquard avant Albert Jacquard » nous révèle une jeunesse pendant laquelle il se tenait soigneusement à l’écart du monde, de sa rumeur, de ses drames, et même de la Guerre qui se déroulait sous ses yeux de lycéen provincial.
Il nous raconte, de façon bouleversante, l’accident de voiture qu’il a vécu quand il avait neuf ans, dans lequel ont péri l’un de ses frères, et ses grands-parents paternels. Lui, n’a été « que » défiguré. Cette trace, il l’a portée toute sa vie, plus jamais il ne s’est reconnu dans une glace.
Il raconte aussi ses années à Polytechnique, le carriérisme de ses camarades, son insatisfaction, puis ses premières années à la manufacture des Tabacs où, après s’être montré bon élève, il se montre bon ingénieur mais piètre citoyen – à ses yeux d’aujourd’hui. Puis le départ aux États-Unis avec sa femme et ses fils, le retour à Paris et, par hasard, dit-il, la rencontre avec le militantisme.
C’est quand Albert Jacquard devient le célèbre Albert Jacquard que ce livre s’achève.
Les mystères de Winterthurn de Joyce Carol Oates
2012
La trilogie gothique (3)
Joyce Carol Oates
Littérature américaine
9 h
À la fin du xixe siècle, au manoir de Glen Mawr situé dans la ville de Winterthurn à l’est des États-Unis, vit l’étrange famille Kilgarvan, composée de trois filles : Georgina, l’aînée, appelée la « nonne bleue », et ses deux demi-soeurs qu’elle élève seule, la sage et studieuse Thérèse et la jolie et fantasque Perdita. À l’aube d’une journée de mai, Georgina s’en va en ville acheter cinquante livres de chaux vive. Peu après, on retrouvera le bébé de sa cousine Abigaïl, venue quelques jours en visite, égorgé près du lit de la mère. Douze ans plus tard, cinq jeunes filles sont retrouvées mortes, atrocement mutilées, près de Winterthurn. Et, douze ans plus tard encore, c’est le pasteur, sa mère et une de ses paroissiennes qui sont sauvagement assassinés à coups de hache. Chaque fois, la clé de ces mystères épouvantables va être la même : jusqu’où ose aller une femme amoureuse ?
Xavier Kilgarvan mène les trois enquêtes avec verve et passion et met toute sa vie dans la résolution de ces crimes. Et l’on suit avec délice les façons de la société du tournant du siècle avec tout ce qu’elle a de suranné et d’hypocrite à force de bienséance.
Comme un frère de Stéphanie Polack
2012
Stéphanie Polack
Littérature
3 h
Partie sur les traces de son histoire familiale, une jeune femme poursuit le souvenir d’un condamné à mort : un garçon de 24 ans embarqué dans un braquage suicidaire en 1954. La postérité a retenu qu’il avait retrouvé la foi en prison. La justice en a fait un monstre, l’église a voulu en faire un saint. Qui était-il ? Que cherchait-il ? Ce garçon s’appelait Jacques Fesch, c’est l’oncle de la narratrice. Un oncle fantasmé qu’elle n’a jamais connu et dont la légende la hante. Alors qu’elle plonge dans les années 1950, tentant de comprendre le parcours de cet homme insaisissable, ses questions virent à l’obsession et font resurgir des chagrins enfouis.
Comme un frère est l’histoire d’un fantasme et d’une quête. Un road-movie intime. C’est l’histoire d’un frère inventé, maudit, l’histoire d’une rencontre impossible.
Le scénariste de Louis Gardel
2012
Louis Gardel
Littérature
3 h
François est romancier. Il deviendra scénariste à la suite de circonstances qui lui paraîtront relever du hasard. Il n’est pas quelqu’un qui dirige sa vie. Il s’arrange avec ce qui se présente. Ce sont les milieux littéraires et ceux du cinéma qui servent de cadre au roman. La jeune fille de province dont François tombe amoureux travaille aujourd’hui à Paris, dans l’édition. Pour vivre avec François, elle interrompt brutalement une liaison avec un vieil écrivain que cet abandon rend à peu près fou. Mais François ignorera toujours chantages et menaces.
Une partie du roman se déroule aussi en Algérie, où François est né. Sa mère s’y était installée après l’indépendance, par conviction idéologique, pour se mettre au service de ce peuple neuf. Elle est revenue en France en 1974, quand son petit garçon avait cinq ans.
François n’a jamais su qui était son père. Sa mère ne le lui a jamais révélé. C’était une femme qui ne parlait pas. De ce secret François a pris son parti. Il a un grand appétit de bonheur. Ses tourments, il les met dans les histoires qu’il écrit. Ce ne sont pas des transpositions de la vie réelle, plutôt une quête de ce qui est peut-être arrivé ou qui aurait pu arriver, une sorte de monde parallèle. Dans le quotidien des jours François ne calcule rien. Il se laisse porter par ses désirs et par la chance : la vie n’est pas sérieuse.
Ce qui est sérieux, c’est ce qu’il invente.
Gabriela, girofle et cannelle de Jorge Amado
2012
Jorge Amado
Littérature étrangère
11 h
L’histoire commence en 1925 à Ilhéus, au Brésil.
Nacib, Syrien et patron du bar Le Vesuvio, se voit abandonné par sa cuisinière, partie vivre avec son fils, alors qu’il doit s’occuper d’un important repas d’inauguration pour trente personnes. Dans l’urgence, il se voit obligé d’employer deux jumelles d’un certain âge, mais ne cesse de chercher la perle rare. C’est là qu’il rencontre la belle Gabriela, qui l’envoûte avec sa peau à l’odeur de girofle et de cannelle et qu’il embauche. Celle-ci ne tardera pas à devenir son amante et sa femme. Mais Nacib est un homme extrêmement jaloux et Gabriela une jeune femme libre et indépendante. Leur mariage résistera-t-il à l’inconstance ?
Pendant ce temps-là, Mundinho Falcao, un jeune Carioca qui s’est enrichi grâce à l’exportation, veut faire tomber Batos, un gouverneur peu recommandable. Au cours du repas, l’affrontement sera tacite mais ne tardera pas à se muer en véritable guerre de pouvoir… Jorge Amado nous offre avec Gabriela, Girofle et Cannelle un bijou de drôlerie et d’ironie. Le langage, toujours vif et lyrique, magnifie la femme en même temps qu’il ridiculise les jeux des puissants. Car comme le dit si bien l’un de ses personnages : « La poésie est au-dessus de la politique. »
Tanger 54 de Mona Thomas
2012
Mona Thomas
Littérature
2½ h
Qui est l’auteur du dessin que l’acteur Gérard Desarthe achète sur un marché normand en juillet 2010 ? D’où vient ce pastel figurant un jeune arabe ? Le nom de William Burroughs y est-il inscrit comme une signature ou comme une dédicace ?
Mona Thomas, amie de l’acteur et critique d’art, flaire aussitôt l’énigme et mène l’enquête, intriguée par des indices aussi mystérieux que prometteurs. Pourquoi ce portrait a-t-il fait un si long trajet et n’est répertorié dans aucun catalogue ? Mona Thomas se voit embarquée dans le Tanger des années 1950, lieu d’élection de la Beat Generation, qui y vivait alors une aventure artistique hors du commun où paradis artificiels, prostitution, homosexualité, fêtes et rencontres se mêlaient dans une apparente harmonie. Elle y croise, parmi tant d’autres, l’écrivain américain Paul Bowles, revisite l’oeuvre et l’existence torturée de Francis Bacon, et approche Ahmed Yacoubi, jeune peintre et modèle tangérois vers qui tout converge.
La quête de Mona Thomas est devenue un livre haletant, séduisant, qui interroge la vie au coeur de la création artistique, la place du modèle et celle du mécène, l’amour et sa part d’autodestruction, et dit une époque et un contexte où, pour 500 pesetas, on préférait s’offrir un garçon plutôt qu’un tableau. Elle pose également des questions essentielles : comment authentifier une oeuvre ? Qui décide de sa valeur ? Comment considérer les « rebuts » de l’artiste ?
Mais alors, qui est l’auteur du dessin ? L’hypothèse que propose Mona Thomas est pour le moins audacieuse et porte le lecteur vers un épilogue sidérant et lumineux.
L'eau noire de Fabrice Gaignault
2012
Fabrice Gaignault
Littérature
4 h
Un yacht luxueux appartenant à un financier sur lequel embarquent neuf invités pour une croisière qui doit les mener de Saint-Tropez aux îles italiennes. Parmi les convives, un journaliste-écrivain embarqué pour achever les mémoires du maître à bord, et son amie, dévastée par un drame qui les unit et les sépare dans un même mouvement de passion et de destruction. Il y a aussi cette actrice américaine trop parfaite et son amant insipide, ce célèbre chirurgien plastique affirmant avoir rajeuni la moitié de la planète « people », cet ex-manager de rock toxicomane et sa femme, adeptes enthousiastes de l’urinothérapie, sans oublier ce couple de vieilles vipères crachant leur venin sur tout ce qui bouge. Les jours et les nuits s’enchaînent, entre huis-clos tendus, séances de ragots amusants, fêtes somptueuses, dîners animés, virées à terre, pics de folie et abysses d’ennui. La mer joue aussi sa partition, tendre et violente, bleue et si noire.
Des corps de clandestins naufragés viennent bientôt enrayer la mécanique parfaite de cette petite société coupée du monde. Les tensions et les exaspérations, les antipathies grandissantes entre certains, font peu à peu sombrer la belle croisière dans un cauchemar où les affrontements verbaux le disputent aux menaces diffuses plus radicales au fur et à mesure que les côtes africaines se rapprochent.
Sur la route du papier de Erik Orsenna
2012
Erik Orsenna
Essai
4½ h
« Un jour, je me suis dit que je ne l’avais jamais remercié. Pourtant je lui devais mes lectures. Et que serais-je, qui serais-je sans lire et surtout sans avoir lu ? Pourtant, c’est sur son dos que chaque matin, depuis près de soixante années, je tente de faire avancer pas à pas et gomme aidant mes histoires. Et que serait ma vie sans raconter ? Je n’avais que trop tardé. L’heure était venue de lui rendre hommage. D’autant qu’on le disait fragile et menacé. Alors j’ai pris la route. Sa route.
De la Chine à la forêt canadienne, en passant par la Finlande, la Suède, la Russie, l’Inde, le Japon, l’Indonésie, Samarcande, le Brésil, l’Italie, le Portugal et bien sûr la France, j’ai rendu visite aux souvenirs les plus anciens du papier. Mais je me suis aussi émerveillé devant les technologies les plus modernes, celles qui, par exemple, arrivent à greffer des virus capables de tuer les bactéries, celle qui, grâce à des impressions électroniques, permettent de renseigner sur le parcours d’un colis les chocs qu’il a reçus et si les conditions d’hygiène et de froid ont tout du long bien été respectées.
Cher papier ! Chère pâte magique de fibres végétales ! Chère antiquité en même temps que pointe de la modernité ! La planète et le papier vivent ensemble depuis si longtemps : plus de deux mille ans. Le papier est de la planète sans doute le miroir le plus fidèle et par suite le moins complaisant. » E.O.
 
 
Le camp de Lodi : Algérie, 1954-1962 de Nathalie Funès
2012
Nathalie Funès
Historique
2½ h
Le village de Lodi, à une centaine de kilomètres au sud-ouest d’Alger, près de Médéa, porte le nom prestigieux du pont italien qui a permis aux troupes de Napoléon d’entrer victorieuses à Milan. Il incarne aussi un épisode occulté de l’histoire. C’est là, pendant la guerre d’Algérie, que des centaines de pieds-noirs, sympathisants de l’indépendance, ont été enfermés de façon arbitraire. Des années durant, ils ont croupi dans des baraques délabrées, entourées de barbelés, inspectées jour et nuit par une armée de gendarmes mobiles, loin des regards indiscrets et des grandes villes. Sans avoir été jugés ni même inculpés. Sur simple arrêté préfectoral, la « lettre de cachet » des années noires du conflit algérien.
Parmi la dizaine de « centres d’hébergement », qui sont nés après l’insurrection du 1er novembre 1954, Lodi occupe une place à part. C’est le camp des Français, le camp des pieds-noirs. Là se sont croisés des médecins, des architectes, des cheminots, des gaziers, des électriciens, des résistants de la Seconde Guerre mondiale, des anciens internés de Dachau? Mais aussi Albert Smadja, l’avocat de Fernand Iveton, seul Français du conflit guillotiné pour avoir tenté de faire sauter une bombe ; Georges Hadjadj, le dernier compagnon de cellule du professeur de mathématiques Maurice Audin, qui a « disparu » après une ultime séance de gégène ; ou encore Henri Alleg, l’auteur de La Question, arrivé à l’été 1957, après avoir été torturé des jours durant par les parachutistes. Et beaucoup d’autres encore.
Des cailloux dans le ventre de Jon Bauer
2012
Jon Bauer
Littérature
7 h
Des cailloux dans le ventre est l’histoire d’un petit garçon de huit ans et de l’adulte instable qu’il est devenu. Au cours de son enfance, ses parents choisissent d’être « une famille d’accueil » en dépit du violent sentiment de jalousie que cela provoque en lui.
Cette jalousie prend des proportions dramatiques quand l’enfant doit faire de la place à Robert, un jeune garçon auquel sa mère s’attache particulièrement. La relation qui naît entre eux va déclencher un événement qui transformera l’existence de la famille entière. Et particulièrement celle de Robert.
À l’âge de vingt-huit ans, et après une longue absence, le fils vient rendre visite à sa mère. Il ne lui a rien pardonné. Mais cette femme, malade, a besoin de lui. Comment pourrait-il ne pas profiter de la situation ?
Des cailloux dans le ventre décrit les dégâts que s’infligent parents et enfants, comme pour nous rappeler que la famille est l’endroit dont il faut partir pour se trouver. À partir des secrets que dissimulent ses protagonistes, le romancier installe une forte tension dramatique. Mais si les douleurs du passé sont évoquées avec puissance, l’écrivain sait révéler les situations cocasses de nos existences et décrire la métamorphose d’un être qui se défait progressivement du poids de son enfance.
Y revenir de Dominique Ané
2012
Dominique Ané
Littérature
½ h
« Voilà ce que je venais voir, ce que je voulais retrouver : ce paysage minimal et le vertige qu’il provoque en moi. »
Dans Y revenir Dominique Ané sonde la relation qu’il entretient avec sa ville natale, Provins, en Seine-et-Marne, où il a vécu jusqu’à quinze ans. Il tente de comprendre pourquoi ce lieu, par-delà les années, entre attirance et répulsion, ne cesse de le hanter.
Ce récit est un voyage accompli à rebours qui évoque, plus de vingt ans après, les paysages, les sentiments éprouvés, les êtres rencontrés et le quotidien d’un enfant unique confronté à sa fragilité. Il dit aussi comment l’expérience du chant et de la musique permettront à l’adolescent de trouver sa place.
Un récit autobiographique très attendu, dans lequel on retrouve la voix, la langue, et le style si particulier de Dominique Ané.
Marya, une vie de Joyce Carol Oates
2012
Joyce Carol Oates
Littérature américaine
6½ h
Marya Knauer a huit ans quand son père est tué dans une rixe. Un peu plus tard, sa mère la confie à une tante et un oncle avant de disparaître complètement. Cette jeune fille secrète, solitaire, apprend la peur, la cruauté. Au lycée, elle devient brillante et bien supérieure aux autres, ce qui la condamne à encore plus d’isolement. Elle entre à l’université et se plonge violemment dans l’écriture, en développe une passion proche de la folie. Il lui faut encore attendre quelques années pour connaître un amour heureux avec un journaliste, mais Marya si forte dans le désespoir saura-t-elle maintenir une vie heureuse ? On la quitte alors qu’elle entame une recherche sur son passé et surtout sur sa mère qui lui disait si souvent : « Ne commence pas à pleurer, tu ne pourras plus t’arrêter. »
Joyce Carol Oates nous nous donne à voir la complexité des émotions d’une femme écrivain. Marya, une vie est un de ses livres les plus personnels.
Sagan et fils de Denis Whestoff
2012
Denis Whestoff
Essai
4 h
Françoise Sagan est morte le 24 septembre 2004. Elle laisse une dette fiscale de plus d’un million d’euros et une oeuvre, composée d’une trentaine de romans et d’une dizaine de pièces de théâtre, sur le point d’être purement et simplement liquidée. Sagan est en passe de disparaître deux fois quand Denis Westhoff, son fils unique, décide, en 2006, d’accepter cette succession empoisonnée, hors-norme. Un vrai parcours du combattant qui le conduit à repasser sur les traces de ce « charmant petit monstre », né sur la scène littéraire et médiatique en 1954 par la grâce de son premier roman, Bonjour tristesse.
Il réalise alors que la femme publique que l’on a dit si prodigue avec son argent, aimant vivre dangereusement et de préférence à cent à l’heure, lui est longtemps restée inconnue.
Lui a été aimé et élevé par une mère qui a pris soin de le protéger des éclats de sa légende d’écrivain-star. L’envie de remettre les points sur certains i, de dire les choses telles qu’il les a vues, entendues, et non pas telles qu’on a bien voulu les interpréter, grandit peu à peu en lui. En repassant par certains lieux, en se remémorant des anecdotes, des moments forts, gais ou douloureux, des conversations intimes, en dessinant les portraits de ceux qui ont vraiment fait partie du cercle Sagan, dont ses grands-parents Quoirez ou encore son père, l’anticonformiste Robert Westhoff, il éclaire d’une lumière totalement inédite l’une des figures majeures de la littérature française.
Ce livre n’a pas pour ambition de dire la vérité sur Sagan, mais une vérité. Celle d’un fils qui ose enfin dire, avec bonheur et liberté, ce qu’il a vécu auprès d’une mère pas tout à fait comme les autres.
La fureur de la langouste de Lucia Puenzo
2012
Lucia Puenzo
Littérature étrangère
3½ h
Tino a onze ans. Il vit à Buenos Aires avec sa mère, son père, sa soeur, Bruno le garde du corps et Irma la bonne paraguayenne, dans une maison bourgeoise cossue, sous surveillance vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Car sa famille n’est pas comme les autres : son père, Razzani – dont le plat préféré est la langouste au xérès –, est un des hommes les plus puissants du pays. Ce qui inquiète Maia, une amie d’école avec laquelle Tino entretient un jeu amoureux. Jusqu’au jour où Razzani fait les gros titres de la presse et que le père de celle-ci, présentateur de l’émission « Le chasseur », l’invite et tente de le démolir en direct. Tout s’effondre autour de Tino : et s’il ne connaissait pas son père ? Qui est cet inconnu qui l’a élevé ? Pourquoi tous ces mensonges ? Et quand l’homme le plus recherché du pays prend la fuite, c’est toute sa famille qui s’effrite : la soeur, anorexique et sous antidépresseurs, la mère, qui refuse de voir la réalité en face et Tino qui fait l’expérience de la disgrâce.
Lucía Puenzo nous entraîne au coeur de la société argentine malade en chroniquant avec une grande subtilité la chute d’un homme puissant, à travers la voix d’un fils meurtri et innocent. De situations cocasses en instants tragiques, elle explore la perte des valeurs dans un monde où la seule réalité reste la possibilité de la violence.
Une autre femme de Anne Tyler
2012
Anne Tyler
Littérature
9 h
« La police fédérale du Delaware a annoncé en début de matinée que Cordelia Grinstead, âgée de 40 ans, épouse d’un médecin de Roland Park, a disparu alors qu’elle se trouvait en vacances avec sa famille à Bethany Beach. »
Dès le premier jour de ses vacances, Delia Grinstead part marcher le long de la plage, loin. Sans en avoir formulé le désir, elle est en train d’abandonner sa famille. Pour son mari, Sam, elle fait depuis presque vingt-cinq ans partie des meubles. De ses trois enfants, le petit dernier, le cher Carroll, a déjà 17 ans et n’a plus autant besoin de sa maman. Ses soeurs, omniprésentes, la considèrent incompétente, évanescente, inutile.Elle s’installe dans une ville à deux heures de Baltimore, trouve un travail, et prétend mener enfin une vie qu’elle aurait choisie, loin des attaches et des tracas. Mais au fond, qu’attend-elle de cette fugue ? De cette vie ou de l’ancienne, laquelle finira-t-elle par choisir ?
Qu'avons-nous fait de nos rêves ? de Jennifer Egan
2012
Pulitzer (fiction) 2011
Jennifer Egan
Littérature
5½ h
Sasha a une petite trentaine. Elle vivote à New York, après avoir quitté son poste d’assistante de production dans une grande maison de disques. On la découvre sur le canapé de son psychothérapeute, tentant de régler son problème de cleptomanie et de remettre de l’ordre dans sa vie. Sans amis, sans travail, elle est une âme solitaire et prédatrice. Bennie, lui, a la quarantaine passée. Ancien producteur star des Conduits, un groupe de rock emblématique, il se contente désormais d’éditer des tubes insipides. Divorcé, il essaie d’entretenir des liens avec son fils, sans trop y parvenir. Déprimé, il n’arrive même plus à avoir la moindre érection.
D’une écriture acérée, Jennifer Egan nous plonge dans la conscience et l’histoire de ces deux personnages dont les chemins un jour se sont croisés. Jeune homme timide, Bennie se passionna pour le punk, dans un San Francisco débridé. Adolescente au tempérament fougueux, Sasha partit pour Naples afin d’oublier des parents destructeurs. Une foule de personnages jalonnent leur existence, qu’il s’agisse de Lou Kline, le mentor allumé de la bande, ou de l’oncle de Sasha, un homme au bord du gouffre.
Ces histoires de vie s’enchaînent, des personnalités très fortes se dégagent, une véritable tension naît autour de leurs destinées. En restituant le passage du temps et les aléas du désir, Jennifer Egan ausculte notre capacité à avancer et à devenir ce que nous sommes, sans rien nier du passé.
Un repas en hiver de Hubert Mingarelli
2012
Hubert Mingarelli
Littérature
2 h
Ce jour-là, trois hommes prennent la route, avancent péniblement dans la neige sans autre choix que de se prêter à une chasse à l’homme décrétée par leur hiérarchie militaire. Ils débusquent presque malgré eux un Juif caché dans la forêt, et, soucieux de se nourrir et de retarder le retour à la compagnie, procèdent à la laborieuse préparation d’un repas dans une maison abandonnée, avec le peu de vivres dont ils disposent. Les hommes doivent trouver de quoi faire du feu et réussir à porter à ébullition une casserole d’eau. Ils en viennent à brider les chaises sur lesquelles ils sont assis, ainsi que la porte derrière laquelle ils ont isolé leur proie.
Le tour de force d’Hubert Mingarelli, dans ce roman aussi implacable que vertigineux, consiste à mettre à la même table trois soldats allemands, un jeune Juif et un Polonais dont l’antisémitisme affiché va réveiller cher les soldats un sentiment de fraternité vis-à-vis de leur prisonnier.
 
 
Sous la Manche de Gilles Pétel
2012
Gilles Pétel
Littérature
3½ h
De part et d’autre de la Manche, à Londres et à Paris, vivent deux hommes que tout semble opposer, hormis une vague ressemblance physique. L’un est Écossais, agent immobilier, libertin, portant encore beau malgré ses quarante-cinq ans. L’autre est lieutenant dans la police française, marié, père de deux enfants, fatigué par la vie alors qu’il n’a que quarante ans. Le premier est assassiné dans des circonstances mystérieuses à bord du train qui le conduit de Londres à Paris. Le second est chargé d’enquêter sur ce meurtre.
En cherchant à élucider l’identité de la victime et le mobile du crime, le lieutenant va être amené peu à peu à s’interroger sur sa propre existence dans un jeu de miroir où la fascination se mêle à la répulsion. Dans un Londres secoué par la crise financière, le lieutenant découvre au fil de ses rencontres qu’il n’est pas celui qu’il croyait.
Dans ma tête, je m'appelle Alice de Julien Dufresne-Lamy
2012
Julien Dufresne-Lamy
Littérature
2½ h
L’héroïne de ce premier roman inventif et très original est, à l’aube de sa trentième année, future docteur en mathématique et elle se souvient de son existence fantasque et tourmentée dans une famille brisée. Brisée certes par l’alcoolisme de la mère, mais atypique et troublante, vivante et attachante, dont le père dissimule un secret et le frère finit par fuir.
La jeune narratrice est la seule qui résiste grâce aux personnages des romans qu’elle lit avec frénésie, Alice en tête, et qui l’emportent dans un monde parallèle où la beauté, l’énergie, la complexité des sentiments lui sont révélées et l’arrachent à un quotidien où la mère, digne infirmière bien sous tous rapports le jour, devient « la Reine » chaque soir à minuit. Reine de sa descente aux enfers, enfermée dans ses subterfuges, ses humeurs mauvaises, ses attendrissements, ses regrets.
La beauté du roman de Julien Dufresne-Lamy réside dans l’écriture et le regard – décalé et souvent drôle – que la narratrice pose sur le monde. Tout semble léger, rien n’est ordinaire sous la plume de l’auteur, dont la lucidité et l’humour, dont la singularité du style, dont le goût du jeu font de ce livre une gourmandise, et transforment chaque membre de la famille en héros de conte.
On croise dans ce roman Britney Spears, Calamity Jane, la Princesse de Clèves, Emma Bovary, Bardamu ou le Petit Nicolas, pour ne citer que quelques-unes des figures évoquées. Et on assiste à la construction d’une enfant, puis d’une adolescente, qui sera enfin capable, une fois devenue adulte, de se libérer de son histoire.
Parfums de Philippe Claudel
2012
Philippe Claudel
Littérature
2½ h
En 63 textes, d’« Acacia » à « Voyage », Philippe Claudel évoque autant de parfums de l’enfance et de l’adolescence. Chaque évocation fait resurgir un monde oublié, dont certaines traces demeurent : l’après-rasage du père, la crème solaire de la mère, les cheveux soyeux des premières amoureuses, les Gauloises et les Gitanes, la cannelle des gâteaux et du vin chaud, le charbon qui réchauffe, l’encre de l’écolier, le foin des champs, le pull-over de l’oncle... Des senteurs douces ou âcres, simples ou raffinées.
Au fil du récit, se dessine un paysage de sapins, de champs à la terre noire et de rivières, et revit un monde de gens simples et vrais, pour lesquels leur lit de naissance est celui de leur mort. En leur rendant hommage, pour la première fois, et « malgré lui », Philippe Claudel se raconte. Il raconte ses origines, sa Nancy natale, Dombasle, la ville où il est né et habite toujours, ses parents, ses sœurs, comme il ne l’a jamais fait.
So much pretty de Cara Hoffmann
2012
Cara Hoffmann
Policier
6½ h
Haeden, petite ville de l’État de New York. La nature a repris ses droits, car le chômage a sévi. C’est l’Amérique post-industrielle dans toute sa noirceur.
Un jour, la jeune serveuse Wendy disparaît. Elle est retrouvée dans un triste état. Stacy Flynn, journaliste ambitieuse, est prête à tout pour démasquer les coupables, mais aussi pour rencontrer un homme capable d’assouvir ses besoins.
Une adolescente, Alice, partage son obsession pour cette affaire. Ses parents, Gene et Claire, qui tentent de faire coïncider leur existence à Haeden avec leurs rêves de jeunesse, sont loin de comprendre ce que leur fille ressent.
Petit à petit, les récits des habitants semblent composer un tableau du drame et des événements qui l’ont précédé. Au sein duquel le lecteur entrevoit une autre tragédie. Mais l’écrivain nous réserve un dénouement à mille lieux de ce qu’on pouvait imaginer.
Avec un sens redoutable du suspense, Cara Hoffman nous livre la cartographie réelle d’un monde qu’on aurait pu prendre pour le paradis : une vie saine loin des grandes villes. Elle immortalise également les tourments de l’adolescence et le cauchemar de tout parent.
Voyages en postcolonies de Benjamin Stora
2012
Benjamin Stora
Essai
2 h
Fidèle à une approche hybride, dans laquelle l’expérience personnelle et les observations enrichissent l’analyse historique, Benjamin Stora revient ici sur les séjours qu’il fit, de 1995 à 2002, successivement au Viêt Nam, en Algérie et au Maroc. Trois longs voyages dans ces pays devenus indépendants qui ont connu, chacun à sa manière, le système colonial français. Il raconte le silence le soir sur Hanoï comme un renvoi lointain au couvre-feu, les traces de guerre dans les paysages et les ombres diffuses laissées par le passé. Il décrit l’Algérie de 1998, émergeant des horreurs de la guerre civile, les traumatismes, les oublis et la nouvelle génération qui s’ébroue. Il dépeint le Maroc au début du règne de Mohammed VI, un pays saturé d’histoire, qui bouge lentement et où une jeunesse, en mal d’avenir, regarde ailleurs.
Passant de l’analyse comparative au diagnostic politique, de la rencontre avec quelques personnages clés à l’étude des images et des films, l’histoire écrite par Benjamin Stora est tout à la fois intellectuelle, sensible et visuelle. C’est une histoire vive qui puise à de multiples sources et éclaire, aussi, ce qui se passe dans notre propre pays. Un quatrième voyage, d’ailleurs, ramène l’historien en France où il constate, et regrette, que la question postcoloniale soit si largement ignorée. Ni le passé colonial, ni celui des minorités ne sont en effet intégrés dans le récit national républicain. Quant à la mémoire franco-algérienne, 50 ans après l’indépendance, elle demeure conflictuelle.
Le collier de la colombe de Raja Alem
2012
Raja Alem
Policier
16 h
Une femme est retrouvée nue, assassinée, le visage défoncé, dans un passage de La Mecque. Cette affaire émeut profondément les habitants de ce quartier et vient réveiller de lourds secrets de famille, d’amours interdites, mais aussi de malversations financières, au sein d’une ville dont l’architecture et le patrimoine religieux excitent la convoitise des sociétés immobilières.
L’inspecteur Nasser est chargé de l’enquête, ce qui rompt pour un temps sa routine et sa solitude. Afin d’identifier la victime, il plonge dans les existences tourmentées de deux femmes portées disparues, Aicha et Azza. Institutrice répudiée par son mari, Aicha entretenait en effet une correspondance amoureuse avec un médecin allemand, dont l’inspecteur se délecte. En même temps, il parcourt le journal intime de Youssef, jeune historien amoureux de l’architecture de La Mecque tout autant que d’Azza, jeune femme déterminée à ne laisser aucun sentiment l’asservir.
Mais Nasser va croiser des fantômes plus inquiétants. La corruption règne dans cette ville tiraillée entre ses traditions ancestrales et l’élan brutal vers la modernité. La Mecque semble se confier au lecteur, en révélant les enjeux complexes dont elle fait l’objet. Et très vite, on comprend que c’est le coeur sacré de cette ville, la Kaaba, qu’il faut sauver.
Quartier charogne de Nan Aurousseau
2012
Nan Aurousseau
Littérature
2 h
« Est-ce que notre enfance est importante pour quelqu’un d’autre que nous-même ? C’est la question que je me suis posée avant d’écrire les premières lignes de Quartier charogne. Pourtant, une fois la première phrase jetée, le reste a suivi. Je ne voulais surtout pas faire un livre sur toute ma vie d’un coup, c’est pour ça que j’ai choisi la tranche de six à quinze ans, de notre arrivée rue des Maraîchers dans le XXe, le quartier Charonne, jusqu’à notre expulsion un matin de juin, quand ils nous ont jetés sur le trottoir, ma mère et nous, les cinq gosses, sans nulle part où aller. J’ai essayé d’être le plus franc possible, ça n’a pas été toujours facile, il y a des choses qu’on préférerait garder secrètes, d’autres qu’on aurait tendance à romancer, on est tenté de faire des petits arrangements avec sa mémoire. J’ai vraiment tout fait pour être au plus près de ce qui s’est passé pendant ces neuf années. »
N.A.
Dix rêves de pierre de Blandine Le Callet
2013
Blandine Le Callet
Policier
3 h
Certaines inscriptions funéraires possèdent un singulier pouvoir d’évocation ; leur lecture fait surgir le fantôme de personnes disparues depuis parfois des siècles. Blandine Le Callet réunit dans ce recueil des épitaphes authentiques, à partir desquelles elle imagine les dernières heures, les derniers jours ou les derniers mois du défunt. Elle ressuscite un jeune esclave à qui l’on vient d’offrir sa liberté, un philanthrope piégé dans l’étouffant huis-clos d’un bordel parisien, deux êtres unis par un amour hors norme en route vers leur destin, une vieille dame acariâtre rédigeant son testament, et bien d’autres encore... Dix destins arrêtés par des morts douces ou violentes, subites ou prévisibles, solitaires ou collectives. Dix nouvelles tour à tour poétiques, féroces, tendres, dramatiques, nostalgiques ou grinçantes, dépeignant une humanité toujours assaillie par les mêmes passions, les mêmes peurs et les mêmes espoirs. Dix « rêves de pierre » pour conjurer l’oubli.
Confessions d'un gang de filles de Joyce Carol Oates
2013
Joyce Carol Oates
Littérature américaine
7½ h
Un quartier populaire d’une petite ville de l’État de New York, les années 1950. Cinq lycéennes, pour survivre et se venger de toutes les humiliations qu’elles ont subies, concluent un pacte, à la vie, à la mort : elles seront le gang Foxfire. “Foxfire” désigne les jolies filles, mais également le feu follet. La haine, et surtout celle des hommes, va les entraîner dans une impitoyable équipée sauvage. Après un séjour en maison de correction, legs, leur chef adulée, revient avec un rêve : pouvoir habiter, toutes ensemble, dans une ferme, et vivre selon leurs propres lois. Mais leur sulfureuse réputation leur créera plus d’un ennemi. Vols de voitures, menaces à main armée, entôlage et, pour finir, kidnapping... Tout cela finira très mal.
Dans une langue crue, précise et concrète, Joyce Carol Oates dépeint la “fureur de vivre” des cinq inséparables et leurs accès de générosité envers d’autres déshérités. Comme toujours chez l’auteur de Eux et de Blonde, le Mal est d’autant plus vraisemblable qu’il nous ressemble...
 
 
Corky de Joyce Carol Oates
2013
Joyce Carol Oates
Littérature américaine
17 h
Jerome Corcoran, Corky, a huit ans lorsque son père est assassiné sous ses yeux. Trente ans plus tard, Corky est l’exemple même de l’homme à qui tout sourit. Promoteur immobilier florissant, conseiller municipal à l’avenir politique prometteur, il laisse toujours de larges pourboires qui lui assurent une certaine renommée dans la ville de Union City. Bel appartement, les femmes lui tombent dans les bras. Mais il n’y en a qu’une qui compte, Thalia, la fille de son ex-femme. Elle a disparu et semble impliquée dans un scandale politico-financier des plus envahissants.
Joyce Carol Oates parvient à se glisser admirablement dans la peau d’un homme, dans ses forces et ses faiblesses et bien sûr sa libido.
Yellow birds de Kevin Powers
2013
Kevin Powers
Littérature
3½ h
Bartle, 21 ans, est soldat en Irak, à Al Tafar. Depuis l’entraînement, lui et Murph, 18 ans, sont inséparables. Bartle a fait la promesse de le ramener vivant au pays. Une promesse qu’il ne pourra pas tenir… Murph mourra sous ses yeux et hantera ses rêves de soldat et, plus tard, de vétéran.
Yellow birds nous plonge au coeur des batailles où se déroule la vie du régiment conduit par le sergent Sterling. On découvre alors les dangers auxquels les soldats sont exposés quotidiennement. Et le retour impossible à la vie civile.
Kevin Powers livre un roman fascinant sur l’absurdité de la guerre, avec une force aussi réaliste que poétique.
 
 
Belle et Bête de Marcela Iacub
2013
Marcela Iacub
Littérature
1½ h
« Tu étais vieux, tu étais gros, tu étais petit et tu étais moche. Tu étais machiste, tu étais vulgaire, tu étais insensible et tu étais mesquin. Tu étais égoïste, tu étais brutal et tu n’avais aucune culture. Et j’ai été folle de toi. Non pas qu’il y ait un rapport de cause à effet entre tes défauts et les sentiments océaniques que j’ai éprouvés. C’est une curieuse coïncidence. Même au temps où ma passion était si fastueuse que j’aurais échangé mon avenir contre une heure dans tes bras je n’ai jamais cessé de te voir tel que tu étais : un porc. C’est ma compassion pour ces animaux si dénigrés qui a éveillé mon intérêt pour toi. Tu étais le grand persécuté, le bouc émissaire. Je me suis sentie obligée de prendre ta défense pour dire : “Les porcs ont le droit d’être des porcs. Une société qui met ces créatures en prison aux seuls motifs qu’ils ont des goûts propres à leur espèce n’est pas une société libre et juste.” »
Une terre si froide de Adrian McKinty
2013
Sean Duffy (1)
Adrian McKinty
Policier
6½ h
1981, Carrickfergus, Irlande du Nord. Le gréviste de la faim Bobby Sands vient de mourir et la région est sous haute tension. C’est dans ce contexte oppressant que le sergent Sean Duffy est appelé d’urgence pour résoudre une étrange enquête : un homme a été retrouvé dans un terrain vague, une main coupée. La victime est un homosexuel notoire. Un mobile suffisant ? Puis une deuxième victime est découverte, présentant les mêmes sévices. Aurait-on affaire au premier serial killer de l’histoire du pays ? Sean Duffy sait toutefois que les apparences sont souvent trompeuses, lui qui incarne un paradoxe en Ulster : il est flic et catholique.
Adrian McKinty réussit le pari de faire vivre la violence de la guerre civile en même temps qu’il nous entraîne au cœur d’une enquête palpitante, maniée avec un humour noir si cher aux Irlandais.
Les arbres voyagent la nuit de Aude Le Corff
2013
Aude Le Corff
Littérature
3½ h
Un professeur de français à la retraite est intrigué par une fillette qui habite son immeuble. Chaque soir, après l’école, Manon se réfugie dans le jardin. Assise sous le bouleau, elle parle aux chats et aux fourmis, quand elle n’est pas plongée dans un livre. Depuis quelques mois, sa mère semble avoir disparu.
Brisant la routine et sa solitude, Anatole finit par l’approcher. C’est autour de la lecture du Petit Prince qu’ils échangent leurs premières confidences.
En côtoyant Manon, le vieil homme va rencontrer d’autres voisins : Sophie, une femme singulière qui le met mal à l’aise, et Pierre, le père de la fillette. C’est tous ensemble qu’ils entreprendront un voyage inattendu jusqu’au Maroc.
Quand les colombes disparurent de Sofi Oksanen
2013
Sofi Oksanen
Littérature étrangère
7 h
Occupation, résistance et collaboration sont les ressorts de ce roman puissant, dans une Estonie prise tour à tour au piège des communistes et des Allemands. Pour répondre aux errances de l’Histoire, chacun devra choisir un camp, un chemin. Roland, le juste, combat sans relâche l’envahisseur ; son cousin Edgar, véritable caméléon, épouse successivement l’idéologie du pouvoir ; enfin Juudit, sa femme, est écartelée entre son amour sincère pour un officier allemand et l’hypocrisie suffocante d’un mariage raté. Mais qui sera le vainqueur de cette lutte acharnée ?
Wakolda de Lucia Puenzo
2013
Lucia Puenzo
Littérature étrangère
3½ h
En 1959, sur une route désolée en Patagonie, un médecin allemand pas comme les autres croise une famille argentine ordinaire et lui propose de faire route ensemble, afin d’être moins isolés. Ce médecin n’est autre que Josef Menguele. Très vite, il est fasciné par l’un des enfants, une jeune fille qui porte le doux nom de Lilith et qui est bien trop petite pour son âge. La fascination semble réciproque : elle ne peut quitter des yeux cet homme si cultivé et sophistiqué. Alors, quand il s’installe finalement dans la pension fraîchement ouverte par sa famille d’accueil, tout s’accélère. Surtout lorsque la mère de famille accouche de deux fragiles petites jumelles qu’il faut soigner. Traqué par des agents israéliens, il continue pourtant à vivre tranquillement, allant même jusqu’à investir dans le projet d’usine de poupées du père. Des poupées parfaites. Aryennes.  Contrairement à Wakolda.
Wakolda, quatrième roman de Lucía Puenzo, nous entraîne au coeur d’une société argentine infiltrée par l’émigration nazie. En immergeant la figure énigmatique de Menguele dans la vie quotidienne, Lucía Puenzo s’appuie sur les détails les moins visibles de sa personnalité pour faire ressortir avec une grande subtilité l’horreur de sa pensée profonde. Un roman captivant qui entraîne le lecteur sur les routes de la mémoire.
 
 
La servante du Seigneur de Jean-Louis Fournier
2013
Jean-Louis Fournier
Littérature
½ h
Ma fille était belle, ma fille était intelligente, ma fille était drôle…
Mais elle a rencontré Monseigneur. Il a des bottines qui brillent et des oreilles pointues comme Belzébuth. Il lui a fait rencontrer Jésus. Depuis, ma fille n’est plus la même.
Elle veut être sainte.
Rose comme un bonbon, bleue comme le ciel.
Les faibles et les forts de Judith Perrignon
2013
Judith Perrignon
Littérature
2 h
Il a l’air d’un roi, le fleuve. Il est là depuis toujours, rouge à force de creuser l’argile, rivière Rouge, c’est son nom. La nuit, il brille. Le jour, il est plat comme le verre et ne reflète que le ciel, les nuages et les arbres. Il semble ne pas nous voir. Nous sommes une quinzaine, nous venons ici presque chaque jour depuis deux semaines tant la chaleur semble vouloir nous punir, mais il passe, indifférent à nos enfants qui s’élancent, à leurs mères qui disent, Attention au courant, et aux vieilles, comme moi, qui se retranchent à l’ombre sur leurs sièges pliants.
Rien ne trouble le fleuve. Il connaît son sort, il descend l’Amérique et s’en va se noyer dans le Mississippi puis dans la mer. Il est tout petit là-bas dans la mer, mais si grand devant nous. J’ai peur de lui. J’ai l’impression qu’il rit, qu’il rit du pont un peu plus loin qui rouille en ayant cru l’enjamber, qu’il rit de nous aussi, de nos mains et nos pieds incapables de nager, de nos sueurs froides quand passe la police, j’ai l’impression que nous sommes comme les feuilles mortes qui dans quelques mois se détacheront des arbres, poussières dans l’eau.
Palladium de Boris Razon
2013
Boris Razon
Littérature
6½ h
« Tu sais, je n’arrive pas à comprendre où et quand commençait la réalité, ce sarcophage où je suis enfermé, les résultats médicaux, le rien de ma vie. Et cet autre monde, ces autres mondes où je vivais. J’étais plongé dans des nuits multiples, comme des labyrinthes d’où je devais m’extraire. Je devais trouver la sortie.
Je la savais en moi, quelque part. »
Monde sans oiseaux de Karin Serres
2013
Karin Serres
Littérature
1 h
« Petite Boîte d’Os » est la fille du pasteur d’une communauté vivant sur les bords d’un lac nordique. Elle grandit dans les senteurs d’algues et d’herbe séchée, et devient une adolescente romantique aux côtés de son amie Blanche. Elle découvre l’amour avec le vieux Joseph, revenu au pays après le « Déluge », enveloppé d’une légende troublante qui le fait passer pour cannibale. Dans ce monde à la beauté trompeuse, se profile le spectre d’un passé enfui où vivaient des oiseaux, une espèce aujourd’hui disparue. Le lac, d’apparence si paisible, est le domaine où nagent les cochons fluorescents, et au fond duquel repose une forêt de cercueils, dernière demeure des habitants du village.
Une histoire d’amour fou aussi poignante qu’envoûtante, un roman écrit comme un conte, terriblement actuel, qui voit la fin d’un monde, puisque l’eau monte inexorablement et que la mort rôde autour du lac...
 
 
Dans la rue j'entends les sirènes de Adrian McKinty
2013
Sean Duffy (2)
Adrian McKinty
Policier
6½ h
Sean Duffy sait que le crime parfait n’existe pas. Toutefois, un torse à l’abandon dans une valise n’est pas loin de l’évoquer. Il suffit souvent d’un indice infime pour faire basculer une enquête… Un tatouage.
Sean Duffy, remis de l’attentat qu’il a essuyé dans sa dernière affaire, n’a plus qu’à suivre le fil rouge, la trace de sang – si ténue soit-elle – qui lie toujours un corps à son meurtrier. Des rues sous haute tension de Belfast à la lande irlandaise, Sean Duffy ne laisse aucune piste au hasard et ne se départit jamais de son sens de l’humour, même dans les moments de plus grand doute…
L'identité malheureuse de Alain Finkielkraut
2013
Alain Finkielkraut
Essai
3 h
L’immigration qui contribue et contribuera toujours davantage au peuplement du Vieux Monde renvoie les nations européennes et l’Europe elle-même à la question de leur identité. Les individus cosmopolites que nous étions spontanément font, sous le choc de l’altérité, la découverte de leur être. Découverte précieuse, découverte périlleuse : il nous faut combattre la tentation ethnocentrique de persécuter les différences et de nous ériger en modèle idéal, sans pour autant succomber à la tentation pénitentielle de nous déprendre de nous-mêmes pour expier nos fautes. La bonne conscience nous est interdite mais il y a des limites à la mauvaise conscience. Notre héritage, qui ne fait certes pas de nous des êtres supérieurs, mérite d’être préservé, entretenu et transmis aussi bien aux autochtones qu’aux nouveaux arrivants. Reste à savoir, dans un monde qui remplace l’art de lire par l’interconnexion permanente et qui proscrit l’élitisme culturel au nom de l’égalité, s’il est encore possible d’hériter et de transmettre.
Alain Finkielkraut
Une vie entre deux océans de M.L. Stedman
2013
M.L. Stedman
Littérature étrangère
7½ h
Libéré de l’horreur des tranchées où il a combattu, Tom Sherbourne, de retour en Australie, devient gardien de phare sur l’île de Janus, une île sur les Lights, sauvage et reculée. À l’abri du tumulte du monde, il coule des jours heureux avec sa femme Isabel ; un bonheur peu à peu contrarié par l’impossibilité d’avoir un enfant.
Jusqu’à ce jour d’avril où un dinghy vient s’abîmer sur le rivage, abritant à son bord le cadavre d’un homme et un bébé sain et sauf. Isabel demande à Tom d’ignorer le règlement, de ne pas signaler “l’incident” et de garder avec eux l’enfant. Une décision aux conséquences dévastatrices…
Hippocrate aux enfers de Michel Cymes
2014
Michel Cymes
Essai
2½ h
« Ce livre est une pierre posée sur le fragile édifice de la mémoire de la Shoah. »
Michel Cymes Les médecins ont été parmi les premiers malades atteints de la Peste Brune : à Auschwitz, à Dachau, à Buchenwald ou à Strasbourg, les pires atrocités ont été commises par ceux qui avaient prêté le serment d’Hippocrate. Si le nom de Mengele est encore connu, il ne faut pas oublier les actes et les victimes de Rascher, Clauberg, Heim et Hirt : c’est à cet exercice de mémoire que nous convie Michel Cymes, qui jette son regard de médecin d’aujourd’hui sur une facette moins connue de la barbarie nazie, les expérimentations médicales pratiquées sans consentement sur les détenus.
S’appuyant sur de nombreux témoignages ainsi que sur une documentation récente voire inédite, révélant des vérités qui ne sont pas toujours bonnes à entendre, Michel Cymes raconte avec franchise et passion comment Hippocrate est descendu aux enfers.
 
 
Sarko s'est tuer de Gérard Davet
2014
Gérard Davet (et Fabrice Lhomme)
Essai
5½ h
Abus de biens sociaux
Trafic d’influence
Faux et usage de faux
Abus de confiance
Escroquerie en bande organisée
Prise illégale d’intérêts
Blanchiment en bande organisée
Favoritisme
Corruption
Détournement de fonds publics
Abus de faiblesse
Comment et pourquoi Nicolas Sarkozy, qui a construit sa carrière sur une image de « Monsieur Propre », se trouve aujourd’hui menacé par onze affaires en cours.
 
 
L'homme qui avait soif de Hubert Mingarelli
2014
Hubert Mingarelli
Littérature
2 h
Japon, 1946, pendant l’occupation américaine.
Démobilisé depuis peu, Hisao revient de la montagne avec une soif obsédante et des rêves qui le hantent. À bord du train qui doit le conduire vers la femme aimée, il commet une terrible erreur. Descendu pour boire, il voit le train repartir avec sa valise et l’oeuf de jade qu’il a prévu d’offrir à Shigeko.
Alors qu’un suspens subtil mais intense invite le lecteur à suivre les péripéties d’Hisao courant après sa valise, se dessine la bataille de Peleliu où il a combattu aux côtés de Takeshi, jeune soldat troublant qui chante dans le noir. Et qui mourra à ses côtés.
Dans ce roman aussi puissant que poétique, Hubert Mingarelli évoque avec une rare élégance l’amitié entre hommes et le Japon meurtri par la guerre.
Hisao retrouvera-t-il sa valise et arrivera-t-il jusqu’au « mystère Shigeko » ?
Mali, ô Mali de Erik Orsenna
2014
Erik Orsenna
Littérature
5½ h
Voulez-vous les dernières nouvelles du Mali ?
Madame Bâ, Marguerite se propose de vous y emmener. Cette dame, qui n’est pas humble de nature, se prend pour une Grande Royale, une Jeanne d’Arc africaine. Elle veut libérer son pays des djihadistes et c’est son petit-fils, ex-footballeur devenu griot, qui raconte sa campagne mi-glorieuse, mi-désespérée.
Sur les pas de ce duo, vous rencontrerez les femmes échappées de justesse aux horreurs de la charia. Vous découvrirez l’économie très puissante et très illégale dont vit grassement le Sahara. Vous ferez connaissance avec des petits capitaines, soldats d’opérettes, terrorisés par les combats. Vous tomberez sous le charme de leurs épouses prédatrices, frénétiques de la Visa Premier. Vous remonterez le fleuve Niger en évitant toutes sortes de périls. Vous verrez comment et pourquoi bandits et djihadistes s’entendent comme larrons en foire. Vous saluerez des musiciens et des tisserands, inlassables créateurs des liens qui fabriquent un pays. Vous atteindrez juste à temps Tombouctou pour assister à l’arrivée des Français… Surtout, vous plongerez dans la réalité du Mali, sa vaillance, sa noblesse.
Mali, ô Mali ! Comment ne pas comprendre que ta fragilité est la nôtre ?
Le bruit des autres de Amy Grace Loyd
2014
Amy Grace Loyd
Littérature
5 h
Depuis la mort de son mari, Celia tient le monde à distance. Propriétaire d’un immeuble à Brooklyn, elle a choisi ses locataires pour leur discrétion.
Puis il y a l’arrivée de Hope, une belle femme un peu perdue, fuyant un mari infidèle. Lorsque Hope entame une liaison dangereuse et qu’un de ses locataires disparaît soudainement, Celia voit ses murs vaciller. L’équilibre précaire qu’elle était parvenue à construire vole en éclats et l’oblige à sortir d’elle-même.
Amy Grace Loyd ausculte le bruit des autres à travers les murs d’un brownstone et guette les désordres, les désirs de ce petit monde. Une exploration sans tabou du deuil, du sexe et des petits arrangements avec la vie dans un New York voluptueux et brûlant.
Oedipe reine de Marcela Iacub
2014
Marcela Iacub
Littérature
2 h
Réussir sa vengeance n’est pas à la portée de tout le monde, pense Juliette. Il faut l’intelligence d’un savant, la précision d’un archer, la patience d’une taupe. Car, pour se venger, il faut que l’offensé mette l’offenseur à sa place. C’est ainsi que Juliette tentera de se venger de Samuel, son ancien amant. Elle se servira de tout son savoir théorique et pratique en matière de sexe pour que Samuel, qui est un abuseur de femmes, soit abusé à son tour de la même manière. Cette volonté froide, cette démarche rationnelle et analytique donnera lieu à l’intrigue la plus horrible, la plus dérangeante, la plus immorale. Et ce non seulement parce que Juliette, pour être fidèle à son plan, va outrager les piliers les plus sûrs de notre culture sexuelle, mais aussi et peut-être surtout parce que ce personnage, loin d’être une folle, une criminelle, une Autre est une femme dont les raisonnements, la sensibilité, les émotions et même les expériences sont étrangement très proches des nôtres.
À la différence d’autres récits sulfureux célèbres comme ceux de Sade, celui-ci va faire peur, va exciter, va ravager parce qu’il raconte une histoire que chacun d’entre nous pourrait désirer vivre aussi bien en prenant la place de Juliette que celle de sa malheureuse victime.
Petits arrangements avec nos coeurs de Camille de Peretti
2014
Camille de Peretti
Romance
2½ h
À vingt-cinq ans, devenue écrivain, Camille décide de retrouver son premier amour, dont elle a fait l’un des personnages de ses romans. D’abord méfiant, celui qui est désormais le plus jeune manager de la cinquième banque de Wall Street finit par succomber. Amoureux fous, Camille et Stanislas s’installent à Londres, au coeur de la City, fréquentent les endroits branchés, dépensent sans compter… puis s’ennuient. Comme un dernier sursaut, ils entreprennent une traversée des États-Unis. Six mille kilomètres de culpabilité, de mensonges, d’alcool et de vanités. Chaque étape du voyage les éloigne davantage ; plus ils approchent du but, plus ils se perdent. Et pourtant, ils se sont tant aimés.
 
 
Le vent à gorge noire de Stav Sherez
2014
Stav Sherez
Policier
7 h
Leur diplôme en poche, Jack, Ben et David, amis de toujours, s’offrent une aventure lointaine. Pour ne pas faire comme les autres, ce sera l’Ouganda. Un pays dont ils ne savent rien, pas même les dangers. Un voyage dont ils ne reviendront pas tous...
Des années plus tard, Jack Carrigan est devenu une légende au sein de la police londonienne. Il se voit chargé d’une enquête épineuse : le meurtre sauvage de Grace Okello, jeune étudiante d’origine ougandaise. S’agit-il d’un vulgaire crime crapuleux, ou bien ce meurtre est-il lié aux découvertes de l’étudiante sur les groupes rebelles qui se disputent son pays ? Cette enquête va plonger Carrigan, secondé par le sergent Geneva Miller, dans l’univers violent de la diaspora africaine et les refuges d’ex-enfants soldats pour le guider jusqu’aux secrets bien gardés de l’ambassade. Une intrigue sans frontières et à haut risque qui l’obligera surtout à affronter les fantômes de son passé.
Baby Jane de Sofi Oksanen
2014
Sofi Oksanen
Littérature étrangère
3 h
« Elle payait le taxi, cherchait des sièges libres, veillait sur le bien-être de sa compagne. Dans les bars homos, on coupait la file d’attente et elle me présentait à tout le monde. Dans les soirées nanas, on dansait des slows et elle respirait encore sur ma nuque. C’était la perfection. »
Qu’est-il arrivé à Piki, la fille la plus cool d’Helsinki, qui vit désormais recluse dans son appartement ? Submergée par de terribles crises d’angoisse, elle ne parvient plus à faire face au quotidien. Faire des courses ? Impensable. Boire un verre dans un bar ? Impossible. Sans compter sur les problèmes financiers. Comment gagner sa vie lorsqu’on refuse d’interagir avec le monde ? La narratrice, son grand amour, tente de l’aider comme elle peut. Ensemble, elles vont monter une entreprise d’un goût douteux pour exploiter la faiblesse des hommes. Au mépris d’elle-même, elle va essayer de la sauver. Mais à quel prix ?
Hommage à Qu’est-il arrivé à Baby Jane de Robert Aldrich, le second roman de Sofi Oksanen explore la question de la féminité et de l’homosexualité sous un angle contemporain.
Le génie des coïncidences de John W. Ironmonger
2014
John W. Ironmonger
Littérature
6 h
Thomas Post, trente ans et des poussières, gauche et dégingandé, est maître de conférences à l’Université de Londres. Il fait autorité dans le domaine des coïncidences qui ne sont, selon lui, que le jeu du hasard et de la nécessité. Sa thèse est mise à mal le jour où la séduisante Azalea Lewis, une jeune femme marquée par la vie, lui lance ce défi : dénouer le fil sinueux de sa vie, gouvernée par un malheureux enchaînement de coïncidences.
C’est le début d’un grand huit intellectuel, émotionnel et ludique qui ricoche d’un paisible village de l’île de Man à un escalator du métro londonien, jusqu’à une mission en Ouganda. Une quête de vérité où toutes les surprises sont permises.
La décision de Britta Böhler
2014
Britta Böhler
Littérature allemande
2½ h
En 1933, Thomas Mann quitte Munich pour un voyage d’agrément en Suisse, avec sa femme Katia et les petits. Pendant ce temps, dans la patrie, le monde s’écroule. C’est le début de l’exil... Un exil d’abord résigné, jusqu’à ce jour de février 1936 où Thomas Mann se résout à condamner publiquement le régime nazi dans une lettre qu’il destine au Neue Zürcher Zeitung.
Lorsque le roman s’ouvre, Thomas Mann pénètre dans l’enceinte du journal pour remettre la lettre à son ami Korodi, mais ce dernier est souffrant et la publication retardée de trois jours. Trois longs jours durant lesquels le doute va s’emparer de lui. Peut-on continuer à être un écrivain lorsqu’on a perdu la reconnaissance de sa patrie, de ses lecteurs ? En tant que père a-t-on le droit de mettre en péril la vie des siens ? Mais en tant qu’homme et citoyen, « lorsqu’on hait le mal de toute son âme, on devra dire adieu au pays natal »...
Les mots qu'on ne me dit pas de Véronique Poulain
2014
Véronique Poulain
Littérature
1 h
« “ Salut, bande d’enculés ! ”
C’est comme ça que je salue mes parents quand je rentre à la maison.
Mes copains me croient jamais quand je leur dis qu’ils sont sourds.
Je vais leur prouver que je dis vrai.
“ Salut, bande d’enculés ! ” Et ma mère vient m’embrasser tendrement. »
Sans tabou, avec un humour corrosif, elle raconte.
Son père, sourd-muet.
Sa mère, sourde-muette.
L’oncle Guy, sourd lui aussi, comme un pot.
Le quotidien.
Les sorties.
Les vacances.
Le sexe.
D’un écartèlement entre deux mondes, elle fait une richesse. De ce qui aurait pu être un drame, une comédie.
D’une famille différente, un livre pas comme les autres.
L'espion d'Austerlitz de Laurent Joffrin
2014
Donatien Lachance (3)
Laurent Joffrin
Policier
4 h
Un crime à l’état-major de Napoléon ! L’affaire est assez sérieuse pour que l’Empereur convoque à Boulogne son meilleur policier, Donatien Lachance. Qui a tué Pierre Levasseur, l’aide de camp préféré de Napoléon ? Y a-t-il un espion au coeur de la Grande Armée ? Pour résoudre l’énigme, pour écarter la menace qui pèse sur le sort de la France, Lachance suit Napoléon dans sa campagne la plus glorieuse, celle qui emmène les grognards de Boulogne à la bataille d’Austerlitz.
Au fil de cette enquête qui plonge au coeur de la stratégie du plus grand capitaine de l’histoire, Donatien pourra-t-il reconquérir sa femme, Olympe, républicaine ardente prise d’une passion brûlante pour un jeune aristocrate rallié au régime ? Au milieu des intrigues qui entourent Napoléon, des pièges tendus par les agents des puissances ennemies, des ruses dont l’Empereur savait user pour mystifier ses adversaires, Lachance ira de palais en bivouac et de surprise en surprise.
Constellation de Adrien Bosc
2014
Académie française (roman) 2014
Adrien Bosc
Littérature
2½ h
Le 27 octobre 1949, le nouvel avion d’Air France, le Constellation, lancé par l’extravagant M. Howard Hughes, accueille trente-sept passagers. Le 28 octobre, l’avion ne répond plus à la tour de contrôle. Il a disparu en descendant sur l’île Santa Maria, dans l’archipel des Açores. Aucun survivant. La question que pose Adrien Bosc dans cet ambitieux premier roman n’est pas tant comment, mais pourquoi ? Quel est l’enchaînement d’infimes causalités qui, mises bout à bout, ont précipité l’avion vers le mont Redondo ? Quel est le hasard objectif, notion chère aux surréalistes, qui rend « nécessaire » ce tombeau d’acier ? Et qui sont les passagers ? Si l’on connaît Marcel Cerdan, l’amant boxeur d’Édith Piaf, si l’on se souvient de cette musicienne prodige que fut Ginette Neveu, dont une partie du violon sera retrouvée des années après, l’auteur lie les destins entre eux. « Entendre les morts, écrire leur légende minuscule et offrir à quarante-huit hommes et femmes, comme autant de constellations, vie et récit. »
Les bannis de Laurent Carpentier
2015
Laurent Carpentier
Littérature
4 h
« Tous, ils marchent en chantant. Ils ne sont ni joyeux ni tristes, mais ils chantent. Ils sont ma famille, mon peuple, ma condamnation à l’errance. Ils viennent de Picpus ou de Bretagne, de Bucarest ou de Tunisie, d’Istanbul ou de Lannemezan, de Pittsburgh ou du Jura… Ils n’ont souvent rien en commun et pourtant ils fredonnent tous le même chant d’exil, le même récit d’un bannissement. »Une histoire vraie racontée comme une fiction, celle d’une famille unique et surprenante.
La Clef de Gérard Davet
2015
Gérard Davet (et Fabrice Lhomme)
Récit
3 h
Des centaines de personnalités mises en cause dans toutes les parties du globe, près de 200 milliards d’euros distraits des finances publiques de dizaines d’États, des pressions sur la justice et le fisc français afin d’étouffer une affaire trop menaçante, des narco-trafiquants côtoyant des financiers d’Al-Qaïda, des stars de cinéma ou des politiciens, un flambeur reconverti en lanceur d’alerte, une mystérieuse source déterminée à aider deux journalistes sur la piste d’un scoop mondial... Tels sont quelques-uns des ingrédients de l’affaire SwissLeaks, le plus grand scandale de fraude fiscale jamais dévoilé à l’échelle planétaire. Déclencheurs de cette affaire qui a ébranlé les milieux bancaires, financiers, politiques et diplomatiques internationaux, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, journalistes au quotidien *Le Monde*, racontent, pour la première fois, nombreux éléments inédits à l’appui, la genèse et les dessous de leur enquête hors norme. De Londres à Paris en passant par Washington, Bruxelles ou Genève, ils nous font revivre pas à pas l’avancée de leurs investigations, dans la lignée des *Hommes du président*, et apportent de nouvelles révélations sur cette incroyable histoire, loin d’avoir livré tous ses secrets...
 
 
Toutes nos mères de Margherita Giacobino
2015
Margherita Giacobino
Littérature italienne
6 h
Margherita, la narratrice, est née fille dans une famille de femmes, elle représente l’avenir et la continuité… Une histoire qu’elle explore pour retrouver les êtres aimés : au premier rang se tient Ninin, origine et archétype, entourée de ses soeurs Maria, Margherita et Michin.
Tout commence à la fin du xixe siècle dans une bourgade du Canavese, une région du Piémont aux frontières incertaines. Le quotidien à la ferme est rude. Exposées à la tyrannie de la matriarche, les soeurs ne rêvent que de la ville. Elles seront mieux dans la vallée où les fabriques de textile embauchent des femmes et des adolescentes et où l’on ne se contente pas de polenta. Au nouveau siècle tout juste entamé, elles réalisent leur rêve et s’installent à Circé, où elles élèveront ensemble leur fille – à elles toutes, elles n’en auront qu’une – et leur petite-fille. Pas facile pour les hommes de trouver leur place quand ils ne sont pas contraints à l’exil. Ils constituent pourtant des figures fugitives mais incontournables de ce portrait de groupe.
Au-dessus de leur tête va défiler « l’histoire de près d’un siècle, avec ses événements et ses prodiges : la lumière électrique, les vagues d’émigration, les automobiles, le cinéma, Mussolini, la Libération et la République, la populaire émission de variétés Canzonissima, les premiers pas sur la Lune, les minijupes. »
Au gré de photos retrouvées, des fables transmises de génération en génération, des couleurs et des odeurs ni vues ni senties, juste imaginées dans l’écho des mots, Margherita recompose l’histoire de sa famille, « une histoire minuscule, obstinée, toujours à recoudre et à sauver, une aventure discrète » qui coupe le souffle.
Bilqiss de Saphia Azzeddine
2015
Saphia Azzeddine
Littérature
3 h
« Vous priez encore Dieu ?
– Bien sûr. Pourquoi ne le ferais-je pas ?
– Eh bien, il me semble qu’Il vous a abandonnée ces derniers temps.
– Allah ne m’a jamais abandonnée, c’est nous qui L’avons semé. »
Bilqiss est l’héroïne de ce roman : c’est une femme indocile dans un pays où il vaut mieux être n’importe quoi d’autre et si possible un volatile. On l’a jugée, on l’a condamnée, on va la lapider. Qui lui lancera la première pierre ? Qui du juge au désir enfoui ou de la reporter américaine aux belles intentions lui ôtera la vie ? Le roman puissant de Saphia Azzeddine est l’histoire d’une femme, frondeuse et libre, qui se réapproprie Allah.
Frog music de Emma Donoghue
2015
Emma Donoghue
Littérature
9 h
À l’été 1876, la ville de San Francisco suffoque sous une chaleur accablante. Dans le saloon des McNamara, en lisière d’une voie ferrée, un coup de feu retentit dans la nuit. Blanche Beunon échappe de justesse à la mort qui n’épargne pas son amie Jenny. Inconsolable, Blanche va tout mettre en oeuvre pour confondre le meurtrier de Jenny et le conduire devant la justice.
Leur histoire est à l’image de la ville, bruyante et crasseuse, peuplée de femmes au verbe haut, d’hommes jaloux et de chansons des rues. Leur amitié est plus qu’improbable tant elles sont opposées : Jenny est d’un drôle de calibre, une chasseuse de grenouilles qui aime défier la loi en arborant des pantalons et un colt. Danseuse de burlesque aguerrie, Blanche prend la vie comme elle vient au risque de passer à côté d’elle-même et de son enfant, pour le plaisir de son homme et de ses michetons. Leur rencontre accidentelle va changer le cours de leur destin… Une envoûtante histoire de femmes bataillant pour s’affranchir dans le monde sans foi ni loi de la grande ville de l’Ouest.
L'importun de Aude Le Corff
2015
Aude Le Corff
Littérature
2½ h
Une nouvelle maison, pleine de charme, qui se révèle inquiétante.
L’ancien propriétaire ombrageux qui s’impose. Lorsque la narratrice emménage avec son mari et ses enfants, elle n’imagine pas que sa vie va étrangement basculer. Quels souvenirs hantent le vieil homme ? Quelle réparation cherche-t-il auprès d’elle ? De quelle mémoire les murs de la maison sont-ils les gardiens ?
Aude Le Corff livre un second roman subtil, qui sonde les fragilités de l’âme humaine et s’interroge sur les stigmates de l’Histoire.
Soudain, seuls de Isabelle Autissier
2015
Isabelle Autissier
Littérature
3½ h
Un couple de trentenaires partis faire le tour du monde. Une île déserte, entre la Patagonie et le cap Horn. Une nature rêvée, sauvage, qui vire au cauchemar. Un homme et une femme amoureux, qui se retrouvent, soudain, seuls.
Leurs nouveaux compagnons : des manchots, des otaries, des éléphants de mer et des rats.
Comment lutter contre la faim et l’épuisement ? Et si on survit, comment revenir chez les hommes ?
Un roman où l’on voyage dans des conditions extrêmes, où l’on frissonne pour ces deux Robinson modernes.
Une vie de Coffe de Jean-Pierre Coffe
2015
Jean-Pierre Coffe
Essai
5½ h
Jean-Pierre Coffe : tout le monde le connaît, mais personne ne le connaît vraiment.
Il se dévoile ici, à travers ses mémoires, avec une incroyable sincérité. C’est un homme généreux, enthousiaste, infatigable, mais c’est aussi un homme blessé. De son enfance entre un père tué au début de la guerre et une mère qui ne l’aimera jamais assez, de l’aveu d’une paternité malheureuse jusqu’à la consolation des jardins et des potagers, il n’oublie rien. Il raconte, parfois dans les larmes, parfois dans un rire qui le réconcilie avec l’existence.
Derrière le masque du trublion médiatique, apparaît le visage d’un homme souvent seul, mal-aimé, trahi, mais toujours fidèle et prodigue en amitiés.
Restaurateur parisien à la mode, meneur de revue, arpenteur du terroir français, militant du goût, ami de Jean Carmet, Jean-Claude Carrière, Miou-Miou, Jean Teulé, ou Michel Drucker, chacune de ses vies renaît l’une après l’autre. Les voici toutes assemblées pour n’en former qu’une. Une vie de Coffe !
Nous serons des héros de Brigitte Giraud
2015
Brigitte Giraud
Littérature
3 h
« Les nuits où je ne dormais pas, j’ouvrais le velux et je m’installais sur le toit, j’étais le seul dans la cité à jouir de ce privilège, passer la nuit à la belle étoile, dans le plus grand secret. Le ciel était-il le même ici qu’au Portugal, les constellations étaient-elles visibles depuis la lucarne de la prison de Peniche où mon père avait été enfermé ? »
En ce début des années soixante-dix, Olivio et sa mère viennent de fuir la dictature portugaise. Ils s’installent dans une banlieue lyonnaise et emménagent bientôt chez Max, un rapatrié d’Algérie, avec qui ils espèrent un nouveau départ. Alors que Max accepte mal l’adolescent, Olivio se lie à Ahmed, un immigré algérien de son âge, auprès de qui il trouve tendresse et réconfort.
L'arbre du pays Toraja de Philippe Claudel
2015
Philippe Claudel
Littérature
2½ h
« Qu’est-ce que c’est les vivants ? À première vue, tout n’est qu’évidence. Être avec les vivants. Être dans la vie. Mais qu’est-ce que cela signifie, profondément, être vivant ? Quand je respire et marche, quand je mange, quand je rêve, suis-je pleinement vivant ? Quand je sens la chaleur douce d’Elena, suis-je davantage vivant ? Quel est le plus haut degré du vivant ? »
Un cinéaste au mitan de sa vie perd son meilleur ami et réfléchit sur la part que la mort occupe dans notre existence. Entre deux femmes magnifiques, entre le présent et le passé, dans la mémoire des visages aimés et la lumière des rencontres inattendues, L’Arbre du pays Toraja célèbre les promesses de la vie.
Un homme dangereux de Emilie Frèche
2015
Emilie Frèche
Littérature
4 h
« – Maintenant que tu as vraiment quitté ton mari, on va pouvoir parler. Je veux que tu deviennes ma femme. Je t’aime, je veux vivre avec toi, mais avant, il faut que tu laisses tes enfants.
– Pardon ?
– Je suis sérieux. Il faut que tu les laisses à leur père, je te dis ça pour leur bien. Elles seront très heureuses avec lui ; ils partiront vivre en Israël, ce sera beaucoup plus simple, et tu iras leur rendre visite pour les vacances.
– T’es complètement malade.
– Tu sais bien que non, puisque c’est comme ça que ça va se terminer pour les juifs de France. Sept mille juifs sont partis rien que cette année, c’est moi qui l’invente ? Bientôt, il n’y aura plus de juifs en France. Plus un seul juif. Tu te rends compte, un peu ? Le grand rêve de Vichy réalisé par des Merah, des Nemmouche, des Kouachi. Que des petits enfants de bicots qu’on a fait venir du bled pour assembler des boulons, et qui feront mieux que les idéologues du Troisième Reich, sans même avoir besoin de vous mettre dans des trains. Tout ça simplement en jouant avec votre peur. Quelle intelligence ! Quelle économie, surtout. La France nettoyée pour pas un rond. »
Eva de Simon Liberati
2015
Simon Liberati
Littérature
3½ h
Un soir de l’hiver 1979, quelque part dans Paris, j’ai croisé une femme de treize ans dont la réputation était alors « terrible ».
Vingt-cinq ans plus tard, elle m’inspira mon premier roman sans que je ne sache plus rien d’elle qu’une photo de paparazzi. Bien plus tard encore, c’est elle qui me retrouva à un détour de ma vie où je m’étais égaré.
C’est elle la petite fée surgie de l’arrière monde qui m’a sauvé du labyrinthe et redonné une dernière fois l’élan d’aimer.
Par extraordinaire elle s’appelle Eva, ce livre est son éloge.
Simon Liberati
Ce pays qui te ressemble de Tobie Nathan
2015
Tobie Nathan
Littérature
8 h
C’est dans le ghetto juif du Caire que nait, contre toute attente, d’une jeune mere flamboyante et d’un pere aveugle, Zohar l’insoumis. Et voici que sa soeur de lait, Masreya, issue de la fange du Delta, danseuse aux ruses d’enchanteresse, le conduit aux portes du pouvoir. Voici aussi les mendiants et les orgueilleux, les filous et les commeres de la ruelle, les pauvres et les nantis, petit peuple qui va roulant, criant, se revoltant, esperant et souffrant.
Cette saga aux couleurs du soleil millenaire dit tout de l’Egypte : grandeur et decadence du roi Farouk, dernier pharaon, despote a l’apparence de prince charmant, adore de son peuple et paralyse de nevroses. Arrivee au pouvoir de Gamal Abdel Nasser en 1952 et expulsion des Juifs. Islamisation de l’Egypte sous la poussee des Freres musulmans, premiere eruption d’un volcan qui n’en finit pas de rugir. C’est la chute du monde ancien, qui enveloppait magies et sortileges sous les habits d’Hollywood. La naissance d’un monde moderne, pris entre dieux et diables.
La cache de Christophe Boltanski
2015
Femina 2015
Christophe Boltanski
Littérature
4 h
« Nous avions peur. De tout, de rien, des autres, de nous-mêmes. De la petite comme de la grande histoire. Des honnêtes gens qui, selon les circonstances, peuvent se muer en criminels. De la réversibilité des hommes et de la vie. Du pire, car il est toujours sûr. Cette appréhension, ma famille me l’a transmise très tôt, presque à la naissance. »
Que se passe-t-il quand on tête au biberon à la fois le génie et les névroses d’une famille pas comme les autres, les Boltanski ? Que se passe-t-il quand un grand-père qui se pensait bien français, mais voilà la guerre qui arrive, doit se cacher des siens, chez lui, en plein Paris, dans un « entre-deux », comme un clandestin ? Quel est l’héritage de la peur, mais aussi de l’excentricité, du talent et de la liberté bohème ? Comment transmet-on le secret familial, le noyau d’ombre qui aurait pu tout engloutir ?
La Cache est le roman vrai des Boltanski, une plongée dans les arcanes de la création, une éducation insolite « Rue-de-Grenelle », de la Seconde Guerre mondiale à aujourd’hui. Et la révélation d’un auteur.
Soeurs de miséricorde de Colombe Schneck
2015
Colombe Schneck
Littérature
2½ h
« Elle n’a pas le choix, elle doit partir. À Santa Cruz, tout est fermé, plus rien ne circule, l’argent, les gens, même les fruits pourrissent sur les arbres. Les femmes partent les unes après les autres, de plus en plus loin. Comment trouver du travail, un logement, quand on ne connaît personne ? Ni la langue, ni les rues, ni ce qu’on mange, ni les règles ? »
Née en Bolivie dans une famille indigène, Azul a grandi dans un paradis où les fruits, les fleurs, les couleurs, les goûts prospéraient. Immigrée économique, laissant mari et enfants, langue et robes indiennes, rites et prières, elle va découvrir l’Europe et ses riches propriétaires. Comment montrer à ses patronnes ce que leurs yeux ne voient pas du monde ? Comment conserver la bonté reçue dans l’enfance ?
La seule exactitude de Alain Finkielkraut
2015
Alain Finkielkraut
Philosophie
3½ h
Les années trente, dit-on, sont de retour. La droite intégriste et factieuse occupe la rue, l’ordre moral sort des catacombes, la crise économique pousse à la recherche d’un bouc émissaire et l’islamophobie prend le relais de l’antisémitisme. Cette analogie historique prétend nous éclairer : elle nous aveugle. Voulant lire ce qui arrive à la lumière de ce qui est arrivé, elle en occulte la nouveauté inquiétante.
Montrer que nous vivons un tournant historique, paradoxalement masqué par la référence incessante à l’Histoire ; appréhender ce moment crucial dans ce qu’il a d’irréductible au répertoire de nos vicissitudes : tel est le pari de ce livre. Et l’enjeu est existentiel autant qu’intellectuel. Si, comme l’écrit François Mauriac, « l’épreuve ne tourne jamais vers nous le visage que nous attendions », il nous incombe d’être à l’heure au rendez-vous et de regarder en face le visage que nous n’attendions pas.
Dans une époque qui tend à se prendre pour une autre, l’exactitude devient la tâche prioritaire de la pensée.
Alain Finkielkraut
Devenir une légende de Timothy S. Lane
2015
Timothy S. Lane
Littérature
6½ h
C’est le soir. Jimmy Kirkus, seize ans, est seul dans le gymnase. Quatorze foulées, Jimmy se jette tête la première contre un mur de brique, une fois, deux fois, trois fois. Il est couvert de sang. Maintenant tout Columbia City, Oregon, est au courant ; trop petite ville pour garder un secret aussi grand. L’histoire fait boule de neige, intégrant ses prouesses de basketteur, la vie chaotique de ses parents, pleine de fuites, où la tragédie a trouvé bien trop d’occasions de s’infiltrer. Tout le monde parle à nouveau de la « malédiction des Kirkus »…
Timothy S. Lane compose un premier roman dans la pure tradition américaine et ausculte les relations entre père et fils, leurs attentes, leurs déceptions et leurs possibles rédemptions.
Parmi les dix milliers de choses de Julia Pierpont
2016
Julia Pierpont
Littérature
5 h
Dans la famille Shanley : Jack, charmeur impénitent, est un artiste reconnu ; Deb a renoncé quant à elle, avec une certaine allégresse, à une carrière de danseuse de ballet pour élever leurs deux enfants. Un appartement à Manhattan, une famille presque heureuse tant Deb s’applique à fermer les yeux sur les infidélités de son mari.
Jusqu’au jour où un paquet anonyme ébranle le foyer : une simple boîte en carton, remplie d’emails chroniquant sans pudeur la vie secrète de Jack. Le paquet, adressé à Deb, tombe malencontreusement entre les mains des enfants. Rien ne sera plus comme avant…
Roman d’une famille en déconstruction, Parmi les dix milliers de choses est une comédie humaine à quatre voix, saisissante d’audace et de justesse.
L'origine de nos amours de Erik Orsenna
2016
Erik Orsenna
Littérature
3 h
« Un jour, je me suis remarié.
Le lendemain, mon père quittait son domicile. Entre les deux événements, personne dans la famille n’a fait le lien.
Et pourtant, mon frère est psychiatre.
J’avais ma petite idée mais j’ai préféré la garder pour moi. Mon père, je le connaissais mieux que personne. Pour une raison toute simple : nous avions divorcé ensemble. Lui de ma mère, moi de ma première femme.
Lui le lundi, moi le mercredi, de la même fin juin 1975. Et rien ne rapproche plus qu’un divorce en commun. Alors je savais que les coups de tête n’étaient pas son genre. Il suivait des plans, toujours généreux dans leur objectif, mais le plus souvent déraisonnables. Cet été-là, nous avons commencé à parler d’amour, mon père et moi. Nous n’avons plus cessé. »
Erik Orsenna
Célibataire longue durée de Véronique Poulain
2016
Véronique Poulain
Littérature
2 h
À la veille de ses cinquante ans, Vanessa Poulemploi, la bien nommée, va devoir relever un triple défi : trouver l’amour, gagner sa vie et… se marier. Le problème est que, malgré les conseils de ses meilleurs amis, Greta, Marie et Alex, et les séances bi-hebdomadaire chez sa psy, elle n’a pas la plus petite idée de la façon de procéder.
Enfin, quand on sait qu’elle fait beaucoup de bruit quand elle tousse et qu’elle tousse souvent, qu’elle remonte son pantalon toutes les deux secondes, qu’au-delà de huit centimètres de talons elle se tord les pieds, qu’elle jure comme un charretier, fume comme un pompier en laissant de la cendre partout, abuse de la charcuterie, de l’ail et du camembert, adore manger avec les doigts et raconte sa vie à qui veut bien l’entendre, on comprend que ce n’est pas gagné.
Pourtant, malgré un pronostic affectivo-sexuel alarmant, elle va contourner tous les obstacles pour nous offrir un dénouement pour le moins inattendu…
Un travail comme un autre de Virginia Reeves
2016
Virginia Reeves
Littérature américaine
6 h
« On naît avec quelque chose dans les veines, pour mon père, c’était le charbon, pour Marie, c’est la ferme, pour moi un puissant courant électrique. »
Roscoe T. Martin est fasciné par cette force plus vaste que tout, plus grande que lui, qui se propage avec le nouveau siècle : l’électricité. Il s’y consacre, en fait son métier. Un travail auquel il doit pourtant renoncer lorsque Marie, sa femme, hérite de l’exploitation familiale. Année après année, la terre les trahit. Pour éviter la faillite, Roscoe a soudain l’idée de détourner une ligne électrique de l’Alabama Power. L’escroquerie fonctionne à merveille, jusqu’au jour où son branchement sauvage coûte la vie à un employé de la compagnie..
Un Président ne devrait pas dire ça... de Gérard Davet
2016
Gérard Davet (et Fabrice Lhomme)
Essai
16 h
Ce livre est une affaire d’État.
Cinq années passées à traquer la vérité des faits, au coeur du pouvoir suprême.
Voici le récit d’une enquête sans concession, d’une confrontation inédite entre deux journalistes d’investigation et un chef d’État, François Hollande. Une étrange relation, émaillée d’agacements réciproques et de fortes tensions.
À l’arrivée, des révélations incroyables, des secrets éventés, des déclarations stupéfiantes. Jamais un président de la République n’avait été poussé à se livrer à ce point. Langue de bois proscrite, conseillers restés à la porte, relecture refusée.
François Hollande n’aurait pas dû « dire ça » ?
En tout cas, nous, nous devions l’écrire. «
Leur livre fourmille d’informations inédites en même temps qu’il questionne à chaque page l’exercice du pouvoir par un homme qui le découvre par le sommet - jusqu’à poser la terrible question de son
"impuissance”.» par Eric Mandonnet, « Les confidences explosives de François Hollande . » par Nathalie Schuck, « François Hollande tient des propos sans concessions, que ce soit sur Nicolas Sarkozy ou sur l’islam. » par Nicole Triouleyre, « C’est en librairie que l’on pourra lire un François Hollande beaucoup plus “cash”. » « François Hollande se livre comme jamais. » par Olivier Bost, « Comment Hollande a justifié l’expression des “sans-dents” à Davet et Lhomme. » « François Hollande tient des propos sans concession, que ce soit sur Nicolas Sarkozy ou l’islam . »
 
 
Le Bureau des Jardins et des Étangs de Didier Decoin
2017
Didier Decoin
Littérature
5½ h
Empire du Japon, époque Heian, xiie siècle. Être le meilleur pêcheur de carpes, fournisseur des étangs sacrés de la cité impériale, n’empêche pas Katsuro de se noyer. C’est alors à sa jeune veuve, Miyuki, de le remplacer pour porter jusqu’à la capitale les carpes arrachées aux remous de la rivière Kusagawa.
Chaussée de sandales de paille, courbée sous la palanche à laquelle sont suspendus ses viviers à poissons, riche seulement de quelques poignées de riz, Miyuki entreprend un périple de plusieurs centaines de kilomètres à travers forêts et montagnes, passant de temple en maison de rendez-vous, affrontant les orages et les séismes, les attaques de brigands et les trahisons de ses compagnons de route, la cruauté des maquerelles et la fureur des kappa, monstres aquatiques qui jaillissent de l’eau pour dévorer les entrailles des voyageurs. Mais la mémoire des heures éblouissantes vécues avec l’homme qu’elle a tant aimé, et dont elle est certaine qu’il chemine à ses côtés, donnera à Miyuki le pouvoir de surmonter les tribulations les plus insolites, et de rendre tout son prestige au vieux maître du Bureau des Jardins et des Étangs.
Inhumaines de Philippe Claudel
2017
Philippe Claudel
Littérature
1½ h
Nous sommes devenus des monstres.
On pourrait s’en affliger.
Mieux vaut en rire.
La Fontaine : une école buissonnière de Erik Orsenna
2017
Erik Orsenna
Essai
2 h
« Depuis l’enfance, il est notre ami. Et les animaux de ses Fables, notre famille. Agneau, corbeau, loup, mouche, grenouille, écrevisse ne nous ont plus jamais quittés.
Malicieuse et sage compagnie !
Mais que savons-nous de La Fontaine, sans doute le plus grand poète de notre langue française ?
Voici une promenade au pays vrai d’un certain tout petit Jean, né le 8 juillet 1621, dans la bonne ville de Château-Thierry, juste à l’entrée de la Champagne. Bientôt voici Paris, joyeux Quartier latin et bons camarades : Boileau, Molière, Racine.
Voici un protecteur, un trop brillant surintendant des Finances, bientôt emprisonné. On ne fait pas sans risque de l’ombre au Roi Soleil.
Voici un très cohérent mari : vite cocu et tranquille de l’être, pourvu qu’on le laisse courir à sa guise.
Voici la pauvreté, malgré l’immense succès des Fables.
Et, peut-être pour le meilleur, voici des Contes. L’Éducation nationale, qui n’aime pas rougir, interdisait de nous les apprendre. On y rencontre trop de dames « gentilles de corsage ».
Vous allez voir comme La Fontaine ressemble à la vie : mi-fable, mi-conte.
Gravement coquine. »
Les huit montagnes de Paolo Cognetti
2017
Médicis (étranger) 2017
Paolo Cognetti
Littérature étrangère
4½ h
« Quel que soit notre destin, il habite les montagnes au-dessus de nos têtes. »
Pietro est un garçon de la ville, Bruno un enfant des montagnes. Ils ont 11 ans et tout les sépare. Dès leur rencontre à Grana, au coeur du val d’Aoste, Bruno initie Pietro aux secrets de la montagne. Ensemble, ils parcourent alpages, forêts et glaciers, puisant dans cette nature sauvage les prémices de leur amitié.
Vingt ans plus tard, c’est dans ces mêmes montagnes et auprès de ce même ami que Pietro tentera de se réconcilier avec son passé – et son avenir.
Dans une langue pure et poétique, Paolo Cognetti mêle l’intime à l’universel et signe un grand roman d’apprentissage et de filiation.
Mon autopsie de Jean-Louis Fournier
2017
Jean-Louis Fournier
Bio
1½ h
L’écrivain analyse sa personnalité, ses réflexions et sa vie. Il s’amuse de ses petits travers d’humain et propose de se réconcilier avec ces derniers, en les associant à un trait positif de son caractère, ainsi son orgueil et son humilité, son indifférence et sa sensibilité, sa poésie et sa cruauté.
Les guerres de mon père de Colombe Schneck
2018
Colombe Schneck
Littérature
4 h
« Quand j’évoque mon père devant ses proches, bientôt trente ans après sa mort, ils sourient toujours, un sourire reconnaissant pour sa générosité. Il répétait, il ne faut laisser que des bons souvenirs. Il disait aussi, on ne parle pas des choses qui fâchent. À le voir vivre, on ne pouvait rien deviner des guerres qu’il avait traversées. J’ai découvert ce qu’il cachait, la violence, l’exil, les destructions et la honte, j’ai compris que sa manière d’être était un état de survie et de résistance.
Quand je regarde cette photo en couverture de ce livre, moi à l’âge de deux ans sur les épaules de mon père, je vois l’arrogance de mon regard d’enfant, son amour était immortel. Sa mort à la sortie de l’adolescence m’a laissée dans un état de grande solitude. En écrivant, en enquêtant dans les archives, pour comprendre ce que mon père fuyait, je me suis avouée, pour la première fois, que nous n’étions pas coupables de nos errances en tout genre et que, peut-être, je pouvais accepter d’être aimée. »
Tout le pouvoir aux soviets de Patrick Besson
2018
Patrick Besson
Littérature
3½ h
Marc Martouret, jeune banquier né d’une mère russe antisoviétique et d’un père communiste français, porte en lui ces deux personnes énigmatiques dont on découvrira les secrets tout au long du roman qui nous emmène du Paris de Lénine en 1908 au Moscou de Poutine en 2015, ainsi que dans l’URSS de Brejnev pour le cinquantième anniversaire d’octobre 17. L’épopée révolutionnaire, ses héros et ses martyrs, ses exploits et ses crimes, ses nombreuses ambiguïtés, sont ressuscités au fil des pages.
Trois histoires d’amour se croiseront et seule la plus improbable d’entre elles réussira. Tout le pouvoir aux soviets est aussi une réflexion, chère à l’auteur, sur les rapports entre le pouvoir politique quel qu’il soit et la littérature. Le titre est de Lénine et on doit la construction aux célèbres poupées russes.
Bitna, sous le ciel de Séoul de Jean-Marie Gustave Le Clézio
2018
Jean-Marie Gustave Le Clézio
Littérature
3 h
Parce que le conte peut faire reculer la mort, Bitna, étudiante coréenne sans un sou, invente des histoires pour Salomé, immobilisée par une maladie incurable.
La première lutte contre la pauvreté, la seconde contre la douleur. Ensemble, elles se sauvent dans des récits quotidiens ou fabuleux, et bientôt la frontière entre réalité et imaginaire disparaît.
Un roman qui souffle ses légendes urbaines sur la rivière Han, les boulevards saturés et les ruelles louches.
Sous le ciel de Séoul se lève « le vent de l’envie des fleurs »...
Avec toutes mes sympathies de Olivia de Lamberterie
2018
Renaudot (essai) 2018
Olivia de Lamberterie
Essai
3½ h
« Les mots des autres m’ont nourrie, portée, infusé leur énergie et leurs émotions. Jusqu’à la mort de mon frère, le 14 octobre 2015 à Montréal, je ne voyais pas la nécessité d’écrire. Le suicide d’Alex m’a transpercée de chagrin, m’a mise aussi dans une colère folle. Parce qu’un suicide, c’est la double peine, la violence de la disparition génère un silence gêné qui prend toute la place, empêchant même de se souvenir des jours heureux.
Moi, je ne voulais pas me taire.
Alex était un être flamboyant, il a eu une existence belle, pleine, passionnante, aimante et aimée. Il s’est battu contre la mélancolie, elle a gagné. Raconter son courage, dire le bonheur que j’ai eu de l’avoir comme frère, m’a semblé vital. Je ne voulais ni faire mon deuil ni céder à la désolation. Je désirais inventer une manière joyeuse d’être triste.
Les morts peuvent nous rendre plus libres, plus vivants. »
Olivia de Lamberterie
La révolte de Clara Dupont-Monod
2018
Clara Dupont-Monod
Bio
3 h
« Sa robe caresse le sol. À cet instant, nous sommes comme les pierres des voûtes, immobiles et sans souffle. Mais ce qui raidit mes frères, ce n’est pas l’indifférence, car ils sont habitués à ne pas être regardés ; ni non plus la solennité de l’entretien – tout ce qui touche à Aliénor est solennel. Non, ce qui nous fige, à cet instant-là, c’est sa voix. Car c’est d’une voix douce, pleine de menaces, que ma mère ordonne d’aller renverser notre père. »
Aliénor d’Aquitaine racontée par son fils Richard Coeur de Lion.
La marcheuse de Samar Yazbek
2018
Samar Yazbek
Littérature étrangère
4½ h
Rima aime les livres, surtout Le Petit Prince et Alice au pays des merveilles, le dessin et… marcher. La jeune fille, qui ne parle pas, souffre d’une étrange maladie : ses jambes fonctionnent indépendamment de sa volonté, dès qu’elle se met à marcher elle ne peut plus s’arrêter.
Un jour d’août 2013, alors qu’elle traverse Damas en bus, un soldat ouvre le feu à un check-point. Sa mère succombe sous les balles et Rima, blessée, est emmenée dans un hôpital pénitencier avant que son frère ne la conduise dans la zone assiégée de la Ghouta. Et c’est là, dans cet enfer sur terre, que Rima écrit son histoire.
À travers la déambulation vive et poétique de cette adolescente singulière dans l’horreur de la guerre, Samar Yazbek continue son combat pour exposer aux yeux du monde la souffrance du peuple syrien.
Invisibles de Lucía Puenzo
2019
Lucía Puenzo
Littérature étrangère
3 h
Ils sont trois. Trois enfants des rues de Buenos Aires. Trois petits voleurs, les meilleurs du quartier du Once. Pour eux, rien n’est impossible. Ils ont accepté une mission périlleuse en Uruguay. Arrivés sur place, ils déchantent : enfermés dans une propriété de 60 hectares, ils doivent cambrioler neuf villas protégées par des gardiens armés et des chiens. Pour sortir vivants de cette prison dorée, ils n’ont qu’une option : réussir. Dans ce roman aux allures de thriller, Lucía Puenzo expose la part d’ombre de l’Argentine et le destin bouleversant de ces enfants, devenus invisibles aux yeux de la société.
 
 
Le grand manipulateur de Marc Endeweld
2019
Marc Endeweld
Essai
5½ h
« Tout s’est joué au cours de la campagne présidentielle. Pour gravir la plus haute marche du pouvoir sans carrière politique, ni même un parti derrière lui, Emmanuel Macron a utilisé les réseaux plus ou moins avouables de la République... Lobbys divers et variés, agents d’influence, communicants rois, “intermédiaires”, barbouzes, barons locaux et loges franc-maçonnes. Tous se sont empressés.
Le candidat puis le président les a accueillis avec un large sourire, utilisés, parfois manipulés et ensuite souvent oubliés. »
Marc Endeweld
 
 
La tentation de Luc Lang
2019
Médicis 2019
Luc Lang
Littérature
5½ h
C’est l’histoire d’un monde qui bascule. Le vieux monde qui s’embrase, le nouveau qui surgit. Toujours la même histoire… et pourtant. François, chirurgien, la cinquantaine, aime chasser. Il aime la traque, et même s’il ne se l’avoue pas, le pouvoir de tuer. Au moment où il va abattre un cerf magnifique, il hésite et le blesse. À l’instant où il devrait l’achever, il le hisse sur son pick-up, le répare, le sauve. Quel sentiment de toute-puissance venu du fond des âges l’envahit ? Quand la porte du relais de chasse en montagne s’ouvre sur ses enfants, que peut-il leur transmettre ? Une passion, des biens, mais en veulent-ils seulement ? Son fils, banquier, a l’avidité du fauve. Sa fille, amoureuse éperdue, n’est plus qu’une bête traquée. Ce sont désormais des adultes à l’instinct assassin. Qui va trahir qui ? Luc Lang a écrit ici son histoire familiale de la violence. Son héros croit encore à la pureté. Cet ample roman nous raconte superbement sa chute et sa rédemption.
La mère morte de Blandine de Caunes
2020
Blandine de Caunes
Bio
3½ h
Une mère, âgée mais indépendante, se trompe de jour, de lieu de rendez-vous avec ses filles, achète des objets superflus et coûteux, oublie dans le coffre de sa voiture les fruits de mer bretons, et se lève la nuit, croyant partir pour une destination inconnue.
Cela pourrait être drôle, si ce n’était une maladie mentale due à l’âge, et surtout si cette femme si confuse n’était pas la romancière Benoîte Groult, la mère de l’auteure de ce livre d’une force rare.
Benoîte Groult, luttant, jouant avec sa propre fin, mais refusant avec rage de céder à la fatalité et à la vieillesse, elle qui a été une militante de l’association « Pour le droit de mourir dans la dignité  ». Voici la femme intime, plus que la femme publique, ici telle qu’on ne la connaît pas, et qui écrivait : « Dans la vie, deux mondes se côtoient : celui des gens qui vont vivre et celui des gens qui vont mourir. Ils se croisent sans se voir. »
Benoîte s’éteint en juin 2016 à Hyères, à 96 ans. Écrivaine comblée, mère et grand-mère heureuse, femme de combats remportés. Mais ce que ce livre raconte, ce n’est pas juste le deuil hélas ! prévisible d’une mère admirée et aimée, mais un double deuil : voici le terrible sens du titre, La mère morte. « Maman, mon dernier rempart contre la mort. Bientôt, ce sera moi le rempart pour ma fille ».
Le 1er avril 2016, la fille de Blandine de Caunes, Violette, 36 ans, meurt dans un banal accident de voiture, laissant orpheline sa fille Zélie. L’ordre du monde est renversé : Benoîte s’accroche à la vie, Blandine sombre, Violette n’est plus. De Benoîte Groult, sa fille a hérité l’humour et la force vitale.
Dans les geôles de Sibérie de Yoann Barbereau
2020
Yoann Barbereau
Récit
4 h
« La scène se joue non loin du lac Baïkal, où je vis, où j’aime, où j’ai la chance d’être aimé, à Irkoutsk, capitale de la Sibérie orientale. Des hommes cagoulés surgissent, c’est le matin. Ma fille crie. Elle a cinq ans. Je suis arrêté sous ses yeux, frappé ensuite avec science, interrogé, mais surtout frappé de ce mot ignominieux qu’il m’est pénible d’écrire : pédophilie. Sous les cagoules et dans l’ombre, des hommes veulent ma peau. Ils ont enclenché une mécanique de destruction, grossière et implacable, elle porte un nom, je le connais, le mot a été inventé par le KGB : Kompromat.
Dans les geôles de Sibérie, je tente de comprendre. Dans l’hôpital psychiatrique où je suis plus tard enfermé, je tente de comprendre. On me promet quinze années de camp à régime sévère. L’histoire de mes évasions peut commencer.
Nommer les personnages et les lieux importe peu. Je n’ai rien inventé. C’est un film, et ce n’en est pas un. C’est un roman, et ce n’en est pas un. Ce qui importe, c’est le moment de beauté où la littérature rend la vie plus intéressante que la littérature, ce qu’il faut, c’est l’attraper comme on attrape un poignard. La meute lancée à mes trousses craignait que tout finisse dans un livre. Le voilà. »
 
 
Un fils sans mémoire de Valentin Spitz
2021
Valentin Spitz
Récit
3 h
« On ne peut pas inventer les photos qui n’existent pas, on ne peut pas boucher les trous de la mémoire. Non il n’y a rien pour ça. Je pourrais inventer ces images dans un roman mais rien qu’à y penser cela sonne creux, faux, comme un théâtre de pacotille, avec trop de couleurs et de bruit et de mauvais acteurs. Je sais bien, non je sens, que tout cela est à jamais perdu, car on ne peut créer à partir de rien. [...] L’histoire aurait dû s’écrire ainsi, ce serait mon éternité, mon destin : un fils sans mémoire, errant au fil de ses angoisses. Père manquant, fils manqué. C’était sans compter les mots, l’écriture, le langage, bois des humains qui construit et rassemble les êtres séparés, permet parfois l’amour. Ce livre raconte cette histoire. Comment un fils est parvenu à aimer son père. » C’est une quête éperdue. Celle d’un nom, d’une origine et d’une reconnaissance. Celle d’un enfant, Valentin, qui pendant des années a eu un fantôme pour père, Le Doc. Un fantôme qui menait une vie professionnelle et médiatique hors normes. Pendant des années, Le Doc a endossé le costume du père pour des centaines de milliers de jeunes, libérant leur parole et leur permettant de découvrir sans tabous, grâce aux radios libres, leur corps et leur sexualité.
Mais nul n’est prophète en son pays. Et les pères ne sont pas toujours au rendez-vous de leurs propres enfants. Véritable cri d’amour, ce livre est le plus personnel de Valentin Spitz, le plus déchirant aussi.
S'adapter de Clara Dupont-Monod
2021
Goncourt des lycéens 2021
Femina 2021
Clara Dupont-Monod
Littérature
2½ h
C’est l’histoire d’un enfant aux yeux noirs qui flottent, et s’échappent dans le vague, un enfant toujours allongé, aux joues douces et rebondies, aux jambes translucides et veinées de bleu, au filet de voix haut, aux pieds recourbés et au palais creux, un bébé éternel, un enfant inadapté qui trace une frontière invisible entre sa famille et les autres. C’est l’histoire de sa place dans la maison cévenole où il naît, au milieu de la nature puissante et des montagnes protectrices ; de sa place dans la fratrie et dans les enfances bouleversées. Celle de l’aîné qui fusionne avec l’enfant, qui, joue contre joue, attentionné et presque siamois, s’y attache, s’y abandonne et s’y perd. Celle de la cadette, en qui s’implante le dégoût et la colère, le rejet de l’enfant qui aspire la joie de ses parents et l’énergie de l’aîné. Celle du petit dernier qui vit dans l’ombre des fantômes familiaux tout en portant la renaissance d’un QSprésent hors de la mémoire.
Comme dans un conte, les pierres de la cour témoignent. Comme dans les contes, la force vient des enfants, de l’amour fou de l’aîné qui protège, de la cadette révoltée qui rejettera le chagrin pour sauver la famille à la dérive. Du dernier qui saura réconcilier les histoires.
La naissance d’un enfant handicapé racontée par sa fratrie.
Un livre magnifique et lumineux.
 
 
Les gardiens du phare de Emma Stonex
2022
Emma Stonex
Littérature étrangère
6 h
Au cœur de l’hiver 1972, une barque brave la mer déchaînée pour rejoindre le phare du Maiden Rock, à plusieurs milles de la côte de Cornouailles. À son bord se trouve la relève tant attendue par les gardiens. Mais, quand elle accoste enfin, personne ne vient à leur rencontre. Le phare est vide. La porte d’entrée est verrouillée de l’intérieur, les deux horloges sont arrêtées à la même heure, la table est dressée pour un repas qui n’a jamais été servi et le registre météo décrit une tempête qui n’a pas eu lieu. Arthur Black, le gardien-chef de la Maiden, Bill Walker son irréprochable second et Vince, le petit nouveau, se sont volatilisés. Vingt ans plus tard, alors que la mer semble avoir englouti pour toujours leurs fantômes, les veuves des trois hommes, Helen, Jenny et Michelle, ne peuvent oublier cette tragédie. Au lieu d’être unies dans le deuil et le chagrin, elles ne cessent de se déchirer, accablées par le poids de silences, de rancœurs et de remords bien trop lourds pour enfin tourner la page. Jusqu’au jour où un écrivain à succès les approche. Il veut entendre leurs versions de l’histoire et tenter de percer le mystère du Maiden Rock. Petit à petit, le vernis se craquelle, le sel de la mer envahit le présent, et les secrets profondément enfouis refont surface… Entremêlant le récit des derniers jours d’Arthur, Bill et Vince et les voix des femmes qu’ils ont laissées derrière eux, Les Gardiens du phare est un roman psychologique à couper le souffle. Une inoubliable histoire d’obsession et de solitude, d’amitié et de chagrin, qui explore la façon dont nos peurs brouillent la frontière entre le réel et l’imaginaire.
 
 
L'été où Élodie de Kate Riordan
2022
Kate Riordan
Littérature étrangère
6½ h
Lorsque Sylvie Durand reçoit une lettre lui intimant de se rendre de toute urgence à La Rêverie, sa maison en Provence, elle comprend qu’elle n’a plus le choix. Au cœur d’un été étouffant, marqué par des incendies d’une violence inhabituelle, Sylvie retourne donc à La Rêverie avec Emma, sa fille cadette, dans ses bagages. Alors que les souvenirs des événements qui ont brisé leur famille une décennie plus tôt menacent de remonter à la surface, Sylvie tente à tout prix de dépasser le profond sentiment d’effroi que lui inspire cet endroit. Et surtout de cacher à Emma la vérité sur ce qu’il s’est réellement passé cet été-là. Mais, du moindre recoin de la maison, surgit le spectre d’Élodie. Son aînée, venue au monde dans la tourmente de Mai 68. Sa jolie fille aux yeux vairons, que les villageois du coin comparaient volontiers à une « Manson Girl ». Élodie qui obtenait toujours ce qu’elle voulait. Élodie, disparue tragiquement à quatorze ans. À mesure que le mercure grimpe et que les feux se rapprochent, Sylvie sent poindre une menace bien plus effrayante. Qui pourrait tout changer.  Alternant brillamment entre passé et présent, Kate Riordan tisse un page-turner captivant qui renouvelle le genre du roman d’été et interroge l’évidence supposée du lien maternel.
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