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Liste des livres

Fables de Jean de La Fontaine
1694
Jean de La Fontaine
Littérature
10 h
Une tortue, un corbeau, un lièvre, une fourmi, un lion, et même un pot au lait : autant de figures familières qui peuplent, parmi tant d’autres, notre imaginaire, resurgissent régulièrement, et que nous devons toutes au fabuleux talent de Monsieur de La Fontaine. Il est le prince des poètes, lui qui a su transformer une tradition un peu rigide, celle de la fable, en un art exceptionnel, qui charme l’oreille tout en réjouissant l’esprit, réveille les bois, anime les animaux et parvient à toucher tous les hommes. Moralité : on aurait tort de ne pas se replonger dans la lecture des Fables, qui ravissent les enfants et enchantent les adultes ! Leur pertinence impertinente est sans doute à l’origine de leur succès ininterrompu : qu’on les récite, comme à l’école, qu’on se les répète pour soi seulement ou qu’on se les “mette en bouche”, comme le fit avec un bonheur évident le comédien Fabrice Luchini, on ne résiste pas au petit plaisir d’une fable.
 
 
Voyage à Lilliput de Jonathan Swift
1727
Les Voyages de Gulliver (1)
Jonathan Swift
Littérature
2½ h
La première vision que nous avons de Lilliput nous parvient à travers le corps de Gulliver, fixé au sol par de nombreuses ligatures, parcouru de drôles de créatures et percé par de bien désagréables fléchettes. Gulliver est ainsi cet être sensible dont parlent les philosophes du XVIIIe siècle, qui cherche à comprendre le monde à partir des perceptions que lui apportent ses sens. Mais Gulliver ne se contente pas d’observations physiques. Si Swift s’amuse de toutes les cocasseries matérielles que provoque l’arrivée d’un géant, l’analyse se fait aussi plus sérieuse. Gulliver, par le danger initial qu’il crée, l’avantage militaire qu’il représente ensuite et le problème qu’il pose au bout du compte, permet la révélation des pratiques d’une bien petite Cour.
Le Voyage à Lilliput permet une observation fort nette de l’homme et de son monde, affinée par l’optique éclairante de l’imaginaire poétique.
Orgueil et Préjugés de Jane Austen
1813
Jane Austen
Littérature
3½ h
Pour les Anglaises du XIXe siècle, hors du mariage, point de salut ! Romanesques en diable, les démêlés de la caustique Elizabeth Bennett et du vaniteux Mr Darcy n’ont pas pris une ride ! Mais il faut parfois savoir renoncer à son orgueil. Et accepter la tombée des masques pour voir clair dans la nuit. Un classique universel, drôle et émouvant.
 
 
Melmoth - L'Homme Errant de Charles Robert Maturin
1820
Charles Robert Maturin
Littérature
11 h
On ne raconte pas Melmoth : on ne raconte pas un labyrinthe. Construit en abîme selon un vertigineux emboîtage de récits, il brosse avec fureur, six cents pages durant, la vie d’un “héros” possédé par le mal, pour qui le temps n’existe pas. On en sort sans voix. Roman, mais aussi bien recueil kaléidoscopique de fictions savamment mêlées, le livre nous entraîne en divers pays à diverses époques - en particulier dans l’Espagne de l’Inquisition, dont le révérend Maturin laisse un portrait terrifiant qu’auraient pu signer Sade ou Goya. Toujours le lecteur se trouve pris au dépourvu, dans les lacs d’un imaginaire où l’on ne peut que perdre pied, chaque chapitre creusant un peu plus l’escalier de l’enfer.
Le rouge et le noir de  Stendhal
1830
Stendhal
Littérature
12 h
Au rouge des armes, Julien Sorel préfèrera le noir des ordres. Au cours de son ascension sociale, deux femmes se singularisent, comme pour figurer les deux penchants de son caractère : Madame de Rênal - le rêve, l’aspiration à un bonheur pur et simple - et Mathilde de La Mole - l’énergie, l’action brillante et fébrile. A ces composantes stendhaliennes (conception de la vie qui dépasse la stratégie narrative pour s’étendre à l’existence de l’auteur) correspondent deux facettes stylistiques : la sobriété et la restriction du champ de vision.
 
 
Notre-Dame de Paris de Victor Hugo
1831
Victor Hugo
Littérature
16 h
Victor Hugo, dans ce célèbre roman, évoque un Moyen Age pittoresque représentatif de la passion des romantiques pour le “gothique”, dont l’auteur deviendra désormais le chef incontesté. Par de saisissantes fresques de la Cour des Miracles, Victor Hugo ressuscite le peuple du Paris de Louis XI qui gravitait autour de Notre-Dame, monde architectural et religieux, opposant ainsi sans cesse le sublime au grotesque.
Cette puissante antithèse se confirme encore dans les principaux personnages illustrant la fatalité des passions : le Mal, le prêtre Frollo, le Bien, le monstre Quasimodo et la Victime, la belle Esméralda.
Les âmes mortes de Nikolai Gogol
1842
Nikolai Gogol
Littérature étrangère
16 h
Narrant sur un ton comique les aventures d’un petit escroc dans la Russie provinciale des années 1820, le roman est aussi une troublante dénonciation de la médiocrité humaine.
 
 
Les Hauts de Hurle-Vent de Emily Brontë
1847
Emily Brontë
Littérature
9 h
Les Hauts de Hurle-vent sont des terres situées au sommet d’une colline et balayées par les vents du nord. La famille Earnshaw y vivait, heureuse, jusqu’à ce qu’en 1771, M. Earnshaw adopte un jeune bohémien de 6 ans, Heathcliff. Ce dernier va attirer le malheur sur cette famille.
Dès le début, Hindley, le fils de Earnshaw éprouve une profonde haine pour cet intrus. À la mort de son vieux bienfaiteur, Heathcliff doit subir la rancœur de Hindley, devenu maître du domaine. Humilié par sa condition subalterne, Heathcliff, qui pourtant aime passionnément Catherine, la sœur de Hindley, jure de se venger. Sa fureur est décuplée lorsque Catherine, au tempérament aussi passionné que le sien, épouse le riche Edgar Linton…
 
 
Walden ou la vie dans les bois de Henry David Thoreau
1854
Henry David Thoreau
Littérature américaine
8 h
Le roman raconte la vie que Thoreau a passée dans une cabane pendant deux ans, deux mois et deux jours, dans la forêt appartenant à son ami et mentor Ralph Waldo Emerson, jouxtant l’étang de Walden (Walden Pond), non loin de ses amis et de sa famille qui résidaient à Concord, dans le Massachusetts. Walden est écrit de telle façon que le séjour semble durer un an seulement. La narration suit les changements de saisons et Thoreau présente ses pensées, observations et spéculations. Il dévoile également comment, au contact de l’élément naturel, l’individu peut se renouveler et se métamorphoser, prendre conscience enfin de la nécessité de fondre toute action et toute éthique sur le rythme des éléments. Walden n’est ni un roman ni une véritable autobiographie, ni un journal naturaliste. Sa dimension critique à l’encontre du monde occidental en fait un véritable pamphlet. La part de l’imagination est conséquente et Thoreau consacre de nombreuses scènes à décrire l’étang de Walden mais aussi les animaux et la façon dont les gens le considèrent suite à son isolement, tout en dégageant des conclusions philosophiques. Ces longs passages concernant la nature appartiennent à la tradition transcendantaliste et appellent à refondre l’éthique. Plus d’un siècle plus tard, Walden reste une œuvre phare de la littérature américaine et l’ouvrage fondateur du genre littéraire du nature writing. La pensée écologiste moderne voit également en Walden le roman du retour à la nature et de la conscience environnementale. Les observations et spéculations de Thoreau font en effet de la nature, dans le récit, un protagoniste à part entière. Walden est enfin la lente introspection de Thoreau, le fil directeur d’une recherche du sens dans un monde de plus en plus marqué par l’industrialisation et la transformation de l’espace.
 
 
Madame Bovary de Gustave Flaubert
1856
Gustave Flaubert
Littérature
10 h
C’est l’histoire d’une femme mal mariée, de son médiocre époux, de ses amants égoïstes et vains, de ses rêves, de ses chimères, de sa mort. C’est l’histoire d’une province étroite, dévote et bourgeoise. C’est, aussi, l’histoire du roman français. Rien, dans ce tableau, n’avait de quoi choquer la société du Second Empire. Mais, inexorable comme une tragédie, flamboyant comme un drame, mordant comme une comédie, le livre s’était donné une arme redoutable : le style. Pour ce vrai crime, Flaubert se retrouva en correctionnelle. Aucun roman n’est innocent : celui-là moins qu’un autre. Lire Madame Bovary, au XXIe siècle, c’est affronter le scandale que représente une oeuvre aussi sincère qu’impérieuse. Dans chacune de ses phrases, Flaubert a versé une dose de cet arsenic dont Emma Bovary s’empoisonne : c’est un livre offensif, corrosif, dont l’ironie outrage toutes nos valeurs, et la littérature même, qui ne s’en est jamais vraiment remise.
 
 
Bartleby le Scribe de Herman Melville
1856
Herman Melville
Littérature étrangère
1½ h
Le narrateur est un homme de loi de Wall Street, qui engage dans son étude un dénommé Bartleby pour un travail de « scribe », c’est-à-dire qu’il recopie des textes. Au fil du temps cet être qui s’est d’abord montré travailleur, consciencieux, lisse, ne parlant à personne, révèle une autre part de sa personnalité : il refuse certains travaux que lui demande son patron. Il ne les refuse pas ouvertement, il dit simplement qu’il « préférerait ne pas » les faire, et ne les fait pas. Et cette phrase revient alors systématiquement dans sa bouche : « I would prefer not to », traduite en français par « je ne préférerais pas », ou « je préférerais ne pas » ou encore « j’aimerais mieux pas ». Peu à peu, Bartleby cesse complètement de travailler, mais aussi de sortir de l’étude où il dort. Il ne mange rien d’autre que des biscuits au gingembre, et refuse même son renvoi par son employeur.
La Vie sans principe de Henry David Thoreau
1863
Henry David Thoreau
Littérature étrangère
½ h
« Pouvoir regarder le soleil se lever ou se coucher chaque jour, afin de nous relier à un phénomène universel, préserverait notre santé pour toujours. »
Auteur de La Désobéissance civile, Henry David Thoreau prolonge sa pensée séditieuse dans La Vie sans principe (1863). Prenant l’exemple de sa propre vie, il montre que les besoins matériels et les contingences quotidiennes sont dérisoires et qu’ils constituent une entrave à l’épanouissement de l’esprit. En exaltant l’individualisme et une certaine forme d’oisiveté dans la communion avec la nature, Thoreau nous invite à explorer les « provinces de l’imagination ».
Fantômes de Ivan Sergeyevich Tourgueniev
1863
Ivan Sergeyevich Tourgueniev
Littérature étrangère
½ h
Lorsqu’un spectre tombe amoureux, les nuits de l’heureux élu changent singulièrement... Emporté dans les bras de son amante fantôme à travers les paysages d’une Russie onirique, il survole les plaines et les étangs, les forêts froides du passé et du présent, inquiet mais conquis par les pouvoirs de sa mystérieuse ravisseuse. Qui est-elle, et pourquoi l’avoir choisi lui plutôt qu’un autre ?
Ivan Tourgueniev est un écrivain russe né en 1818. Son roman « Fantômes » est resté une pièce rare de sa bibliographie.
 
 
Amours secrètes d'un gentleman de Edward Sellon
1865
Edward Sellon
Littérature
18
1 h
« Ayant “vécu tous les jours de ma vie”, comme on dit, tu penses bien que je ne puis plus renouveler les exploits d’autrefois, mais quelques jeunes filles, qui passent pour les cousines de Phœbé et de Chloé, servent à nos amusements ; la vue de leurs vierges beautés ramène parfois dans mes veines un frisson de plaisir. De temps à autre je retrouve encore en l’honneur de Phœbé et de Chloé un peu de ma vigueur passée. […]  Maintenant, cher lecteur, il ne me reste qu’à te souhaiter de l’avoir raide et dur jusqu’à tes cheveux blancs et à t’adresser mon plus affectueux adieu. »
C’est ainsi que le “gentleman” conclut les voluptueuses confessions de ses amours libertines, après avoir avec force détails retracé toute une vie de plaisirs, dans ce roman publié en 1865. 
Le joueur de Fyodor Mikhailovich Dostoyevsky
1866
Fyodor Mikhailovich Dostoyevsky
Littérature étrangère
2½ h
Le jeu brûle tout. Il est la passion. Il est le rêve.
L’enfer et la démesure. Le révélateur des abîmes de l’âme et l’ignoble concentré de la comédie bourgeoise. Il est l’argent!
Autour de ses tapis, le général déchu se fait l’esclave du marquis et attend le décès de la richissime Baboulinka, sa tante. Hypothèques... Héritages...
Intrigues... Corruption morale sur fond de bonnes manières. Qui donc résistera à ce tourbillon de folie?
Dans ce désordre furieux, Alexis succombe à son tour au cancer du jeu. Le jeune précepteur veut séduire l’intraitable Pauline, belle-fille de son employeur. Il est pauvre et doit devenir riche. Il veut surprendre et se tuerait pour ça.
Sur Roulettenbourg, ville d’eau paisible, souffle le vent du gâchis. Une tempête frénétique emportant les derniers fétus d’une vieille Europe en lambeaux..
 
 
La Fortune des Rougon de Emile Zola
1871
Rougon-Macquart (1)
Emile Zola
Littérature
9 h
Dans la petite ville provençale de Plassans, au lendemain du coup d’État d’où va naître le Second Empire, deux adolescents, Miette et Silvère, se mêlent aux insurgés. Leur histoire d’amour comme le soulèvement des républicains traversent le roman, mais au-delà d’eux, c’est aussi la naissance d’une famille qui se trouve évoquée : les Rougon en même temps que les Macquart dont la double lignée, légitime et bâtarde, descend de la grand-mère de Silvère, Tante Dide. Et entre Pierre Rougon et son demi-frère Antoine Macquart, la lutte rapidement va s’ouvrir.
Premier roman de la longue série des Rougon-Macquart, La Fortune des Rougon que Zola fait paraître en 1871 est bien le roman des origines. Au moment où s’installe le régime impérial que l’écrivain pourfend, c’est ici que commence la patiente conquête du pouvoir et de l’argent, une lente ascension familiale qui doit faire oublier les commencements sordides, dans la misère et dans le crime. « Votre comédie est tragique », écrit Hugo juste après avoir lu le livre : « Vous avez le dessin ferme, la couleur franche, le relief, la vérité, la vie. Continuez ces études profondes. »
 
 
La Curée de Emile Zola
1872
Rougon-Macquart (2)
Emile Zola
Littérature
7½ h
La curée désigne en vénerie la part de la dépouille animale que l’on réserve aux chiens après le trépas de la bête. C’est ici, dans ce deuxième tome des Rougon-Macquart, la ruée servile vers les richesses du Second Empire dont chacun veut sa part, dans une succession d’images saisissantes : une clique d’aventuriers attablés à la France et distribuant les miettes, Paris souillée, éventrée et bientôt vautrée, complice de sa fête, “l’orgie des appétits et des ambitions”, la satiété et l’inassouvissement, la double fièvre de l’or et de la chair.
 
 
Le Ventre de Paris de Emile Zola
1873
Rougon-Macquart (3)
Emile Zola
Littérature
7½ h
Florent est un naufragé de la vie, rêveur impénitent, insouciant, arrêté par erreur au lendemain du 2 décembre et conduit au bagne de Cayenne. Il parvient à s’évader, gagne Paris et retrouve son demi-frère, Quenu, charcutier aux Halles nouvellement construites, formidable ventre de Paris. Sur les conseils de Quenu et de sa belle-soeur, la sublime odalisque Lisa, il prend en charge un poste d’inspecteur au pavillon de la marée. Plongé dans l’abondance des victuailles, il est repris par un idéal de justice et de partage. Un idéal qui pourrait cependant le renvoyer une nouvelle fois à Cayenne... Troisième volume des Rougon-Macquart, Le Ventre de Paris, publié en 1873, jette un regard sans concession sur le Second Empire, partagé entre les fripouilles et les profiteurs, l’injustice pour les uns, la misère pour les autres. Remarquable fiction romanesque, c’est aussi un tableau de la capitale, où Zola, tel un impressionniste, à coups de petites touches, se fait le peintre de la modernité. On y trouve une histoire de Paris, du Second Empire, des notes relatives au fonctionnement de la police et surtout le décor somptueux des Halles, depuis son architecture en fer et en verre jusqu’à ces évocations superbes d’étalages de fruits et légumes, de viandes et poissons en toutes saisons. Autant d’évocations qui sont de véritables natures mortes, et qui n’en laissent pas moins flotter, au fil des pages, quelques parfums délicieux.
 
 
Les Diaboliques de Jules Amédée Barbey D'aurevilly
1874
Jules Amédée Barbey D'aurevilly
Littérature
6½ h
Le projet de ce recueil de nouvelles devait s’intituler à l’origine Ricochets de conversation. Il fallut cependant près de vingt-cinq ans à Barbey pour le voir paraître puisqu’il y travaillait déjà en 1850 lorsqu’il fit paraître Le dessous de cartes d’une partie de whist dans le journal La Mode dans un feuilleton en trois parties, La Revue des deux Mondes l’ayant refusé. Barbey revint en Normandie à la faveur des événements de la Commune et l’acheva en 1873. Liste des nouvelles :
* Le rideau cramoisi
* Le plus bel amour de Don Juan
* Le bonheur dans le crime
* Le dessous de cartes d’une partie de whist
* A un dîner d’athées
* La vengeance d’une femme
 
 
La conquête de Plassans de Emile Zola
1874
Rougon-Macquart (4)
Emile Zola
Littérature
8 h
« Dormez sur vos deux oreilles, disait Flaubert à Zola inquiet, c’est une œuvre, votre bouquin, fort, très fort, râblé, bien portant. »
Il s’agissait de ce quatrième volet des Rougon-Macquart, histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire. C’est la conquête d’une ville légitimiste, en réalité Aix, la ville natale de Zola, par un prêtre bonapartiste qui subjugue les femmes, la belle société, la jeunesse et le clergé. Au milieu des intrigues mesquines ou cocasses des “honnêtes gens”, ce prêtre ambitieux et sans scrupule, véritable Satan, va conduire les héros, dans un déchaînement de violence, à la folie et à la mort.
 
 
La Faute de l'abbé Mouret de Emile Zola
1875
Rougon-Macquart (5)
Emile Zola
Littérature
8 h
Serge Mouret est le prêtre d’un village pauvre, quelque part sur les plateaux désolés et brûlés du Midi de la France. Barricadé dans sa petite église, muré dans les certitudes émerveillées de sa foi, assujetti avec ravissement au rituel de sa fonction et aux horaires maniaques que lui impose sa vieille servante, il vit plus en ermite qu’en prêtre. A la suite d’une maladie, suivie d’une amnésie, il découvre dans un grand parc, le Paradou, à la fois l’amour de la femme et la luxuriance du monde. Une seconde naissance, que suivra un nouvel exil loin du jardin d’Eden.
Avec cette réécriture naturaliste de la Genèse, avec ce dialogue de l’ombre et du soleil, des forces de vie et des forces de mort, du végétal et du minéral, Zola écrit certainement l’un des livres les plus riches, stylistiquement et symboliquement, de sa série des Rougon-Macquart.
 
 
Les aventures de Tom Sawyer de Mark Twain
1876
Mark Twain
Littérature
9
6 h
Tom Sawyer est un petit garçon d’une dizaine d’années qui vit sur les bords du Mississippi et adore l’école... buissonnière. Avec sa bande de copains et aussi pour les beaux yeux de la jolie petite Becky, il invente mille bêtises et se retrouve plongé dans de vraies aventures, parfois dangereuses mais immanquablement drôles. Il découvre la vie et ses lecteurs avec lui.
Tom Sawyer a fait rêver des générations d’enfants et son succès ne se dément pas. Même si l’histoire se passe aux États-Unis et à la fin du siècle dernier, ce personnage est parfaitement universel et intemporel. Il incarne la liberté, l’amour de l’aventure, l’appétit de vivre.
 
 
Son Excellence Eugène Rougon de Emile Zola
1876
Rougon-Macquart (6)
Emile Zola
Littérature
9 h
Le roman nous propose une vision sans complaisance du monde politicien d’alors, facilement transposable à la réalité d’aujourd’hui : trafics aux élections, luttes d’influence, imbrication du monde des affaires dans le politique, liens étroits de la presse officielle avec le pouvoir etc. Eugène Rougon y apparaît comme un homme dévoré par l’appétit de pouvoir (trait héréditaire des Rougon), n’ayant que mépris pour ses collaborateurs. Sa seule faiblesse : il a peur des femmes et son comportement avec elles est particulièrement maladroit. D’où ses mésaventures avec Clorinde Balbi et son écartement temporaire du pouvoir.
 
 
L'Assommoir de Emile Zola
1877
Rougon-Macquart (7)
Emile Zola
Littérature
11 h
Qu’est-ce qui nous fascine dans la vie « simple et tranquille » de Gervaise Macquart ? Pourquoi le destin de cette petite blanchisseuse montée de Provence à Paris nous touche-t-il tant aujourd’hui encore? Que nous disent les exclus du quartier de la Goutte-d’Or version Second Empire? L’existence douloureuse de Gervaise est avant tout une passion où s’expriment une intense volonté de vivre, une générosité sans faille, un sens aigu de l’intimité comme de la fête. Et tant pis si, la fatalité aidant, divers « assommoirs » - un accident de travail, l’alcool, les « autres », la faim - ont finalement raison d’elle et des siens. Gervaise aura parcouru une glorieuse trajectoire dans sa déchéance même.
Relisons L’Assommoir, cette « passion de Gervaise », cet étonnant chef-d’oeuvre, avec des yeux neufs.
 
 
L'hôtel hanté de Wilkie Collins
1878
Wilkie Collins
Littérature étrangère
4 h
Fiancée humiliée, veuve manipulatrice et soumise évoluant dans une famille en apparence respectueuse des usages de la haute société victorienne... Qui est vraiment la comtesse Narona ? Une intrigante prête à tout pour toucher une prime d’assurance sur la vie de son époux, ou bien la victime de craintes superstitieuses sur laquelle le destin semble s’acharner ?
Entre Londres et Venise, Collins campe des personnages aux facettes multiples et complexes qui seront, consciemment ou non, les complices d’une mort naturelle qui ne tardera pas à se révéler suspecte.
 
 
Une page d'amour de Emile Zola
1878
Rougon-Macquart (8)
Emile Zola
Littérature
7 h
« “Henri, je vous en supplie... Laissez-moi...” Mais il lui avait saisi les poignets, il l’attirait lentement, comme pour la vaincre tout de suite d’un baiser. L’amour grandi en lui pendant des mois, endormi plus tard par la rupture de leur intimité, éclatait d’autant plus violent, qu’il commençait à oublier Hélène. Tout le sang de son cœur montait à ses joues ; et elle se débattait, en lui voyant cette face ardente, qu’elle reconnaissait et qui l’effrayait. Déjà deux fois il l’avait regardée avec ces regards fous. » 
 
 
Les frères Karamazov de Fiodor Dostoïevski
1879
Fiodor Dostoïevski
Littérature étrangère
27 h
Dernier grand roman de F. M. Dostoïevski (1821-1881) Les Frères Karamazov paraissent en revue de 1879 à 1880 dans Le Messager russe. À mesure des livraisons, le succès va grandissant, renforcé par les lectures qu’en donne l’écrivain aux soirées littéraires du moins dans le public car la presse réagit en fonction de ses convictions démocrates ou conservatrices. Les attentats terroristes se multiplient, les pendaisons aussi. L’empereur Alexandre II est déjà condamné par le Comité exécutif des révolutionnaires de Terre et Liberté. L’œuvre racontait la mise à mort du père, la rébellion sanglante des fils, et tentait de les conjurer. Elle venait à point nommé.
 
 
Nana de Emile Zola
1880
Rougon-Macquart (9)
Emile Zola
Littérature
9½ h
Nana est le roman neuvième de la série les Rougon-Macquart, traitant du thème de la prostitution féminine à travers le parcours d’une courtisane dont les charmes ont affolé les plus hauts dignitaires du Second Empire. L’histoire commence en 1868. Le personnage de Nana a été notamment inspiré à Zola par Blanche Dantigny.
Extrait : Les places ne manquaient pas, elle était assez connue ; mais elle serait restée chez madame, même dans la gêne, parce qu’elle croyait à l’avenir de madame. Et elle finit par préciser ses conseils. Quand on était jeune, on faisait des bêtises. Cette fois, il fallait ouvrir l’œil, car les hommes ne songeaient qu’à la plaisanterie. Oh ! il allait en arriver ! Madame n’aurait qu’un mot à dire pour calmer ses créanciers et pour trouver l’argent dont elle avait besoin.
 
 
Pot-bouille de Emile Zola
1882
Rougon-Macquart (10)
Emile Zola
Littérature
9 h
Pot-Bouille est le dixième roman de la série les Rougon-Macquart. Le mot pot-bouille désignait au xixe siècle en langage familier la cuisine ordinaire des ménages, en gros synonyme de popote. Mais il n’est pas question ici de cuisine, sinon au sens figuré : Zola veut en effet nous montrer l’envers du décor d’un grand immeuble parisien où, derrière un luxe de façade, vivent des familles bourgeoises dont le comportement quotidien est aussi peu ragoûtant qu’un médiocre brouet, un pot-bouille.
 
 
Derniers Contes de Edgar Allan Poe
1887
Edgar Allan Poe
Littérature étrangère
4 h
La vie d’Edgar Allan Poe n’est plus à raconter : ses derniers traducteurs français, s’inspirant des travaux définitifs de son nouvel éditeur J.H. Ingram, l’ont éloquemment vengé des calomnies trop facilement acceptées sur la foi de son ami et exécuteur testamentaire, Rufus Griswold. En dépit de ses mensonges, Edgar Poe reste pour nous et restera pour la postérité, de plus en plus admiratrice de son génie, ce que l’a si bien défini Baudelaire. Liste des contes :
- Le Duc de l’Omelette (1832)
- Le Mille et deuxième conte de Shéhérazade (1845)
- Mellonta Tauta (1849)
- Comment s’écrit un article à la Blackwood (1838)
- La Filouterie considérée comme science exacte (1843)
- L’Homme d’affaires (1840)
- L’Ensevelissement prématuré (1844)
- Bon-Bon (1832)
- La Cryptographie (1841)
- Du principe poétique (1850)
- Quelques secrets de la prison du magazine (1845)
 
 
Biribi de Georges Darien
1890
Georges Darien
Littérature
5 h
Georges Darien transpose, dans ce roman résolument antimilitariste, une expérience qu’il a lui-même vécue dans un bataillon disciplinaire en Tunisie. Ce fut pour lui un enfer dont il est sorti la rage au coeur, avec la volonté de se venger de ses tortionnaires en racontant tout. Froissard, le personnage principal, est un révolté qui refuse les contraintes, les brimades, l’injustice. Ce livre fit un tel effet qu’il amena la Chambre des députés à réformer les bataillons disciplinaires. Puissance d’une littérature qui prend toujours aux tripes aujourd’hui.
Le Portrait de Dorian Gray de Oscar Wilde
1890
Oscar Wilde
Littérature étrangère
5½ h
Dorian Gray est un jeune homme d’une très grande beauté. Son ami artiste peintre Basil Hallward est obsédé par cette dernière et en tire toute son inspiration. Sa fascination pour le jeune homme le mène à faire son portrait, qui se révèle être la plus belle œuvre qu’il ait jamais peinte, et qu’il ne souhaite pas exposer : « J’y ai mis trop de moi-même ».
Dorian va faire la connaissance de Lord Henry, dit Harry, un ami de Basil. Conscient de la fascination et de la perversion que ce dernier pourrait avoir pour son idéal de beauté, « cette nature simple et belle », Basil demande à Lord Henry de ne pas tenter de le corrompre. Mais Dorian se laisse séduire par les théories sur la jeunesse et le plaisir de ce nouvel ami qui le révèle à lui-même en le flattant : « Un nouvel hédonisme […] Vous pourriez en être le symbole visible. Avec votre personnalité, il n’y a rien que vous ne puissiez faire ». Va naître dès lors en lui une profonde jalousie à l’égard de son propre portrait peint par Basil Hallward. Il souhaite que le tableau vieillisse à sa place pour que lui, Dorian Gray, garde toujours sa beauté d’adolescent. « Si le tableau pouvait changer tandis que je resterais ce que je suis ! ».
 
 
Mort dans l'après-midi de Ernest Hemingway
1900
Ernest Hemingway
Littérature américaine
9 h
La queue du taureau se dressa, sa tête se baissa. Il chargea, et, quand il atteignit Hernandorena, l’homme agenouillé fut enlevé d’un bloc, balancé en l’air comme un paquet, les jambes alors dans toutes les directions, puis retomba à terre... Hernandorena se leva, avec du sable sur son visage blanc, et chercha après son épée et l’étoffe. Quand il se mit debout, je vis, dans la soie lourde et le gris maculé de ses culottes de location, une ouverture nette et profonde par où l’on voyait le fémur à nu depuis la hanche et presque jusqu’au genou.
Rêves oubliés de Stefan Zweig
1900
Stefan Zweig
Littérature allemande
0 h
C’est le premier récit de Zweig, qui avait alors dix-neuf ans. Écrit en 1900 dans un style déjà flamboyant, il contient en germe presque tous les thèmes importants de ses nouvelles futures : l’amour, la passion, le regret, le destin. Dans le jardin d’une belle villa surplombant la mer, un homme et une femme, qui ont été amants dans leur jeunesse, se retrouvent quelques instants, avant la séparation définitive. Confrontation mélancolique des idéaux et des rêves avec l’artifice de la réalité, aussi luxueuse soit-elle.
Jeunesse de Joseph Conrad
1902
Joseph Conrad
Littérature étrangère
4 h
Marlowe, vient de prendre son premier poste d’officier sur un cargo chargé de quelques centaines de tonnes de charbon à destination de Bangkok. Le navire connaît toutes les mésaventures possibles, voie d’eau, tempête épouvantable qui lui cause de graves avaries, et entraînent un retard de plusieurs mois de son départ. Enfin, après avoir appareillé pour de bon, on découvre au milieu de l’Océan Indien, que la cargaison a pris feu spontanément...
 
 
L'Appel de la forêt de Jack London
1903
Jack London
Littérature
9
2 h
Un des chefs-d’oeuvre de Jack London, un grand classique de la littérature de jeunesse.
Buck, un croisé de terre-neuve et de colley âgé de 4 ans et demi et pesant 70 kg, appartient à un magistrat de la vallée de Santa Clara (Haute-Californie). Loin d’avoir une « vie de chien », Buck coule une existence heureuse dans la famille du juge Miller. Mais tout bascule le jour où, victime de la traîtrise d’un homme, il se retrouve vendu à un conducteur de traîneau dans le Grand Nord américain. Finie la vie d’aristocrate blasé, Buck va devoir affronter son destin dans un univers glacial et sans pitié, où chaque faute, chaque erreur est sévèrement sanctionnée. Saura-t-il survivre dans ce monde cruel où règne la loi du plus fort? Qu’adviendra-t-il de cet admirable chien le jour où il découvrira, d’abord avec amertume, puis avec un plaisir trouble et instinctif, le goût du sang?
 
 
La Maternelle de Léon Frapié
1904
Goncourt 1904
Léon Frapié
Littérature
4 h
Rose, issue d’une famille aisée, doit affronter une cruelle réalité après qu’une série de malheurs se soit abattue sur sa famille. Bien qu’elle soit une jeune fille érudite, elle doit se contenter d’un emploi de femme de ménage dans une école maternelle. Se confiant à son journal intime, elle réfléchit sur son nouveau statut, tout en nous faisant part de la vie des enfants au sein de l’école. Elle nous initie ainsi à ce nouveau monde qu’elle s’approprie peu à peu.
 
 
Les civilisés de Claude Farrère
1905
Goncourt 1905
Claude Farrère
Littérature
4½ h
Les Civilisés obtinrent le troisième prix Goncourt en 1905, mais ni le grand public ni le lectorat lettré ne savent rien de son auteur Claude Farrère, et du roman. Les Civilisés, ce sont les coloniaux, ceux qui devraient porter le fardeau de l’homme blanc vanté par Kipling : la Civilisation, la leur du moins. La presse retient alors de ce livre qu’en vertu du climat de Saïgon et de Hanoï, qu’en vertu aussi de l’opium, ses héros sont en proie à un renoncement pessimiste, cynique même, aux valeurs traditionnelles : la morale, les lois. Un roman qui, toutefois, à sa sortie fut très controversé. C’est d’ailleurs un bien curieux prix Goncourt que ce roman dans lequel se trouve notamment l’image du livre corrupteur, du roman destructeur d’innocence.
Dingley, l'Illustre écrivain de Jérôme Tharaud
1906
Goncourt 1906
Jérôme Tharaud
Littérature
2 h
Le roman met en scène la guerre du Transvaal. D’après Lourdes Rubiales, de l’université de Cadix, le personnage de Dingley, que les auteurs opposent à sa femme d’origine française, est inspiré de Rudyard Kipling, « illustre écrivain » que les Tharaud attaquent très durement en même temps que la politique coloniale anglaise et, plus généralement, l’Angleterre victorienne et l’esprit anglo-saxon. Cela n’empêche pas, par ailleurs, une forme de sympathie pour l’homme de lettres qui trahit, selon l’universitaire, « une sorte de frustration devant l’inexistence, en France, d’un auteur qui puisse lui être comparé ».
La croix de Stefan Zweig
1906
Stefan Zweig
Littérature allemande
½ h
Ce bref récit (1906) ne fut publié qu’une seule fois du vivant de l’auteur. Zweig révèle une fois de plus son attachement pour les êtres en perdition. Durant la guerre d’Espagne menée par Napoléon, un colonel français est blessé dans une escarmouche et laissé pour mort. Lorsqu’il revient à lui, il découvre que ses camarades ont tous été tués et atrocement mutilés. Il s’agit pour lui de survivre dans un pays hostile. Le suspense tient en haleine jusqu’au retournement final.
Terres lorraines de Emile Moselly
1907
Goncourt 1907
Emile Moselly
Littérature
5 h
Terres lorraines est un roman publié en 1907. Il fut récompensé rétroactivement la même année par le prix Goncourt, en lieu et place du recueil de nouvelles Jean des Brebis ou le livre de la misère du même auteur. Extrait : Celle-là véritablement ressemblait à une demoiselle de la ville, avec son col blanc rabattu, sa robe d’étoffe grise dessinant sa taille souple, ses bandeaux plats séparés par une raie. On voyait bien à la fraîcheur de son teint qu’elle restait à la maison, loin des hâles desséchants et des soleils qui mordent la peau. Sous ses longs cils noirs, son regard avait une douceur soyeuse, une profondeur pensive qui attirait. On n’en savait rien. Mais à la regarder longuement, de toute sa personne s’exhalait un charme qui finissait par vous prendre. Ainsi poussent, dans les haies, des fleurs chétives, maltraitées par les vents, mais dont l’odeur tenace, inoubliable, fait chanter dans notre coeur des rêves infinis de tendresse.
Jean des Brebis ou Le livre de la misère de Emile Moselly
1907
Goncourt 1907
Emile Moselly
Littérature
3 h
Recueil de six nouvelles d’inspiration régionaliste se déroulant en Lorraine, le livre met en scène la vie des plus humbles et des miséreux dans un cadre lorrain, rural et champêtre.
Les titres de ces nouvelles sont : Jean des Brebis, À la belle étoile, Le Revenant, La Mort du bouif, Le Trompion et Cri-Cri.
Anne, la maison aux pignons verts de Lucy Maud Montgomery
1908
La saga d'Anne (1)
Lucy Maud Montgomery
Littérature étrangère
8 h
À travers le récit de la vie d’Anne Shirley, une jeune orpheline recueillie par les Cuthbert à Green Gables, Lucy Maud Montgomery nous invite à partager la vie des habitants de l’Ile-du-Prince-Édouard au début du siècle dernier. Personnage attachant, la petite Anne aura tôt fait de séduire son entourage par son courage, sa détermination et sa débrouillardise. Qui ne connait pas Anne Shirley, la délicieuse héroine de la série Anne... la maison aux pignons verts, série découverte en France grâce à sa diffusion à la télévision. Les lecteurs retrouveront ici avec bonheur ses désopilantes et inoubliables aventures. Génération après génération, les jeunes et les moins jeunes rêvent, rient et s’émerveillent en suivant fidèlement les péripéties de cette attachante jeune fille aux cheveux roux tressés et aux yeux émeraude.
 
 
Anne d'Avonlea de Lucy Maud Montgomery
1909
La saga d'Anne (2)
Lucy Maud Montgomery
Littérature étrangère
6 h
Quand Matthew Cuthbert, son père adoptif, meurt subitement, Anne renonce à ses études et choisit de rester aux Pignons verts, aux côtés de Marilla. C’est ainsi qu’à seize ans et demi, elle se retrouve institutrice à l’école d’Avonlea. Au cours des deux années qui suivent, Anne se dévoue corps et âme à l’enseignement, et fait partager ses connaissances aux enfants avec la fougue et la passion qui la caractérisent. Et quand les jumeaux Dora et Davy, orphelins eux aussi, arrivent aux Pignons verts, Anne et Marilla voient leur belle sérénité s’évanouir, car les deux garnements vont leur en faire voir de toutes les couleurs. Anne d’Avonlea, c’est le portrait inoubliable d’une jeune fille du début du siècle, impétueuse et espiègle, d’une charmante naïveté, convaincue qu’un jour elle parviendra à changer le monde.
 
 
De Goupil à Margot de Louis Pergaud
1910
Goncourt 1910
Louis Pergaud
Littérature
2½ h
De merveilleux récits animaliers, par l’auteur de la célèbre Guerre des boutons. On ne peut oublier Goupil, ce renard qu’un braconnier a affublé d’un grelot fatal, ou le calvaire de la pie Margot tombée entre les mains des hommes. Liste des nouvelles :
La Tragique Aventure de Goupil
Le Viol Souterrain
L’Horrible Délivrance
La Fin de Fuseline
La Conspiration du Murger
Le Fatal Étonnement de Guerriot
L’Évasion de la mort
La Captivité de Margot
Monsieur des Lourdines de Alphonse de Châteaubriant
1911
Goncourt 1911
Alphonse de Châteaubriant
Littérature
3 h
La pourpre des noisetiers, le safran des érables, les châtaigniers et les hêtres aux branches alourdies de pluie... L’odeur des champignons, si proche de celles de l’arbre et de la terre...
Cette forêt poitevine dont il a parcouru les sentiers pendant si longtemps, Monsieur des Lourdines en sera-t-il chassé, par la folie de son fils ?
Brûlant secret de Stefan Zweig
1911
Stefan Zweig
Littérature allemande
5 h
Dans Brûlant secret, qui donne son titre à ce recueil de nouvelles (1938), un homme et une femme vivent une idylle contrariée par le fils de cette dernière. On saura aussi ce que découvre un dandy désoeuvré à la recherche de lui-même (la Nuit fantastique). Zweig se fait analyste des consciences et peintre d’un monde qui a sombré.
La Mort à Venise de Thomas Mann
1912
Thomas Mann
Littérature étrangère
2 h
Gustav Ascbhenbach, écrivain allemand renommé, est pris par une envie soudaine de voyage. Il a toujours mené une vie bien rangée, consacrée entièrement à son art et n’a pas pris le temps dans sa jeunesse de voyager. Il est veuf et vit avec un domestique. Ses vacances, il a l’habitude de les passer à la montagne et s’y adonne à sa seule passion: l’écriture. Sa vie est réglée comme une horloge et assez monotone. Ses pas vont d’abord le conduire sur une île de l’Adriatique, près de la côte d’Istrie, mais l’atmosphère morose et le mauvais temps qui s’installe lui font quitter assez précipitamment l’île pour Venise. Venise, Aschenbach y a ses habitudes, habitudes qui vont être bouleversées par sa rencontre avec Tadzio, un adolescent appartenant à une famille de la noblesse polonaise...
Filles de la pluie de André Savignon
1912
Goncourt 1912
André Savignon
Littérature
3½ h
André Savignon séjourna à Ouessant en 1911. A son retour, il écrivit ce roman, en réalité une succession de récits, chacun d’entre eux consacré à une Ouessantine. Les îliennes, surnommées les filles de la pluie, à la vie rude, y sont décrites comme ayant des moeurs très libres, aimant les hommes mais ne s’y attachant guère... Bien sûr, ce tableau ne plut pas vraiment, non seulement aux intéressées mais aussi aux Bretons ! Ce qui n’empêcha pas André Savignon de recevoir le Prix Goncourt 1912... Il n’en reste pas moins que Filles de la pluie est une description passionnante de la vie à Ouessant au début du 20e siècle.
Le Peuple de la Mer de Marc Elder
1913
Goncourt 1913
Marc Elder
Littérature
4 h
Le Peuple de la Mer de Marc Elder valut au jeune auteur (29 ans à l’époque) le Prix Goncourt 1913, aux dépends d’Alain Fournier et de Marcel Proust. C’est un ensemble de 3 chroniques : la Barque, la Femme, la Mer, qui racontent la vie des habitants du village de l’Herbaudière, sur l’île de Noirmoutier. L’auteur y décrit les destins qui s’entrecroisent de marins, de pêcheurs ou de gardiens de Phares... Extrait : Coup sur coup, il lui avait fait trois enfants, parce qu’il faut des bras pour manœuvrer les barques et qu’un mousse de plus dans la famille c’est un étranger de moins à entretenir à bord. Car les pêcheurs procréent surtout par intérêt, comme les bourgeois s’en gardent pour la même cause, et non pas tant, selon la commune croyance, à cause des ivresses qui les culbutent, dans une poussée de rut, sur leurs femmes maîtrisées.
La guerre des boutons de Louis Pergaud
1913
Louis Pergaud
Littérature
9
4½ h
Cela fait des générations que les enfants de deux villages voisins, ceux de Longueverne et de Velrans, se font la guerre. Une histoire de tradition sans doute, pour une guerre qui, bien qu’enfantine, n’en reste pas moins d’un grand sérieux. Moins sanglante que celle des adultes bien sûr, mais tout aussi dangereuse pour l’amour-propre de ceux qui, prisonniers, se retrouvent à la merci de leurs ennemis ! En effet, le butin de guerre des deux armées est constitué des boutons et lacets, attributs indispensables sans lesquels les malheureux tombés aux mains de l’ennemi se voient obligés de s’enfuir tout nus, et même parfois copieusement fessés !
De batailles perdues en revanches, cette guerre épique et truculente rythme la vie des enfants de ces deux villages, menée par des personnages hauts en couleur comme Lebrac, Petit Gibus, Grand Gibus, La Crique ou Camus. On ne peut s’empêcher de rire à certaines des ruses inventées par ces jeunes stratèges mais aussi de s’apitoyer sur le sort des pauvres victimes. Certaines des expressions sont crues comme l’a voulu l’auteur et comme il le précise : J’ai voulu faire un livre sain, qui fût à la fois gaulois, épique et rabelaisien ; un livre où coulât la sève, la vie, l’enthousiasme... Aussi n’ai-je point craint l’expression crue, à condition qu’elle fût savoureuse, ni le geste leste, pourvu qu’il fût épique.
 
 
Du côté de chez Swann de Marcel Proust
1913
A la recherche du temps perdu (1)
Marcel Proust
Littérature
11 h
Alors que le narrateur a pris désormais l’habitude de s’endormir tard, le livre s’ouvre sur un premier souvenir : «  Longtemps, je me suis couché de bonne heure. » Mais la pensée qu’il était temps de chercher le sommeil le réveillait bientôt, et tandis qu’il attendait de se rendormir, il passait la plus grande partie de la nuit à se rappeler la vie de son enfance à Combray - une vie dont il va nous offrir le récit.
Dès ce premier volume de la Recherche que Proust fait paraître en 1913, bien des personnages de son grand roman apparaissent, en particulier Charles Swann : c’est du côté de sa propriété que s’orientent souvent les promenades de Combray, et c’est de son amour pour Odette de Crécy que nous lisons ensuite le récit. Swann, plus tard, donnera au héros le désir d’aller à Balbec, et, au moment de commencer à écrire, le narrateur du Temps retrouvé nous reconduira de son côté encore lorsqu’il confiera : «  La matière de mon expérience, laquelle serait la matière de mon livre, me venait de Swann. »
 
 
Les copains de Jules Romains
1913
Jules Romains
Littérature
2 h
Approche-toi. Tire un peu sur les manches, et sur le col. Ça va. Je te fais officier de la Légion d’honneur. Ne me remercie pas ! Tout le monde en ferait autant à ma place... Comme tu es assez grand, assez maigre, et que tu as le nez rouge, que ton faciès présente quelque chose à la fois de bilieux et d’alcoolique, tu seras mon attaché militaire. Quel grade veux-tu ? Colonel ? Tu es un peu jeune ! Commandant ! Je t’appellerai « Commandant ! » Tu m’appelleras : « Monsieur le Ministre ! » Entendu ? Rompez !...
Anne quitte son île de Lucy Maud Montgomery
1915
La saga d'Anne (3)
Lucy Maud Montgomery
Littérature étrangère
5½ h
Anne Shirley a maintenant dix-huit ans. Après avoir enseigné à l’école d’Avonlea, elle réalise enfin son vieux rêve de poursuivre des études universitaires. Elle quitte l’Île-du-Prince-Édouard pour aller, pleine d’appréhension, étudier à l’Université de Redmond, en Nouvelle-Écosse, en compagnie de son amie Priscilla, de Charlie Sloane et, surtout, de Gilbert Blythe! Dans ce troisième épisode, de nouveaux personnages attachants entrent en scène, de nouvelles amitiés se nouent, d’anciennes se transforment, d’autres s’éclipsent à tout jamais. L’amour se présente à Anne, mais saura-t-elle le reconnaître ? Saura-t-elle faire la différence entre rêve et réalité ?
La maison et le monde de Rabindranath Tagore
1915
Rabindranath Tagore
Littérature étrangère
4½ h
Publié pour la première fois en 1915, ce beau roman de Rabindranath Tagore, prix Nobel de littérature, a pour cadre le Bengale du début du XXe siècle où sévissent de graves troubles. Récit à trois voix qui se croisent et se répondent, histoire d’amour centrée sur un bouleversant portrait de femme, ce livre, où se heurtent la tradition et la modernité, est aujourd’hui encore étonnamment moderne, au point d’avoir inspiré au grand cinéaste indien Satyajit Ray l’un de ses plus grands films, La Maison et le Monde.
 
 
Gaspard de René Benjamin
1915
Goncourt 1915
René Benjamin
Littérature
4 h
Depuis les premiers jours d’août 1914, René Benjamin, jeune journaliste mobilisé en Lorraine, tient un carnet de « choses vues ». « Avec de l’eau plein nos chaussures et ma culotte, je me dis encore : il y a une page épatante à faire là-dessus », écrit-il à sa mère.
Dès mars 1915, ses notes fournissent la matière d’un feuilleton que publie Le Journal. Lorsque, après une blessure, Benjamin est rapatrié en Anjou, il décide de tirer de ces croquis un roman mettant en scène un Parisien truculent et hâbleur : Gaspard, qui compte rentrer du front « pour les vendanges », et que nous suivons en campagne, dans le train des blessés ou choyé par de jolies infirmières...
Couronné par le prix Goncourt 1915, le livre connaîtra un vif succès jusqu’à la fin 1916. Il apparaît alors que le conflit va s’éterniser : à Gaspard succéderont des oeuvres plus noires : Le Feu de Barbusse, Ceux de 14 de Genevoix, Les Croix de bois de Dorgelès.
Gaspard est sans doute le premier roman inspiré par la mobilisation et par l’euphorie de l’été 1914, que caractérisaient « deux traits : l’élan charmant de cette race qui courut au feu ; puis la criminelle incurie de la plupart de ceux qui nous menèrent : politiques ou officiers. C’est le double sujet de mon livre, qui est un livre triste. On y rit ? Rien n’est plus triste que le rire dans le drame. »
Le Feu de Henri Barbusse
1916
Goncourt 1916
Henri Barbusse
Littérature
7½ h
Voici, relaté par un combattant de première ligne, le quotidien des poilus dans les tranchées : c’est l’horreur absolue. Premier roman de guerre, Le Feu bouleverse tous les codes romanesques. Comment redonner la parole à ces combattants ?
Henri Barbusse invente un genre, façonne une nouvelle langue et soulève de grandes questions, d’amère actualité. Pourquoi la guerre ? Est-il possible de l’éradiquer à jamais ? Un siècle après sa parution, Le Feu reste un livre choc.
La flamme au poing de Henry Malherbe
1917
Goncourt 1917
Henry Malherbe
Littérature
1½ h
Récompensé par le Prix Goncourt 1917, pour son livre “La Flamme au Poing” (1917), Henri Malherbe, Lieutenant au 43e R.A.C. a en effet écrit une oeuvre qui vaut surtout pour sa qualité littéraire. Cet objectif avoué l’a libéré de tout devoir d’exactitude, et il est vrai que l’oeuvre s’en ressent. Le style a un peu vieilli, et certains élans, tantôt héroïques et tantôt macabres, sentent un peu la poussière. Mais le lyrisme (Henri Malherbe écrira plus tard des critiques musicales) reste agréable, et certains passages sont vraiment beaux..
Civilisation de Georges Duhamel
1918
Goncourt 1918
Georges Duhamel
Littérature
3 h
La guerre, c’est le déferlement stratégique des hommes et des armes sur tel ou tel point du front. Mais c’est aussi le reflux de ces hommes après la bataille, le retour de ceux qui ont pu revenir, un raz-de-marée en sens inverse qui laisse sous les toiles battantes des infirmeries de campagne « une mosaïque de souffrance teinte aux couleurs de la guerre, fange et sang, empuantie des odeurs de la guerre, sueur et pourriture, bruissante des cris, des lamentations, des hoquets qui sont la voix même et la musique de la guerre. »
Alors aux blessés s’offre ce qui se fait de mieux dans le monde moderne, les draps frais, l’infirmerie « blanche comme une laiterie », les pinces brillantes du chirurgien, l’autoclave, le dernier cri du progrès. Mais qu’importe au lieutenant Dauche avec sa balle dans la tête, à Revaud et à leurs compagnons de misère, à ceux dont Georges Duhamel rappelle le courage simple, la bonne humeur, l’endurance? « La civilisation n’est pas dans toute cette pacotille terrible; et, si elle n’est pas dans le coeur de l’homme, eh bien! elle n’est nulle part. » C’est la leçon de ces pages qui font écho à la poignante Vie des martyrs où, une fois de plus, un témoin raconte les cruelles choses vues et vécues pendant la Grande Guerre.
La Vallée Arc-en-ciel de Lucy Maud Montgomery
1919
La saga d'Anne (7)
Lucy Maud Montgomery
Littérature étrangère
5½ h
Mère dévouée et heureuse, Anne a conservé tout son charme, sa fraîcheur, son humour. Quant à ses enfants, ils ont hérité de son imagination. Ainsi, Walter, écrivain en herbe, fait découvrir au lecteur les merveilles de la nature et la magie des mots. Et un nouveau personnage entre en scène : Mary Vance, orpheline comme Anne et aussi volubile que l’inoubliable rousse de La Maison aux pignons verts.
Une histoire captivante, des idéaux universels : le respect des autres, de la nature, le goût du travail bien fait. Dans La Vallée Arc-en-ciel, les grandes préoccupations de la vie – l’enfance, l’amour, la famille, la mort – sont abordées avec une fraîcheur peu commune.
A l'ombre des jeunes filles en fleurs de Marcel Proust
1919
A la recherche du temps perdu (2)
Goncourt 1919
Marcel Proust
Littérature
14 h
À l’ombre des jeunes filles en fleurs est le second tome d’À la recherche du temps perdu de Marcel Proust publié en 1919 chez Gallimard. Il reçoit la même année le prix Goncourt.
 
 
Nêne de Ernest Pérochon
1920
Goncourt 1920
Ernest Pérochon
Littérature
4 h
La jeune Madeleine, dite Nêne, travaille comme domestique chez Michel Cordier, un fermier veuf de 30 ans. En plus de tenir la maison, elle s’occupe des deux enfants, Eulalie et Georges. Elle s’attache peu à peu à eux, allant même jusqu’à dilapider ses économies. Dans une atmosphère oppressante, toujours à la limite du conflit, la situation de Madeleine se dégrade progressivement, d’autant plus que Michel Corbier s’éprend de l’élégante Violette, couturière du village voisin. Nêne s’accroche aux prix de beaucoup de concessions, avant d’être définitivement chassée par Violette devenue Madame Corbier, sans que les enfants ne réagissent.
Excellent portait d’une période de la fin du XIXe siècle, marquée par les récents épisodes des guerres de Vendée, la vie rurale est ici le théâtre d’un drame, alimenté de jalousies, de malveillances et d’affaires de cœur.
Le Côté de Guermantes de Marcel Proust
1920
A la recherche du temps perdu (3)
Marcel Proust
Littérature
15 h
Extrait : « Le pépiement matinal des oiseaux semblait insipide à Françoise. Chaque parole des « bonnes » la faisait sursauter ; incommodée par tous leurs pas, elle s’interrogeait sur eux ; c’est que nous avions déménagé. Certes les domestiques ne remuaient pas moins, dans le « sixième » de notre ancienne demeure ; mais elle les connaissait ; elle avait fait de leurs allées et venues des choses amicales. Maintenant elle portait au silence même une attention douloureuse. »
 
 
Voyages avec ma pipe de Léon Werth
1920
Léon Werth
Littérature
3½ h
Sous les traits du touriste curieux, du réserviste anonyme, du flâneur du dimanche, Léon Werth nous entraîne dans les venelles de villages dédaignés, à la découverte de rochers admirables dans des îles méconnues, dans les recoins magiques de ville très banales. En Bretagne, en Provence, dans les Pyrénées, il pousse des portes et pénètre chez l’habitant. Il se fond dans le décor et devient ainsi le témoin de scènes de la vie quotidienne et le « confesseur » des autochtones. Et l’écrivain nous restitue cela sur le ton de la confidence, avec l’humour féroce et l’ironie gourmande que nous avions déjà rencontrés dans La Maison blanche.
Trois maîtres de Stefan Zweig
1920
Stefan Zweig
Littérature allemande
4 h
Du Joueur d’échecs à Combat avec le démon, l’œuvre entière de Stefan Zweig est fascinée par les grandes aventures de l’esprit humain, qu’elles le mènent vers la pensée, l’absolu, l’idéal ou la folie. C’est de la création romanesque que nous parle ici le grand écrivain autrichien, à travers trois géants du XIXe siècle.
Tous trois ont forgé un univers autonome, portant l’empreinte d’une puissante personnalité, avec ses types humains, ses lois morales, sa métaphysique. Chez Balzac, l’élan créateur exprime une volonté de puissance par rapport à la société ; chez Dostoïevski, l’affirmation d’un destin tendu entre extase et anéantissement ; chez Dickens, l’accord entre un génie individuel et les traditions d’une époque. Chacun incarne ainsi un “type” d’artiste exemplaire.
Pénétration psychologique, admiration passionnée, intime complicité d’un romancier avec ses grands modèles, font de Trois Maîtres un chef-d’œuvre critique inégalé.
Batouala de René Maran
1921
Goncourt 1921
René Maran
Littérature
3½ h
Premier roman nègre écrit par un nègre, en qui Léopold Sédar Senghor voyait un “précurseur de la négritude”, récit d’une violence et d’une modernité extraordinaires, voici la complainte de Batouala, grand chef de tribu, vaillant chasseur et excellent marcheur.
Nous sommes en 1921. A cette époque, personne n’ose douter du bien-fondé du colonialisme, porteur de civilisation et de paix. Une voix pourtant s’élève. Celle de René Maran, auteur antillais (1887-1960), alors fonctionnaire au ministère des Colonies, qui dénonce, dans ce roman précédé d’une terrible préface, les abus de l’administration en Afrique-Equatoriale française et les méfaits de l’impérialisme. Ses propos déclenchent un véritable scandale qui culminera avec le prix Goncourt qui lui sera tout de même décerné la même année. René Maran n’ose-t-il pas écrire :
« Si l’on pouvait savoir de quelle bassesse est faite la vie coloniale, on n’en parlerait plus. Elle avilit peu à peu. Rares sont, même parmi les fonctionnaires, les coloniaux qui cultivent leur esprit. Ils n’ont pas la force de résister à l’ambiance, à l’alcool... Ces excès et d’autres, ignobles, conduisent ceux qui y excellent à la veulerie la plus abjecte. Cette veulerie ne peut qu’inquiéter de la part de ceux qui ont charge de représenter la France. »
Anne Rilla d'Ingleside de Lucy Maud Montgomery
1921
La saga d'Anne (8)
Lucy Maud Montgomery
Littérature étrangère
7 h
Voici le plus grand classique canadien de tous les temps, vendu à plus de 60 millions d’exemplaires, traduit en 40 langues et adapté plusieurs fois pour le cinéma et la télévision. Dans ce huitième roman de la série Anne, les enfants d’Anne et de Gilbert continuent à nous charmer par leur imagination fertile. Rilla se révèle aussi vive d’esprit que sa célèbre mère. Ce volume nous propose aussi des commentaires saisissants sur la Première Guerre Mondiale vue par des enfants... de quoi faire réfléchir ! Sans doute le roman le plus adulte de Lucy Maud Montgomery.
L' homme traqué de Francis Carco
1922
Académie française (roman) 1922
Francis Carco
Littérature
2½ h
Il y avait déjà trois semaines que la police recherchait l’assassin de la rue Saint-Denis...
Lampieur n’avait aucun remords de son crime.
Pourtant une terrible angoisse montait en lui...
Ouvrier boulanger, il travaillait dans la cave et les filles qui remontaient, très tard, la rue Saint-Denis, s’accroupissaient devant le soupirail et jetaient tour à tour une ficelle avec des sous pour avoir un morceau de pain chaud.
Or, la nuit du crime, quand il était revenu, il avait trouvé la ficelle qui pendait, inerte, du soupirail.
Laquelle de ces filles s’était aperçue de son absence et pourquoi ne l’avait-elle pas dénoncé à la police ?
Il n’en pouvait plus ; il fallait qu’il sache...
Exprimant dans une langue forte et riche des sentiments très violents, L’Homme traqué est un des romans les plus émouvants du grand écrivain Francis Carco.
Sodome et Gomorrhe de Marcel Proust
1922
Marcel Proust
Littérature
14 h
Sodome et Gomorrhe est le quatrième volet d’À la recherche du temps perdu de Marcel Proust publié en 2 tomes entre 1922 et 1923 chez Gallimard.
Dans ce roman, le jeune narrateur découvre par hasard que Charlus est homosexuel, lorsqu’il assiste en témoin auditif à ses ébats avec Jupien.
 
 
Amok de Stefan Zweig
1922
Stefan Zweig
Littérature allemande
3 h
L’amok, en Malaisie,· est celui qui, pris de frénésie sanguinaire, court devant lui, détruisant hommes et choses, sans qu’on puisse rien faire pour le sauver. Le narrateur rencontre sur un paquebot un malheureux en proie à cette forme mystérieuse de démence. Histoire encore d’une folie, d’une passion d’un amour fou, cette fois - que la Lettre d’une inconnue reçue par un romancier à succès. Mais la passion peut faire de l’homme dominateur et méprisant un être humilié et ridiculisé : c’est le thème du troisième de ces récits, La Ruelle au clair de lune.
Le Songe de Henry de Montherlant
1922
Alban de Bricoule (3)
Henry de Montherlant
Littérature
5½ h
Ce roman lyrique, le premier de Montherlant - il a été publié en 1922 -, a pour héros Alban de Bricoule, que l’on retrouvera dans Les Bestiaires. Alban, pendant la guerre de 1914-1918, affirme son goût du courage et du sacrifice, son ironie, son égotisme souverain. La guerre n’est pour lui qu’une occasion exaltante de se réaliser. Il lui sacrifie son amour pour Dominique, dont la passion risque de l’amoindrir. Un ordre féminin de la sensibilité et du cœur s’oppose à un ordre mâle, guerrier, et c’est ce dernier qui l’emporte. 
Le Frère-de-la-Côte de Joseph Conrad
1923
Joseph Conrad
Littérature
6½ h
Conrad ne se résume pas à Lord Jim.
Méconnu, ce superbe roman est le dernier éclat d’un phare de la littérature maritime, le dernier publié du vivant de l’auteur, un génie de l’écriture au sommet de son art. Exceptionnellement, pour un roman de Conrad, l’action se déroule en France, sur la côte de Provence. Dans la droite ligne des héros de Conrad, Joseph Peyrol, vieil écumeur des mers, aspire au repos. Il livrera, sur la presqu’île de Giens, son dernier combat, entre le siège de Toulon et Trafalgar.
Amour et espionnage, guerre et intrigues mêlent leurs trames pour broyer les vies. Juste avant l’avènement de l’Empire, l’action trouve son cadre dans un épisode de la rivalité navale franco-anglaise. Mais, au-delà du beau roman d’aventures, les héros de Conrad, malgré leur force de caractère, leur indépendance, leur capacité à la solitude nous apportent leur vision lucide, parfois mélancolique, de l’inutilité de tout combat face à la destinée. Une leçon d’indomptable énergie et de maîtrise de soi. Joseph Peyrol est un Tom Lingard, ployé sous les ans.
Du pur Conrad.
Le Prophète de Khalil Gibran
1923
Khalil Gibran
Littérature étrangère
1 h
Une langue limpide, des images évocatrices et fortes : à travers l’enseignement d’Al-Mustafa se dessinent quelques-uns des trésors de l’expérience humaine. Rien n’échappe à la leçon du sage, amour, joie, liberté, douleur, connaissance de soi, beauté, couple, passion… La vie la plus intime comme les problèmes les plus quotidiens. Hymne à la vie et à l’épanouissement de soi, le Prophète s’impose désormais comme l’un des textes cultes du XXe siècle.
 
 
Le talon de fer de Jack London
1923
Jack London
Littérature américaine
6 h
Le Talon de fer (The Iron Heel) est un roman de Jack London paru en 1908. C’est une contre-utopie sur la montée d’une tyrannie fasciste aux États-Unis. Le Talon de fer décrit une insurrection qui serait arrivée entre 1914 et 1918, et analysée par un observateur du XXVIIe siècle. L’auteur relate le développement de la classe ouvrière nord-américaine et ses combats contre l’oligarchie, à travers le point de vue d’Avis Everhard, jeune fille de famille riche devenue amoureuse d’Ernest, un socialiste qui devient leader des révoltés. Plusieurs éditions de l’ouvrage sont préfacées par une lettre de Léon Trotski, adressée en 1937 à la fille de l’auteur.
Lord Jim de Joseph Conrad
1924
Joseph Conrad
Littérature
9 h
Un jeune officier de marine, le lieutenant Jim, embarque comme second à bord d’un vieux cargo «bon pour la ferraille», le Patna, pour convoyer un groupe de pèlerins vers La Mecque. Dans le brouillard, le Patna heurte une épave. En inspectant la coque, Jim découvre un début de voie d’eau. Pris par la peur, Le capitaine et Jim abandonnent le navire et ses passagers. Mais le Patna ne coule pas... L’attitude de Jim a déclenché un scandale et il est radié à vie. Rongé par le remords, lui qui ne rêvait que de gloire et d’honneur, erre dans les ports, acceptant les travaux les plus humiliants. Une seconde chance lui est cependant offerte par le négociant Stein qui lui confie une mission en Malaisie...
Sanditon de Jane Austen
1925
Jane Austen
Littérature
7 h
En ce début du XIXe siècle où la bonne société anglaise découvre les bienfaits des bains de mer, les Parker se sont mis en tête de faire de la paisible bourgade de Sanditon une station balnéaire à la mode. Invitée dans leur magnifique villa, la jeune Charlotte Heywood va découvrir un monde où, en dépit des apparences « très comme il faut », se déchaînent les intrigues et les passions. Autour de la tyrannique lady Denham et de sa pupille Clara gravitent les demoiselles Beaufort, le ténébreux Henry Brudenall et l’étincelant Sidney Parker, peut-être le véritable meneur de jeu d’une folle ronde des sentiments. Observatrice avisée, Charlotte saura-t-elle demeurer spectatrice ? Le cœur ne va-t-il pas bouleverser les plans de la raison ?
À sa mort en 1817, Jane Austen laissait cette œuvre inachevée. Une romancière d’aujourd’hui a relevé le défi de lui donner un prolongement. Un exercice mené à bien dans la plus remarquable fidélité, avec autant de tact que de brio.
Raboliot de Maurice Genevoix
1925
Goncourt 1925
Maurice Genevoix
Littérature
4 h
On l’appelle Raboliot parce qu’il ressemble à un lapin de rabouillère (nid de garennes). Braconnier passionné, hardi, sûr de lui et de son adresse, rien ne peut l’empêcher d’obéir à ce besoin de chasse nocturne qui l’empoigne chaque soir. Le gendarme Bourrel, cependant, a failli le prendre sur le fait. Excité par le danger, Raboliot multiplie les imprudences et va jusqu’à narguer ouvertement Bourrel. Dès lors, entre les deux hommes, commence une lutte sans merci. Traqué, Raboliot doit fuir, vivant dans les bois comme un loup. Au bout de trois mois, accablé de solitude, torturé par le désir de revoir sa femme et ses enfants, Raboliot revient chez lui… et c’est le drame. Raboliot est sans doute le plus représentatif des romans que Maurice Genevoix, conteur exceptionnel, consacra à son terroir, la Sologne.
 
 
La prisonnière de Marcel Proust
1925
A la recherche du temps perdu (5)
Marcel Proust
Littérature
11 h
La Prisonnière est le cinquième tome d’À la recherche du temps perdu de Marcel Proust publié en 1925 à titre posthume. Le thème principal de ce volume est l’amour possessif et jaloux qu’éprouve le narrateur pour Albertine. Il la fait surveiller, la soupçonne de liaisons homosexuelles, essaie de la retenir chez lui.
 
 
La Peur de Stefan Zweig
1925
Stefan Zweig
Littérature allemande
4 h
Ce recueil de six nouvelles illustre le génie de l’observation de Zweig, son sens magistral de la psychologie. Zweig voulait « résumer le destin d’un individu dans un minimum d’espace et donner dans une nouvelle la substance d’un livre ».
 
 
Sous le soleil de Satan de Georges Bernanos
1926
Georges Bernanos
Littérature
6 h
L’abbé Donissan, le personnage central du roman, est prêtre dans une humble paroisse de l’Artois. Obsédé par le péché, réfugié dans un ascétisme extrême, il doute de sa vocation. Autour de lui évoluent des êtres souffrants, rongés par le mal. Dont Mouchette, une jeune femme qui semble s’être vouée au vice depuis qu’à seize ans elle s’est donnée au marquis de Cadignan. Lorsque celui-ci, par crainte du scandale, la rejette, elle le tue. Le salut de Mouchette va dès lors incarner pour l’abbé sa lutte contre les forces démoniaques.
Publié en 1926, Sous le soleil de Satan, le premier roman de Georges Bernanos, stupéfia ses premiers lecteurs par son lyrisme, par son extraordinaire puissance imaginative. Un livre violent, enveloppé de ténèbres qui nous raconte l’éternel combat du bien contre le mal.
 
 
Précoce automne de Louis Bromfield
1926
Pulitzer (roman) 1927
Louis Bromfield
Littérature américaine
7 h
Une jeune femme, mariée au dernier rejeton d’une vieille dynastie de la Nouvelle-Angleterre, découvre un assez méchant enfer derrière la façade de respectabilité et de puritanisme de sa nouvelle famille. Lucide mais manquant de ce courage qui permet de dire non, elle accepte sa vie de prisonnière mais fera tout pour que sa fille, parvenue à l’adolescence, échappe au piège des apparences. Un combat plus risqué qu’elle ne l’imagine.
Les bestiaires de Henry de Montherlant
1926
Alban de Bricoule (2)
Henry de Montherlant
Littérature
5 h
Dès sa première adolescence, Montherlant s’est enthousiasmé pour les courses de taureaux , découvertes au cours de vacances en Espagne. Il a lui-même pratiqué l’art tauromachique et a reçu en 1925 un assez grave coup de corne. Les Bestiaires - où l’on retrouve le héros du Songe, Alban de Bricoule, rajeuni de quelques années - est l’oeuvre que l’écrivain a tirée de son expérience des taureaux et de sa connaissance de l’Espagne. Dans les corridas, Montherlant ne voit pas seulement une épreuve tragique où l’homme affronte la mort, mais une cérémonie religieuse, un sacrifice sanglant hérité de l’ancienne religion de Mithra.
Thérèse Desqueyroux de François Mauriac
1927
François Mauriac
Littérature
2½ h
Pour éviter le scandale et protéger les intérêts de leur fille, Bernard Desqueyroux, que sa femme Thérèse a tenté d’empoisonner, dépose de telle sorte qu’elle bénéficie d’un non-lieu.
Enfermée dans sa chambre, Thérèse tombe dans une prostration si complète que son mari, effrayé, ne sait plus quelle décision prendre. Doit-il lui rendre sa liberté ?
 
 
Destruction d'un coeur de Stefan Zweig
1927
Stefan Zweig
Littérature allemande
2 h
Avec Maupassant pour modèle, Stefan Zweig s’est attaché, selon ses propres mots, à donner à chacune de ces trois nouvelles toute « la substance d’un livre ».
Dans « Destruction d’un coeur », un vieil homme ne se résout pas à admettre que sa fille devienne adulte. Il se laisse consumer par une jalousie qui, peu à peu, l’isole de ses semblables. Romain Rolland voyait là l’une des « plus lucides tragédies de la vie moderne, de l’éternelle humanité ».
Dans « La gouvernante » et « Le jeu dangereux », c’est encore la cruauté des rapports entre générations - mais aussi l’intelligence immédiate des enfants face aux choses de la vie ou le refus de vieillir - que Stefan Zweig met en scène.
La Confusion des sentiments de Stefan Zweig
1927
Stefan Zweig
Littérature allemande
2 h
Au soir de sa vie, un vieux professeur se souvient de l’aventure qui, plus que les honneurs et la réussite de sa carrière, a marqué sa vie. A dix-neuf ans, il a été fasciné par la personnalité d’un de ses professeurs ; l’admiration et la recherche inconsciente d’un Père font alors naître en lui un sentiment mêlé d’idolâtrie, de soumission et d’un amour presque morbide.
Freud a salué la finesse et la vérité avec lesquelles l’auteur d’Amok et du Joueur d’échecs restituait le trouble d’une passion et le malaise qu’elle engendre chez celui qui en est l’objet.
Paru en 1927, ce récit bref et profond connut un succès fulgurant, en raison de la nouveauté audacieuse du sujet. Il demeure assurément l’un des chefs-d’œuvre du grand écrivain autrichien.
 
 
Le mariage à Lyon de Stefan Zweig
1927
Stefan Zweig
Littérature allemande
½ h
Le texte (1927) s’ouvre sur des scènes de violence révolutionnaire à Lyon, berceau de la contre-révolution. Zweig a toujours été attiré par l’histoire de France de cette période. C’est ainsi qu’il a écrit Fouché et Marie-Antoinette, deux figures antagonistes de cette période. Mais la « grande » histoire est toujours sous-tendue d’histoires de destins individuels qui en sont le sel. La nouvelle prend alors un virage romantique et mélodramatique, avec ses coups de théâtre, ses personnages providentiels et un improbable mariage au seuil de l’échafaud.
Vingt-quatre heures de la vie d'une femme de Stefan Zweig
1927
Stefan Zweig
Littérature allemande
2 h
Scandale dans une pension de famille « comme il faut », sur la Côte d’Azur du début du siècle : Mme Henriette, la femme d’un des clients, s’est enfuie avec un jeune homme qui pourtant n’avait passé là qu’une journée. Seul le narrateur tente de comprendre cette « créature sans moralité », avec l’aide inattendue d’une vieille dame anglaise très distinguée, qui lui expliquera quels feux mal éteints cette aventure a ranimés chez elle.
Ce récit d’une passion foudroyante, bref et aigu comme les affectionnait l’auteur d’Amok et du Joueur d’échecs, est une de ses plus incontestables réussites.
 
 
Un homme se penche sur son passé de Maurice Constantin-Weyer
1928
Goncourt 1928
Maurice Constantin-Weyer
Littérature
3½ h
Consacrée par le prix Goncourt de 1928, cette œuvre fascinante constitue l’un des plus importants apports à l’imaginaire occidental des Prairies et de l’Arctique, aux côtés de l’œuvre de Jack London. Alors que le monde des cow-boys libres de l’Ouest se meurt, le héros se tourne vers le Grand Nord, nouvel espace de défi et de liberté, malgré tous les dangers.
Moustique de Henry de Montherlant
1929
Henry de Montherlant
Littérature
2½ h
L’histoire met en scène un écrivain qui prend à son service un garçon de quatorze ans rencontré dans les rues de Marseille, Vincent, surnommé Moustique, et l’emmène en voyage. Moustique est un personnage plein de fantaisie, débrouillard, qui a aussi sa fierté et son goût de l’indépendance. C’est surtout un conteur merveilleux. « La verve, le bonheur d’expression lui viennent aussi simplement que la respiration. »
Moustique est un roman picaresque, les aventures d’un homme et d’un adolescent entre lesquels il y avait toute la vie dans sa fantaisie. Ce récit de la liberté de vivre et d’agir, Montherlant l’a écrit en 1929 et ne l’a jamais fait publier. Il est paru, pour la première fois, en 1986. 
Colline de Jean Giono
1929
Trilogie de Pan (1)
Jean Giono
Littérature
2 h
Quatre maisons fleuries d’orchis jusque sous les tuiles émergent de blés drus et hauts. C’est entre les collines, là où la chair de la terre se plie en bourrelets gras. Le sainfoin fleuri saigne dessous les oliviers. Les avettes dansent autour des bouleaux gluants de sève douce. Le surplus d’une fontaine chante en deux sources. Elles tombent du roc et le vent les éparpille. Elles pantèlent sous l’herbe, puis s’unissent et coulent sur un lit de jonc. Le vent bourdonne dans les platanes. Ce sont les Bastides Blanches. Un débris de hameau, à mi-chemin entre la plaine où ronfle la vie tumultueuse des batteuses à vapeur et le grand désert lavandier, le pays du vent, à l’ombre froide des monts de Lure. La terre du vent.
 
 
Un de Baumugnes de Jean Giono
1929
Trilogie de Pan (2)
Jean Giono
Littérature
2½ h
Louis, l’ouvrier agricole venu de Marseille, a ensorcelé Angèle, la fille du fermier Clarius. Déshonorée, elle quitte Baumugnes, son village et sa famille, pour suivre cet homme qui va la prostituer. Elle reviendra fille-mère... Sera-t-elle sauvée par l’amour et la miséricorde d’Albin? Celui-ci bravera-t-il le fusil d’un père suicidaire?
 
 
Alexis ou le Traité du vain combat - Le Coup de Grâce de Marguerite Yourcenar
1929
Marguerite Yourcenar
Littérature
4 h
Comme tous les héros de Marguerite Yourcenar, Alexis s’interroge pour mieux comprendre le monde et mieux se comprendre lui-même. Il cherche à sortir d’une situation fausse qui est l’échec de son mariage. Une longue lettre forme tout le récit où il prend sa femme à témoin du vain combat qu’il a mené contre son penchant naturel et sa vocation véritable.
Alexis est le premier roman de Marguerite Yourcenar et a révélé son grand talent d’écrivain.
Le Coup de Grâce se situe dans les Pays baltes en 1919-1920. Par-delà l’anecdote de la fille qui s’offre et du garçon qui se refuse, le sujet central du roman est avant tout une communauté d’espèce, une solidarité du destin chez deux hommes et une femme soumis aux mêmes dangers.
Le bouquiniste Mendel de Stefan Zweig
1929
Stefan Zweig
Littérature allemande
½ h
À Vienne, dans les années 20, un homme se réfugie dans un café pour échapper à une averse. Pris d’une impression de déjà-vu, il réalise que bien des années auparavant, alors qu’il effectuait des recherches sur le mesmérisme, il avait fait ici même la connaissance d’un vieux bouquiniste juif russe, Jacob Mendel, qui passait sa vie plongé dans les livres et les catalogues bibliographiques. Véritable encyclopédie vivante, le vieil homme connaissait par coeur le titre, l’auteur, les différentes éditions et les prix de tous les livres publiés. Cherchant à savoir ce qu’était devenu Mendel, il apprend que la police l’a arrêté pendant la guerre en raison de ses origines et qu’il a été enfermé pendant deux ans dans un camp de concentration. À son retour, il avait perdu sa prodigieuse mémoire et était revenu mourir dans ce café où il avait passé trente-cinq ans à cataloguer des livres.
Pour l’auteur, « les livres sont faits pour unir les hommes par-delà la mort et nous défendre contre l’ennemi le plus implacable de toute vie, l’oubli ». Le texte est suivi d’une brève biographie de Stefan Zweig.
 
 
Le voyage dans le passé de Stefan Zweig
1929
Stefan Zweig
Littérature allemande
2 h
Louis, un jeune homme pauvre mû par une « volonté fanatique », tombe amoureux de la femme de son riche bienfaiteur, mais il doit partir au Mexique pour une mission de confiance. La grande guerre éclate. Les retrouvailles du couple n’auront finalement lieu que neuf ans plus tard. Leur amour aura-t-il résisté ?
Regain de Jean Giono
1930
Trilogie de Pan (3)
Jean Giono
Littérature
2½ h
Aubignane, petit village près de Manosque, se meurt. Seuls trois fidèles occupent encore ce nid de spectres. Mais l’hiver finit par chasser le vieux forgeron, et la veuve du puisatier disparaît au printemps, avec la promesse qu’elle avait faite à Panturle de lui trouver une femme. Au village, maintenant, ne reste plus que ce chasseur qui devient peu à peu fou de solitude. Une femme viendra, par des chemins presque surnaturels. Et pour elle, Panturle rouvrira la terre jadis féconde, l’ensemencera de blé. Le blé du pain de l’amour, qui annonce au village de nouveaux enfants. Regain ou l’éclatante première manière de Giono : mystique, solaire, animale
 
 
Rroû de Maurice Genevoix
1931
Maurice Genevoix
Littérature
4 h
« Il chante tout bas, ensorcelé de béatitude. Le soir d’automne baigne la ramée d’une égale clarté jaune et rose. L’ombre monte du pied de l’arbre et sa crue gagne de branche en branche. Elle surprend Rroû, pénètre doucement son pelage. Il frissonne tout à coup et s’étire, du bout des pattes à la cime de ses reins. »
Parmi les « livres de nature» de Maurice Genevoix, Rroû occupe une place bien particulière. En apparence, c’est seulement l’histoire d’un chat. En réalité, il s’agit là d’une œuvre aux prolongements multiples, où tous les tons se mêlent et s’harmonisent, où le conteur retrouve le poète.
Vent d'Est, vent d'Ouest de Pearl Buck
1932
Pearl Buck
Littérature étrangère
3½ h
Kwei-Lan “vient d’être mariée”, sans le connaître, à un jeune homme de sa race mais qui revient d’Europe. Ce Chinois n’est plus un Chinois, il a oublié la loi des ancêtres, il ne reconnaît, ne respecte ni les coutumes ni les rites... Le frère de Kwei-Lan, qui vient de passer trois ans en Amérique, l’héritier mâle, dépositaire du nom et des vertus de la race, annonce son mariage avec une étrangère ; il revient avec elle... A travers les réactions des membres de cette famille de haute condition où l’attachement aux traditions, le culte des ancêtres, l’autorité du père et de la mère n’avaient encore subi aucune atteinte, la grande romancière Pearl Buck nous fait vivre intensément le conflit souvent dramatique entre la jeune et la vieille Chine.
 
 
Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline
1932
Renaudot 1932
Louis-Ferdinand Céline
Littérature
12 h
Le héros métaphysique de Céline est ce petit homme toujours en route, entre Chaplin et Kafka mais plus coriace qu’eux, vous le redécouvrez ici, perplexe, rusé, perdu, ahuri, agressé de partout, bien réveillé quand même, vérifiant sans cesse l’absurdité, la bêtise, la méchanceté universelles dans un monde de cauchemar terrible et drôle. Céline lui-même a comparé son style aux bandes dessinées, aux “comics”. C’était pour dire qu’il allait toujours au vif du sujet, au nerf de la moindre aventure. Ce “Tardi Céline” l’aurait ravi. L’œil traverse le récit comme une plume hallucinée, on voit le déplacement sans espoir mais plus fort, dans son rythme de mots et d’images, que tout désespoir. Il faut relire Céline en le voyant. Tardi lui ouvre l’espace. Le grouillement et la simplicité des épisodes et du jugement qu’il porte se redéploient. Céline a dit la vérité du siècle : ce qui est là est là, irréfutable, débile, monstrueux, rarement dansant ou vivable. Le Voyage recommence. Les éclairs dans la nuit aussi.
Le nœud de vipères de François Mauriac
1932
François Mauriac
Littérature
3½ h
Cette chronique d’une famille bordelaise offre coups de théâtre et surprises. Au premier étage de sa propriété, dans une chamble claire et agréable, un vieillard attend la mort. Il l’attend impatiemment, car elle est pour lui une forme de vengeance. Il va pouvoir enfin assouvir quarante ans de rancunes en ne donnant pas d’héritage à sa famille, leur rédigeant une lettre vengeresse, où il peut enfin laisser aller son coeur, “ce noeud de vipère [... ] saturé de leur venin”.
 
 
La Condition humaine de André Malraux
1933
Goncourt 1933
André Malraux
Littérature
7½ h
« Si toute condition humaine n’est pas renfermée dans ces pages, du moins est-il certain qu’elle ne cesse pas d’y être en question, et si tragiquement, si profondément que le livre se trouve encore accordé par ses accents aux peines les plus lourdes et aux plus grandes souffrances. C’est un sûr gage de son exceptionnelle valeur. [...] La plus grande beauté du livre - et je ne dis rien de l’intensité de certaines descriptions ou de certaines scènes qui appellent l’image de reproduction cinématographique - est dans quelques conversations terriblement lucides au cours desquelles les personnages, haussés au-dessus d’eux-mêmes par l’événement, livrent tout leur secret. C’est là qu’il faut chercher l’esprit de l’œuvre, la définition qu’on peut tirer de notre condition.Nous sommes seuls, d’une solitude que rien ne peut guérir, contre laquelle nous ne cessons pas de lutter. »
Jean Guéhenno.
 
 
Le Chiendent de Raymond Queneau
1933
Deux Magots 1933
Raymond Queneau
Littérature
6 h
Depuis qu’elle avait vu un homme écrasé, vers les cinq heures de l’après-midi, devant la gare du Nord, Mme Cloche était enchantée. Naturellement elle disait qu’elle n’avait jamais vu une chose plus horrible que ça ; et il devait en être ainsi, car le pauvre Potice avait été soigneusement laminé par un autobus. Par une série de hasards soigneusement préparés, elle se trouva assise, vers la même heure, en face du même endroit, à la terrasse d’un café qu’une bienheureuse coïncidence avait justement placé là. Elle commanda une camomille, et patiemment, attendit que la chose se renouvelât.
Les Célibataires de Henry de Montherlant
1934
Henry de Montherlant
Littérature
4½ h
M. de Coëtquidan descendit l’étage, et pénétra dans la cuisine. Dans le sucrier, il prit trois sucres, dans un compotier, trois noix ; le tout fut empoché.
Un litre de vin rouge était entamé ; il en mit le goulot à sa bouche, en but la valeur d’un verre, s’essuyant la bouche avec le revers de son veston. Il trempa dans la confiture une cuiller, et s’en fit du bien. Il était en train de laver la cuiller - tout cela dans le plus grand silence - quand, derrière la porte, une voix trémulante cria : - Qui est là ?
Les jeunes filles de Henry de Montherlant
1934
Les jeunes filles (1)
Henry de Montherlant
Littérature
4 h
En se penchant un peu en arrière, il voyait, derrière le dos de Solange, la jeune femme qui était assise à côté d’elle ; adossée dans son fauteuil, elle écoutait, bouche entrouverte et les yeux clos. Elle n’était pas jolie, mais Costals la désirait : 1e parce qu’il trouvait convenable que, dans la même minute où il caressait pour la première fois une jeune personne, il en désirât une autre; 2e parce que, donnant l’apparence du sommeil, il était impossible qu’elle ne levât pas en lui la pensée d’abuser de ce sommeil; 3e parce qu’il lui semblait que, pour éprouver une telle extase d’un phénomène aussi insipide que cette musique, il fallait qu’elle fût détraquée ; or, il n’aimait que les filles saines et simples, comme Solange, c’est pourquoi cela lui était agréable d’avoir envie d’une femme détraquée.
Les caprices de Miss Bennett de P.G. Wodehouse
1934
P.G. Wodehouse
Littérature étrangère
4½ h
La capricieuse Miss Bennett est promise à un jeune poète romantique, le timide et rougissant Eustache Hignett. Il fait pourtant pâle figure à côté de son cousin, Sam Marlowe, qui immédiatement s’enflamme pour Miss Bennett, lors de la croisière qui les ramène en Angleterre. À bord se trouvent aussi un ancien soupirant, Bream Mortimer, et une jeune exploratrice, Jane Hubbard, qui a tué des éléphants, des alligators et des anthropophages mais perd soudain son sang-froid quand on la demande en mariage.
Tous les ingrédients d’un vaudeville à la Wodehouse se trouvent ainsi réunis et le lecteur est entraîné avec eux dans une ribambelle d’événements aussi imprévus que cocasses.
Une nouvelle démonstration de l’art unique du créateur du génial Jeeves.
L'adieu aux armes de Ernest Hemingway
1935
Ernest Hemingway
Littérature américaine
6 h
Frédéric Henry, jeune Américain volontaire dans les ambulances sur le front d’Italie, pendant la Première Guerre Mondiale, est blessé et s’éprend de son infirmière, Catherine Barkley. Avec Catherine, enceinte, il tente de fuir la guerre et de passer en Suisse, où le destin les attend.
Un des meilleurs romans de guerre.
Un des plus grands romans d’amour.
 
 
Une balle perdue de Joseph Kessel
1935
Joseph Kessel
Littérature
9
2 h
1934. Deux années avant la guerre civile d’Espagne, la Catalogne se soulève : elle voulait être indépendante. L’insurrection sera brève.
Pourtant, après que les patriotes catalans eurent été dispersés, une violente fusillade éclate. Là-haut, sur les toits de Barcelone, quelques francs-tireurs refusent de se rendre… Témoin de cette page d’histoire qui l’a bouleversé, Joseph Kessel raconte ces derniers combats. Son héros : un jeune cireur de chaussures, Alejandro.
Que ma joie demeure de Jean Giono
1936
Jean Giono
Littérature
8½ h
Que ma joie demeure excède le genre romanesque et confine à la parabole. Bobi, acrobate et saltimbanque, s’installe sur un plateau, en Provence, et offre à tous son gai savoir, sa jeunesse, son goût de l’autre. Ses enseignements vont révolutionner le “travail triste” des paysans... Une vie plus libre commence.
Anne au Domaine des Peupliers de Lucy Maud Montgomery
1936
La saga d'Anne (4)
Lucy Maud Montgomery
Littérature étrangère
6½ h
Au Domaine des Peupliers, la nouvelle demeure d’Anne, il y a tante Kate et tante Chatty, deux sympathiques veuves, le chat Dusty Miller, et surtout, Rebecca Dew, une grognonne au coeur d’or dont les réparties font notre joie. Il y a aussi la nature omniprésente, les vacances à Avonlea, avec Marilla, Mme Lynde, les jumeaux... et Gilbert Blythe, dont Anne est séparée et à qui elle écrit fidèlement.
Les Derniers Jours de Raymond Queneau
1936
Raymond Queneau
Littérature
4 h
Les derniers jours, dont la mort constitue le thème dominant, peut se lire comme le roman de la désillusion : les étudiants y vivent presque inconsciemment les derniers jours de leur jeunesse, les vieillards les derniers jours d’une existence marquée par l’échec et, comme le remarque en philosophe averti Alfred, le garçon de café adonné à l’astrologie, seul personnage clairvoyant autour duquel gravite tout ce monde dérisoire qu’il observe à distance, le temps n’est pas loin où la planète cessera elle-même d’exister.
L'empreinte du dieu de Maxence Van der Meersch
1936
Goncourt 1936
Maxence Van der Meersch
Littérature
4 h
L’histoire tragique de Karelina, timide paysanne au joli visage. Mariée de force à un colosse brutal, elle doit subir une vie faite d’expédients et les humiliations de son mari. Quand son bourreau est mis sous les verrous, elle s’enfuit. Elle trouve refuge chez son oncle Domitien, écrivain célèbre, dont l’épouse, Wilfrida, reçoit avec joie la jeune femme, qu’elle considère bientôt comme sa propre fille. Les deux femmes ignorent alors qu’elles viennent de sceller leurs destins...
Lauréat du prix Goncourt pour ce roman, Maxence Van der Meersch a été salué par la critique comme étant alors le nouveau Zola.
Pitié pour les femmes de Henry de Montherlant
1936
Les jeunes filles (2)
Henry de Montherlant
Littérature
3½ h
« Quand Mlle Dandillot venait, le soir, avenue Henri-Martin, son premier geste était d’éteindre l’électricité. Et il s’était fait une sorte de rite. Il la déshabillait peu à peu tandis qu’elle restait debout et petite devant lui, dans sa pose familière, le front un peu baissé, le regardant sans la moindre fausse honte, avec ses yeux bleu sombre, plus grands et plus sombres - presque noirs - dans l’obscurité de la pièce, comme s’ils avaient bu en partie les ténèbres de la nuit (c’était pour cela que cette nuit était si claire au-dessus du monde). »
La route au tabac de Erskine Caldwell
1937
Erskine Caldwell
Littérature américaine
4 h
La Route au tabac, récit composé d’épisodes burlesques, tous construits autour du fermier Jeeter Lester et de sa famille. Ada, sa femme, malade, la grand-mère dont personne ne s’occupe, Ella May, la fille nymphomane au bec de lièvre, le fils Dude et la petite soeur âgée de douze ans, déjà mariée au voisin. Le seul fil conducteur du livre est la faim et tous les stratagèmes imaginés par la famille pour tenter de la combler. La réalité décrite par Caldwell, à peine déformée, est une vision du Sud très proche de celle de Faulkner, sur fond de modernisation et d’expropriation du monde rural. Mais, chez lui, l’angoisse est diffuse, non dite, comme si les personnages n’avaient aucune conscience de leur état. Ce qui donne au livre sa grande force et son côté le plus étonnant.
 
 
Le démon du bien de Henry de Montherlant
1937
Les jeunes filles (3)
Henry de Montherlant
Littérature
3½ h
Costals, qui se plaisait en compagnie de Solange, est maintenant confronté à l’« hippogriffe nuptial » : le mariage que lui réclament la donzelle et ses parents ! Dans la comédie de l’homme amoureux, il ne peut plus nier combien il tient à son indépendance au-dessus de toute chose. D’abord, il y a l’écriture, incompatible avec le couple, lequel brise son énergie créatrice. Et puis les plaisirs de la chair, avec toutes les femmes, dont il ne se prive pas même en étant engagé envers Solange. Costals contrôle tout : sa vie, son œuvre, ses femmes. Pour la première fois, il se voit envahi par le devoir conjugal : en 1927, on doit épouser la femme qu’on dépucèle. Bref, il a peur du mariage.
Tantôt à Paris, tantôt à Gênes, puis au Maroc, Costals tergiverse, soufflant le oui et le non, le chaud et le froid. Cette grue, s’il l’épouse, c’est plutôt par charité, par goût de bien faire les choses plutôt que pour lui-même. Dans son indécision, il avance d’un pas, fait une promesse, recule de deux pas, prononce des mots assassins. À force de manipulations, il s’interroge plus profondément : va-t-il vraiment l’épouser ? Ce serait une bonne expérience pour son œuvre, d’incarner l’homme marié. Solange, c’est une bonne fille après tout, docile, discrète, accommodante…
En avoir... ou pas de Ernest Hemingway
1937
Ernest Hemingway
Littérature américaine
4 h
Comme il se tenait là, avec la mitraillette dans sa main gauche, jetant un regard circulaire avant de refermer le panneau à l’aide du crochet terminant son bras droit, le Cubain qui était allongé à bâbord et qui avait reçu trois balles dans l’épaule se mit sur son séant, visa soigneusement et lui envoya une balle dans le ventre.
La rose de Java de Joseph Kessel
1937
Joseph Kessel
Littérature
3 h
1919, Extrême-Orient. Après avoir parcouru la moitié du monde pour servir en Sibérie, deux lieutenants aviateurs français regagnent leur patrie. Ils sont très jeunes, ardents à vivre vite et fort : alcool, jeu, rixes et femmes. Ils embarquent à Kobé (Japon) sur un vieux cargo hollandais, la Rose de Java, qui doit les mener à Shanghaï. Ils croyaient y trouver quelques jours de repos, mais ils découvrent à bord une jeune femme surnaturellement belle, séquestrée dans une cabine par un vieil Anglais. Qui est cette femme ? Et lequel des deux jeunes gens en fera sauvagement la conquête au péril de sa vie ? Telle est l’histoire que nous conte sans laisser un instant de répit au lecteur, l’un de nos plus grands romanciers de l’aventure.
Odile de Raymond Queneau
1937
Raymond Queneau
Littérature
2½ h
Voici l’un des tout premiers romans de Raymond Queneau, l’auteur de Zazie dans le métro. Il s’agit d’un récit autobiographique qui règle ses comptes avec la doctrine surréaliste et André breton. On se souvient que Raymond Queneau a fait partie un temps de l’aventure surréaliste et, qu’au nom, de la liberté de l’esprit, il claqua la porte.
Il s’agit tout d’abord d’un récit satirique qui règle ses comptes avec le sectarisme des surréalistes et des communistes. Raymond Queneau y apparaît dans la peau d’un jeune mathématicien un peu paumé qui revient de l’armée et, bien qu’ayant sympathisé avec des potes communistes et anarchisants, hésite à s’engager. Il vit donc des subsides de son oncle fortuné et hésite également à s’engager dans le mariage après avoir rencontré la dite Odile.
L’histoire est très simple et on apprécie surtout l’humour à toute épreuve de l’auteur.
Le chandelier enterré de Stefan Zweig
1937
Stefan Zweig
Littérature allemande
3½ h
Les trois nouvelles de ce recueil procèdent de l’inspiration mystique, qu’elle provienne de la tradition juive (le chandelier enterré, Rachel contre Dieu) ou des légendes hindoues (Virata). Zweig, conteur, historien et penseur a écrit une apologie de l’humilité.
Mangeclous de Albert Cohen
1938
Albert Cohen
Littérature
8½ h
Mangeclous, un des sommets de la littérature contemporaine. Mangeclous, livre plein d’une verve triomphale, livre d’une liberté extraordinaire (nous sommes à l’époque des livres contraints), livre riche (nous sommes à l’époque des livres pauvres), livre gras (nous sommes à l’époque des livres maigres), grand livre enfin. Mangeclous est pour moi l’exemple à peu près unique, dans la littérature contemporaine, d’une épopée comique, c’est-à-dire d’un comique grand. Une épopée, et pourtant on ne cesse pas de hurler de rire. Un héros comme Mangeclous atteint à l’épique. Il y a là, à mon sens, quelque chose sans aucune espèce de comparaison. Il y a du souffle de Rabelais. C’est comme dans Rabelais: on accepte tout. On accepte tout parce qu’il y a un amour du personnage, parce qu’il y a une manière démesurée de le traiter qui fait que simplement on est ébloui. L’admirable Mangeclous, un grand héros comique d’une drôlerie extraordinaire. Le comique de Mangeclous est juif par sa subtilité, par les récifs de mélancolie qui affleurent soudain, par l’observation féroce et tendre qui le nourrit. Mais ce roman acquiert une portée générale par son humanité, son grand rire salubre, sa verve populaire. Sa fraîcheur, sa fruste saveur, sa robuste simplicité le font accéder à la majesté des légendes populaires et des grandes épopées.
La citadelle de A.J. Cronin
1938
A.J. Cronin
Littérature étrangère
9½ h
Des terrils, des rangées de maisons grises tassées entre les montagnes, c’est tout ce que laisse voir de Blaenelly la pluie qui tombe à verse quand André Manson arrive en octobre 1924 dans cette petite ville minière du Pays de Galles pour devenir l’assistant du docteur Page. Le paysage est lugubre, le travail pénible, peu importe au jeune Ecossais qui fait là ses premiers pas dans la carrière de médecin. Pour lui, la vie est comme une citadelle perdue dans les nuages qu’il faut conquérir de haute lutte. Il a une mission : soigner. Ce garçon intransigeant que passionne son métier a la chance de rencontrer une compagne parfaite, la fine et jolie Christine. Mais, après bien des jours sombres, s’offre la tentation d’acquérir une riche clientèle. Cédera-t-il à la facilité, au risque de perdre Christine, ou continuera-t-il ses recherches sur les maladies des mineurs ? Le sort se charge de le rappeler cruellement au sens de sa mission.
L'Araigne de Henri Troyat
1938
Goncourt 1938
Henri Troyat
Littérature
3½ h
1938. Un appartement bourgeois, place des Vosges. Gérard Fonsèque y vit avec sa mère et ses trois soeurs. Jeune homme maladif, il reste confiné dans sa chambre où il compte écrire un essai philosophique qui, bien sûr, sera le chef-d’oeuvre du siècle... En fait, il se complaît dans un délire hypocondriaque et exerce une subtile tyrannie sur ces quatre femmes qui sont tout son univers.
De toutes les forces de son amour, de son égoïsme et de sa jalousie, il refuse que ses soeurs se marient et utilise les ressources d’une imagination destructrice pour briser leur bonheur et les garder près de lui. En vain: peu à peu il voit sa propre vie s’effilocher et sera finalement victime de la toile qu’il a patiemment tissée.
 
 
La grande vallée de John Steinbeck
1938
John Steinbeck
Littérature étrangère
5½ h
Quinze nouvelles, dont le célèbre Poney Rouge. Mais un seul livre, dont l’unité est l’amour de Steinbeck pour la grande vallée californienne de Salinas. La vallée où se passent les choses les plus ordinaires du monde – les plus grandes – le pays où vivent les gens les plus simples, les plus mystérieux des hommes.
Les lépreuses de Henry de Montherlant
1939
Les jeunes filles (4)
Henry de Montherlant
Littérature
4½ h
Il y a trois cents lépreux dans Paris, dont vingt seulement sont hospitalisés, et dans la salle commune, encore. Les autres se promènent la canne à la main. Peut-être le garçon qui nous a servis... Il y a des femmes qui ont vécu trente ans avec un mari lépreux et n’ont pas été contaminées. Tout ce que je vous dis, ce ne sont pas des boniments qu’on m’a racontés pour me rassurer. On me l’a dit, mais je l’ai lu aussi dans un livre de médecine. Vous n’avez qu’à en acheter un. - Mais comment avez-vous attrapé cela ? Si vous l’avez attrapé, car je ne peux pas y croire. - Avec une femme. 
Rebecca de Daphné Du Maurier
1939
Daphné Du Maurier
Littérature étrangère
8½ h
Dès les premières heures à Manderley, somptueuse demeure de l’ouest de l’Angleterre, le souvenir de celle qu’elle a remplacée s’impose à la jeune femme que vient d’épouser Maxim de Winter. Rebecca, morte noyée, continue d’exercer sur tous une influence à la limite du morbide. La nouvelle madame de Winter, timide, effacée, inexpérimentée, se débat de son mieux contre l’angoisse qui l’envahit, mais la lutte contre le fantôme de Rebecca est par trop inégale. Daphné Du Maurier, dans Rebecca, qui est sans doute le roman le plus caractéristique de son talent, fascine le lecteur et l’entraîne à la découverte d’inquiétantes réalités sans quitter le domaine familier de la vie quotidienne.
 
 
Les Javanais de Jean Malaquais
1939
Renaudot 1939
Jean Malaquais
Littérature
5½ h
Nous sommes quelque part en Provence, dans les années 30. Non point la Provence de Pagnol, mais celle des vieilles mines d’argent et de plomb où trime une faune rien moins que recommandable. La mer n’est pas loin, le soleil plutôt bon zigue. Quant aux mines, disons qu’elles sont tellement pourries que les ouvriers français refusent d’y descendre – alors on fait appel au bon vouloir des tordus de passage qui n’ont pas peur de s’y frotter. Ils ont tous quelques points en commun : des gueules de métèques, des permis de séjour défaillants, la dalle en forte pente, et jaspinent des langues bizarres. Mais la police du coin n’est pas trop regardante, et puisque la douce France a besoin de bras… Ils sont allemands en rupture de Führer, russes en délicatesse avec le petit père des Peuples, espingos fâchés avec leurs frères phalangistes, italiens fatigués des mussolinades, mais aussi moldovalaques, arméniens, turcs, polaques, lithuaniens et zarabes. Bref tous « Javanais », et le quartier de baraquements où on les parque est vite baptisé : c’est l’Île de Java, tout simplement. Dire que la vie à Java est peinte en rose, c’est un peu exagéré. Mais on ne s’y ennuie pas, ça c’est sûr. On y rigole sec, même. On y picole plus sec encore (la Pologne donne ici le ton) et la brave Madame Michel, épicerie-buvette, ne chôme pas. Le bordel non plus, où les filles font bon accueil à ces gaillards nostalgiques qui chialent comme des mômes pour peu qu’on les laisse un peu causer du vaste monde. Bien sûr, on devine que ça finira mal, car la mine a de graves problèmes de santé. Mais c’est la vieille Europe aussi qui ne va pas très bien et qui tousse. Drôle d’époque décidément. Drôle d’époque qui rejoint méchamment la nôtre. Et drôle de bouquin, sur lequel le temps semble ne pas avoir de prise…
Anne d'Ingleside de Lucy Maud Montgomery
1939
La saga d'Anne (6)
Lucy Maud Montgomery
Littérature étrangère
7 h
Mariée depuis quinze ans, la petite Anne d’autrefois est maintenant mère de cinq enfants. Quoiqu’elle soit toujours la même, un doute s’insinue peu à peu en elle: Gilbert, son médecin de mari, l’aime-t-il toujours? Aurait-elle perdu l’éclat de sa jeunesse?
Par ailleurs, la vie se conjugue maintenant à plusieurs chez les Blythe, et il faut gérer les relations parents-enfants, ce qui n’est pas toujours une mince affaire!
Fidèle à sa réputation, Anne jette - avec ses enfants, doués eux aussi d’une imagination fertile - un regard neuf sur la nécessité de découvrir de nouveaux horizons, sur le respect de soi et des autres, sur les bienfaits qu’on recueille en parlant et en écrivant sa langue correctement.
Beaucoup d’aventures en perspective!
Des souris et des hommes de John Steinbeck
1939
John Steinbeck
Littérature américaine
2½ h
Les deux hommes levèrent les yeux car le rectangle de soleil de la porte s’était masqué. Debout, une jeune femme regardait dans la chambre. Elle avait de grosses lèvres enduites de rouge, et des yeux très écartés fortement maquillés. Ses ongles étaient rouges. Ses cheveux pendaient en grappes bouclées, comme des petites saucisses. Elle portait une robe de maison en coton, et des mules rouges, ornées de petits bouquets de plumes d’autruche rouges.
 
 
La pitié dangereuse de Stefan Zweig
1939
Stefan Zweig
Littérature allemande
9 h
En 1913, dans une petite ville de garnison autrichienne, Anton Hofmiller, jeune officier de cavalerie, est invité dans le château du riche Kekesfalva. Au cours de la soirée, il invite la fille de son hôte à danser, ignorant qu’elle est paralysée. Désireux de réparer sa maladresse, Anton, pris de pitié pour l’infirme, multiplie bientôt ses visites. Edith de Kekesfalva cache de plus en plus mal l’amour que lui inspire le bel officier, qui lui ne s’aperçoit de rien, jusqu’au moment où il sera trop tard…
L'Invention de Morel de Adolfo Bioy Casares
1940
Adolfo Bioy Casares
Littérature étrangère
2 h
Le sujet de ce roman que Borges, dans sa préface, estimait être l’un des plus ingénieux des lettres modernes, demeure toujours d’une originalité hors pair.
 Dans une île déserte, un justiciable en fuite découvre des choses fantastiques. Répétées à l’infini, les images des anciens habitants de l’île parcourent le paysage, figées dans un discours éternel. L’amour du fugitif envers un des mystérieux personnages le conduira à découvrir Morel et sa machine infernale, puis à intégrer son monde.
Un roman qu’il ne faut pas se contenter de ne lire qu’une fois, un petit chef-d’oeuvre.
 
 
Le patriote de Pearl Buck
1940
Pearl Buck
Littérature américaine
8 h
I-Wan, jeune Chinois de riche famille, brutalement confronté avec la misère de ses compatriotes...
Le luxe de sa demeure lui paraît alors intolérable, et il se consacre à la lutte sociale.
La révolution et la guerre : toutes deux feront d’I-Wan le « patriote » qui combattra pour son pays dans un groupe de partisans.
Pour qui sonne le glas de Ernest Hemingway
1940
Ernest Hemingway
Littérature américaine
11 h
« Pas d’adieu, guapa, parce que nous ne sommes pas séparés. J’espère que tout ira bien dans les Gredos. Va maintenant. Va pour de bon. Non », il continuait à parler tranquillement, sagement, tandis que Pilar entraînait la jeune fille. « Ne te retourne pas. Mets ton pied dans l’étrier. Oui. Ton pied. Aide-la », dit-il à Pilar. « Soulève-la. Mets-la en selle. » Il tourna la tête, en sueur, et regarda vers le bas de la pente puis ramena son regard à l’endroit où la jeune fille était en selle avec Pilar auprès d’elle et Pablo juste derrière. « Maintenant, va », dit-il. « Va. » Elle allait tourner la tête. « Ne regarde pas en arrière », dit Robert Jordan. « Va. » Et Pablo frappa le cheval sur la croupe avec une entrave...
La ferme africaine de Karen Blixen
1942
Karen Blixen
Littérature
7½ h
« J’ai possédé une ferme en Afrique, au pied du Ngong. » Ainsi commencent les souvenirs de sa vie au Kenya d’une jeune aristocrate danoise à la veille de la Première Guerre mondiale. Lorsqu’elle rejoint son mari dans ce pays, Karen Blixen est loin d’imaginer qu’elle y trouvera l’amour avec le mystérieux Denys Finch-Hatton, mais surtout qu’elle sera séduite par le Kenya et ses habitants.
Portées à l’écran par Sydney Pollack sous le titre Out of Africa et admirablement interprétées par Meryl Streep et Robert Redford, les aventures de Karen Blixen sont une véritable déclaration d’amour à l’Afrique.
 
 
La famille de Pascal Duarte de Camilo-José Cela
1942
Camilo-José Cela
Littérature étrangère
2 h
Dans la prison de Badajoz, un condamné relate longuement sa vie et revient sur le sort funeste de sa femme, de ses enfants, de ses proches. A son contact, toutes les existences semblent s’être effritées - comme s’effrite la terre d’Espagne, tuée par le soleil, “le vent mauvais et perfide”. Semblable aux héros des grandes tragédies classiques, Pascal Duarte est “un modèle - un modèle qu’il ne faut pas imiter mais fuir”. Camilo-José Cela a reçu le prix Nobel de littérature en 1989.
Pierrot mon ami de Raymond Queneau
1942
Raymond Queneau
Littérature
3½ h
Ce silence, cette nuit, ces rues étroites, tout disposait Pierrot à ne penser à rien de précis. Il regardait à droite, à gauche, comme pour accrocher quelque part ses petites curiosités, mais ne trouvait rien - tout au plus les enseignes, et qui ne valaient pas les billes de l’avenue de Chaillot. Il songea un instant à visiter le bobinard de cette sous-préfecture, mais il ne rencontrait personne pour le renseigner. Finalement il se perdit. Il traversait maintenant une petite banlieue ouvrière, avec des manufactures ici et là. Plus loin, Pierrot atteignit une route assez large, avec un double liséré d’arbres, peut-être nationale ? Peut-être départementale ? Il marcha encore quelques instants.
Il entendit tout près de lui un grand cri, un cri de femme, un cri de peur.
Le Joueur d'échecs de Stefan Zweig
1942
Stefan Zweig
Littérature allemande
1½ h
Prisonnier des nazis, Monsieur B., en dérobant un manuel d’échecs, a pu, à travers ce qui est devenu littéralement une folle passion, découvrir le moyen d’échapper à ses bourreaux. Libéré, il se retrouve plus tard sur un bateau où il est amené à disputer une ultime partie contre le champion Czentovic. Une partie à la fois envoûtante et dérisoire...
Quand ce texte paraît à Stockholm en 1943, Stefan Zweig, désespéré par la montée et les victoires du nazisme, s’est donné la mort l’année précédente au Brésil, en compagnie de sa femme. La catastrophe des années quarante lui apparaissait comme la négation de tout son travail d’homme et d’écrivain. Le joueur d’échecs est une confession à peine déguisée de cette désespérance.
 
 
L'Armée des ombres de Joseph Kessel
1943
Joseph Kessel
Littérature
3½ h
C’est à Londres, en 1943, que joseph Kessel, conteur inégalable et premier chroniqueur de notre temps, a écrit “L’armée des ombres”, qui n’est pas seulement l’un de ses chefs-d’oeuvre mais le roman-symbole de la Résistance que l’auteur présente ainsi : « La France n’a plus de pain, de vin, de feu. Mais surtout elle n’a plus de lois. La désobéissance civique, la rébellion individuelle ou organisée sont devenues devoirs envers la patrie [...] Jamais la France n’a fait guerre plus haute et plus belle que celles des caves où s’impriment ses journaux libres, des terrains nocturnes et des criques secrètes où elle reçoit ses amis libres et d’où partent ses enfants libres, des cellules de torture où malgré les tenailles, les épingles rougies au feu et les os broyés, des Français meurent en hommes libres.
Tout ce qu’on va lire ici a été vécu par des gens de France. »
 
 
Le jeu des perles de verre de Hermann Hesse
1943
Hermann Hesse
Littérature allemande
15 h
« Qu’adviendrait-il si, un jour, la science, le sens du beau et celui du bien se fondaient en un concert harmonieux ? Qu’arriverait-il si cette synthèse devenait un merveilleux instrument de travail, une nouvelle algèbre, une chimie spirituelle qui permettrait de combiner, par exemple, des lois astronomiques avec une phrase de Bach et un verset de la Bible, pour en déduire de nouvelles notions qui serviraient à leur tour de tremplin à d’autres opérations de l’esprit ? »
Cette extraordinaire mathématique, c’est celle du jeu des perles de verre, que manie parfaitement Joseph Valet, héros fascinant et ludi magister jonglant avec tous les éléments de la culture humaine.
Loin de Rueil de Raymond Queneau
1944
Raymond Queneau
Littérature
3 h
Jacques Laumône est un rêveur ; il invente, il imagine. Enfant, quand il va au cinéma, il se voit coboy, se battant contre des horlalouas dans le farouest. Il veut devenir roi ou pape ; il s’invente une généalogie, des histoires de passions et de guerre qui le conduisent à devenir empereur, fondateur de la dynastie de Laumoningiens, puis souverain de l’univers ! “il est stupéfiant de penser qu’on n’est pas né prince duc ou comte et pourtant et pourtant pourquoi pas soi pourquoi pas soi”, pense Jacques.
Plus tard, il se crée un vie de boxer, de chimiste, de comédien...
Un roman dans la lignée des Fleurs Bleues.
Tortilla Flat de John Steinbeck
1944
John Steinbeck
Littérature américaine
4 h
- Je vais tout te raconter. J’ai acheté deux gallons de vin et je les ai apportés ici dans le bois, puis je suis allé me promener avec Arabella Gross. J’avais acheté pour elle, à Monterey, une paire de pantalons de soie. Elle les a beaucoup aimés, si roses, si doux. Et puis, je lui ai aussi acheté une petite bouteille de whisky. Un peu plus tard, elle a rencontré des soldats et elle est partie avec eux. - Oh ! la détrousseuse de l’honnête homme !
Mon village à l'heure Allemande de Jean-Louis Bory
1944
Goncourt 1945
Jean-Louis Bory
Littérature
6 h
1944, à la veille du débarquement allié, à Jumainville, petit village comme tant d’autres, les habitants se sont accommodés de l’Occupation, mais c’est par leur vert langage, leur existence vigoureuse, leurs plaisanteries et leurs peines qu’ils résistent à leur manière...
Le zéro et l'infini de Arthur Koestler
1945
Arthur Koestler
Littérature étrangère
5 h
Écrit de 1938 à 1940, paru en France dès 1945, Le Zéro et l’Infini est un des grands « classiques » du XXe siècle, ainsi qu’un best-seller mondial. Inspiré des grands procès de Moscou, le roman imagine l’itinéraire d’un responsable communiste, Roubachof, jeté en prison et jugé après avoir été lui-même un « épurateur ». A travers ce thème, l’écrivain nous convie à un véritable procès des dictatures et du système totalitaire pour lesquels l’homme n’est rien, un zéro en regard de la collectivité, alors que l’humanisme voit en lui, au contraire, un infini. Le Zéro et l’Infini est de ces oeuvres dont le temps n’abolit pas la portée.
 
 
L'aube insolite de Pierre Magnan
1945
Pierre Magnan
Littérature
6½ h
« Ils étaient tous autour du poêle quand il entra. Le vent d’automne dérangea la fumée de leurs pipes. Eux, devant cet homme encombré de deux valises, avec son chapeau mou et son imperméable clair, le prirent pour un monsieur. Mais, s’avançant au milieu de la pièce et rencontrant la mère Raffin qui venait en toute hâte sur ses pieds plats, il toucha son chapeau. - Je vous demande pardon, dit-il, est-ce qu’il serait possible de voir le maire ? Pourrier se leva. - C’est moi. Il enleva sa pipe de la bouche. - Je parie que vous êtes le nouvel instituteur ? - Juste, dit l’homme. » Ainsi Barles fait-il son entrée, à l’automne 42, dans l’unique café de Cluze, village des Hautes-Alpes perché sous la dent de Cervières. Au même moment, deux jeunes gens, l’un juif, l’autre communiste, viennent de s’échapper de la citadelle de la vallée et grimpent à travers bois, droit vers l’ancien cimetière de Cluze...
La ferme des animaux de George Orwell
1945
George Orwell
Littérature étrangère
2 h
Un certain 21 juin eut lieu en Angleterre la révolte des animaux. Les cochons dirigent le nouveau régime. Boule de Neige et Napoléon, cochons en chef, affichent un règlement :
Tout deuxpattes est un ennemi. Tout quatrepattes ou tout volatile, un ami. Nul animal ne portera de vêtements. Nul animal ne dormira dans un lit. Nul animal ne boira d’alcool. Nul animal ne tuera un autre animal. Tous les animaux sont égaux.
Le temps passe. La pluie efface les commandements. L’âne, un cynique, arrive encore à déchiffrer :
Tous les animaux sont égaux, mais certains le sont plus que d’autres.
 
 
Gatsby le magnifique de Francis Scott Fitzgerald
1946
Francis Scott Fitzgerald
Littérature
3½ h
New York, années folles… Dans sa somptueuse demeure de Long Island, Jay Gatsby organise de fastueuses réceptions où les invités se pressent en foule. Mais leur hôte ne cherche à éblouir qu’une seule personne : Daisy Buchanan. Elle est élégante, riche, séduisante, mais elle est la femme d’un héritier millionnaire…
Avec ce texte devenu un classique, Francis Scott Fitzgerald, sur un air de jazz et une coupe de champagne à la main, met à nu le Rêve américain et écrit l’un des plus beaux romans du XXe siècle.
 
 
Demian de Hermann Hesse
1946
Hermann Hesse
Littérature étrangère
3½ h
Histoire de la jeunesse d’Émile Sinclair est le roman d’une adolescence, un roman d’initiation, de formation, et l’un des chefs-d’oeuvre du genre. Demian enseigne à Émile Sinclair à ne pas suivre l’exemple de ses parents, à se révolter pour se trouver, à s’exposer à la fois au divin et au démoniaque, à traverser le chaos pour mériter l’accomplissement de sa destinée propre.
Trois des romans de Hermann Hesse, Demian (chronologiquement le premier), Siddhartha et Le Loup des steppes offrent autant de variations sur le thème de l’étranger qui ne doit pas craindre de se séparer de la société, de « vivre en dehors ».
 
 
Albertine disparue de Marcel Proust
1946
À la recherche du temps perdu (6)
Marcel Proust
Littérature
7 h
Albertine s’est enfuie de chez le narrateur alors que celui-ci commençait à ressentir la plus complète indifférence pour elle. Cela provoque un nouveau revirement de son coeur. Il fait tout pour retrouver sa maîtresse, et veut croire qu’il sera très vite en sa présence. Hélas, il apprend par un télégramme qu’Albertine est morte, victime d’une chute de cheval. Elle lui échappe ainsi définitivement. Son coeur oscille entre souffrance et détachement au fil du temps.
 
 
Les fous du roi de Robert Penn Warren
1946
Pulitzer (roman) 1947
Robert Penn Warren
Littérature américaine
12 h
Robert Penn Warren (1905-1989), romancier du Sud, fut longtemps le grand rival de Faulkner. Les Fous du roi (prix Pulitzer 1946), sans doute son plus grand livre, nous fait assister au douteux combat qu’un homme peut-être sincèrement épris de justice entend livrer – seul d’abord ou presque – contre les forces de la corruption et du mensonge. Nous sommes dans l’Amérique profonde du début des années 30, mais en territoire plutôt familier : trafics d’influence, combines et crapuleries en tout genre, histoires de sexe ou d’argent opportunément déterrées à l’attention d’un ennemi politique ou d’un « ami » devenu gênant – les choses ont décidément peu changé.
L’apprenti-sorcier, vite promis à ce qui ressemble à une ascension irrésistible, sera à son tour rattrapé par un passé dont il a imprudemment remué les eaux troubles. Car le temps, ce grand oublié des ambitieux d’où qu’ils viennent, finit toujours par se venger, en y mettant parfois une terrible ironie. Et puis la violence, même au service de la meilleure cause, n’est jamais un instrument facile à manipuler…
Un livre féroce et mélancolique, construit à la façon d’une partie d’échecs qui laissera, on le devine, la plupart des acteurs sur le carreau… et les survivants privés de bien des illusions.
 
 
Julia de Elisabeth Barbier
1947
Les gens de Mogador (1)
Elisabeth Barbier
Littérature
7½ h
En cette première moitié du XIXe siècle, Julia Angellier est loin de disposer de toutes les qualités rêvées chez une jeune femme : docilité, patience, abnégation, respect des traditions. Mme Angellier le constate une fois de plus en écoutant sa fille aînée proclamer qu’elle refuse de se laisser marier avec quelqu’un qui ne lui plaît pas. Songe-t-elle à une autre alliance que n’approuverait pas son père, Alfred Angellier ? L’idée est presque inconcevable. Julia y pense pourtant, elle aime Rodolphe Vernet, fils d’un colonel d’Empire installé au domaine de Mogador depuis près de dix ans. Qui dit “bonapartiste” dit “racaille” pour un royaliste ultra tel qu’Alfred Angellier. Quand Rodolphe vient demander la main de Julia, il l’éconduit brutalement et envisage de sérieuses représailles contre sa fille rebelle...
 
 
Julia de Elisabeth Barbier
1947
Les gens de Mogador (2)
Elisabeth Barbier
Littérature
7 h
Du Second Empire à la Seconde Guerre Mondiale, trois femmes, Julia, Ludivine et Dominique Vernet, se succèdent pour diriger le domaine provençal de Mogador. Trois femmes qui, chacune à sa manière et selon son époque, luttent au nom de l’amour, de la liberté individuelle et du bonheur contre les antagonismes de la politique, les fatalités de la guerre et les interdits de la morale. Une chronique intimiste où la langue authentique et riche, la psychologie chaleureuse, l’occitanisme fervent de l’auteur se mêlent pour créer un climat romanesque singulier fait de parfum de vendanges, de goût de la passion et d’énergie féminine.
 
 
Ludivine de Elisabeth Barbier
1947
Les gens de Mogador (3)
Elisabeth Barbier
Littérature
6½ h
Les seize ans frondeurs de Ludivine Peyrissac ne sont pas décidés à baisser pavillon devant qui que ce soit, et M. Frédéric Vernet, le maître du domaine de Mogador, que tout Tarascon proclame un beau parti l’agace par son air moqueur. Elle s’en cache d’autant moins qu’elle a une fortune suffisante pour vivre à sa guise, et aucune envie de se mettre au cou le carcan du mariage. Cette indépendance d’esprit, ces façons de « pouliche sauvage », séduisent Frédéric. Quant à Ludivine, le revoir suffira pour que son imagination, puis son cœur, en soient occupés. Date est donc prise pour les noces. Accueillie à bras ouverts dans le clan des Vernet, et d’abord par sa belle-mère, Julia, heureuse d’avoir en face de soi une bru pourvue de caractère, Ludivine n’est encore qu’une jolie couventine, coquette, et avide d’engranger toutes les joies de la vie, prête à sortir ses griffes pour assurer sa souveraineté et son bonheur. Est-ce là ce qu’attend d’elle Frédéric ? L’existence à Mogador va se charger de remodeler Ludivine, sans, cependant, modifier le fond de sa nature possessive ? et c’est ce qui donne son intensité dramatique à ce volume, le troisième de la chronique des Gens de Mogador, grands propriétaires terriens du Midi.
 
 
La peste de Albert Camus
1947
Albert Camus
Littérature
5½ h
« C’est moi qui remplace la peste », s’écriait Caligula, l’empereur dément. Bientôt, la « peste brune » déferlait sur l’Europe dans un grand bruit de bottes. France déchirée aux coutures de Somme et de Loire, troupeaux de prisonniers, esclaves voués par millions aux barbelés et aux crématoires, La Peste éternise ces jours de ténèbres, cette « passion collective » d’une Europe en folie, détournée comme Oran de la mer et de sa mesure.Sans doute la guerre accentue-t-elle la séparation, la maladie, l’insécurité. Mais ne sommes-nous pas toujours plus ou moins séparés, menacés, exilés, rongés comme le fruit par le ver ? Face aux souffrances comme à la mort, à l’ennui des recommencements, La Peste recense les conduites ; elle nous impose la vision d’un univers sans avenir ni finalité, un monde de la répétition et de l’étouffante monotonie, où le drame même cesse de paraître dramatique et s’imprègne d’humour macabre, où les hommes se définissent moins par leur démarche, leur langage et leur poids de chair que par leurs silences, leurs secrètes blessures, leurs ombres portées et leurs réactions aux défis de l’existence.La Peste sera donc, au gré des interprétations, la «chronique de la résistance» ou un roman de la permanence, le prolongement de L’Étranger ou « un progrès » sur L’Étranger, le livre des «damnés» et des solitaires ou le manuel du relatif et de la solidarité - en tout cas, une œuvre pudique et calculée qu’Albert Camus douta parfois de mener à bien, au cours de sept années de gestation, de maturation et de rédaction difficiles...
 
 
Un roi sans divertissement de Jean Giono
1947
Jean Giono
Littérature
4 h
Le livre est parti parfaitement au hasard, sans aucun personnage. Le personnage était l’Arbre, le Hêtre. Le départ, brusquement, c’est la découverte d’un crime, d’un cadavre qui se trouva dans les branches de cet arbre. Il y a eu d’abord l’Arbre, puis la victime, nous avons commencé par un être inanimé, suivi d’un cadavre, le cadavre a suscité l’assassin tout simplement, et après, l’assassin a suscité le justicier. C’était le roman du justicier que j’ai écrit. C’était celui-là que je voulais écrire, mais en partant d’un arbre qui n’avait rien à faire dans l’histoire.
 
 
La nuit tombe (Nightfall) de David Goodis
1947
David Goodis
Littérature américaine
3½ h
James Vanning est poursuivi jusque dans son sommeil par la vision obsessionnelle d’un revolver d’un « noir lugubre, d’un noir total », de scènes de violence et d’un meurtre qu’il aurait commis. S’il n’arrive pas à oublier cet épisode angoissant, il ne parvient pas non plus à le relier à un moment de sa vie. Dessinateur dans une agence de publicité, il n’a rien d’un tueur et n’aspire qu’à se marier et à se consacrer à sa vie de famille. C’est le hasard qui a mis sur sa route une sacoche contenant trois cent mille dollars, des gangsters endurcis et ce revolver qui le hante. Dès lors, il est pris au piège d’un engrenage fatal...
Nightfall est le quatrième roman de David Goodis. ce « grand classique » de la série blême est republié dans une traduction nouvelle et intégrale
 
 
Exercices de style de Raymond Queneau
1947
Raymond Queneau
Littérature
1 h
Le narrateur rencontre, dans un autobus, un jeune homme au long cou, coiffe d’un chapeau orné d’une tresse au lieu de ruban. Le jeune homme échange quelques mots assez vifs avec un autre voyageur, puis va s’asseoir à une place devenue libre. Un peu plus tard, le narrateur rencontre le même jeune homme en grande conversation avec un ami qui lui conseille de faire remonter le bouton supérieur de son pardessus. Cette brève histoire est racontée quatre-vingt-dix-neuf fois, de quatre-vingt-dix-neuf manières différentes.
Les raisins de la colère de John Steinbeck
1947
Pulitzer (roman) 1940
John Steinbeck
Littérature étrangère
13 h
Le soleil se leva derrière eux, et alors... brusquement, ils découvrirent à leurs pieds l’immense vallée. Al freina violemment et s’arrêta en plein milieu de la route.
- Nom de Dieu ! Regardez ! s’écria-t-il.
Les vignobles, les vergers, la grande vallée plate, verte et resplendissante, les longues files d’arbres fruitiers et les fermes. Et Pa dit :
- Dieu tout-puissant !... J’aurais jamais cru que ça pouvait exister, un pays aussi beau.
 
 
Rue de la Sardine de John Steinbeck
1947
John Steinbeck
Littérature américaine
3½ h
La Rue de la Sardine, à Monterey en Californie, c’est un poème ; c’est du vacarme, de la puanteur, de la routine, c’est une certaine irisation de la lumière, une vibration particulière, c’est de la nostalgie, c’est du rêve. La Rue de la Sardine, c’est le chaos. Chaos de fer, d’étain, de rouille, de bouts de bois, de morceaux de pavés, de ronces, d’herbes folles, de boîtes au rebut, de restaurants, de mauvais lieux, d’épiceries bondées et de laboratoires. Ses habitants, a dit quelqu’un : « ce sont des filles, des souteneurs, des joueurs de cartes et des enfants de putains » ; ce quelqu’un eût-il regardé par l’autre bout de la lorgnette, il eût pu dire : « ce sont des saints, des anges et des martyrs », et ce serait revenu au même.
 
 
Jeux interdits de François Boyer
1947
François Boyer
Littérature
2 h
Sur une route de campagne, un flot pressé de gens, de bêtes, de chariots : on est au mois de juin 1940, en plein exode. Un avion survole et mitraille le convoi. La petite Paulette voit tomber ses parents. Un chien blessé rôde autour d’elle puis s’éloigne à travers champs.
Machinalement, elle le suit, le ramasse quand il meurt, s’arrête enfin, le cadavre dans les bras, au bord d’un ruisseau. C’est là que la rencontre Michel, fils cadet des Dollé, qui l’emmène à la ferme de ses parents.
L’enfance est une période féerique contre laquelle la guerre ne peut prévaloir. Tout au plus risque-t-elle d’infléchir le cours des jeux et des rêves. Dans l’espèce d’état second où la plongent l’exode et la disparition des siens une seule notion vague émerge pour la petite Paulette à la surface dé sa conscience, c’est qu’un mort doit être enterré, donc que son chien doit l’être et que tout ce qui meurt doit avoir sa tombe.
Tel est le point de départ de la tragi-comédie qui se joue au hameau de Saint-Faix. Le plaisant se mêle au sévère et le burlesque à la gravité des événements dans cette histoire de deux enfants réunis par le hasard, dont le cinéma a tiré un des films les plus célèbres de l’après-guerre.
 
 
Pleine lune à Blandings de P.G. Wodehouse
1947
Blandings Castle (8)
P.G. Wodehouse
Littérature étrangère
4½ h
La lune rayonne doucement sur les tours et les créneaux du château de Blandings. Pourtant, le sommeil fuit Clarence, neuvième comte d’Emsworth. Etre obligé d’accueillir sous son toit son fils cadet Freddie suffirait déjà à le déprimer. Mais, sur ce, voilà que s’annonce Tipton Plimsoll, jeune et riche Américain, au bras de Véronica, la ravissante idiote de fille de sa sœur lady Hermione Wedge et ancienne fiancée de Freddie : la situation a de quoi faire trembler un aristocrate autrement plus solide et équilibré que le maître des lieux ! Mais l’ambiance va encore empirer lorsque lord Emsworth se met en tête de faire exécuter le portrait de “L’Impératrice”, sa splendide truie de concours agricole... Tout est désormais en place pour que l’imbroglio prenne toute sa mesure. Pour la plus grande joie et l’hilarité du lecteur!
Les Domaines hantés de Truman Capote
1948
Truman Capote
Littérature
4 h
Joël, un petit garçon de douze ans qui n’a jamais connu son père parti pour on ne sait quelles mystérieuses aventures, est un jour rappelé auprès de lui. Ce père, qu’il a le plus grand désir de voir enfin, habite maintenant le Landing, une vieille maison perdue au fond d’une contrée lointaine...
Les Grandes Familles de Maurice Druon
1948
Goncourt 1948
Maurice Druon
Littérature
6 h
C’est dans les cercles de la grande banque, de la politique, de l’armée, de la célébrité et de l’oisiveté luxueuse que se déroulent les trois romans du cycle Les Grandes Familles, cette vaste fresque de la société française d’entre les deux Guerres Mondiales. Romans de l’ambition, de ses succès et de ses échecs, romans du pouvoir, de ses triomphes et de ses écroulements, romans des affaires, de leur turbulence et de leurs faillites, romans du vieillissement, des déchéances et de la mort, où s’affrontent aristocrates, grands bourgeois, et arrivistes. Comme en écho à cette décadence sociale, et de la même période d’écriture, voici La Volupté d’être et sa fascinante héroïne, la Contessa Lucrezia Sanziani, vieille femme casquée et gantée de panthère, qui rejoue les scènes d’un passé ardent, mouvementé, quasi fabuleux, pour la petite femme de chambre de l’hôtel autrefois luxueux où elle s’est retirée.
Narcisse et Goldmund de Hermann Hesse
1948
Hermann Hesse
Littérature allemande
7 h
C’est dans l’Allemagne du Moyen Âge qu’Hermann Hesse, prix Nobel de littérature, a situé l’histoire du moine Narcisse et de Goldmund, enfant très doué qu’on lui a confié et auquel il s’attache.
Il sent que sa vocation n’est pas le cloître et l’aide à choisir sa voie. C’est alors pour Goldmund la vie errante, les aventures galantes ; il se décide, par sagesse, à devenir sculpteur : l’art sera une façon de chercher le beau.
Philosophe autant que poète et romancier, Hermann Hesse aspire à une civilisation idéale où régnerait un équilibre entre spiritualité et animalité : toute son oeuvre est imprégnée de ce désir de conciliation.
Lassie, chien fidèle de Eric Knight
1949
Eric Knight
Littérature américaine
9
3½ h
Lassie est la plus belle chienne du pays. Chaque jour à la même heure, elle va chercher Joe à l’école. Comment comprendrait-elle que son maître a dû la vendre et qu’elle ne peut plus voir son ami ? Les murs, les rivières, les hommes à sa poursuite, rien n’arrête Lassie. Quel incompréhensible instinct la pousse vers le sud, au péril de sa vie ?
 
 
Le monde encerclé de Pierre Magnan
1949
Pierre Magnan
Littérature
6 h
Dans un petit village des Alpes, autour d’une usine abritée de l’indiscrétion des foules, c’est une étrange conspiration de savants qui travaillent à une utilisation nouvelle et universelle de la puissance atomique. Une curieuse complicité s’établit entre Châtelier et Verseau. Elle rendra au premier son génie créateur et au second l’enthousiasme qu’avait brisé un profond sentiment de médiocrité. Le monde étonné retiendra les noms de ces pionniers qui ont cherché à délivrer les hommes du carcan magique et malfaisant des puissances déchaînées.
Frankie Addams de Carson McCullers
1949
Carson McCullers
Littérature américaine
4½ h
Frankie, une adolescente de douze ans, est assez mature mais mal à l’aise avec son corps en plein changement. Orpheline de mère, la seule personne qui écoute ses tourments est Berenice, la vieille cuisinière noire. Mais ni la bienveillance de celle-ci, ni le mariage de son frère Jarvis ne seront suffisants pour lui ôter l’envie de quitter très vite ce pays où elle étouffe.
Carson McCullers, romancière américaine des années quarante qui fut l’amie de Tennessee Williams, parvient une fois encore à toucher par son style d’une économie de moyens impressionnante. Six ans après “Le cœur est un chasseur solitaire”, qu’elle a publié à 22 ans en 1940 et qui l’a rendue célèbre, Carson McCullers (1917-1967) écrit Frankie Addams, son deuxième chefs-d’œuvre, avec toujours cette question lancinante chez la grande romancière américaine du sud des Etats-Unis : pourquoi est-il si difficile de passer de l’enfance à l’âge adulte, si compliqué aussi de conclure la paix avec soi-même ?
Week end à Zuydcoote de Robert Merle
1949
Goncourt 1949
Robert Merle
Littérature
4½ h
- ... Enfin, ce qu’on peut dire pour les Anglais, c’est qu’eux au moins, ils embarquent leurs hommes, tandis que du côté français !... En principe, ça se passe à Dunkerque et à Malo, mais jusqu’ici au compte-gouttes et seulement par unités constituées.
Il a jouta au bout d’un moment :
- Ce qui nous exclut, bien entendu.
Il ne se passa rien de notable dans la minute qui suivit. Alexandre avait ses deux grosses mains croisées sur les genoux. Il était penché en avant et il attendait que Maillat eût fini de boire pour prendre son quart et se servir à son tour. Dhéry décroisa ses jambes et les recroisa et cela prit un certain temps, parce que ses cuisses étaient très grosses et qu’elles glissaient difficilement l’une sur l’autre. On ne voyait pas ses yeux derrière ses lunettes. Pierson avait posé son quart à côté de lui à terre.
La maison sur la grève de Lina Savignac
1949
Lina Savignac
Littérature étrangère
6½ h
Sur la grève de Paspébiac, une petite maison jaune défie la mer et les saisons. Dans la péninsule gaspésienne, riche en poissons, les hommes deviennent pêcheurs de père en fils et Nérée Leblanc n’échappe pas à cette tradition. Et, comme tous les autres, il doit se soumettre aux règles imposées par le tout-puissant Jersiais, Charles Robin qui monopolise le commerce du poisson.
Dès leur mariage, Nérée et Loretta Leblanc adoptent une petite fille, gardienne d’un terrible secret. De leur union naissent trois fils que la mer malmène sans merci. Pour les Leblanc, le quotidien se fait cruel et destructeur.
Afin de s’instruire, Victoire Leblanc fuira sa famille d’adoption et s’installera à Carleton, mais la chape de silence entourant le secret se brisera. Écoutant sa voix intérieure, Victoire s’exilera à Gaspé où elle deviendra infirmière. Les malheurs de la Deuxième Grande Guerre lui permettront cependant de rencontrer l’amour sous les traits d’un beau soldat.
Loretta lèguera à sa petite-fille une série de lettres et une maison jaune qui agonise sur la grève. Pourtant, il suffit d’une heureuse rencontre pour que le précieux legs de Loretta reprenne vie.
Jeeves et la saison des amours de P.G. Wodehouse
1949
Jeeves et Bertie (10)
P.G. Wodehouse
Littérature étrangère
4½ h
La nouvelle vient de tomber : Gussie Fink-Nottle a pris quatorze jours de zonzon ferme pour avoir plongé dans la fontaine de Trafalgar Square à la recherche d’une espèce particulière de têtard urbain. Impossible au fameux collectionneur de tritons de se rendre à Deverill Hall ou toute la « gentry » l’attend pour participer au concert du village. Impensable d’ébruiter la nouvelle sans mettre en péril ses fiançailles avec Madeline Bassett. Reste une solution : que Bertram Wooster remplace incognito son ami. Mais comme à chaque fois, l’aide de Bertie se transforme en catastrophe, et seul Jeeves pourra le tirer d’affaire...
Un barrage contre le Pacifique de Marguerite Duras
1950
Marguerite Duras
Littérature
5½ h
La mère et ses deux enfants, Joseph qui a vingt ans et Suzanne qui en a seize, vivent, ou plutôt survivent, dans leur bungalow à l’autre bout de la planète, une colonie française.
Leur concession est incultivable car envahie chaque année par l’océan et son sel qui brûle tout sur son passage.
Le barrage du titre est construit et détruit bien avant le début du roman, et ne sert que de vague fil rouge, un peu comme les mailles d’un filet qui serait la dernière chose à pourvoir retenir la santé mentale de la mère.
Car elle n’a pas toute sa raison cette mère, son esprit semble avoir été brûlé comme la terre par les marées, et l’on se demande ce qui la tient encore en vie si ce n’est la présence de ses enfants.
Ces enfants, jeunes adultes qui ne rêvent que de s’échapper de ce taudis, par tous les moyens mais sans trop savoir comment s’y prendre ni par où commencer.
Et comme dans toutes les histoires qui méritent d’être racontées, il suffira d’une rencontre pour que change leurs trois vies.
 
 
Le Torrent de Anne Hébert
1950
Anne Hébert
Littérature québécoise
3 h
J’étais un enfant dépossédé du monde. Par le décret d’une volonté antérieure à la mienne, je devais renoncer à toute possession en cette vie. Je touchais au monde par fragments, ceux-là seuls qui m’étaient immédiatement indispensables, et enlevés aussitôt leur utilité terminée. [...] Je voyais la grande main de ma mère quand elle se levait sur moi, mais je n’apercevais pas ma mère tout en entier, de pied en cap. J’avais seulement le sentiment de sa terrible grandeur qui me glaçait. Un recueil de nouvelles qui, dès sa parution, en 1950, marqua les débuts d’un grand écrivain.
Au-delà du fleuve et sous les arbres de Ernest Hemingway
1950
Ernest Hemingway
Littérature américaine
5 h
Ils passèrent dans la gondole, et ce fut de nouveau le même enchantement : la coque légère et le balancement soudain quand on monte, et l’équilibre des corps dans l’intimité noire une première fois puis une seconde, quand le gondoliere se mit à godiller, en faisant se coucher la gondole un peu sur le côté, pour mieux la tenir en main.
- Voilà, dit la jeune fille. Nous sommes chez nous maintenant et je t’aime. Embrasse-moi et mets-y tout ton amour.
Le colonel la tint serrée et la tête rejetée en arrière ; il l’embrassa jusqu’à ce que le baiser n’eût plus qu’un goût de désespoir.
Peter Camenzind de Hermann Hesse
1950
Hermann Hesse
Littérature allemande
3½ h
Parti à la recherche des Pommes d’or, Héraclès rencontre Antée. Ensemble ils luttent et c’est en l’arrachant à la Terre, en le soulevant sur ses épaules qu’Héraclès vient à bout du géant. Hermann Hesse n’a jamais cessé de nous répéter que c’était précisément en nous séparant de la Nature que la société moderne avait fait de nous, pour les besoins de son commerce, des individus fatigués, fragiles, sans ressources, avec une douleur près de l’âme. Rien d’étonnant alors à ce que Freud ait qualifié Peter Camenzind, dès sa parution, de « livre très important à ses yeux ». Jean-Philippe de Tonnac
Premier roman de Hermann Hesse, Peter Camenzind valut à son auteur la gloire et le succès. Tous les thèmes chers au poète s’y retrouvent : sa passion de la nature, sa méfiance à l’égard des hommes et de la société, mais aussi sa nostalgie de l’enfance et de l’innocence perdue.Peter Camenzind est une « initiation à l’envers ». Les déconvenues d’un jeune montagnard qui, ayant abandonné la solitude des sommets pour descendre à la rencontre des hommes, ne découvre que désillusions et déceptions.
Tendre est la nuit de Francis Scott Fitzgerald
1951
Francis Scott Fitzgerald
Littérature étrangère
8½ h
Tendre est la nuit est l’histoire, largement autobiographique, de la décomposition d’un être fait pour être aimé, trop romantique pour pouvoir résister à son époque, trop tendre, malgré son apparente désinvolture, pour savoir sagement vieillir. C’est plus particulièrement l’histoire de l’amour de Dick et de Nicole, dont nous faisons connaissance à travers les yeux émerveillés d’une jeune actrice qui ne résiste pas au charme de Dick. Ce couple très uni cache un secret. Nicole a été soignée par Dick, médecin psychiatre. L’amour qu’elle a porté à Dick a fait de leur union une nécessité. Un jour viendra pourtant où ils devront se séparer... Mais le lecteur aura vécu avec eux les plus belles années d’une vie de loisir rendue magique par la richesse, les voyages. C’est un extraordinaire témoignage sur la vie d’entre les deux guerres qui nous est offert, un témoignage qui ne va pas sans une douloureuse nostalgie, un livre ensorcelé. Ce roman domine, avec Gatsby le Magnifique, l’oeuvre de Francis Scott Fitzgerald, l’émouvant représentant de la fameuse « génération perdue ».
Les grands chemins de Jean Giono
1951
Jean Giono
Littérature
4½ h
Alors, il se met à tripoter son paquet de cartes comme s’il tirait sur un accordéon. Il le frappe, il le pince, il le soufflette, il le caresse, il l’étire et le referme. Il annonce : roi de pique, sept de carreau, trois de cœur, roi de trèfle, dame de cœur, neuf de pique, deux de carreau ; et chaque fois la carte annoncée tombe. Il jette le jeu de cartes dans le bassin de la fontaine et, quand il va y tomber, le jeu de cartes se regroupe dans sa main. Il me l’étale sous le nez en éventail, en fer à cheval, en roue, en flèche. Il fait couler les cartes de sa main droite à sa main gauche, en pluie, en gouttes, en cascades. Il leur parle, il les appelle par leurs noms ; elles se dressent toutes seules hors du jeu, s’avancent, viennent, sautent. Il raconte de petites saloperies à la dame de cœur et la dame de cœur bondit jusqu’à sa bouche...
Le Rivage des Syrtes de Julien Gracq
1951
Goncourt 1951
Julien Gracq
Littérature
7 h
À la suite d’un chagrin d’amour, Aldo se fait affecter par le gouvernement de la principauté d’Orsenna dans une forteresse sur le front des Syrtes. Il est là pour observer l’ennemi de toujours, replié sur le rivage d’en face, le Farghestan. Aldo rêve de franchir la frontière, y parvient, aidé par une patricienne, Vanessa Aldobrandi dont la famille est liée au pays ennemi. Cette aide inattendue provoquera les hostilités...
L'oeuf et moi de Betty Mac Donald
1951
Betty Mac Donald
Littérature américaine
7 h
Ironiser sur les belles-mères est un passe-temps que Bob aurait eu mauvaise grâce à pratiquer. La mère de sa jeune femme Betty n’a-t-elle pas inculqué à cette dernière que le premier devoir d’une épouse est d’avoir soin que son mari trouve le bonheur dans son travail ? Or Bob, à peine le mariage célébré, troque son métier de représentant d’une compagnie d’assurances pour celui de ses rêves : l’élevage des poulets.
Ce qui implique d’aller se nicher au flanc des monts Olympiques ; en un chalet antique sinon vermoulu, totalement privé de confort. Mais quand on a dix-huit ans et qu’on est très amoureuse de son mari cela importe-t-il ?
La réponse spontanée est : « Oh, non ! » Après quelques charroyages de troncs énormes, après une lutte quotidienne avec un poêle récalcitrant, après la découverte des ampoules, courbatures ou autres plaies et bosses qui sont pour les citadins la rançon d’une initiation trop rapide et incessante aux joies des labeurs champêtres, que dit la jeune mariée ?
Si elle est douée d’esprit comme Betty Mac Donald, cela donne un récit d’une drôlerie irrésistible, d’un humour aussi féroce que distrayant. Rarement autobiographie - L’œuf et moi en est une - a si bien diverti d’innombrables lecteurs.
 
 
Les Enfants du bon Dieu de Antoine Blondin
1952
Antoine Blondin
Littérature
3½ h
J’en voulus à ma femme de ce qu’elle accumulât tant d’innocence au moment où j’allais la tromper. Etait-ce même la tromper que de retrouver Albertina dans une autre dimension de l’existence ? Sophie demeurait liée à un système auquel je voulais échapper, mais je l’aimais. Je n’étais pas certain d’aimer Albertine, mais elle était l’ange du désordre.
Ma cousine Rachel de Daphné Du Maurier
1952
Daphné Du Maurier
Littérature étrangère
8 h
Dans la Cornouailles du XIXe siècle, Philip Ashley, un riche héritier, s’apprête à recueillir Rachel, la veuve de son cousin. Mais d’étranges rumeurs courent sur la disparition de celui-ci. Tombé à son tour follement amoureux de la jeune femme, Philip est déchiré entre sa passion et ses soupçons. Quel secret cache le visage impénétrable de la trop belle Rachel ?
Est-elle une malheureuse victime ou cette diabolique meurtrière que tout accuse ?
Avec un art consommé du suspense, Daphné du Maurier distille entre les deux personnages un sourd climat d’angoisse et de mystère. Un face à face envoûtant digne de Rebecca, auquel Susan Hill a donné avec La Malédiction de Manderley la suite que le grand roman de Daphné du Maurier méritait.
Allons z'enfants de Yves Gibeau
1952
Yves Gibeau
Littérature
8 h
Sous la pression de son père, adjudant à la retraite et ancien combattant de 14-18 Simon Chalumot, douze ans, est envoyé comme enfant de troupe aux Ecoles militaires. Il découvre le cœur de servitude de rapports soi-disant humains, la surdité militante, l’écœurante brutalité d’un monde où la hiérarchie remplace le raisonnement. Son insoumission passe par le conflit permanent, les tentatives d’évasion et le suicide, la solitude. Le calvaire va durer plus de dix ans, jusqu’à la bataille de Dunkerque, en 1940.
Voici enfin réédité le chef-d’œuvre d’Yves Gibeau - épopée libertaire, charge virulente contre l’hypocrisie militaire et la démagogie - dont Yves Boisset tira un film bouleversant avec Jean Carmet. Grand succès populaire dès sa parution en 1952, l’aventure du jeune Chalumot, sorte de « Bardamu qui n’aura jamais trouvé l’horizon de sa fuite », a été vendue à plus d’un million d’exemplaires.
 
 
Le vieil homme et la mer de Ernest Hemingway
1952
Pulitzer (fiction) 1953
Ernest Hemingway
Littérature
2 h
Tu veux ma mort, poisson, pensa le vieux. C’est ton droit. Camarade, je n’ai jamais rien vu de plus grand, ni de plus noble, ni de plus calme, ni de plus beau que toi. Allez, vas-y, tue-moi. Ça m’est égal lequel de nous deux qui tue l’autre.
Qu’est-ce que je raconte ? pensa-t-il. Voilà que je déraille. Faut garder la tête froide. Garde la tête froide et endure ton mal comme un homme. Ou comme un poisson.
 
 
Rivage de Barbarie de Norman Mailer
1952
Norman Mailer
Littérature américaine
6½ h
Dans un infect meublé des hauteurs de Brooklyn, vivent, s’aiment, se haïssent :
- un amnésique cherchant désespérément son passé ;
- une logeuse mythomane et nymphomane ;
- une petite fille apeurée ;
- un marxiste en rupture de ban ;
- un agent secret du F.B.I. ;
- une jeune schizophrène à la dérive.
Toute la violence et la cruauté de l’auteur de Les nus et les morts.
L'amour de rien de Jacques Perry
1952
Renaudot 1952
Jacques Perry
Littérature
12 h
Une vie d’homme dans la plus impitoyable lumière : un enfant du siècle s’interroge, lucide, bouleversé par ses passions. À travers toutes ses aventures ce sont des raisons de vivre qu’il chercher. Il n’en trouvera pas. L’ennui et le dégoût, comme une marée, le recouvrent sans cesse. Il éprouve chaque jour, avec une force accrue, qu’il est étranger au monde, qu’il n’est pas fait pour vivre au milieu des hommes. Sans foi, sans avenir, il décide de se tuer.
Auparavant, il raconte sa vie. Et c’est, avant l’acte qui effacera une existence, sa prodigieuse résurrection, toute une vie arrachée à l’oubli par la magie de l’art, une tentative désespérée de justification. On pense aux plus grands en lisant L’amour de rien, roman pur, roman sans théorie, exceptionnelle réussite littéraire.
Le Dimanche de la vie de Raymond Queneau
1952
Raymond Queneau
Littérature
3½ h
L’œil inconsciemment gris-bleu, la molletière galamment embobinée avec inconscience, le soldat Brû promenait naïvement avec lui tout ce qu’il fallait pour plaire à une demoiselle ni tout à fait jeune ni tout à fait demoiselle. Il ne savait pas.
Julia pinça le bras de sa sœur Chantal et dit :
- Le v’là.
Tapies derrière un entassement brut de bobines et de boutons, elles le regardèrent passer, muettes.
Le plus beau cochon du monde de P.G. Wodehouse
1952
Blandings Castle (10)
P.G. Wodehouse
Littérature étrangère
5 h
Où l’on retrouve Lord Ersworth (voir Bravo, Oncle Fred !) toujours plongé dans sa lecture favorite et unique : Les Variations de l’élevage du porc. Sa célèbre truie “L’impératrice de Blanding” réussira-t-elle à déjouer les complots des méchants pour conserver le titre envié ? “Comedia” agricole, Wodehouse se joue des difficultés et des invraisemblances pour le plus grand plaisir du lecteur.
Le marin de Gibraltar de Marguerite Duras
1952
Marguerite Duras
Littérature
7 h
Un homme qui veut changer sa vie s’engage sur un bateau. Sur ce bateau il y a une femme qui court le monde à la recherche du marin de Gibraltar qu’elle a aimé et qui a disparu. L’amour naît entre l’homme qui veut changer sa vie et la femme qui cherche le marin de Gibraltar. Ensemble, ils vont rechercher avec scrupule ce marin disparu. S’ils le trouvent ce sera la fin de leur amour. Etrange contradiction.
De Sète à Tanger, de Tanger à Abidjan, et d’Abidjan à Léopoldville, leur recherche se poursuit.
Au Bon Beurre de Jean Dutourd
1952
Interallié 1952
Jean Dutourd
Littérature
5 h
« Certains critiques m’avaient détourné de lire “Au bon beurre”, laissant entendre qu’il existait, entre Jean Dutourd et le couple immonde qu’il a peint, une obscure connivence. Or, à mesure que, ces jours-ci j’avançais dans le livre, j’éprouvais un sentiment de délivrance : Enfin me disais-je, tout de même, cela aura été dit. Ce couple à qui, plus ou moins, nous aurons eu tous affaire, pendant quatre ans, le voilà dénoncé, exposé sur un pilori qui désormais dominera l’histoire de ces noires années. Que l’auteur de ce beau livre soit un homme courageux, il faudrait pour le nier ne rien connaître de la lâcheté qui, aujourd’hui, incite tant de paupières à se baisser opportunément, scelle tant de lèvres » (François Mauriac).
 
 
Les Bêtes de Pierre Gascar
1953
Goncourt 1953
Pierre Gascar
Littérature
3½ h
Prix Goncourt 1953, Les Bêtes de Pierre Gascar est un recueil dérangeant : l’animal s’y montre l’égal de l’homme. Notamment pour le pire. Les six nouvelles de ce recueil ne brillent pas par leur intrigue : un jeune garçon joue l’apprenti boucher durant ses vacances d’été, un homme consacre sa vie à l’entraînement de chiens de combat, une équipe d’égoutiers s’acharne à dératiser une ville, un couple s’installe dans une chambre meublée, un groupe de prisonniers lutte pour sa survie en dérobant la nourriture destinée à la ménagerie d’un cirque... Ces textes se développent à l’intérieur d’un cadre qui varie peu : on y retrouve la guerre (ou sa proximité), la nuit (ou sa périphérie), la pluie, parfois l’orage, et une folie qui guette aussi bien l’homme que la bête. Une folie, ou mieux encore une inquiétante étrangeté : ce sont toujours des ambiances troubles, opaques, mystérieuses, oppressantes. Rapidement, le lecteur éprouve l’impression qu’un danger couve, qu’une terrible menace pèse sur le destin de chaque personnage. Quant aux situations, elles ne sont guère reluisantes ; elles puent l’angoisse et la mort : « Les litières pourrissaient, l’atmosphère des écuries devenait irrespirable, les bêtes mouraient par dizaines. »
Sonnez donc Jeeves ! de P.G. Wodehouse
1953
Jeeves et Bertie (11)
P.G. Wodehouse
Littérature étrangère
4 h
Jeeves, provisoirement abandonné par Bertie Wooster qui, de crainte d’une banqueroute toujours possible par ces temps de crise, suit les cours d’une école destinée à enseigner aux gens ruinés à se débrouiller par eux-mêmes, a pris du service chez le comte de Rowcester (« prononcez Roster »). Malheureux propriétaire d’une abbaye complète – avec fantôme – qui tombe en ruine et sombre dans l’humidité, ce dernier cherche à la vendre au mieux, ou plutôt au moins mal.
Jeeves fait campagne de P.G. Wodehouse
1953
Jeeves et Bertie (17)
P.G. Wodehouse
Littérature étrangère
3½ h
Harold Winship – qui se fait appeler Ginger –, vieux copain de Bertie, se présente à l’élection partielle de Market Snodsbury.
Mais, comme on pourrait s’en douter avec Wodehouse, la campagne électorale n’est pas ordinaire, puisqu’elle est compliquée par Spode, Madeline Bassett, Florence Craye (nouvellement fiancée à Winship, après l’avoir été à Bertie) et autres personnages hauts en couleur, l’histoire ayant pour cadre la demeure de « tante Dahlia », aimable vieille personne dont la voix tonitruante fait penser à « l’allègre véhémence des porchers de l’Ouest des États-Unis quand ils rappellent leurs cochons ».
Le tout est corsé par le vol du Registre du club pour majordomes et valets de chambre auquel appartient Jeeves : les frasques passées de Winship, fidèlement consignées dans le Registre, risquant de compromettre fortement son élection si elles venaient à être rendues publiques.
La Ville de Ernst Von Salomon
1953
Ernst Von Salomon
Littérature allemande
7½ h
Le violent et superbe auteur des Réprouvés peint encore, dans ce roman dostoïevskien, les convulsions de l’Allemagne à la veille de l’avènement de Hitler. Animateur d’un puissant mouvement paysan, Ive se trouve poussé vers la Ville. Il vient à sa conquête, pour y établir un ordre nouveau. Mais il s’enlise dans les séductions et les tromperies citadines. Il s’égare des communistes aux nationaux-socialistes. Il décide de retourner chez les paysans, antique et solide noyau de toutes les révolutions. Mais avant d’avoir pu quitter la Ville, il est tué dans une bagarre par un policier. Un roman qui fait comprendre une époque.
 
 
Les Mandarins de Simone de Beauvoir
1954
Les Mandarins (1)
Goncourt 1954
Simone de Beauvoir
Littérature
9 h
- Qu’est-ce qui ne va pas ?
- Rien, tout va très bien, dis-je d’un ton dégagé.
- Allons ! Allons ! je sais ce que ça veut dire quand tu prends ta voix de dame du monde, dit Robert. Je suis sûr qu’en ce moment ça tourne dur dans cette tête. Combien de verres de punch as-tu bus ?
- Sûrement moins que vous, et le punch n’y est pour rien.
- Ah ! tu avoues ! dit Robert d’un ton triomphant ; il y a quelque chose et le punch n’y est pour rien ; quoi donc ?
- C’est Scriassine, dis-je en riant ; il m’a expliqué que les intellectuels français étaient foutus.
Les Mandarins de Simone de Beauvoir
1954
Les Mandarins (2)
Goncourt 1954
Simone de Beauvoir
Littérature
9 h
- Qu’est-ce qui ne va pas ?
- Rien, tout va très bien, dis-je d’un ton dégagé.
- Allons ! Allons ! je sais ce que ça veut dire quand tu prends ta voix de dame du monde, dit Robert. Je suis sûr qu’en ce moment ça tourne dur dans cette tête. Combien de verres de punch as-tu bus ?
- Sûrement moins que vous, et le punch n’y est pour rien.
- Ah ! tu avoues ! dit Robert d’un ton triomphant ; il y a quelque chose et le punch n’y est pour rien ; quoi donc ?
- C’est Scriassine, dis-je en riant ; il m’a expliqué que les intellectuels français étaient foutus.
La blonde au coin de la rue de David Goodis
1954
David Goodis
Littérature américaine
3 h
Rien, voilà à quoi son existence se résumait. Pas de boulot, pas d’argent, pas de petite amie. Il grappillait quelques pièces de monnaie à droite et à gauche, jouait au billard et buvait du mauvais whisky. Les jours se traînaient, gris, interminables, remplis de la douleur sourde des désirs refoulés. Jusqu’au jour où il la rencontra. Elle vint à lui, surgie du froid glacial et de la pourriture des ruelles étroites. Opulente, sensuelle et consentante, et brusquement, elle se retrouva entre ses bras, une traînée de bas étage qui mit sa vie en pièces et lui donna... Tout.
Publié en 1954 aux États-Unis, entre sans espoir de retour et descente aux enfers, La blonde au coin de la rue est un constat désespéré sur la jeunesse de l’époque.
 
 
Le soleil se lève aussi de Ernest Hemingway
1954
Ernest Hemingway
Littérature américaine
5 h
Elle éteignit sa cigarette.
- J’ai trente-quatre ans, tu sais. Je ne veux pas être une de ces garces qui débauchent les enfants.
- Non.
- Je ne veux pas devenir comme ça. Je me sens vraiment bien, tu sais, vraiment d’aplomb.
- Tant mieux.
Elle détourna les yeux. Je crus qu’elle cherchait une autre cigarette. Puis je vis qu’elle pleurait, qu’elle tremblait et qu’elle pleurait. Elle évitait de me regarder. Je la pris dans mes bras.
Bonjour tristesse de Françoise Sagan
1954
Françoise Sagan
Littérature
2 h
La villa est magnifique, l’été brûlant, la Méditerranée toute proche. Cécile a dix-sept ans. Elle ne connaît de l’amour que des baisers, des rendez-vous, des lassitudes. Pas pour longtemps. Son père, veuf, est un adepte joyeux des liaisons passagères et sans importance. Ils s’amusent, ils n’ont besoin de personne, ils sont heureux. La visite d’une femme de coeur, intelligente et calme, vient troubler ce délicieux désordre. Comment écarter la menace ? Dans la pinède embrasée, un jeu cruel se prépare.
C’était l’été 1954. On entendait pour la première fois la voix sèche et rapide d’un “charmant petit monstre” qui allait faire scandale. la deuxième moitié du XXe siècle commençait. Elle serait à l’image de cette adolescente déchirée entre le remords et le culte du plaisir.
À l'est d'Éden de John Steinbeck
1954
John Steinbeck
Littérature américaine
14 h
Dans cette grande fresque, les personnages représentent le bien et le mal avec leurs rapports complexes. Adam Trask, épris de calme, Charles, son demi-frère dur et violent, Cathy, la femme d’Adam, un monstre camouflé derrière sa beauté, leurs enfants, les jumeaux Caleb et Aaron. En suivant de génération en génération les familles Trask et Hamilton, l’auteur nous raconte l’histoire de son pays, la vallée de la Salinas, en Californie du Nord.
John Steinbeck a reçu le prix Nobel de littérature pour l’ensemble de son œuvre.
 
 
Toujours prêt, Jeeves de P.G. Wodehouse
1954
Jeeves et Bertie (12)
P.G. Wodehouse
Littérature étrangère
4 h
Bertie est dans de sales draps. Non seulement Jeeves n’apprécie absolument pas sa nouvelle moustache, mais, bien plus grave, « Stilton » Cheesewright, fou de jalousie, menace de le démembrer, et tante Dahlia, sa vénérable ancêtre, traverse une fois de plus une passe difficile. Pour corser le tout, séduite par cette nouvelle moustache - elle est bien la seule - Florence Craye veut de nouveau se fiancer avec lui. Dans Toujours prêt Jeeves ? Bertie a plus que jamais besoin de la merveilleuse sagesse de Jeeves pour sortir de cette délicate situation. Jeeves viendra-t-il à sa rescousse pour le tirer d’affaire une fois encore ? Si le collier de Mrs Trotter est en toc, cette nouvelle - et dernière - aventure inédite de Jeeves, elle, est un vrai bijou !
Cacao de Jorge Amado
1955
Jorge Amado
Littérature étrangère
2 h
Dans ce roman court, violent et superbe, on trouve déjà l’ébauche de tous les grands thèmes de l’oeuvre de Jorge Amado : le défrichement des terres vierges, l’épopée de leur conquête par le fer et le feu, la prospérité des grands capitalistes, la misère extrême des paysans, la saga d’un monde fécondé par la sueur et le sang des hommes. Ici, il nous raconte, avec comme il le dit lui-même « un minimum de littérature et un maximum d’honnêteté », la vie de Sergipano, jeune paysan exploité, berné, trompé, qui refusera finalement un faux bonheur et une relative aisance matérielle parce qu’il ne veut pas trahir sa classe et préfère partir pour la lutte « le coeur propre et heureux ».
Je reviendrai à Kandara de Jean Hougron
1955
Jean Hougron
Littérature
3 h
Depuis plusieurs jours, le professeur André Bairet a la conviction que son nouvel élève, Bernard Cormière, n’est autre que l’ombre entrevue sur le toit en face de chez lui, la nuit où fut étranglé le cafetier Cardelec. Les leçons ? Un prétexte, visiblement. Barret se sent épié, en danger. Quand, un soir, le jeune homme surgit devant lui, il réagit aussitôt et tire. Légitime défense. Mais, avant de mourir, Cormière l’accuse du meurtre de Cardelec, et Barret a la stupeur de voir se former contre lui un solide faisceau de présomptions. Rien ne vient affaiblir la tension - dramatique qui s’établit dès les premières pages de ce livre remarquable par sa sobriété, son dynamisme et l’excellente peinture d’atmosphère qu’il donne de la petite ville provinciale où le héros de Jean Hougron se débat pour sauver sinon sa tête du moins sa liberté.
 
 
L'esclave libre de Robert Penn Warren
1955
Robert Penn Warren
Littérature américaine
11 h
Autant en emporte le vent n’aura cessé de faire de l’ombre à L’Esclave libre de R. Penn Warren (1905-1989) - longtemps considéré pourtant comme le grand rival de Faulkner. Une ombre que l’on est en droit de trouver injuste (au lecteur de comparer)... Le romancier évoque avec grandeur - et cruauté - les fastes trompeurs du vieux Sud à la veille de la guerre de Sécession... et ne fait de cadeau à personne. Raoul Walsh tirera du livre un de ses plus grands films (avec Clark Gable et Yvonne De Carlo). Amantha Starr, fille d’un riche planteur du Kentucky, découvre à la mort de son père ce que chacun savait mais n’osait lui dire : elle est en réalité la fille d’une beauté noire qui avait partagé naguère le lit du maître de Starwood : elle n’appartient pas au monde des gens libres. Car règne encore l’antique loi du Sud : son père n’ayant pas laissé de testament, la demeure est mise en vente, et elle-même, en qualité de fille d’esclave, fait partie des lots que les acheteurs vont se disputer à l’encan...
 
 
Impératrice de Chine de Pearl Buck
1956
Pearl Buck
Littérature américaine
9½ h
Au mois d’avril 1852, soixante jeunes filles appartenant aux meilleures familles mandchoues sont convoqués au palais de l’empereur de Chine, Hsien Feng, afin qu’il choisisse ses épouses. Seule sera impératrice celle qui lui aura donné un fils, aussi ne suffit-il pas d’être élue, encore faut-il ne pas se laisser oublier...
Yehonala ne l’ignore pas. Elle a rusé pour se faire distinguer par l’empereur, mais se souviendra-t-il encore d’elle demain ? Ambitieuse et intelligente, elle prépare avec soin les voies de son succès. Sa patience sera récompensée : elle devient la favorite et, à la naissance de l’Héritier, un décret la proclame impératrice sous le nom de Tzu-Hsi.
La mort précoce de l’empereur remet tout en question, mais Tzu-Hsi sort victorieuse de la bataille pour la régence. A moins de trente ans, elle tient en main les rênes du pouvoir - elle les gardera pendant près d’un demi-siècle crucial pour l’Empire du Milieu. Personnage fabuleux, Tzu-Hsi appartient en effet au passé historique de la Chine que le récit de Pearl Buck recrée magnifiquement dans son faste et sa beauté.
Les racines du ciel de Romain Gary
1956
Goncourt 1956
Romain Gary
Littérature
11 h
« La viande ! C’était l’aspiration la plus ancienne, la plus réelle, et la plus universelle de l’humanité. Il pensa à Morel et à ses éléphants et sourit amèrement. Pour l’homme blanc, l’éléphant avait été pendant longtemps uniquement de l’ivoire et pour l’homme noir, il était uniquement de la viande, la plus abondante quantité de viande qu’un coup heureux de sagaie empoisonnée pût lui procurer. L’idée de la “beauté” de l’éléphant, de la “noblesse” de l’éléphant, c’était une idée d’homme rassasié... »
Boulevard de Robert Sabatier
1956
Robert Sabatier
Littérature
5 h
Montmartre 1956. Dans les mansardes d’un immeuble du “boulevard de Clichy”, “Place Pigalle”, vit toute une faune étrange, querelleuse, échevelée : le gamin, Georges, dit “la Terreur” ; Jenny, la reine du strip-tease ; Rosenthal, homme d’affaires manqué ; les Benazzi, turbulente famille italienne ; Pittore, jeune peintre efféminé... ; enfin de nombreux types d’humanité, tous pleins d’une vie “à faire péter la peau”, selon l’expression d’un des personnages. – Cependant, Le “Boulevard” demeure le personnage principal, singulier, toujours présent, éclatant de vérité, offrant un spectacle toujours renouvelé, à travers une suite de scènes rapides et saisissantes de réalisme, qui font de ce roman la fresque vivante, originale et spontanée, affirmant un romancier au talent attachant et rare.
L'Homme sans qualités de Robert Musil
1956
L'Homme sans qualités (1)
Robert Musil
Littérature allemande
20 h
Dans ce roman, qui comporte jusqu’ici 1 800 pages, Musil a pour principe de choisir de minces coupes de vie qu’il modèle en profondeur et donne à sa description du monde une ampleur universelle. Le livre a été salué dès sa parution comme une des grandes oeuvres du roman européen. Sous prétexte de décrire la dernière année de l’Autriche, on soulève les questions essentielles de l’existence de l’homme moderne pour y répondre d’une manière absolument nouvelle, pleine à la fois de légèreté.
Jour de feu de René Barjavel
1957
René Barjavel
Littérature
2 h
Août. C’est la fête de Collioure, la fête du Roussillon. Une foule suante se presse dans les rues du petit port brûlé de soleil. Les vieilles Catalanes vêtues de noir croisent les Parisiennes en bikini. L’air sent le pastis et le melon. Manèges, tirs, poussière. Deux nouvelles courent dans la foule : on s’est battu hier dans la montagne. Toute la brigade, avec les gaz et les mortiers pour arrêter Barrabas et sa bande. Et cette nuit, dans les oliviers, les gardes de Caïphe ont arrêté Jésus. Sur la colline, on dresse les croix, dans les arènes on prépare la corrida. La femme adultère attend le car qui va lui amener son amant. Judas brûlé de soif commande un demi au café des Sports : horreur ! Un serpent vert et noir se tord dans la bière mousseuse. Pilate, suant, excédé, se débat entre Caïphe et sa femme. Un avion tourne au dessus de la ville et laisse tomber des tracts : libérez Barrabas. Où sommes-nous ? En quel lieu ? En quel temps ? C’est l’éternité d’une histoire tragique, d’une histoire toujours présente, en tous lieux et en tous temps...
Pas de lettre pour le colonel de Gabriel Garcia Marquez
1957
Gabriel Garcia Marquez
Littérature étrangère
1½ h
Bien des années après la paix des braves, le vieux colonel attend au village, par le courrier hebdomadaire, des nouvelles d’ancien combattant dont la promesse s’est perdue dans les labyrinthes administratifs de la vie civile. Il crève de faim auprès de sa compagne asthmatique, nourrissant sa vaine attente de nostalgies d’action clandestine et des victoires à venir de son coq de combat, dépositaire de ses ultimes espérances.
Faudra-t-il, en désespoir de cause, manger le volatile, ou au contraire préserver à tout prix ce symbole d’une gloire réduite à présent aux dimensions d’un enclos de combats de coqs ?
Ce bref roman, écrit en 1957 à Paris, est des purs chefs-d’oeuvre de Gabriel Garcia Marquez. On y décèle déjà les thèmes de prédilection et tout le génie narratif de l’auteur de l’Automne du patriarche et de l’Amour aux temps du choléra.
La Loi de Roger Vailland
1957
Goncourt 1957
Roger Vailland
Littérature
5½ h
En observant les habitants d’une région du sud de l’Italie, Roger Vailland analyse les différentes classes qui composent une société, leurs querelles intestines, leurs interconnexions et leurs rivalités. Ses personnages, du plus riche au plus pauvre, du plus influent au plus opprimé, mènent un combat incessant pour gravir les échelons du pouvoir, pour assouvir leurs perversions ou pour survivre.
Ce roman “sociologique” a obtenu le prix Goncourt en 1957 et a donné lieu à un grand film de Jules Dassin, avec Gina Lollobrigida, Mélina Mercouri, Wes Montand, Marcello Mastroianni.
Le tonnerre de Dieu (Qui m'emporte) de Bernard Clavel
1958
Bernard Clavel
Littérature
2 h
De temps en temps, quittant sa femme, Brassac descend à Lyon pour satisfaire sa passion de la boisson et des filles. Là, devant un public complaisant, il joue volontiers le hobereau excentrique. Lorsqu’il regagne son domaine, il ramène souvent avec lui un chien perdu ; ainsi sa maison en est pleine... Cette fois, c’est une fille. Il était saoul ; elle, abrutie de sommeil. L’un suivant l’autre, ils arrivent chez lui, dans cette maison délabrée où il vit en sauvage entre sa femme et ses chiens. Et elle demeure, s’installe...
 
 
Les pieds sur le bureau de Nicole de Buron
1958
Nicole de Buron
Littérature
2½ h
Nicole de Buron croque, avec l’humour qu’on lui connaît, la vie au bureau d’une jeune secrétaire. Les situations burlesques s’enchaînent à un rythme effréné et ne manquent pas de provoquer le fou-rire !
Le belvédère de André Pieyre de Mandiargues
1958
Les Belvédères (1)
André Pieyre de Mandiargues
Littérature
2½ h
Le Belvédère suggère la contemplation. C’est aussi la puissance d’un style, une pureté lexicale à l’affût du beau et du rare. Variations sur les graffiti du Louis XIV du Bernin à Versailles, analyse d’une exposition de Klee à Berne, lecture d’André Breton... Treize textes signés d’un coeur profond.
Moderato cantabile de Marguerite Duras
1958
Marguerite Duras
Littérature
1 h
« Qu’est-ce que ça veut dire, moderato cantabile ? Je ne sais pas. » Une leçon de piano, un enfant obstiné, une mère aimante, pas de plus simple expression de la vie tranquille d’une ville de province. Mais un cri soudain vient déchirer la trame, révélant sous la retenue de ce récit d’apparence classique une tension qui va croissant dans le silence jusqu’au paroxysme final. « Quand même, dit Anne Desbarèdes, tu pourrais t’en souvenir une fois pour toutes. Moderato, ça veut dire modéré, et cantabile, ça veut dire chantant, c’est facile. »
 
 
Le lion de Joseph Kessel
1958
Joseph Kessel
Littérature
4 h
Au Kenya, au coeur d’une réserve naturelle, une petite fille vit en contact étroit avec la nature et les animaux. Fasciné par l’étrange pouvoir qui permet à la jeune fille de communiquer avec le monde sauvage, le narrateur raconte la relation mystérieuse qu’elle a tissée avec un lion. Un roman émouvant et poétique qui, depuis sa parution en 1958, a séduit plusieurs générations de lecteurs.
 
 
Angelo de Jean Giono
1958
Jean Giono
Littérature
4 h
Angelo, le héros du Hussard sur le toit, part de Turin après avoir fort joliment tué d’un coup de sabre M. le baron Schwartz, espion autrichien. Il passe la frontière en grand uniforme de colonel des hussards de Sardaigne, sur un cheval admirable. Les conspirations, les dangers, les amours ne vont point manquer à Angelo qui se trouvera aux prises avec le subtil vicaire général d’Aix-en-Provence, le marquis de Théus, avec la charmante Anna Clèves qui l’aimera sans espoir, avec Pauline enfin, cette femme si belle qu’il sauvera un jour.
Un singe en hiver de Antoine Blondin
1959
Interallié 1959
Antoine Blondin
Littérature
3 h
« Le chauffeur n’avait plus le loisir de ralentir... Immobile, le ventre à toucher le capot, les pieds joints, Fouquet enveloppa d’un mouvement caressant la carrosserie de la voiture qui filait contre lui ; un instant, il donna l’impression qu’il allait abandonner sa veste au flanc hérissé de l’auto, mais déjà celle-ci l’avait dépassé, et, coinçant son vêtement sous son bras, il libéra sa main droite pour saluer à la ronde les spectateurs qui s’exclamaient diversement. “Ollé”, dit-il... »
 
 
L'Espagnol de Bernard Clavel
1959
Bernard Clavel
Littérature
8 h
Au printemps de 1939, dans un village du vignoble du Jura, arrive un réfugié espagnol : Pablo. C’est un homme brisé par la guerre civile, qui semble avoir perdu même le courage de vivre. Dans la ferme où il est placé, le fils est mobilisé, le patron est mort ; Pablo reste seul avec la femme, une fille simple d’esprit et un vieux journalier. Il s’attache à cette terre qui lui a redonné le goût de la vie ; il met toute sa joie à la faire fructifier, à l’agrandir. Au milieu d’une guerre qui ne le concerne pas, il poursuit obstinément une œuvre de paix. La mort il ne peut plus la donner.
 
 
Zazie dans le métro de Raymond Queneau
1959
Raymond Queneau
Littérature
3 h
Zazie, 12 ans d’impertinence, sa découverte de Paris, ses rencontres pittoresques et son colosse d’oncle : un chef-d’oeuvre burlesque.
- Zazie, déclare Gabriel en prenant un air majestueux trouvé sans peine dans son répertoire, si ça te plaît de voir vraiment les Invalides et le tombeau véritable du vrai Napoléon, je t’y conduirai.
- Napoléon mon cul, réplique Zazie. Il m’intéresse pas du tout, cet enflé, avec son chapeau à la con.
- Qu’est-ce qui t’intéresse alors ? Zazie ne répond pas.
- Oui, dit Charles avec une gentillesse inattendue, qu’est-ce qui t’intéresse ?
- Le métro.
Aimez-vous Brahms... de Françoise Sagan
1959
Françoise Sagan
Littérature
2 h
Paule passe difficilement du rang de jeune femme au rang de femme jeune. Délaissée par son amant, adorée par un jeune homme de quinze ans son cadet, elle s’inquiète au seuil d’une nouvelle liaison, tourmentée par son désir de bonheur.
Le dernier des justes de André Schwarz-Bart
1959
Goncourt 1959
André Schwarz-Bart
Littérature
8½ h
À travers ce roman, André Schwarz-Bart nous livre son histoire et, plus généralement, celle de tout le peuple juif de l’an mille à la Shoah. Premier ouvrage sur le devoir de mémoire, cette œuvre reste un témoignage très fort sur l’un des plus sombres épisodes de l’histoire et a ouvert la voie à de nombreux écrits sur ce thème.
Roses à crédit de Elsa Triolet
1959
L'âge de nylon (1)
Elsa Triolet
Littérature
5½ h
La nature a beaucoup donné à Martine, les hommes peu. Elle est belle, elle a le rare don d’aimer. Mais à notre âge de nylon, elle est venue au monde dans des conditions de l’âge de pierre. Aussi le confort moderne, le cosy-corner, seront-ils son premier idéal, et le métier de manucure parmi les miroirs et les parfums d’un salon de coiffure suffit à ses rêves de beauté. Elle est en cela semblable à des millions d’êtres.
Daniel Donelle, l’amour de Martine, est déjà au-delà de cet idéal électroménager. Rosiériste, touché par l’aile de la science, il rêve à une rose nouvelle qui aurait la forme de la rose moderne, et le parfum inégalable de la rose ancienne.
Un jour, Daniel créera la rose parfumée Martine Donelle, mais elle ne sera plus un hommage qu’à la souffrance.
Paradis perdu - La cinquième colonne de Ernest Hemingway
1960
Ernest Hemingway
Littérature américaine
6½ h
Fallait-il dire qu’elle avait fait, la première, ce que personne n’avait jamais fait mieux depuis ; fallait-il parler des jambes brunes et charnues, du ventre plat, des petits seins durs, des bras qui enlaçaient si bien, de la langue agile, des yeux plats, du bon goût de la bouche. Fallait-il parler ensuite de la gêne, de l’étreinte, de la douceur, de la moiteur, de la tendresse, de l’étreinte encore, de la souffrance, de la plénitude et de cette fin qui ne finissait pas, qui ne finissait jamais et tout d’un coup était là, quand le grand oiseau s’envolait comme une chouette dans le crépuscule...
Dieu est né en exil de Vintila Horia
1960
Goncourt 1960
Vintila Horia
Littérature
5½ h
Le premier roman de Vintila Horia (prix Goncourt 1960) a pour thème l’exil d’Ovide à Tomes an l’an 9 de notre ère, durant les huit dernières années de sa vie. Le livre est en fait le journal d’exil du poète latin, un exil tout à la fois extérieur (subi) et intérieur (vécu activement). En effet le roman rend compte de l’arrachement douloureux au sol natal et à la vie antérieure (fastueuse) mais aussi du passage d’un monde à un autre : celui du monde ancien représenté par la civilisation romaine à celui du monde nouveau, émergeant avec la naissance du Christ. C’est donc le récit du passage (ou de la tentative de passage) d’un état ancien à un état nouveau, d’une véritable transformation à la fois individuelle et collective, d’une mort à un état et d’une renaissance à un autre. Ce magnifique roman est porté, comme toujours dans le cas de ce grand écrivain, par une langue d’une beauté et d’une précision peu commune
Pays de neige de Yasunari Kawabata
1960
Yasunari Kawabata
Littérature japonaise
3½ h
À trois reprises, Shimamura se retire dans une petite station thermale, au coeur des montagnes, pour y vivre un amour fou en même temps qu’une purification. Chaque image a un sens, l’empire des signes se révèle à la fois net et suggéré. Le spectacle des bois d’érable à l’approche de l’automne désigne à l’homme sa propre fragilité. « Le rideau des montagnes, à l’arrière-plan, déployait déjà les riches teintes de l’automne sous le soleil couchant, ses rousseurs et ses rouilles, devant lesquelles, pour Shimamura, cette unique touche d’un vert timide, paradoxalement, prenait la teinte même de la mort. »
Yasunari Kawabata, le plus grand écrivain japonais contemporain, a obtenu le prix Nobel de littérature en 1968.
 
 
Sur la route - Le rouleau original de Jack Kerouac
1960
Jack Kerouac
Littérature américaine
12 h
« Avec l’arrivée de Neal a commencé cette partie de ma vie qu’on pourrait appeler ma vie sur la route. Neal, c’est le type idéal, pour la route, parce que lui, il y est né, sur la route... » Neal Cassady, chauffard génial, prophète gigolo à la bisexualité triomphale, pique-assiette inspiré et vagabond mystique, est assurément la plus grande rencontre de Jack Kerouac, avec Allen Ginsberg et William Burroughs, autres compagnons d’équipées qui apparaissent ici sous leurs vrais noms. La virée, dans sa bande originale : un long ruban de papier, analogue à celui de la route, sur lequel l’auteur a crépité son texte sans s’arrêter, page unique, paragraphe unique. Aujourd’hui, voici qu’on peut lire ces chants de l’innocence et de l’expérience à la fois, dans leurs accents libertaires et leur lyrisme vibrant ; aujourd’hui on peut entendre dans ses pulsations d’origine le verbe de Jack Kerouac, avec ses syncopes et ses envolées, long comme une phrase de sax ténor dans le noir. Telle est la route, fête mobile, traversées incessantes de la nuit américaine, célébration de l’éphémère.
« Quand tout le monde sera mort, a écrit Allen Ginsberg, le roman sera publié dans toute sa folie. » Dont acte.
 
 
Le Pavillon d'Or de Yukio Mishima
1960
Yukio Mishima
Littérature japonaise
6 h
Sans rien changer à sa pose parfaitement protocolaire, la femme, tout à coup, ouvrit le col de son kimono. Mon oreille percevait presque le crissement de la soie frottée par l’envers raide de la ceinture. Deux seins de neige apparurent. Je retins mon souffle. Elle prit dans ses mains l’une des blanches et opulentes mamelles et je crus voir qu’elle se mettait à la pétrir. L’officier, toujours agenouillé devant sa compagne, tendit la tasse d’un noir profond.
Sans prétendre l’avoir, à la lettre, vu, j’eus du moins la sensation nette, comme si cela se fût déroulé sous mes yeux, du lait blanc et tiède giclant dans le thé dont l’écume verdâtre emplissait la tasse sombre - s’y apaisant bientôt en ne laissant plus traîner à la surface que de petites taches -, de la face tranquille du breuvage troublé par la mousse laiteuse.
 
 
Le Condottière de Georges Perec
1960
Georges Perec
Littérature
3 h
C’est à la réalisation d’un faux Condottière, le célèbre tableau du Louvre, peint par Antonello da Messina en 1475, que s’est voué depuis des mois le héros de ce livre. Gaspard Winckler est un peintre faussaire. Maître de ses techniques, il n’est pourtant qu’un simple exécutant d’un commanditaire, Anatole Madera. Comme dans un bon polar, dès la première page du livre, Winckler assassine Madera. Ce roman enquête sur les mobiles de ce meurtre dont l’une des raisons sera l’échec du faussaire à rivaliser avec le peintre de la Renaissance. La question du faux en peinture parcourt toute l’œuvre de Perec, et le personnage de fiction, nommé Gaspard Winckler, apparaît aussi dans La Vie mode d’emploi et dans W ou le souvenir d’enfance. Quant au dernier roman publié du vivant de Perec, Un cabinet d’amateur (1979, “La Librairie du XXIe siècle”), il a pour sous-titre “Histoire d’un tableau”. Du Condottière, Georges Perec a dit : il est le “premier roman abouti que je parvins à écrire”. Dans sa préface, Claude Burgelin, rappelle qu’après le double refus, du Seuil et de Gallimard, de publier ce roman, Perec écrivait le 4 décembre 1960, à un ami : « Le laisse où il est, pour l’instant du moins. Le reprendrai dans dix ans, époque où ça donnera un chef-d’œuvre ou bien attendrai dans ma tombe qu’un exégète fidèle le retrouve dans une vieille malle… »
Plus d’un demi-siècle après, on va pouvoir enfin découvrir ce roman de jeunesse de Georges Perec, égaré puis retrouvé “dans une vieille malle”.
 
 
Le Tambour de Günter Grass
1960
Günter Grass
Littérature allemande
15 h
Le jour de ses trois ans, Oscar Matzerath a renoncé à grandir. Témoin désinvolte des événements qui se déroulent à Dantzig de 1924 à 1950, Oscar qui, sous les apparences de l’enfance a la maturité d’un adulte, fait jaillir un univers grotesque et mystérieux, une impitoyable condition humaine ensevelie sous les décombres de l’histoire.
Publié en 1960 et porté à l’écran par Volker Schlöndorff en 1979, Le Tambour est l’une des œuvres majeures de la littérature allemande et le chef-d’œuvre de Günter Grass.
 
 
Le diner de Babette de Karen Blixen
1961
Karen Blixen
Littérature
4½ h
Babette est une Française devenue domestique en Norvège, après la Commune qui l’a contrainte à l’exil. Ses patronnes sont deux vieilles filles austères. Le jour où elle gagne dix mille francs-or à une loterie, elle leur demande de la laisser préparer un dîner fin, dans la grande tradition française. Sa fortune y passe, mais une soirée aura effacé des années de carême.
Cette nouvelle, qui a inspiré un film, est l’un des cinq petits chefs-d’œuvre qui composent ce recueil.
Johnnie Cœur de Romain Gary
1961
Romain Gary
Littérature
1½ h
« Je me suis efforcé, dans Johnnie Cœur, de retrouver une certaine tradition du dialogue comique qui court à travers les âges depuis les temps antiques en passant par la Commedia dell’arte, atteint ses sommets avec Jacques le Fataliste et son maître, Don Juan et Sganarelle, Don Quichotte et Sancho Pança, s’incarne plus modestement au cirque dans Auguste et Monsieur Loyal, et s’élève au cinéma à des hauteurs nouvelles dans le merveilleux jaillissement des Marx Brothers. J’ai évidemment tenté de donner à cette tradition un contenu contemporain, de lutter par le rire, notre vieille arme, contre tout ce qui dépasse mes forces et ma raison, puisque l’indignation elle-même devient aujourd’hui dérisoire dans sa futilité. Johnnie Cœur, le personnage central de la pièce, est un mime. Il mime son propre dégoût, sa rage, son impuissance et son idéalisme désespéré. C’est un idéaliste qui se moque de son propre cœur. Je me suis efforcé d’éviter la tragédie et d’accéder au comique, qui est pour moi la seule façon de me défendre. Johnnie Cœur commence sa grève de la faim comme une escroquerie, parodiant tant d’autres escroqueries morales de notre temps, et il finit par nourrir sa dérision de sa vie même, allant jusqu’au bout de son rire, se laissant mourir de dégoût, d’amour et de haine pour l’humanité. »
Romain Gary.
Les neiges du Kilimandjaro - Dix Indiens de Ernest Hemingway
1961
Ernest Hemingway
Littérature américaine
3 h
... ils commencèrent à prendre de l’altitude en direction de l’Est, semblait-il ; après quoi, cela s’obscurcit et ils se trouvèrent en pleine tempête, la pluie tellement drue qu’on eût cru voler à travers une cascade, et puis ils en sortirent et Compie tourna la tête et sourit en montrant quelque chose du doigt et là, devant eux, tout ce qu’il pouvait voir, vaste comme le monde, immense, haut et incroyablement blanc dans le soleil, c’était le sommet carré du Kilimandjaro. Et alors il comprit que c’était là qu’il allait.
Les Belles Endormies de Yasunari Kawabata
1961
Yasunari Kawabata
Littérature japonaise
2 h
Dans quel monde entrait le vieil Eguchi lorsqu’il franchit le seuil des Belles Endormies ? Ce roman, publié en 1961, décrit la quête des vieillards en mal de plaisirs. Dans une mystérieuse demeure, ils viennent passer une nuit aux côtés d’adolescentes endormies sous l’effet de puissants narcotiques.
Pour Eguchi, ces nuits passées dans la chambre des voluptés lui permettront de se ressouvenir des femmes de sa jeunesse, et de se plonger dans de longues méditations. Pour atteindre, qui sait ? au seuil de la mort, à la douceur de l’enfance et au pardon de ses fautes.
 
 
Le promontoire de Henri Thomas
1961
Femina 1961
Henri Thomas
Littérature
2 h
«S’il existe parmi nous des hommes, des femmes, pour qui la vie et la mort ne sont pas ce qu’elles sont pour nous, des êtres à qui manque, si l’on veut, notre sens de la mort et de la vie, ou qui possèdent un autre sens, tout aussi peu définissable que le nôtre, sinon que là où nous ressentons menace, vertige, négation, ils sont aussi loin de nous qu’un arbre ou qu’une pierre, qu’adviendra-t-il à celui qui, n’étant pas entièrement comme ceux-là, ne peut ni les fuir s’il les rencontre, ni les rejoindre tout à fait dans leur tranquillité sans nom » Henri Thomas.
Le Sud de Yves Berger
1962
Femina 1962
Yves Berger
Littérature
3½ h
En Provence, dans les années 1950, un père élève son fils et sa fille dans le culte des Indiens et de l’Amérique des années 1840. Muré dans son obsession d’arrêter le temps, ce notaire qui parle cherokee a prénommé sa fille Virginie et appelé sa jument Indiana. Virginie sera la première à s’arracher à cette illusion. En revanche, une fidélité morbide lie le fils au père, à ses mots, à son imaginaire américain. Inscrit au lycée de Montpellier, il retrouve sa sœur étudiante. Elle tente de l’affranchir des fables du père en le poussant à écrire un livre « plein d’histoires vraies », lui apprend l’argent, le travail et l’amour...
Le Sud, qui révéla en 1962 une voix unique de la littérature française, n’est pas un roman sur l’inceste. Yves Berger y affronte des thèmes plus vastes : le passage de l’enfance à l’âge d’homme, l’apprentissage de la vie, les pouvoirs et les poisons du verbe.
Petit déjeuner chez Tiffany de Truman Capote
1962
Truman Capote
Littérature étrangère
3 h
Holly Golightly adore traîner chez Tiffany, parce que tout y est beau. Holly au pas léger, gracile comme un songe, comme une Audrey Hepburn moulée dans une robe noire devenue légendaire, traverse l’existence telle un chat qui, n’ayant pas de nom, s’en invente un. De son passé de Lulamae, il lui reste pourtant quelque chose de plus profond que la frivolité qu’elle affiche avec impertinence, une absence de lest qui conduit à une existence de courants d’air. Jusqu’au jour où, des années après la disparition de la gosse, une photo vient raviver le souvenir de sa voix rauque et de sa silhouette de vent dans la mémoire du narrateur, qui lui fournira un hommage littéraire en guise de racines. Sur un ton tantôt léger et amusant, tantôt grinçant et poétique, maniant à plaisir l’ironie, le narrateur nous livre ses souvenirs de l’époque où l’amitié les liait et où gravitait autour de cet être libre et sauvage une myriade de personnages farfelus. Malgré son ambiance de fête permanente et la fin édulcorée de sa version pour l’écran, Diamants sur canapé, ce roman demeure pourtant, comme d’autres oeuvres plus sombres de Truman Capote, le parcours désespéré d’une créature blessée, irrémédiablement marginale.
 
 
La Maison des autres de Bernard Clavel
1962
La grande patience (1)
Bernard Clavel
Littérature
8½ h
Dole, 1937. Julien Dubois a quitté l’école et la maison de ses parents. Il a quatorze ans. Apprenti pâtissier, il découvre le travail des humbles, l’humiliation et l’injustice. Mais aussi la douceur et la beauté des femmes. Et bientôt, la guerre qui monte...
 
 
La déchéance d'un homme de Osamu Dazai
1962
Osamu Dazai
Littérature étrangère
2 h
« Je suis devenu bouffon. »
C’était mon ultime demande adressée aux hommes. Extérieurement, le sourire ne me quittait pas; intérieurement, en revanche, c’était le désespoir.» Ainsi se présente Yôzô, né dans une famille riche du nord du Japon, qui veut être peintre, abandonne ses études au lycée de Tôkyô pour travailler dans des ateliers, mais s’initie plus vite au saké et aux filles qu’au dessin et à la peinture. D’amours malheureuses en amours malheureuses, après n’avoir été qu’un médiocre caricaturiste de revues de second ordre, il échoue à vingt-sept ans, malade, tel un vieillard, dans une vieille chaumière, irréparable d’où il rédige l’histoire de sa vie, « vécue dans la honte », et alors qu’il ne connaît plus désormais ni le bonheur ni le malheur.
 
 
Une journée d'Ivan Denissovitch de Alexandre Soljénitsyne
1962
Alexandre Soljénitsyne
Littérature étrangère
3½ h
Une journée d’Ivan Denissovitch, c’est celle du bagnard Ivan Denissovitch Choukhov, condamné à dix ans de camp de travail pour avoir été fait prisonnier au cours de la Seconde Guerre mondiale. Le récit nous montre sa journée depuis le coup sur le rail suspendu dans la cour qui marque le lever, jusqu’au court répit du soir et au coucher, en passant par les longues procédures de comptage, la peur des fouilles, les bousculades au réfectoire, les travaux de maçonnerie par un froid terrible dans l’hiver kazakhe, les menues chances et malchances de la journée. Archétype du paysan russe moyen, Choukhov, homme humble et débrouillard en qui le bien fait encore son oeuvre, a su se libérer intérieurement et même vaincre la dépersonnalisation que ses maîtres auraient voulu lui imposer en lui donnant son matricule. Le talent propre à Soljénitsyne, son don de vision interne des hommes apparaissent ici d’emblée dans une complète réussite : ce chef-d’oeuvre à la structure classique restera dans toutes les anthologies du vingtième siècle comme le symbole littéraire de l’après-Staline.
 
 
Un grand patron de Pierre Véry
1962
Pierre Véry
Littérature
5½ h
Louis Delage, cet éminent chirurgien, ce Grand Patron dont Pierre Véry fait ici le portrait, n’a, semble-t-il, d’autre souci que l’ambition, d’autre objet d’étude que la Maladie. L’affection qui l’entoure, l’amour conjugal, la reconnaissance de ses malades ne pèsent guère en regard de ce désir d’éblouir, de cette course aux honneurs. Pourtant, le “grand patron” est à un tournant de sa vie. La mort d’une malade lui fait connaître l’inquiétude ; le passage dans sa vie d’un enfant lui révèle la tendresse ; la mort d’un maître lui montre la vanité de cette vie. Et lorsque la carrière du patron reprend son essor, nous savons que, sous la blouse blanche, il y a aussi un coeur...
Poésie et fantaisie se mêlent étroitement au réalisme et à la finesse d’observation, dans cette peinture de la vie des hôpitaux (côté coulisse, si l’on ose dire) où, des humbles stagiaires jusqu’aux grands maîtres, s’agite une foule en blanc à la fois cynique et admirable.
Pierre Fresnay a réussi à l’écran, dans le film d’Yves Ciampi qui a inspiré ce roman, une interprétation inoubliable de Louis Delage.
Deuxième Belvédère de André Pieyre de Mandiargues
1962
Les Belvédères (2)
André Pieyre de Mandiargues
Littérature
3 h
Alain Jouffroy, à la parution du livre, écrivait : « Il faut lire Mandiargues, comme il a fallu lire Baudelaire, Apollinaire et Breton. Il faut le lire, parce que c’est un très grand écrivain, qui sait prodigieusement manipuler les mots, et parce que c’est un homme doué d’une perception aiguë et toujours surprenante : la perception du poète, du vrai, c’est-à-dire de l’homme précis, intense, impitoyable, généreux, que les “petites choses” (pierres, insectes, plantes, objets) intéressent au niveau des plus grandes.»
Celui qui voulait voir la mer de Bernard Clavel
1963
La grande patience (2)
Bernard Clavel
Littérature
6 h
Julien Dubois a dix-sept ans en 1940. L’apprenti pâtissier en toque et veste blanches qui rêve de découvrir le monde devient un homme. Sur le jura où habitent le père et la mère Dubois, déferle le flot de l’exode. Avant l’arrivée des troupes allemandes, julien, comme tous les garçons de son âge, part sur les routes. Commence alors, pour ses vieux parents, la longue attente angoissée du retour de l’enfant “qui voulait voir la mer”.
 
 
Vol au-dessus d'un nid de coucou de Ken Kesey
1963
Ken Kesey
Littérature américaine
8 h
Dans une maison de santé, une redoutable infirmière, “La Chef”, terrorise ses pensionnaires et fait régner, grâce à un arsenal de “traitements de choc”, un ordre de fer, les réduisant à une existence quasi végétative. Surgit alors McMurphy, un colosse irlandais, braillard et remuant, qui a choisi l’asile pour échapper à la prison. Révolté par la docilité de ses compagnons à l’égard de “La Chef”, il décide d’engager une lutte qui, commencée à la façon d’un jeu, devient peu à peu implacable et tragique. Publié pour la première fois en France en 1963 sous le titre La machine à brouillard, ce livre, rendu célèbre par le film de Milos Forman, est devenu un classique, traduit dans le monde entier et vendu à des millions d’exemplaires dans son pays d’origine. C’était le premier roman de Ken Kesey, chef de file des “Easy Riders”, qui a disparu en novembre 2001.
Le procès-verbal de Jean-Marie Gustave Le Clézio
1963
Renaudot 1963
Jean-Marie Gustave Le Clézio
Littérature
5 h
On me reprochera certainement des quantités de choses. D’avoir dormi là, par terre, pendant des jours ; d’avoir sali la maison, dessiné des calmars sur les murs, d’avoir joué au billard. On m’accusera d’avoir coupé des roses dans le jardin, d’avoir bu de la bière en cassant le goulot des bouteilles contre l’appui de la fenêtre : il ne reste presque plus de peinture jaune sur le rebord en bois. J’imagine qu’il va falloir passer sous peu devant un tribunal d’hommes ; je leur laisse ces ordures en guise de testament ; sans orgueil, j’espère qu’on me condamnera à quelque chose, afin que je paye de tout mon corps la faute de vivre...
Le matin des magiciens de Louis Pauwels
1963
Louis Pauwels (et Jacques Bergier)
Littérature
11 h
Ce livre n’est pas un roman, quoique l’intention en soit romanesque. Il n’appartient pas à la science-fiction, quoiqu’on y côtoie des mythes qui alimentent ce genre. Il n’est pas une collection de faits bizarres, quoique l’Ange du Bizarre s’y trouve à l’aise. Il n’est pas non plus une contribution scientifique, le véhicule d’un enseignement inconnu, un témoignage, un documentaire, ou une affabulation. Il est le récit, parfois légende et parfois exact, d’un premier voyage dans des domaines de la connaissance à peine explorés.
La moisson du diable de Frank G. Slaughter
1963
Frank G. Slaughter
Littérature
4½ h
Au Laos, sur la frontière chinoise, le procédé complexe qui permet de transformer des algues en des aliments nutritifs par une photosynthèse naturelle oblige deux savants relevant d’idéologies ennemies à se lancer un défi angoissant. Rappelé dans la vallée où il a passé sa jeunesse, le Dr John Merchant, un microbiologiste connu, se trouve ainsi entraîné dans une compétition acharnée contre son frère nourricier, Chan Thornton — biologiste lui aussi — pour mettre au point une technique qui créerait assez d’algues pour nourrir le monde. Merchant consacrerait sa découverte à la cause de la paix et de l’abondance; l’ambition de Thornton serait de voir le procédé devenir une arme pour les communistes chinois.
Cette lutte de deux hommes rivaux en science et en amour pour cueillir les fruits qui nourriraient deux nations opposées idéologiquement et politiquement est d’une brûlante actualité.
 
 
Les braves gens ne courent pas les rues de Flannery O'Connor
1963
Flannery O'Connor
Littérature américaine
5 h
Tout le monde prend vie en quelques secondes, et s’impose à nous : tueurs évadés du bagne, un général de cent quatre ans, une sourde-muette, une jeune docteur en philosophie à la jambe de bois, un Polonais que la haine des paysans américains accule à une mort affreuse, et, grouillant à l’arrière-plan, les petits fermiers, les nègres paresseux et finauds.
Les braves gens ne courent pas les rues, telle est la morale assez pessimiste qui se dégage de ces récits. Flannery O’Connor possède, comme Dickens, le don de la caricature mais aussi un humour implacable, une fantaisie grinçante jusque dans le tragique et l’horreur.
Le Cœur des vivants de Bernard Clavel
1964
La grande patience (3)
Bernard Clavel
Littérature
5½ h
Castres, 1941. Julien Dubois a dix-huit ans et rêve de la France libre. Mais son premier grand amour lui fait tout oublier de ses projets. Jusqu’à novembre 1942. Les Allemands entrent en zone sud, et le voici dans la guerre, face à la mort.
 
 
Caïd de James Clavell
1964
James Clavell
Littérature
9½ h
Des milliers de prisonniers pourrissent au milieu de la jungle, livrés dans le camp de Changi aux brutalités des Japonais, à la faim, au désespoir, à la dégradation, à la mort lente… Mais, Changi, c’est aussi une impitoyable école de survie.
Et qui sera le plus capable de survivre, sinon le plus rusé, le plus fort, le plus dénué de préjugés ? Autrement dit celui que l’on appelle le Roi, le « Caïd » du camp, malin comme un singe, cruel comme un rat, et pourtant honnête à sa manière, loyal à sa façon.
Caïd est un roman tantôt hallucinant d’horreur, tantôt débordant d’humour. C’est aussi un témoignage lucide sur la condition de l’homme, de l’homme dépouillé, réduit à sa plus simple expression, et qui, plongé dans l’abjection d’un univers terrifiant d’absurdité, retrouve au fond de l’avilissement le signe même de sa grandeur – l’amitié, la camaraderie, la virilité, l’espérance. Parce qu’il se bat. Parce que, peut-être, ces vertus sont le gage du triomphe de la vie sur la mort.
 
 
L'État Sauvage de Georges Conchon
1964
Goncourt 1964
Georges Conchon
Littérature
4½ h
Découvrir que la femme de votre vie vous a quitté sans un mot d’explication dans l’année même de votre mariage pour suivre un ami du ménage nommé Gravenoire, tel est le rude coup reçu par Avit à l’âge de vingt-quatre ans; il lui a fallu deux ans pour s’en remettre. Après quoi. tout fier de sa gloire de jeune fonctionnaire de l’Unesco, il s’en va, chargé de mission en Afrique. Première étape : Fort-Jacul et première déception : le ministre de l’Information lui signifie son expulsion. Pourquoi ? Les Blancs de la ville prennent un malin plaisir à le lui apprendre. Non seulement sa mésaventure est connue, car Gravenoire est installé à Fort-Jacul, mais encore Laurence, qui l’a abandonné à son tour, vit maintenant avec un Noir, Patrice Doumbé, ministre de la Santé publique.
Les saintes chéries de Nicole de Buron
1964
Nicole de Buron
Littérature
3 h
« Cette vie où le lait refuse de bouillir tant que je le regarde et déborde dès que j’ai le dos tourné, où il me manque toujours cinq minutes et huit autres bras, bref, cette vie m’a donné la conviction que pour supporter un pareil tourbillon d’embêtements, j’étais une sainte. »
De la pointe du jour à la tombée de la nuit, la mère de famille s’active, inusable. Du mari au chien et des enfants à la bonne, point de répit ! Survivante dans un monde impitoyable peuplé de coiffeuses revêches et de vendeuses acariâtres, de bas filés, d’ongles cassés et de clés perdues, notre héroïne porte comme un étendard sa condition de femme à tout faire.
Un pamphlet humoristique, pour la reconnaissance des droits de l’épouse au foyer. Un hymne à la gloire de la ménagère !
 
 
Le ravissement de Lol V. Stein de Marguerite Duras
1964
Marguerite Duras
Littérature
2½ h
L’histoire de Lol V. Stein commence au moment précis où les dernières venues franchissent la porte de la salle de bal du casino municipal de T. Beach. Elle se poursuit jusqu’à l’aurore qui trouve Lol V. Stein profondément changée. Une fois le bal terminé, la nuit finie, une fois rassurés les proches de Lol V. Stein sur son état, cette histoire s’éteint, sommeille, semblerait-il durant dix ans.
Après son mariage Lol V. Stein quitte sa ville natale, S. Tahla, a des enfants, paraît confiante dans le déroulement de sa vie et se montre heureuse, gaie. Après la période de dix ans la séparant maintenant de la nuit du bal, Lol V. Stein revient habiter à S. Tahla où une situation est offerte à son mari. Elle y retrouve une amie d’enfance qu’elle avait oubliée, Tatiana Karl, celle qui tout au long de la nuit du bal de T. Beach était restée auprès d’elle, ce qu’elle avait également oublié. L’histoire de Lol V. Stein reprend alors pour durer quelques semaines.
Paris est une fête de Ernest Hemingway
1964
Ernest Hemingway
Littérature
3½ h
L’auteur raconte ses années à Paris avec sa première femme et son jeune enfant. Ils avaient souvent faim mais savaient profiter du moment présent. Chaque jour était pour lui source d’enrichissement, de toute évidence. Paradoxalement l’auteur a écrit ce livre à la fin de sa vie, se remémorant ses rencontres littéraires (Ezra Pound, Gertrude Stein, Fitzgerald...). C’est vivifiant. Pourtant peu de temps après l’écriture de ce livre, Hemingway se suicidera. Dans son ultime combat, la nostalgie aura été la plus forte.
Les choses de Georges Perec
1965
Renaudot 1965
Georges Perec
Littérature
2 h
Deux jeunes gens, Sylvie et Jérôme, à peine sortis de leurs études de sociologie, vivent sur leurs maigres revenus d’enquêteurs pour des agences publicitaires. Mais leurs aspirations au luxe, aux belles choses, aux vêtements de bonne finition, aux meubles racés, à une vie d’oisiveté dans un décor où chaque détail serait pensé, s’opposent à la trivialité de leur vie réelle : un minuscule deux-pièces où s’entassent pêle-mêle livres, disques et vêtements achetés aux Puces, un métier peu reluisant, une incapacité à donner de l’envergure à leur existence. Pourquoi le bonheur leur semble-t-il aussi inaccessible ? Est-ce parce qu’il ne peut échapper, selon eux, à la condition de posséder des “choses” ?
Vie d'un païen de Jacques Perry
1965
Vie d'un païen (1)
Libraires 1966
Jacques Perry
Littérature
5½ h
« Prenez un enfant très grand, très robuste ; donnez-lui une mère presque muette à force de simplicité, et qui ignore la morale. Surtout pas de père. Epargnez-lui l’éducation du vase de Soissons. Donnez-lui de puissants instincts, du talent pour la peinture, et lâchez-le sur les routes. Peut-être deviendra-t-il un grand peintre. En tout cas, il deviendra un homme entier, sans faiblesse et sans cruauté, un de ces hommes que la société ne peut supporter qu’en tout petit nombre sous peine d’exploser : un grand païen. »
Tel est Charles Desperrin, le héros de ce roman. On pourrait dire un mot des femmes qui traversent sa vie, mais ce serait trop long.
Les Fleurs bleues de Raymond Queneau
1965
Raymond Queneau
Littérature
4 h
On connaît le célèbre apologue chinois : Tchouang-tseu rêve qu’il est un papillon, mais n’est-ce point le papillon qui rêve qu’il est Tchouang-tseu ? De même dans ce roman, est-ce le duc d’Auge qui rêve qu’il est Cidrolin ou Cidrolin qui rêve qu’il est le duc d’Auge ?
On suit le duc d’Auge à travers l’histoire, un intervalle de cent soixante-quinze années séparant chacune de ses apparitions. En 1264, il rencontre Saint Louis ; en 1439, il s’achète des canons ; en 1614, il découvre un alchimiste ; en 1789, il se livre à une curieuse activité dans les cavernes du Périgord. En 1964 enfin, il retrouve Cidrolin qu’il a vu dans ses songes se consacrer à une inactivité totale sur une péniche amarrée à demeure. Cidrolin, de son côté, rêve… Sa seule occupation semble être de repeindre la clôture de son jardin qu’un inconnu souille d’inscriptions injurieuses.
Tout comme dans un vrai roman policier, on découvrira qui est cet inconnu. Quant aux fleurs bleues…
La chamade de Françoise Sagan
1965
Françoise Sagan
Littérature
3 h
L’écriture de Sagan sait nous porter dans une intimité douce et tendre où se cotoient et se heurtent des personnages aux allures nonchalantes et aux destins liés.
Les vies se croisent, s’animent, s’aiment puis se détestent, se déchirent avant de se déterminer... Dans une atmosphère feutrée, à la lisière de l’été, on retrouve des thèmes chers à l’auteure - l’oisiveté, la passion, l’attente, la solitude.
Sagan dissèque avec brio l’expression des sentiments contradictoires, l’attente mais aussi le milieu mondain dans lequel s’installe son histoire. La Chamade, roulement de tambours qui annonce les défaites devient également celui du coeur qui s’anime et se passionne...
Un roman doux et prenant à la lecture enthousiaste. Une vraie découverte pour un merveilleux moment.
Oublier Palerme de Edmonde Charles-Roux
1966
Goncourt 1966
Edmonde Charles-Roux
Littérature
7½ h
Babs est une jeune femme comme il en existe beaucoup, à New York, dans la presse féminine. Rédactrice à Fair, un magazine de grand prestige, Babs ne semble se soucier que de sa réussite professionnelle. Etre efficace est sa préoccupation constante, aussi navigue-t-elle avec succès dans un petit monde journalistique où l’arrivisme est l’unique loi. Société redoutable aux yeux de Gianna Meri, une amie de Babs, elle aussi rédactrice à Fair, une jeune Palermitaine qui a quitté sa ville et son île écrasées sous les bombardements et les horreurs de la guerre de 1944. Gianna, comme beaucoup de Siciliens et de Siciliennes, est venue à New York refaire sa vie. Mais la société new-yorkaise l’épouvante et elle ne réussit pas à se couper de son passé. Sa rencontre avec Carmine Bonnavia, lui aussi Sicilien et fils d’émigré, donne au séjour américain de Gianna une dimension nouvelle, bien que Carmine comme Babs n’ait d’autre désir en tête que celui de réussir une carrière politique. Il vise la mairie de New York. Pense-t-il parfois à la terre de ses ancêtres ? Cette Sicile lointaine est-elle encore un peu sa patrie ? Carmine le dénie et affirme qu’il n’a d’autre patrie que l’Amérique. Mais Palerme est de ces Atlantides qui se laissent difficilement oublier et la suite de ce roman le prouve amplement. Un jour, après son mariage avec Babs, tout bascule pour Carmine Bonnavia et la Sicile parviendra à reprendre ce fils perdu. Fresque colorée, puissante, véritable chant de l’exil sicilien, Oublier Palerme, premier roman d’Edmonde Charles-Roux, a obtenu le prix Goncourt en 1966.
Taï-pan de James Clavell
1966
James Clavell
Littérature
16 h
26 janvier 1841. – Le cœur de Dirk Struan bat d’exaltation. La guerre contre la Chine s’est déroulée comme il l’a voulu. La victoire est telle qu’il l’a prévue : Hong Kong, l’île chinoise, est enfin cédée à la Grande-Bretagne.
Hong Kong n’est que quelque quatre-vingts kilomètres carrés de montagnes rocheuses, mais il y a la plus majestueuse rade du monde. Et c’est pour Struan le marchepied de la Chine. Dirk Struan est le « Taï-pan », le chef suprême de la plus puissante et la plus redoutable des compagnies commerciales d’Extrême-Orient. Pour concrétiser tous les espoirs qu’il a mis dans Hong Kong, pour conserver la prééminence de sa compagnie, Dirk Struan va se déchaîner…
Magistrale épopée grouillante de personnages et trépidante d’événements : batailles sur terre et sur mer contre les pirates, émeutes et incendies, duels, amours, haines, épidémies… Ce roman, qui a fait l’objet d’un grand film, le premier tourné en Chine populaire, recrée admirablement une époque turbulente, riche en intrigues.
Le loup des steppes de Hermann Hesse
1966
Hermann Hesse
Littérature allemande
4½ h
À force de renier ce qui constitue le bonheur quotidien des hommes, Harry Haller se sent devenu un « loup des steppes » inapte à frayer avec ses semblables, de plus en plus solitaire et voué à l’isolement. Il n’entrevoit qu’une solution : se tuer, mais la peur de la mort l’empêche soudain de rentrer chez lui mettre son dessein à exécution. Il rencontre alors Hermine, son homologue féminin qui a choisi la pratique de ces plaisirs que lui-même a fuis. Elle le contraint à en faire l’apprentissage : c’est une véritable initiation à la vie, une quête troublante pour découvrir le difficile équilibre entre le corps et l’esprit sans lequel l’homme ne peut atteindre sa plénitude.
Thomas Mann a dit de Hermann Hesse : « Son œuvre à plans multiples, toute chargée des problèmes du moi et du monde, est sans égale parmi les œuvres contemporaines. »
Demain dans la bataille pense à moi de Javier Marías
1966
Femina (étranger) 1996
Javier Marías
Littérature étrangère
8½ h
« Jamais personne n’imagine se retrouver un jour avec une morte dans les bras, dont plus jamais il ne reverra le visage et dont seul le nom subsiste ». Non, Victor Francés, homme de lettres et scénariste, n’aurait jamais pu envisager une telle histoire ni croire qu’il pourrait en être le protagoniste. Et pourtant, alors qu’il répond à l’invitation galante d’une femme mariée qu’il connaît à peine, il assiste impuissant à son agonie. Victor doit choisir entre se compromettre... et fuir...
Après le banquet de Yukio Mishima
1966
Yukio Mishima
Littérature japonaise
4 h
Kazu, propriétaire d’un grand restaurant de Tokyo, a gardé, malgré la cinquantaine, une grande beauté. Sa clientèle se compose des personnalités les plus variées. A l’occasion d’un banquet, Kazu fait la connaissance d’un ancien ministre, Noguchi. Elle, qui se croyait à l’abri des aventures amoureuses, finit par l’épouser. Mais, entre l’intellectuel idéaliste et la femme d’affaires, pratique et indépendante, la vie conjugale va faire apparaître d’insolubles conflits.
Graal Filbuste de Robert Pinget
1966
Robert Pinget
Littérature
3½ h
« Ce livre, le quatrième de Pinget, occupe une place un peu à part dans l’œuvre de cet auteur. On y retrouve, bien sûr, les éléments constitutifs de l’univers si particulier de l’écrivain (et notamment l’irruption, ici et là, des personnages ou des lieux qui charpentent d’autres romans : le Chanchèze, Monsieur Songe, le roi Gnar, Crachon..) mais la singularité de ce livre tient à son aspect résolument picaresque : l’hommage ou la référence à Don Quichotte n’est pas loin, et certains passages peuvent rappeler des romans d’aventures à la Jules Verne. N’empêche, la singularité de Pinget, son souci de ne pas raconter une histoire à l’intrigue et au développement linéaires, sa volonté de ne pas « aboutir » se vérifient également avec Graal Flibuste, qui est d’abord prétexte à laisser l’écriture seule maîtresse du récit - la volonté de l’auteur s’absentant pour ainsi dire. Si l’humour et la poésie traversent ces aventures très toniques – et très divertissantes –, l’angoisse native qui verrouille parfois les textes de la même époque est ici comme submergée par la célérité des événements accumulés et entrechoqués. Ça n’est pas là la moindre originalité de ce livre qui, s’il s’apparente bien au roman, tient aussi du mauvais rêve éveillé et du délire savamment maîtrisé. »
François Boddaert
La Marge de André Pieyre de Mandiargues
1967
Goncourt 1967
André Pieyre de Mandiargues
Littérature
4½ h
Après un choc affectif atroce, un homme se retrouve «en marge» de sa vie. À Barcelone, dans le sordide quartier de la prostitution, où il a rencontré un semblant de tendresse, il prend conscience de la situation tragique du peuple catalan. L’amour des opprimés l’exalte. Ainsi s’opère la transmutation de la mort volontaire en espoir de vengeance et de libération prochaine.
Beaucoup de mères s'appellent Anita de Heinz G. Konsalik
1967
Heinz G. Konsalik
Littérature allemande
7½ h
Dans un village de Castille vit Juan, enfant chétif, dont la passion est la sculpture. Son milieu, à l’exception de sa mère Anita, ne le comprend guère et n’a pas saisi ses dons prestigieux. Lorsque le médecin du village décèle son talent, débute pour Juan une aventure incroyable : il se voit ouvrir les portes de la plus grande école de beaux-arts d’Espagne à Tolède. Mais la maladie de cceur de Juan préoccupe ses nouveaux protecteurs. On veut conserver à l’Espagne le plus grand artiste qu’elle ait vu naître depuis deux siècles. Une tache minuscule sur une radio et l’édifice s’écroule : Juan vivra-t-il malgré cette tumeur qui lui ronge le coeur ? Moratella, le premier chirurgien d’Espagne, osera-t-il une intervention jamais pratiquée, interdite ? Le sacrifice d’Anita qui offre son coeur pour son fils sera-t-il vain ?
 
 
La peau dure de Jacques Perry
1967
Vie d'un païen (3)
Jacques Perry
Littérature
7½ h
Rosita, Charles Desperrin ne l’avait épousée que contraint et forcé. Bien sûr, les sept années passées près d’elle en Toscane n’ont pas été un bagne, mais sa vraie vie a commencé à son retour en France et son grand amour date de cette soirée de 1923 où il s’est heurté dans l’ombre à Kali.
Et voici que quatre ans de bonheur et de peinture inspirée s’achèvent brutalement parce que Rosita a retrouvé sa trace et que Kali s’est enfuie en découvrant le passé de Charles... Où, comment retrouver Kali ? Charles a beau se faire jeter à grand tapage en prison, elle ne donne toujours pas signe de vie. C’est pénible, mais à cinquante ans Charles a la peau dure.
Ces amours-là sont mortes, la peinture reste. Il en rapprend le goût dans la Sologne de son enfance, auprès de sa mère Adèle, en compagnie du curé de la Chapelotte et de Didine Oliveira. Plus solide, plus vivant, plus créateur que jamais dans un monde qui va replonger dans la guerre. Et un jour Charles, à quatre-vingt-dix ans, prendra non les pinceaux mais la plume pour raconter son existence, cette prodigieuse vie d’un païen éclatante d’entrain, de couleurs et d’imagination.
Le désert de l'amour de François Mauriac
1967
Académie française (roman) 1926
François Mauriac
Littérature
3 h
Un soir, dans un bar, Raymond Courrèges retrouve par hasard Maria Cross, une femme à laquelle, adolescent, il a témoigné une passion ardente et maladroite, qu’elle a repoussée. Dans les souvenirs de Raymond, que le visage de Maria fait resurgir, nous découvrons bientôt d’autres ombres, d’autres blessures, telle la rivalité équivoque d’un père et d’un fils pour une même femme. C’est à quarante ans que François Mauriac publia ce roman, constat désabusé de la stérilité des passions humaines, illustration mélancolique, dans le Paris noceur des années 1920, du thème pascalien de la misère de l’homme sans Dieu. «Le Désert de l’amour, devait-il écrire, c’est le roman de mon renoncement. Ce pourrait être le titre de mon oeuvre entière. »
Les Fruits de l'hiver de Bernard Clavel
1968
La grande patience (4)
Goncourt 1968
Bernard Clavel
Littérature
8 h
Les années noires et la guerre s’achèvent, et les parents de julien arrivent au terme d’une longue vie de labeur, de courage et de privations. Sans nouvelles de leur fils qui court le maquis, ils s’aigrissent dans l’horizon étroit de leur petit jardin, sans bien comprendre la sanglante tragédie qui se joue autour d’eux. Vient enfin la Libération et le retour de Julien, accompagné d’une jeune femme portant un enfant de lui, à l’aube de ces temps nouveaux que le vieux couple ne connaîtra pas. Et c’est la fin - déchirante - de l’une des œuvres majeures de Bernard Clavel. Les fruits de l’hiver (prix Goncourt 1968) terminent la fresque qui assura à Bernard Clavel une immense audience.
 
 
Belle du Seigneur de Albert Cohen
1968
Académie française (roman) 1968
Albert Cohen
Littérature
21 h
« Solennels parmi les couples sans amour, ils dansaient, d’eux seuls préoccupés, goûtaient l’un à l’autre, soigneux, profonds, perdus. Béate d’être tenue et guidée, elle ignorait le monde, écoutait le bonheur dans ses veines, parfois s’admirant dans les hautes glaces des murs, élégante, émouvante, exceptionnelle, femme aimée, parfois reculant la tête pour mieux le voir qui lui murmurait des merveilles point toujours comprises, car elle le regardait trop, mais toujours de toute son âme approuvées, qui lui murmurait qu’ils étaient amoureux, et elle avait alors un impalpable rire tremblé, voilà, oui, c’était cela, amoureux, et il lui murmurait qu’il se mourait de baiser et bénir les longs cils recourbés, mais non pas ici, plus tard, lorsqu’ils seraient seuls, et alors elle murmurait qu’ils avaient toute la vie, et soudain elle avait peur de lui avoir déplu, trop sûre d’elle, mais non, ô bonheur, il lui souriait et contre lui la gardait et murmurait que tous les soirs, oui, tous les soirs ils se verraient. » Ariane devant son seigneur, son maître, son aimé Solal, tous deux entourés d’une foule de comparses : ce roman n’est rien de moins que le chef-d’oeuvre de la littérature amoureuse de notre époque.
 
 
Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez
1968
Gabriel Garcia Marquez
Littérature
10 h
Une épopée vaste et multiple, un mythe haut en couleur plein de rêve et de réel. Histoire à la fois minutieuse et délirante d’une dynastie : la fondation, par l’ancêtre, d’un village sud-américain isolé du reste du monde ; les grandes heures marquées parla magie et l’alchimie ; la décadence ; le déluge et la mort des animaux. Ce roman proliférant, merveilleux et doré comme une enluminure, est à sa façon un Quichotte sud-américain : même sens de la parodie, même rage d’écrire, même fête cyclique des soleils et des mots.
Cents ans de solitude, compte parmi les chefs-d’œuvre de la littérature mondiale du XXe siècle. L’auteur a obtenu le prix Nobel de littérature en 1982.
 
 
Le grondement de la montagne de Yasunari Kawabata
1968
Yasunari Kawabata
Littérature japonaise
4½ h
Ogata Shingo, le personnage central de ce roman se présente comme un vieillard, un notable. Sous des apparences rangées, c’est un homme sensitif inquiet, que dévore une vie intérieure tumultueuse : songes et réminiscences, prémonitions et terreurs l’absorbent plus que le monde extérieur dont il se détache, sauf pour trouver une consolation dans ses splendeurs fugitives. Poussé par l’espoir, sans doute vain, de secourir une belle-fille trop attachante, blanche créature que la vie doit broyer, il s’avance à tâtons à la découverte des siens. Sous la surface plate de la vie de famille, chacun, solitaire, vit son drame et se débat contre l’amour et la mort, contre la mort surtout, qui sera le thème obsédant de ces méditations poétiques.
Yasunari Kawabata sait jouer de façon parfaite avec un rythme lent, dépayser les lecteurs en les entraînant vers un monde où la quotidienneté sert de support à des intuitions fulgurantes, et qui nous fait sentir, à nous lecteurs occidentaux, la profondeur et les beautés de l’éternel Japon.
Les cavaliers de Joseph Kessel
1968
Joseph Kessel
Littérature
11 h
Kessel a situé en Afghanistan une des aventures les plus belles et les plus féroces qu’il nous ait contées. Les personnages atteignent une dimension épique : Ouroz et sa longue marche au bout de l’enfer... Le grand Toursène fidèle à sa légende de tchopendoz toujours victorieux... Mokkhi, le bon sais, au destin inversé par la haine et la découverte de la femme... Zéré qui dans l’humiliation efface les souillures d’une misère qui date de l’origine des temps... Et puis l’inoubliable Guardi Guedj, le conteur centenaire à qui son peuple a donné le plus beau des noms : ’Aïeul de tout le monde’... Enfin, Jehol ’le Cheval Fou’, dont la présence tutélaire et ’humaine’ plane sur cette chanson de geste... Ils sont de chair les héros des Cavaliers, avec leurs sentiments abrupts et du mythe les anime et nourrit le roman.
La Place de l'étoile de Patrick Modiano
1968
Patrick Modiano
Littérature
2 h
Au mois de juin 1942, un officier allemand s’avance vers un jeune homme et lui dit : « Pardon, monsieur, où se trouve la place de l’Etoile ? » Le jeune homme désigne le côté gauche de sa poitrine.
Le garde du coeur de Françoise Sagan
1968
Françoise Sagan
Littérature
1½ h
Dorothy décide de garder chez elle le jeune homme qui vient de se jeter sous les roues de sa voiture.
Le sari vert de Pearl Buck
1969
Pearl Buck
Littérature
4 h
Une brève rencontre amoureuse tandis que l’aube se lève sur la plage de Bombay, la paix d’un village chinois épargné par la guerre, des cendres qui vont se dispersant sur les flots du Gange l’impossible dialogue entre un soldat américain et une jeune coréenne, la nostalgie d’une vieille orientale perdue dans les rues de New York...
De Pékin à Delhi, des Philippines à la Corée, - d’un récit à l’autre -, Pearl Buck nous livre les multiples visages de cette Asie qui n’a cessé d’occuper son esprit et son coeur depuis plus de trente ans et dont elle connaît comme personne les rites et les couleurs, les raffinements et la misère, la sagesse, la permanence...
L’Orient pose encore à l’Occident de multiples énigmes. Pour les résoudre, Pearl Buck nous pro pose des clefs précieuses.
Le petit matin de Christine de Rivoyre
1969
Interallié 1968
Christine de Rivoyre
Littérature
4 h
Les Landes, en 1941. Nina, 17 ans, vit dans un village des Landes entre sa grand-mère, sa tante, toutes deux détestables, et son père. Sa mère est morte. Elle est amoureuse de son cousin Jean et des chevaux. Elle adore monter à cheval au petit matin, dans la forêt. Mais les Allemands sont là. Nina tuerait bien celui qui se permet de monter sa jument, Querelle. Elle fera pire en succombant à l’étrange douceur du cavalier ennemi, passant avec lui un pacte de chair scandaleux…
Le Petit Matin est le roman de l’occupation d’un cœur et d’un pays. C’est la guerre et son hypocrisie, son héroïsme, ses langueurs. On a comparé Christine de Rivoyre à Colette pour son amour des animaux et l’évocation de la nature. Quand elle peint la nature humaine, Rivoyre ne ressemble qu’à Rivoyre, dans son jusqu’au-boutisme émotif, sa sincérité vitale et tragique.
Un matin, elle s'en alla... de Charles Exbrayat
1969
Charles Exbrayat
Littérature
6 h
Tout sépare Berthe de Mathieu : sa religion, son mari prisonnier, son village. Pourtant, cette jeune femme sans volonté jusque-là, s’en ira à la recherche de son bonheur avec Mathieu, homme simple, qui ne peut renoncer à l’appel de la montagne. Quand le mari reviendra, il partira à son tour à la poursuite du couple.
Ce beau roman d’amour, un des plus puissants de Charles Exbrayat, a pour cadre le Mézenc et le glacis de hauts plateaux qui l’entourent, où ne peuvent vivre que ceux ayant été, dès l’enfance, baignés par le vent qui y souffle sans cesse.
Creezy de Félicien Marceau
1969
Goncourt 1969
Félicien Marceau
Littérature
2½ h
Nous survolions le Mont-Blanc. Là, penchés au-dessus du pilote, au milieu du bredouillis de mots, des radios, nous avons regardé le Mont-Blanc. Ces creux, ces bosses, ces arêtes, ces abîmes, cette lumière blanche, ce monde sans une âme et sans âme, c’était déjà ce que nous allions vivre, ces arêtes dures, froides et coupantes, c’était déjà notre amour, ma Creezy, notre amour nu, aride et furieux. Je ne le savais pas alors. Je le sais maintenant. Sur le dossier du fauteuil du pilote, j’ai pris ta main. Tu l’as retirée. Puis ta main est revenue.
La ronde de nuit de Patrick Modiano
1969
Patrick Modiano
Littérature
2 h
Comment devenir traître, comment ne pas l’être ? C’est la question que se pose le héros du récit qui travaille en même temps pour la Gestapo française et pour un réseau de résistance. Cette quête angoissée le conduit au martyre, seule échappatoire possible.
Par ce livre étonnant, tendre et cruel, Patrick Modiano tente d’exorciser le passé qu’il n’a pas vécu. Il réveille les morts et les entraîne au son d’une musique haletante, dans la plus fantastique ronde de nuit.
Le Parrain de Mario Puzo
1969
Mario Puzo
Littérature américaine
12 h
New York, 1945. Vito Corleone, dit Don Corleone, a bâti sa puissance sur l’importation d’huile d’olive et fait aujourd’hui partie des cinq familles les plus puissantes de la ville. Il est le patriarche, l’un des chefs les plus respectés de la mafia. Intimement liée aux affaires, la famille, d’origine sicilienne, est composée de sa femme, la mamma, sa fille Connie, ses trois fils, Sonny, Fredo et Michaël, ainsi que son fils adoptif, Tom Hagen. Après la guerre, Michaël, soldat dans l’armée américaine, revient d’Europe pour le mariage de sa soeur ; l’occasion pour lui de présenter sa fiancée à la famille. Michaël a toujours été tenu à l’écart des affaires du clan, contrairement à Sonny et Fredo qui suivent fidèlement leur père dans son funeste sillon. Tout bascule le jour où Vito refuse un trafic de drogue avec un mafieux appelé « le Turc ». Le Don est alors agressé et se retrouve à l’hôpital, entre la vie et la mort. La guerre entre les Corleone et les autres familles est ouverte. Michaël se sent alors obligé d’agir pour le bien des siens. De New York à Las Vegas, des somptueuses villas de Hollywood au maquis de Sicile, voici le portrait d’une nation gangrenée par ses syndicats du crime, sa guerre des gangs et ses puissances occultes.
 
 
Les allumettes suédoises de Robert Sabatier
1969
Robert Sabatier
Littérature
5½ h
Sur les pentes de Montmartre, un enfant de dix ans, Olivier, erre le jour et aussi la nuit dans ce vieux quartier de Paris du début des années 30. Sa mère, la belle mercière, vient de mourir et il vit en partie chez le jeune couple formé par ses cousins Jean et Elodie, mais surtout dans les rues de ce temps-là, vivantes, souriantes, animées. C’est là qu’il rencontre une multitude de personnages populaires qui vivent et se croisent sous son regard vif, émerveillé, parfois mélancolique. Soumis à toutes sortes d’influences, cet enfant verra peu à peu la féerie des rues effacer sa peine et sa solitude.
C’est une ville inattendue qui apparaît alors, un Paris différent de celui que nous connaissons, des coutumes changées, une autre manière de vivre. Merveilleux roman plein de fraîcheur et de charme, de tendresse et d’humour, Les Allumettes suédoises reste l’un des plus grands succès de ces dernières années.
 
 
Les garçons de Henry de Montherlant
1969
Alban de Bricoule (1)
Henry de Montherlant
Littérature
8 h
En mars 1913, Henry de Montherlant est renvoyé du collège Sainte-Croix pour pédérastie. Il s’inspire de cette affaire cinquante-six ans après son renvoi pour écrire Les Garçons.  Dans un collège de l’enseignement libre, un élève de philo, Alban, tente une « réforme » du collège où règne l’indiscipline. Il échouera dans sa tentative, mais son renvoi - dû en partie à un excès de zèle - ouvrira les yeux du supérieur qui, par une vaste épuration, fera, lui, la réforme qui a été manquée par son élève. Et le collège deviendra un établissement exemplaire.
On retrouve l’abbé de Pradts de La ville dont le prince est un enfant, prêtre impeccable, respecté de tous, et que son goût pour l’éducation et pour l’atmosphère cléricale ont mené à prendre la tonsure, bien qu’il n’ait pas la foi - ce qu’il se fait un point d’honneur de dissimuler à tous. On y retrouve aussi le supérieur de La ville, un « juste » cruellement puni pour son esprit chimérique qui l’a rendu aveugle à la réalité. On y trouve des nouveaux venus : la mère d’Alban ; Paul de Linsbourg, un ancien camarade de collège ; Mlle de Guerchange, qu’il rêve d’épouser quand la déclaration de guerre les sépare. 
Fleur d'agonie de Christine de Rivoyre
1970
Christine de Rivoyre
Littérature
3½ h
Malou, la trentaine, est mariée à un riche marchand de fourrure. Elle passe avec lui ses vacances dans un club de au bord de la mer. Alors que son mari la prend en photo, elle est l’objet de raillerie et d’un geste obscène de la part d’un jeune homme d’allure pauvre. Elle part à sa poursuite sans parvenir à le rattraper. Elle fait la rencontre de Pola et de son fils, Carlos. Ce dernier a pour ami le jeune homme, dont elle apprend le nom : Noel. Elle fait sa connaissance par leur intermédiaire, non sans l’avoir au préalable giflé. Tous ensemble, ils partent en virée et font connaissance. Au retour, elle rejoint Noel, une nuit, sous sa tente. Son mari et elle doivent rentrer sur Paris. Il est question de s’y revoir. Il se retrouve, sur fond des événements de mai 68. Noel est engagé au pair, par Pola, et Malou vient le rejoindre dans sa chambre de bonne. Noel, blessé au cours d’une manifestation, sera même hébergé par Malou et son mari. Mais quand Malou lui demande, selon leur code, s’il veut “jouer avec elle”, il répond que non. C’est là dessus que le roman se termine.
L'Homme à la colombe de Romain Gary
1970
Romain Gary (et Fosco Sinibaldi)
Littérature
2 h
L’O.N.U. est en émoi. Un fantôme, portant une colombe, terrorise les dactylos qui font des heures supplémentaires le soir dans le gratte-ciel de l’Organisation à New York. On découvre qu’il s’agit d’un jeune cow-boy du Texas, dont le père est un magnat des pétroles. Johnnie, c’est le jeune homme, est venu dans l’Est faire des études supérieures. Celles-ci ont fait de lui un intellectuel, et son père lui a coupé les vivres derechef. Johnnie s’est dévoué avec passion à l’idéal des Nations Unies. Pour contempler de près cette conscience du monde, il s’est fait loger avec sa colombe dans un réduit secret du building de l’O.N.U. par un cireur de chaussures de ses amis.
Au bout de quelques jours, Johnnie a compris que l’O.N.U. est une farce, une grande turbine qui marche au quart de tour, mais n’entraîne aucun moteur. Sa déception prend les proportions d’un désespoir métaphysique. Il décide de perdre l’O.N.U. aux yeux du monde.
À cette fin, il monte une machination qui doit ridiculiser l’Organisation et lui rapporter accessoirement beaucoup d’argent. Son complot lui apporte une gloire universelle. Mais lorsque, en exécution de son plan, il révèle qu’il n’est qu’un imposteur, on ne le croit pas. Touché par la vraie grâce onusienne, il fait la grève de la faim et meurt. On l’enterre au Texas avec sa colombe.
La leçon d'allemand de Siegfried Lenz
1970
Siegfried Lenz
Littérature étrangère
12 h
Le chef-d’oeuvre qui a propulsé Siegfried Lenz au rang des plus grands écrivains allemands contemporains.
Enfermé dans une prison pour jeunes délinquants située sur une île au large de Hambourg, Siggi Jepsen est puni pour avoir rendu copie blanche à une rédaction sur « les joies du devoir ». Ce n’est pas qu’il n’ait rien à dire, bien au contraire... mais il doit tirer le passé de son sommeil. Une fois l’effort accompli, il se met à écrire sans relâche et il lui faudra un an pour mettre en ordre le flot de ses souvenirs d’enfance, et se remémorer la manière dont son père, policier, accomplissait avec soin son devoir. Siggi revient à ce jour de 1943 lorsque son père, alors officier de police de Rugbüll à la frontière danoise, dut apporter à son ancien ami le peintre Max Ludwig Nansen considéré comme dégénéré par le régime une lettre lui stipulant l’interdiction formelle de peindre. Au fil de sa rédaction-confession, le jeune garçon va tenter de comprendre pourquoi son père s’est ainsi acharné pendant et après la guerre sur son vieil ami, et comment lui, à sa manière, a résisté à l’autorité paternelle en prenant le parti du peintre. L’écrivain et le peintre se confondent dans cette toile vivante où le vent du Nord fait se courber les hommes. La Leçon d’allemand, évocation de la manière dont le nazisme pénétra les esprits, a fait de Siegfried Lenz l’un des auteurs les plus lus de la littérature allemande.
 
 
Madame de Sade de Yukio Mishima
1970
Yukio Mishima
Littérature
1½ h
C’est en lisant La Vie du Marquis de Sade de Tatsuhiko Shibusawa que pour moi, en tant qu’écrivain, se posa l’énigme de comprendre comment la marquise de Sade, qui avait montré tant de fidélité à son mari pendant ses longs emprisonnements, a pu l’abandonner juste au moment où il retrouvait enfin la liberté. Telle énigme a servi de point de départ à ma pièce, en laquelle on peut voir une tentative de fournir au problème une solution logique.
J’ai eu l’impression que quelque chose de fort vrai en même temps que de fort peu intelligible paraissait derrière l’énigme, et j’ai voulu considérer Sade dans ce système de références.
Il est peut-être singulier qu’un Japonais ait écrit une pièce de théâtre sur un argument français. La raison en est que je souhaitais employer à rebours les talents que les comédiens de chez nous ont acquis en représentant des pièces traduites de langues étrangères.
Yukio Mishima
Portnoy et son complexe de Philip Roth
1970
Philip Roth
Littérature américaine
6 h
Jour et nuit, au travail et dans la rue - à trente-trois ans d’âge, et il rôde toujours dans les rues, avec les yeux hors de la tête. Un vrai miracle qu’il n’ait pas été réduit en bouillie par un taxi étant donné la façon dont il traverse les grandes artères de Manhattan à l’heure du déjeuner. Trente-trois ans, et toujours à mater et à se monter le bourrichon sur chaque fille qui croise les jambes en face de lui dans le métro.
L'adieu au roi de Pierre Schoendoerffer
1970
Interallié 1969
Pierre Schoendoerffer
Littérature
4 h
L’île de Bornéo, comme le reste de l’archipel malais dont elle fait partie, comme l’Indochine et les Philippines, a été, on s’en souvient, envahie par les japonais dans les débuts de la Seconde Guerre Mondiale. En 1945, pour préparer la reconquête des Philippines, les Alliés décident de pacifier d’abord Bornéo et d’y envoyer des agents chargés d’entrer en relation avec les indigènes pour organiser un soulèvement. Un capitaine anglais des Forces spéciales (le narrateur) et son adjoint, le sergent radio australien Anderson, sont parachutés en territoire muruts au cœur de l’île. Des guerriers surgis de la forêt les emportent, ficelés comme des saucissons, vers leur chef : rude contact que dément la suite, car le roi des Muruts est un Blanc nommé Learoyd, un Irlandais rescapé d’un naufrage en 1942 et adopté par la tribu, qui accepte de les aider.
Alors commence une épopée grandiose et sanglante : l’extermination des troupes japonaises prises au piège de la jungle mais, pour que la mission soit entièrement accomplie, il faut que le royaume de Learoyd, aussi, disparaisse et seule peut y réussir la trahison...
Tel est, dessiné de main de maître sur la trame du réel, ce récit puissant auquel le Prix Interallié a été décerné en 1969.
La servante du passeur de Ernst Wiechert
1970
Ernst Wiechert
Littérature allemande
3½ h
Jürgen Doskocil, le passeur, manœuvre son bac entre les deux rives du fleuve. Les gens des villages ne l’aiment guère et se moquent de sa carrure d’ours… quand ils sont hors de sa portée, car ils ont peur de sa force bien qu’il soit le plus doux des hommes. Ils n’ont pas compris que sous son mutisme de bête sauvage se cache un cœur tendre. Ce qu’il rumine en passant l’eau ou en relevant ses filets est l’image d’un bonheur simple – un champ de blé fertile, un cheval, une femme et des enfants à son foyer.
Aussi sa joie est-elle grande quand Marthe Grotjohann devient sa servante mais, tandis qu’il tisse patiemment à sa manière paisible les liens d’affection qui doivent les unir, quelqu’un va s’acharner contre lui : Mac Lean, le prédicateur mormon qui, sous couleur de recruter des adeptes pour émigrer en Amérique dans « la Ville d’or », convoite – parmi toutes les brebis blanches – la plus belle, Marthe.
La sottise des gens du pays seconde Mac Lean dans le duel qui s’engage, éternelle lutte du Bien et du Mal traitée selon la manière envoûtante d’Ernst Wiechert, dont ce roman est caractéristique.
Souvenirs et rencontres de Stefan Zweig
1970
Stefan Zweig
Littérature allemande
4½ h
Une évocation du poète Ensile Verhaeren, une étude sur la direction d’orchestre d’Arturo Toscanini, un “Adieu à Rilke”, des notes sur l’Ulysse de Joyce, une analyse du génie de Rimbaud, des lectures de liante, Renan et Sainte-Beuve, une évocation de la poétesse Marceline Desbordes-Valmore... Tels sont les morceaux, au sens musical du terme, composant ce recueil.
Profondeur, élégance et culture gouvernent des pages qui sont autant d’exercices d’admiration. Nous entretenant de ses Maîtres, Zweig nous parle aussi de lui, de sa morale, de sols esthétique. Il nous convainc que la littérature et, plus généralement, l’art, ne sont qu’un long dialogue, un partage par-delà la vie et la mort avec des présences fraternelles.
Le Roi des Aulnes de Michel Tournier
1970
Goncourt 1970
Michel Tournier
Littérature
8½ h
Cet avertissement s’adresse à toutes les mères habitant les régions de Gehlenburg, Sensburg, Lötzen et Lyck ! Prenez garde à l’ogre de Kaltenborn ! Il convoite vos enfants. Il parcourt nos régions et vole les enfants. Si vous avez des enfants, pensez toujours à l’Ogre, car lui pense toujours à eux ! Ne les laissez pas s’éloigner seuls. Apprenez-leur à fuir et à se cacher s’ils voient un géant monté sur un cheval bleu, accompagné d’une meute noire. S’il vient à vous, résistez à ses menaces, soyez sourdes à ses promesses. Une seule certitude doit guider votre conduite de mères : si l’Ogre emporte votre enfant, vous ne le reverrez Jamais !
 
 
Les Deux Morts de Quinquin-la-Flotte de Jorge Amado
1971
Jorge Amado
Littérature étrangère
2 h
Joaquim Soares da Cunha était un homme respecté de tous : fonctionnaire émérite, bon père et bon époux, il jouissait du respect de ses pairs. Quand un jour il décide de tout abandonner pour parcourir les rues de Bahia, laissant les costumes et les conventions sociales au placard pour s’adonner aux joies du vagabondage et à la légèreté d’une vie qu’il a choisie : il devient Quinquin-La-Flotte. Si sa famille le renie, ses compagnons de fortune vont faire de lui un roi, un « philosophe en guenilles » qu’ils croient presque immortel jusqu’à ce qu’on retrouve son cadavre dans une cabane de Bahia. La fille, le frère et le très respecté gendre de Quinquin vont alors tout faire pour qu’il recouvre ce qu’ils pensent être sa dignité perdue. L’affublant d’un costume flambant neuf et de souliers luisants, ils vont lui organiser un enterrement digne de ce nom. Mais Bel-Oiseau, Martin le Caporal et Vent Follet - ses plus fidèles amis - ne l’entendent pas ainsi : rejoignant la dernière volonté de ce « vieux loup de mer », ils le ressusciteront pour l’emmener faire le grand saut dans les bras de celui qu’il a toujours voulu comme tombeau : l’océan.
Les deux morts de Quinquin-La-Flotte est plus qu’un roman : c’est un conte à la fois poétique et libérateur, qui révèle avec une plume acide et drôle, la rigidité et l’absurdité d’une société cloisonnée et pleine d’a priori. Jorge Amado nous offre ici un bel hymne à la liberté et fait de Bahia un concentré d’universel, reflet des réactions contrastées que la mort entraîne.
La Beauté à genoux de Jacques Perry
1971
Vie d'un païen (2)
Jacques Perry
Littérature
5 h
Démobilisé, Charles Desperrin arrive à Paris en mai 1919. Renouer avec sa vie antérieure lui paraît hors de question. Repartir pour l’Italie jouer les vignerons peintres auprès de Rosita qu’il a épousée sous le nom de Lorenzi ? Impossible. Il va essayer d’oublier la guerre chez sa mère, à Gien. Il a presque oublié la peinture : un ami, Marc, le pique assez au vif pour qu’il file à Florence revoir ses toiles confiées à son ami Salti.
Le même élan le ramène à Montparnasse, mais son heure n’a pas encore sonné. Il faudra que Salti organise à son insu une exposition triomphale pour qu’il secoue enfin sa léthargie et redevienne le bon géant ivre de peinture du temps de « Lorenzi » - ce temps que raconte Vie d’un païen. C’est dans un atelier perché en haut de la colline du Télégraphe que Charles se lance à nouveau dans le tumulte joyeux de la création, envié de tous les Montparnos car ses tableaux italiens lui assurent gloire et fortune.
Mais ce n’est pas d’argent que se préoccupe Charles. En même temps qu’il retrouvera ce grand courant de l’imagination qui lui fera mettre « la beauté à genoux », il rencontre Kali, une jeune femme inconnue, premier et seul amour de sa vie que tant de femmes auront traversée. Une nouvelle vie de démesure commence pour Charles Desperrin.
Le voleur de coloquintes de Jean Anglade
1972
Jean Anglade
Littérature
5½ h
Baptiste Pascal, surnommé “Sang-de-Chou” par ses camarades, est un petit Auvergnat débrouillard, heureux de son sort au milieu des animaux de la ferme, des champs, de l’école, entre ses “vieux” et son grand frère, “bête comme trente-six cochons”. Jusqu’à ce qu’un événement contraigne la famille à s’installer à Thiers. Adieu parties de pêche, vaches, cochons, campagne et chemins buissonniers ! Un déménagement comme un exil. Avant, pour Baptiste, un autre départ, celui pour la guerre, qui sonnera le glas de sa vie de famille et de son univers auvergnat. Il devient bavarois...
 
 
Cri de la chouette de Hervé Bazin
1972
Hervé Bazin
Littérature
4 h
Folcoche, c’est l’affreux surnom dont les enfants Rezeau avaient affublé leur terrible mère. après l’avoir combattue dans l’inoubliable Vipère au poing, Jean Rezeau avait fui la tribu : il s’était marié, avait fondé une famille normale - sa revanche - dans la Mort du petit cheval. Vingt-cinq ans plus tard, veuf, remarié avec Bertille dont il élève la fille parmi ses propres enfants, nous le retrouvons dans Cri de la chouette. Mais voilà que Madame Mère, Folcoche, jamais revue, fait irruption chez lui. Trahie, dépouillée par son fils préféré, elle vient offrir la paix. Jean, qui avait chassé les fantômes de sa jeunesse, accepte d’oublier le passé sur l’insistance de sa femme et de ses enfants qui croient pouvoir convertir leur redoutable aïeule. C’était oublier que Folcoche est toujours Folcoche. Et la vieille chouette, aussitôt, sème méfiance et discorde. Passant d’un humour féroce à la nostalgie, du pittoresque à la poésie, Hervé Bazin nous donne, avec Cri de la chouette, le plus humain et le plus tragique de ses romans.
 
 
L'Épervier de Maheux de Jean Carrière
1972
Goncourt 1972
Jean Carrière
Littérature
6½ h
Au-dessus de Mazel-de-Mort, lorsqu’on atteint le hameau de Maheux, commencent les hautes solitudes : les torrents disparaissent, les sources tarissent, d’immenses étendues sans arbres moutonnent à l’infini.
Brûlant ou glacial, le climat confère à toutes les saisons quelque chose de cosmique ou de tellurique : voilà le Haut-Pays des Cévennes, terre huguenote. Les vieux meurent, les fermes sont abandonnées les unes après les autres, les enfants quittent le pays : voilà son histoire. Le père mort, Samuel, son frère, descendu à la ville, Abel Reilhan reste seul, dernier parmi les derniers habitants de ces landes inanimées ; seul à piéger les grives ou à tirer le lièvre, seul à glaner tes châtaignes ou à couper le bois mort, seul enfin à défier l’ingratitude du ciel et de la terre, du fond du puits qu’il creuse pour faire jaillir une eau qui n’existe pas. Provocation singulière irrémédiablement vouée à l’échec, combat à l’image de celui qu’il mène contre cet épervier dont le tournoiement incessant l’ensorcelle.
Pari perdu d’avance : Abel mourra vaincu, mais il y a peut-être dans sa défaite une victoire mystérieuse dont nous ne connaîtrons jamais le secret. Jean Carrière, qui connaît admirablement le pays qu’il décrit, nous rend perceptible l’atmosphère tragique d’une France anachronique qui meurt non loin de nous. Il le fait avec toutes les ressources de ce lyrisme bien particulier que l’on trouvait déjà dans son premier roman, Retour à Uzés.
Et s’il faut parler d’influences littéraires, on peut songer, plus qu’à Giono ou à Chamson, à Faulkner et à la littérature américaine du « Deep South ».
Le seigneur du fleuve de Bernard Clavel
1972
Bernard Clavel
Littérature
5½ h
En ce milieu du XIXe siècle, entre Lyon et Beaucaire, sur le Rhône de toujours - fleuve souverain que tout un peuple de mariniers aime et redoute. Sur le Rhône qui change aussi puisque voici qu’y apparaissent, puissants et rapides, les premiers vapeurs. Avec eux c’est un nouvel Age qui commence, celui du fer, de la vitesse et des machines. Cet avenir qui s’annonce, que d’aucuns nomment progrès, Philibert Merlin, patron-batelier, le hait et le nie. Depuis plus de vingt ans, conduisant son train d’embarcations, régnant sur ses mariniers et ses chevaux, il vit sur le fleuve. Son fleuve - dont il boit chaque matin une goulée pour y puiser vigueur et courage. Comment accepterait-il de céder la place? Il y va de son pain mais aussi de son âme. Et c’est ainsi qu’un jour d’automne, alors que le Rhône, en proie à la tempête, roule des flots furieux et que les vapeurs renoncent à appareiller, Patron Merlin, en un défi désespéré, lance ses barques et ses hommes à la remonte du fleuve...
 
 
Chien blanc de Romain Gary
1972
Romain Gary
Littérature
4 h
C’était un chien gris avec une verrue comme un grain de beauté sur le côté droit du museau et du poil roussi autour de la truffe qui le faisait ressembler au fumeur invétéré sur l’enseigne du Chien-qui-fume, un bar-tabac à Nice, non loin du lycée de mon enfance.
Il m’observait, la tête légèrement penchée de côté, d’un regard intense et fixe, ce regard des chiens de fourrière qui vous guettent au passage avec un espoir angoissé et insupportable.
Il entra dans mon existence le 17 février 1968 à Beverly Hills, où je venais de rejoindre ma femme Jean Seberg, pendant le tournage d’un film.
Le malheur indifférent de Peter Handke
1972
Peter Handke
Littérature étrangère
1 h
La mère de l’auteur s’est tuée le 21 novembre 1971, à l’âge de 51 ans. Quelques semaines plus tard, Peter Handke décide d’écrire un livre sur cette vie et ce suicide. Simple histoire, mais qui contient quelque chose d’indicible. Histoire d’une vie déserte, où il n’a jamais été question de devenir quoi que ce soit. Vie sans exigence, sans désirs, où les besoins eux-mêmes n’osent s’avouer, sont considérés comme du luxe.À trente ans, cette vie est pratiquement finie. Et pourtant, lorsqu’elle était petite fille, cette femme avait supplié «qu’on lui permette d’apprendre quelque chose».
L'épopée du buveur d'eau de John Irving
1972
John Irving
Littérature américaine
8 h
Fred “Bogus” Trumper, fumiste farfelu, a un problème : son canal urinaire est trop étroit. Pour cesser de souffrir pendant l’amour, un seul remède : boire des litres d’eau. Sa femme veut le plaquer, sa maîtresse souhaite un bébé, et, surtout, le réalisateur d’un documentaire sur l’échec tient absolument à s’inspirer de sa vie... Vaille que vaille, Bogus s’obstine à croire qu’il pourrait bien, un jour, réussir quelque chose.
Visions de Gérard de Jack Kerouac
1972
Jack Kerouac
Littérature étrangère
2½ h
« Pendant les quatre premières années de ma vie, tant qu’il vécut, je ne fus pas Ti Jean Duluoz, je fus Gérard, le monde fut son visage, la fleur de son visage, sa pâleur, son corps voûté, la façon qu’il avait de vous briser le cour, sa sainteté et les leçons de tendresse qu’il me donnait ». Nous sommes en Nouvelle-Angleterre, dans le quartier canadien-français de Lowell. Jack Kerouac fait revivre dans ces pages, sans doute les plus émouvantes de son ouvre, sa petite enfance passée en compagnie de son frère aîné, Gérard. Cet être d’exception mourut à neuf ans mais son attention aux hommes et aux animaux influença la vie entière de l’auteur. En mêlant aux anecdotes sur ses parents et ses voisins le souvenir des joies et des souffrances de Gérard, Kerouac nous livre, dans une langue drue et imagée, imprégnée de lyrisme, l’expression la plus achevée de son message poétique et métaphysique.
La dernière séance de Larry McMurtry
1972
Duane Moore (1)
Larry McMurtry
Littérature étrangère
6 h
En 1951, la petite ville texane de Thalia, aux confins du désert, hésite entre un puritanisme de bon ton et la quête d’un plaisir encore tabou. Du cinéma à la salle de billard, les jeunes gens du coin jouent aux amoureux éperdus et feraient tout pour être le sujet des derniers ragots. Livrés à eux-mêmes, Duane et Sonny gagnent après le lycée de quoi animer leurs samedis soir grâce à de petits jobs sur la plate-forme pétrolière. Ils s’ennuient sec et rêvent de filles belles comme le jour qu’ils enlèveraient à leurs riches parents pour les épouser dans une épopée romanesque. Reste pour cette petite bande à découvrir que la vie n’a finalement rien d’un scénario hollywoodien. La Dernière Séance trace avec humour et tendresse le portrait universel d’une jeunesse qui se heurte pour la première fois à la vie. 
Malevil de Robert Merle
1972
Robert Merle
Littérature
13 h
Une guerre atomique dévaste la planète, et dans la France détruite un groupe de survivants s’organise en communauté sédentaire derrière les remparts d’une forteresse. Le groupe arrivera-t-il à surmonter les dangers qui naissent chaque jour de sa situation, de l’indiscipline de ses membres, de leurs différences idéologiques, et surtout des bandes armées qui convoitent leurs réserves et leur «nid crénelé» ?
 
 
Confession d'un masque de Yukio Mishima
1972
Yukio Mishima
Littérature japonaise
4½ h
Dans le Japon des années 1930 et 1940, au milieu de désastres sans précédent, Kochan lutte contre ses pulsions. À l’école, la fascination qu’il éprouve pour un jeune camarade se mue en attirance sexuelle. Comment être homosexuel dans une société conformiste ? Kochan devra-t-il renoncer à lui-même et porter un masque toute sa vie ? Dans ce roman d’inspiration autobiographique, Mishima nous offre un récit torturé sur la frustration du désir.
Les boulevards de ceinture de Patrick Modiano
1972
Académie française (roman) 1972
Patrick Modiano
Littérature
2 h
Le narrateur part à la recherche de son père. Cette quête lui fait remonter le fil des années et revivre d’une façon hallucinatoire une époque qui pourrait être l’Occupation. Le voici dans un village de Seine-et-Marne, en bordure de la forêt de Fontainebleau, au milieu d’étranges individus qui viennent y passer leurs week-ends. Entre autres un « comte » de Marcheret ex-légionnaire qui souffre du paludisme, Jean Murraille, directeur de journal, sa nièce une jeune actrice blonde éternellement emmitouflée dans un manteau de fourrure... Enfin, le père du narrateur qui se fait appeler le « baron » Deyckecaire. Le narrateur s’introduit dans ce milieu interlope, en espérant atteindre son père. Celui-ci qui est-il au juste ? Trafiquant de marché noir ? Juif traqué ? Pourquoi se trouve-t-il parmi ces gens? Jusqu’au bout, le narrateur poursuivra ce père fantomatique.
L'herbe bleue, Journal d'une jeune fille de 15 ans de Beatrice Sparks
1972
Beatrice Sparks
Littérature
3½ h
L’herbe bleue est le journal intime d’une jeune droguée de quinze ans. Cet ouvrage ne prétend pas décrire le monde de la drogue chez les jeunes. Il n’apporte aucune solution à ce problème. C’est une chronique personnelle, spécifique, qui, en tant que telle, permettra peut-être de comprendre un peu l’univers de plus en plus compliqué dans lequel nous vivons. Les noms, les dates, les lieux et certains événements ont été changés, selon le désir de toutes les personnes mêlées à ce récit.
 
 
Vipère au poing de Hervé Bazin
1972
Hervé Bazin
Littérature
3½ h
Ce roman, le plus célèbre de l’auteur, est aussi largement autobiographique. Comme dans l’ensemble de son oeuvre, Hervé Bazin y donne les raisons de sa haine et de son combat contre toutes les oppressions familiales et sociales. Vipère au poing raconte la lutte impitoyable livrée par Brasse-Bouillon, alias Jean Rezeau, ainsi que ses frères, contre leur mère, une marâtre odieuse, calculatrice et violente. Folcoche, ainsi que ses enfants la nomment, règne avec autorité sur une famille angevine bien-pensante, ne lésinant pas sur les coups de fouet, les brimades et les humiliations. Mais Brasse-Bouillon est malin, vif et clairvoyant. Il affronte sa mère en lui tendant à son tour les pièges qui l’aideront à avoir raison d’elle.
Au premier degré, le livre possède un incontestable humour qui marque les esprits (inoubliable Folcoche, parangon de méchanceté !). Mais, il est avant tout un cri d’enfant et la dénonciation d’un certain modèle d’éducation qui fit longtemps les beaux jours des familles françaises.
 
 
Des Bleus à L'âme de Françoise Sagan
1972
Françoise Sagan
Littérature
2½ h
Sébastien et Éléonore, frère et soeur, complices inséparables, la quarantaine proche, se retrouvent à Paris. Également beaux et blonds, comme il se doit, les voici nonchalamment installés dans un meublé de hasard, parfaitement désargentés et parfaitement disponibles. Presque aussitôt, se pressent autour d’eux Nora, une Américaine aussi riche que mûre, Bruno, jeune premier du cinéma français, Robert, un célèbre imprésario... Françoise Sagan nous offre ici ses sentiments, elle nous parle de sa vie et se met en scène comme rarement. Elle utilise le “je” pour justifier ses choix et lui redonne, dans une pirouette finale, son statut romanesque. Une très grande oeuvre.
Une pomme oubliée de Jean Anglade
1973
Jean Anglade
Littérature
3½ h
« Nom de gueux ! » jure Mathilde à longueur de journée. Contre qui, contre quoi ? Ultime habitante d’un hameau d’Auvergne, il ne lui reste que ses chèvres, ses poules et son chat à qui faire la causette. Sans oublier le facteur, quand il passe.
Mais Mathilde ne renonce à rien : ni à l’espoir de voir son village repeuplé, ni à celui de retrouver son ingrat de fils parti en ville sans jamais plus donner de nouvelles.
Illusion de la vie, des derniers jours comptés.
Mathilde qui vit encore et qu’on a déjà oubliée...
L'Ogre de Jacques Chessex
1973
Goncourt 1973
Jacques Chessex
Littérature
3½ h
Détruire son père.
En faire un petit tas de cendres au fond d’une urne. Comme du sable. De la poussière anonyme et sans voix. Cela peut sembler facile à une époque où la jeunesse tuait ses pères en écoutant Joan Baez et Donovan. C’est impossible pour Jean Calmet, professeur de latin à Lausanne. Comme il vient d’assister à la crémation de son père, les fantômes et les outrages du passé reviennent le tyranniser. Dans ce livre qui obtint le prix Goncourt en 1973, Chessex déroule le fil d’une vie dévorée par un ogre jouisseur et tonitruant, qui aura volé le plaisir de vivre à sa progéniture et crédité sa lâcheté.
Un père ne meurt jamais...
 
 
Un taxi mauve de Michel Déon
1973
Académie française (roman) 1973
Michel Déon
Littérature
7 h
« C’était bien Anne, et quand nous approchâmes, courant dans les derniers cent mètres, la marée montante lui léchait déjà les pieds. Étendue sur le dos, un bras replié sous elle, maculée de vase, elle offrait au ciel son visage livide sur lequel le sang coulant du front avait déjà séché, engluant une paupière et les cheveux épars. Je défis son blouson de daim et passai la main sur sa poitrine. Une mince chemise protégeait un sein tiède qui se soulevait par saccades. »
Lady L. de Romain Gary
1973
Romain Gary
Littérature
4 h
Une vieille dame très respectable de l’aristocratie britannique fête son anniversaire en compagnie de toute sa famille, enfants et petits-enfants, ayant tous plus que bien réussi socialement. Pourtant, tout ceci n’est qu’une aimable façade, un rôle qu’elle a choisi de jouer et qui la déçoit amèrement, car la vérité est bien plus noire et bien plus ardente. Elle décide, lassée par tous ces secrets, de conter son histoire à son confident, typiquement anglais, qui la vénère. Romain Gary dit s’être inspiré des confidences d’une très grande dame pour tracer le portrait de son héroïne comme il a puisé dans les archives son Armand Denis, ajoutant seulement à ces ingrédients l’humour qui fait de Lady L. un récit plein de verve et de moqueuse sagesse.
L'homme qui plantait des arbres de Jean Giono
1973
Jean Giono
Littérature
6
½ h
Si l’on n’y prenait garde, la vie se retirerait vite des landes de Haute-Provence, et le plateau de la lavande retournerait au désert. Elzéard Bouffier a voulu l’empêcher. Berger paisible et obstiné, toute sa vie il a planté des arbres, des milliers d’arbres et, au fil des ans, la région est redevenue verdoyante, fraîche, parfumée.
 
 
Le livre de la vie de Martin Gray
1973
Martin Gray
Littérature
3 h
Dans un livre aujourd’hui célèbre : Au nom de tous les miens, Martin Gray a fait le récit de la tragédie qui endeuilla sa vie. Ce livre connut aussitôt un immense succès. C’est alors que, de tous les points du monde, des milliers de lettres sont parvenues à l’auteur pour saluer sa ténacité, sa confiance dans l’homme, pour lui apporter un témoignage de fraternité. Mais surtout pour lui dire combien ce livre leur avait donné la force de vivre. Ces lettres demandaient à Martin Gray de les aider encore en leur parlant de ce qu’il avait retenu de son existence exemplaire, en tentant en somme de leur communiquer son expérience. C’est cette réponse à des milliers de questions qu’il donne ici dans Le livre de la vie. Martin Gray dit comment on peut trouver le bonheur, le courage et l’espoir.
La vallée des rubis de Joseph Kessel
1973
Joseph Kessel
Littérature
4½ h
Plus secrète que La Mecque, plus difficile d’accès que Lhassa, il existe au cœur de la jungle birmane une petite cité inconnue des hommes et qui règne pourtant sur eux par ses fabuleuses richesses depuis des siècles : c’est Mogok, citadelle du rubis, la pierre précieuse la plus rare, la plus chère, la plus ensorcelante. Mogok, perdue dans un dédale de collines sauvages par-delà Mandalay. Mogok autour de laquelle rôdent les tigres. La légende assure qu’aux temps immémoriaux un aigle géant, survolant le monde, trouva dans les environs de Mogok une pierre énorme, qu’il prit d’abord pour un quartier de chair vive tant elle avait la couleur du sang le plus généreux, le plus pur. C’était une sorte de soleil empourpré. L’aigle emporta le premier rubis de l’univers sur la cime la plus aiguë de la vallée. Ainsi naquit Mogok...
Au-dessous du volcan de Malcolm Lowry
1973
Malcolm Lowry
Littérature étrangère
10 h
Aussi quand tu partis, Yvonne, j’allai à Oaxaca. Pas de plus triste mot. Te dirai-je, Yvonne, le terrible voyage à travers le désert, dans le chemin de fer à voie étroite, sur le chevalet de torture d’une banquette de troisième classe, l’enfant dont nous avons sauvé la vie, sa mère et moi, en lui frottant le ventre de la tequila de ma bouteille, ou comment, m’en allant dans ma chambre en l’hôtel où nous fûmes heureux, le bruit d’égorgement en bas dans la cuisine me chassa dans l’éblouissement de la rue, et plus tard, cette nuit-là, le vautour accroupi dans la cuvette du lavabo ? Horreur à la mesure de nerfs de géant !
L'Avortement de Richard Brautigan
1973
Richard Brautigan
Littérature étrangère
3 h
Un homme vit cloîtré dans une bibliothèque insolite qui accueille jour et nuit des manuscrits refusés par les éditeurs. Un jour, une femme sublime vient lui confier son livre. Elle raconte l’histoire de son corps, cette “horrible chose” qu’elle ne supporte plus. Entre le bibliothécaire farfelu et cette étrange créature, une histoire d’amour est née, et les ennuis commencent.
Boy de Christine de Rivoyre
1973
Christine de Rivoyre
Littérature
6 h
Hendaye 1937. C’est l’été. Trois générations de Bordelais passent leurs vacances sur la côte basque : villa cossue, la mer, les bains de mer, la famille qui se déchire, les repas qui n’en finissent plus. Surgit Boy dans sa décapotable. Il arrive d’Amérique. Soleil supplémentaire. Liesse. Aux vacheries succèdent les cris de joie. La jolie camériste, Suzon, est émue. Hildegarde, 12 ans, récupère son dieu, elle exulte. Mais le destin qui n’aime pas trop les enfants gâtés brouille les cartes. L’été tournera au drame.
Boy est un roman à deux voix, à deux cœurs, ceux d’Hildegarde et de Suzon, deux amoureuses dont les mots et les fantasmes habillent le même personnage irrésistible et condamné. Boy est le tableau solaire - plus cruel que nostalgique - d’une caste qui vit ses derniers beaux jours.
Tereza Batista de Jorge Amado
1974
Jorge Amado
Littérature étrangère
12 h
Bienvenue dans l’univers coloré, exotique, érotique et cruel de Tereza Batista. Dans un Brésil déchiré par des inégalités sociales grandissantes, la petite Tereza est vendue par sa tante au Capitão, un monstre de cruauté et de dépravation qui abuse des fillettes qu’il achète comme une vulgaire marchandise. Adolescente, elle trouve naïvement refuge dans les bras d’un don Juan manipulateur.
Femme, elle croit rencontrer l’amour avec un médecin bien sous tous rapports qui fait d’elle une infirmière respectable et finit par…
mourir. Désabusée, elle se tourne alors vers le Bordel, où sa sensualité de mulâtresse devient son arme pour survivre. C’est alors que la Peste Noire s’abat sur le pays. Avec les autres filles des rues, Tereza résiste, lutte et repousse le mal.
Dans Tereza Batista, Jorge Amado nous entraîne au coeur d’un Brésil populaire qu’il manie à la perfection grâce à une construction virtuose qui mêle écriture orale et critique sociale. Roman de femmes, il dresse à travers le portrait de Tereza le destin de toute une génération de Brésiliennes. Roman populaire, il enchante la littérature avec son érotisme poétique et inventif et rend hommage à un peuple en quête de ses origines.
Béni soit l'Atome et autres nouvelles de René Barjavel
1974
René Barjavel
Littérature
2 h
Anicette a le sourire doux comme l’aurore. Genête est un trésor pur, le germe à la pointe de l’amande dans le noyau du fruit à la plus haute branche. Péniche, lui, est un naïf aux grands pieds, solitaire au milieu des bois incapable d’apprendre le pas des militaires. Celle-ci encore est fée, bénie de Dieu mais tourmentée d’innocents désirs. A eux, cœurs purs, les secrets révélés de l’amour, son éternelle et pleine félicité. Quant aux autres : ergoteurs jaloux, envieux, confits d’absurdité et de savoir, toujours en quête d’une improbable et vaine perfection, à eux les guerres sans fin, les cataclysmes et les misères d’une stupide condition humaine... Mais dans la poudre et le sang, à coups de canon et d’explosions atomiques, aujourd’hui, demain, sur terre, au ciel ou dans les mains miraculeuses d’une fillette, le même destin s’accomplira jusqu’à son terme...
Le Prince blessé et autres nouvelles de René Barjavel
1974
René Barjavel
Littérature
3½ h
C’est dans ses nouvelles qu’il faut chercher les plus belles pages de l’auteur du Grand Secret, ses personnages les plus étranges, les plus lumineux, les plus tendres. Ici, le vieux retraité, la petite fille, la lionne le guerrier blindé, l’arbre, le monstre aux ailes blanches sont frères et soeurs, ont le même âge innocent, vivent dans le même univers de poésie fantastique et de lumière...
« Un écrivain professionnel, écrit René Barjavel, débute dans son métier à la maternelle, quand il trace son premier bâton.
Voici toutes les nouvelles que j’ai écrites depuis ce temps-là...
Il y en a de bonnes et des moins bonnes, mais ce qui me satisfait, c’est que la meilleure est la plus récente. »
Celle-ci, Le Prince blessé, qui donne son titre à l’ouvrage, nous conte l’extraordinaire histoire d’Ali, fils du grand Khalife Haroun al Raschid.
Ce jeune prince, cruellement blessé par ce qu’il croit être l’amour, va se dépouiller, d’épreuve en épreuve, de tout ce qui n’est pas l’amour véritable et atteindre enfin, par ce moyen, à la félicité.
Dans ce Prince blessé, comme dans d’autres textes devenus classiques, tels Les enfants de l’ombre ou La fée et le soldat, s’exprime avec éclat l’art de Barjavel, fait à la fois de malice et de douceur, de satire et de poésie, un art qui nous transporte, le temps d’un songe, dans un monde fabuleux qui pourtant reste très proche de nous.
Les dames à la licorne de René Barjavel
1974
Les Dames à la Licorne (1)
René Barjavel (et Olenka de Veer)
Littérature
7 h
Une terre de légendes : l’Irlande. Un descendant de roi, chef rebelle en fuite Hugh O’Farran. Une jeune sauvageonne au prénom étrange : Griselda... Griselda qui rêve, en cette fin du XIXe siècle, d’un destin extraordinaire loin de cette île de Saint-Albans où elle vit avec ses quatre sœurs et ses parents... Voici les personnages principaux d’un magnifique roman d’amour inspiré d’une histoire vraie. Une histoire qui pourrait commencer par “Il était une fois cinq filles dans une prison d’eau...” tant elle a la beauté et le mystère d’un conte...
Les vertus de l'enfer de Pierre Boulle
1974
Pierre Boulle
Littérature
4 h
L’enfer de John Butler, c’est l’héroïne Avec son passé de lâche, il n’avait peut-être pas d’autre solution. Et il semble, au moment où débute cette histoire, que rien ne pourra le sauver, puisque les médecins eux-mêmes l’ont abandonné à son sort. Cependant, John Butler, cet incapable renvoyé de partout, à qui personne jusque-là n’a fait confiance, va vivre une aventure exceptionnelle. Laquelle ? On le verra en lisant ce récit qui nous entraîne des Etats-Unis jusqu’en Birmanie en une succession de coups de théâtre, une sorte de jeu du chat et de la souris : jeu dont John Butler deviendra bientôt le point de mire, sinon le héros.
Pierre Boulle manie le paradoxe avec une aisance diabolique et jette ses personnages dans des situations pour le moins extraordinaires. D’où il ressort une évidence toute simple... que le lecteur découvrira non sans surprise
La pêche à la truite en Amérique - Sucre de pastèque de Richard Brautigan
1974
Richard Brautigan
Littérature étrangère
3½ h
La pêche à la truite en Amérique :
Dans l’univers de Richard Brautigan, on croise des tigres excellents en arithmétique, des truites chaleureuses et toujours de bon conseil, tandis que les carottes et les rutabagas ont leurs statues en place publique...
Si la cocasserie de celui qui traversa la littérature américaine tel un météore est sans limites le plus fabuleux ici est cette écriture, un véritable monument de douceur qui, sous une enveloppe sauvage et naïve, ne déroule rien qu’une profonde métaphysique de la tendresse humaine. Sucre de pastèque :
Dans l’univers de Richard Brautigan, on croise des tigres excellents en arithmétique, des truites chaleureuses et toujours de bon conseil, tandis que les carottes et les rutabagas ont leurs statues en place publique...
Si la cocasserie de celui qui traversa la littérature américaine tel un météore est sans limites le plus fabuleux ici est cette écriture, un véritable monument de douceur qui, sous une enveloppe sauvage et naïve, ne déroule rien qu’une profonde métaphysique de la tendresse humaine.
Contes de la folie ordinaire de Charles Bukowski
1974
Charles Bukowski
Littérature américaine
4 h
Aux États-Unis, rien ne se discute, rien ne s’écrit, sans que d’une façon ou d’une autre Bukowski n’y soit mêlé. Or que raconte cet Américain de cinquante-sept ans, né en Allemagne et ancien facteur de son état ?
Tout simplement que l’époque n’a pas bonne mine, que nos mœurs ne s’améliorent pas et que la vie ne vaut d’être vécue qu’entre un comptoir et un lit. Toutes choses que chacun de nous sait mais que Bukowski redit sur un ton inimitable, entre pleurs et rires. À peine lues, ses histoires ne vous quittent plus parce qu’immédiatement vous les reconnaissez pour ce qu’elles sont : en prise directe avec nos déboires, nos misères, notre corps, notre esprit.
L'Amour Aveugle de Patrick Cauvin
1974
Patrick Cauvin
Littérature
4 h
Jacques Bernier, quarante-cinq ans, professeur de français, part plein d’espoir rejoindre sa fille et ses amis en Provence pour les vacances. Mais ils sont jeunes et, très vite, il se sent complètement dépassé, hors circuit. Le miracle survient alors. Il tombe amoureux fou de Laura. Lui n’est pas Clark Gable, elle est aveugle. Ils mettront dans cet amour toute leur énergie et leur volonté de bonheur. De l’infirmité de son héroïne, l’auteur fait une richesse et nous offre un festival de sensations tactiles, de sons et d’odeurs. Poésie, humour et tendresse, mais aussi gravité et tristesse, tout est réuni dans cette bouleversante histoire d’amour.
 
 
L'Irrégulière ou Mon itinéraire Chanel de Edmonde Charles-Roux
1974
Edmonde Charles-Roux
Littérature
12 h
Mystérieuse pour les plus intimes, acharnée à effacer toute trace de son passé, de ses origines, de sa famille même, Gabrielle Chanel aura été tout au long de son existence une « irrégulière » dans une société conformiste, et peut-être ne faut-il pas chercher ailleurs le secret sa prodigieuse réussite. Suivant l’itinéraire inverse de celui qui l’a menée à Elle, Adrienne, roman dont la célèbre couturière était l’inspiratrice et non le modèle - on trouvera ici de nombreuses « clés » surprenantes ?
Edmonde Charles-Roux a voulu en savoir davantage. Cette biographie passionnante prend parfois les allures d’une enquête policière, ou presque d’un roman d’espionnage. Il a fallu déblayer une vie entière de mensonges ou d’aveux subtilement travestis pour nous montrer la fillette de forains cévenols, née par hasard à Saumur, l’orpheline oubliée dans un couvent de Corrèze, la petite pensionnaire des chanoinesses de Moulins, qui n’allait pas tarder à devenir « poseuse » dans un beuglant de la garnison, Lire la suite...
 
 
Au plaisir de Dieu de Jean d'Ormesson
1974
Jean d'Ormesson
Littérature
11 h
En hommage à la mémoire de son grand-père, symbole de la tradition, contraint de s’éloigner à jamais de la terre de ses ancêtres, le cadet d’une vieille famille française enfermée dans l’image du passé raconte ce qui a été et qui achève de s’effondrer. Le berceau de la tribu, le château de Plessis-lez-Vaudreuil, est au centre de cette longue chronique qui embrasse, depuis les croisades jusqu’à nos jours, l’histoire du monde, du pays, du clan, de tout ce que la lignée a incarné et en quoi elle a cru, et qui s’est peu a peu effrité. Un mariage d’amour et d’argent, les idées contemporaines et subversives, les livres, les mœurs nouvelles ouvrent successivement des brèches dans la forteresse de la tradition. L’histoire du XXe siècle, avec ses situations paradoxales, précipite la mutation et la décadence d’une famille qui avait su, à travers tous les cataclysmes, maintenir ses privilèges et conserver son charme.         
Gros-Câlin de Romain Gary
1974
Romain Gary (et Émile Ajar)
Littérature
4 h
Lorsqu’on a besoin d’étreinte pour être comblé dans ses lacunes, autour des épaules surtout, et dans le creux des reins, et que vous prenez trop conscience des deux bras qui vous manquent, un python de deux mètres vingt fait merveille. Gros-Câlin est capable de m’étreindre ainsi pendant des heures et des heures.
L'homme de proie de Jean Hougron
1974
Jean Hougron
Littérature
11 h
Le grand inconvénient des livres nouveaux est de nous empêcher de lire les anciens. D’un amour étouffant renaît un vieux rêve : partir à l’aventure vers un grand blanc sur la carte, le cinquième territoire, ses rubis et ses arbres à benjoin. Le pays aux cent mille monts s’ouvre devant Alexandre qui se sent tour à tour, gibier et chasseur. Une longue errance semée d’amours violentes et tumultueuses avec de jeunes et ravissantes laotiennes. Rien derrière soi. Et devant le ciel, comme à portée de main…
La dentellière de Pascal Lainé
1974
Goncourt 1974
Pascal Lainé
Littérature
2 h
« Certes c’était une fille des plus communes. Pour Aimery, pour l’auteur de ces pages, pour la plupart des hommes, ce sont des êtres de rencontre, auxquels on s’attache un instant, seulement un instant, parce que la beauté, la paix qu’on y trouve ne sont pas de celles qu’on avait imaginées pour soi ; parce qu’elles ne sont pas où l’on s’attendait à les trouver. Et ce sont de pauvres filles. Elles savent elles-mêmes qu’elles sont de pauvres filles. Mais pauvres seulement de ce qu’on n’a pas voulu découvrir en elles. Quel homme n’a pas dans sa vie commis deux ou trois de ces crimes ? »
Tim de Colleen McCullough
1974
Colleen McCullough
Littérature
5½ h
Mary Horton mène une existence solitaire dans sa superbe villa sur la plage de Sydney. Cadre dans une compagnie d’extraction minière, elle n’a vécu que pour réussir. Apparemment sans âge et sans grâce, Mary a passé sa vie à étouffer ses aspirations de femme. Sa vie est bouleversée par sa rencontre avec le jeune Tim Melville. D’une beauté de statue, le jeune homme rayonne de tendresse. Pourtant, ses yeux bleus expriment parfois un immense désespoir. Il a vingt-cinq ans, mais, mentalement, il est resté un enfant. Les hommes de son âge le rejettent, et même sa famille ne parvient pas à l’accepter tel qu’il est. Quand Tim devient le jardinier de Mary, tout change pour l’un comme pour l’autre : une entente immédiate et chaleureuse, des échanges d’une richesse inattendue viennent illuminer leurs existences. Cette étrange tendresse les émerveille. Mais ni l’un ni l’autre n’ose s’abandonner aux délices de l’amour...
 
 
Colorado saga (t.1) de James A. Michener
1974
Colorado saga (1)
James A. Michener
Littérature étrangère
15 h
C’est l’histoire entière du Nord-Ouest américain que James A. Michener reconstitue en racontant la naissance et l’essor de Centennial, une ville du Colorado, dans les montagnes Rocheuses. Centennial est d’ailleurs le titre sous lequel le livre a paru en langue américaine, mais Colorado saga qui lui est substitué pour la version française n’en trahit ni la lettre ni l’esprit. Vraie de la vérité des légendes qui fait agir des personnages imaginaires sur le canevas de la réalité, cette saga du Colorado commence dès l’aube du monde, à l’heure des allosaures, pour se poursuivre dans les temps plus doux où la faune et la flore permettent aux hommes d’apparaître et de survivre parmi les castors, les ours et les buffles. Le nom des premiers occupants du Colorado? Les Indiens. Un jour, parmi les tribus chasseresses et guerrières, viendront les coureurs des bois comme le Français Pasquinel, les prospecteurs, puis les autres émigrants attirés par le mirage de l’Ouest tel Zendt le Mennonite ou les colons anglais. Les ambitions de ces Visages Pâles et leurs conséquences sur la vie des Peaux-Rouges sont magistralement analysées dans la première partie de ce récit consacré à la métamorphose du Colorado, en qui se résume au fond la fantastique aventure des Etats-Unis d’Amérique du Nord.
 
 
Colorado saga (t.2) de James A. Michener
1974
Colorado saga (2)
James A. Michener
Littérature étrangère
12 h
C’est l’histoire entière du Nord-Ouest américain que James A. Michener reconstitue en racontant la naissance et l’essor de Centennial, une ville du Colorado, dans les montagnes Rocheuses.
Centennial est d’ailleurs le titre sous lequel le livre a paru en langue américaine, mais Colorado saga qui lui est substitué pour la version française n’en trahit ni la lettre ni l’esprit. Vraie de la vérité des légendes qui fait agir des personnages imaginaires sur le canevas de la réalité, cette saga du Colorado commence dès l’aube du monde, à l’heure des allosaures, pour se poursuivre dans les temps plus doux où la faune et la flore permettent aux hommes d’apparaître et de survivre parmi les castors, les ours et les buffles. Le nom des premiers occupants du Colorado? Les Indiens. Un jour, parmi les tribus chasseresses et guerrières, viendront les coureurs des bois comme le Français Pasquinel, les prospecteurs, puis les autres émigrants attirés par le mirage de l’Ouest tel Zendt le Mennonite ou les colons anglais. Les ambitions de ces Visages Pâles et leurs conséquences sur la vie des Peaux-Rouges sont magistralement analysées dans la première partie de ce récit consacré à la métamorphose du Colorado, en qui se résume au fond la fantastique aventure des Etats-Unis d’Amérique du Nord.
 
 
Les Survivants de Piers Paul Read
1974
Piers Paul Read
Littérature
7½ h
Le 13 octobre 1972, l’avion qui transportait une équipe uruguayenne de joueurs de rugby et leurs proches s’écrasa dans les Andes. Il y avait 45 personnes à bord. 27 d’entre elles survécurent mais, pour subsister, elles durent se résoudre à manger leurs morts... 
 
 
Les noisettes sauvages de Robert Sabatier
1974
Robert Sabatier
Littérature
5½ h
Olivier, le petit garçon des “Allumettes suédoises” et de “Trois sucettes à la menthe”, arrive à Saugues, porte du Gévaudan. Là, il rejoint les siens : le “pépé”, maréchal-ferrant qui a ajouté à son noble métier les conquêtes du savoir ; la “mémé”, ancienne fillette louée dès l’âge de six ans ; leur fils Victor, jeune hercule de village, qui prend l’enfant sous sa protection. – Dans ce pays grandiose, chaque instant d’Olivier lui apporte une découverte, un émerveillement. Des gestes comme ceux du ferrage, de la traite, des travaux de ferme, vus par ses yeux, prennent une signification nouvelle et intense. – Qui sont-ils ces paysans farouches, ces artisans appliqués, ces pâtres pleins de mystérieuses connaissances ? Olivier les découvre dans leur existence réelle : que ce soit Chadès le coiffeur, Anglade le pâtissier, la sœur Clémentine, les cousines aux robes fleuries ou tout le peuple d’un étonnant village. – Et il y a les originaux, les innocents, les joyeux drilles. Et surtout le grand-père : le moindre objet pour lui devient prétexte à souvenirs, contes, évocations. Dans ce pays de la Bête du Gévaudan, avec ses légendes noires, ses processions de Pénitents, ses veillées, l’imagination du petit Poulbot s’enfièvre et c’est toute l’enfance qui apparaît à travers lui. – Il va aux écrevisses, suit la fanfare, assiste à la tuée du cochon, garde les vaches, aide à ferrer, apprend “lou patouès”, participe à la tribu, à la fête. Des scènes comme la dernière bourrée du grand-père infirme, les promenades avec Papa-Gâteau qui fait revivre l’épopée gauloise et cent autres, sans cesse émeuvent, amusent et charment.
Quat' saisons de Antoine Blondin
1975
Antoine Blondin
Littérature
2½ h
Au fil d’une année, les voitures des quat’ saisons proposent sur les marchés un fouillis de primeurs contrastées en volumes et en couleurs. Il arrive pourtant qu’un œil sensible découvre une harmonie sous ces disparates : pommes de terre nouvelles, carottes nouvelles, tomates nouvelles...
L’auteur de ce livre, à l’éventaire duquel on ne trouve que des nouvelles, tout court, ne souhaite pas autre chose. Il a choisi de remonter le cours des quatre saisons, de l’hiver au printemps, parce qu’ayant été cueilli à froid, il a essayé de terminer sur un coup de grâce.
L'honneur perdu de Katharina Blum de Heinrich Böll
1975
Heinrich Böll
Littérature allemande
2½ h
L’action se déroule à Cologne la ville natale de l’auteur. Le roman évoque le sort d’une femme, Katharina Blum, victime d’un scandale médiatique dont elle ignore la raison. Cette femme de 27 ans, gouvernante chez un avocat, mène une existence calme et sans histoires. À l’occasion du carnaval, Katharina fait la connaissance d’un homme dont elle tombe amoureuse et dont elle ne connaît que le nom : Ludwig Götten. Or, ce dernier est un criminel recherché par la police. Elle décide de l’héberger, ce qui fait basculer brusquement sa vie. Le lendemain, la maison de Katharina est prise d’assaut par la police, mais l’homme recherché est déjà en fuite. La police arrête Katharina et l’interroge jusqu’au soir.
Au moment de la prise d’assaut, des photographes de presse sont présents. La presse finira par détruire sa réputation.
La publication du roman en 1974 est d’abord une réponse de Heinrich Böll, prix Nobel de littérature, à la presse allemande et au Bild Zeitung qui l’avait violemment attaqué après une série de ses articles dénonçant l’acharnement de la presse à sensation. Ce roman polémique n’est pas seulement dirigé contre les abus de la presse mais aussi contre le système policier : c’est la période des années de plomb marquées par la répression s’opposant aux mouvements révolutionnaires violents tels que la Fraction armée rouge menée par Andreas Baader et Ulrike Meinhof.
 
 
Berill ou la passion en héritage de Françoise Bourdin
1975
Berill (2)
Françoise Bourdin
Littérature
5 h
Paris, 1959. Tomas, le propriétaire de la prestigieuse banque Blaque-Belair, apprend qu’il est atteint d’une maladie incurable. Avec sa femme Berill, il s’offre un ultime voyage en Irlande, son pays natal, où il souhaite reposer. Berill se retrouve à la tête d’un empire financier qu’il faut désormais gérer. Anéantie par la mort de son mari, elle souhaite se retirer des affaires et voir grandir la troisième génération. La succession s’annonce difficile. A ses yeux, ses deux enfants n’ont pas assez d’expérience pour prendre les rênes de l’entreprise familiale. Maureen, sa fille, voudrait régner seule sur la banque, mais elle doit se plier aux directives de son oncle Mathias, le frère et bienveillant conseiller de Berill. Pourra-t-elle longtemps supporter de rester dans l’ombre ? Quant à Hugh, son fils, il n’a pas l’âme d’un financier et préfère se consacrer au parc animalier qu’il a créé en Touraine. Surtout, il ne veut pas s’éloigner de la ravissante vétérinaire qui travaille avec lui et à qui il n’ose avouer ses sentiments. Au cœur de la tourmente, Berill fera tout pour préserver l’héritage de son mari et protéger le bonheur des siens. Après Une passion fauve, Françoise Bourdin nous livre le second volet de la saga des Blaque-Belair, une fresque passionnante dans laquelle l’auteur exalte plus que jamais les liens familiaux et la force des sentiments.
Victoire au Mans de Bernard Clavel
1975
Bernard Clavel
Littérature
3 h
Admis au sein d’une équipe de coureurs et de mécaniciens, Bernard Clavel raconte la plus célèbre course du monde, non pas en spécialiste mais en homme qui a découvert là un univers exaltant, un métier de rigueur et de passion, une camaraderie née des joies et des angoisses partagées. Mais tandis que, sur la piste, les pilotes foncent à plus de 200 km/h vers la gloire ou l’échec - et parfois la mort -, tandis que, dans les stands, des mécaniciens anonymes réalisent d’extraordinaires prouesses techniques, Le Mans est aussi un grand rassemblement de « fans » et de curieux, une fête de couleurs, de jeux et de chansons, dont l’éclat va briller sans trêve, de nuit et de jour, durant vingt-quatre heures. Au roman, Bernard Clavel a préféré ici le témoignage, le récit en prise directe sur une réalité complexe et chargée d’émotions, intensément contemporaine.
Le Jeune homme vert de Michel Déon
1975
Michel Déon
Littérature
8½ h
Le jeune homme vert, enfant trouvé en 1919 à Grangeville (Normandie), adopté par le jardinier du domaine de la famille du Courseau, grandit dans l’intimité de ses parents adoptifs et dans celle de ses nobles maîtres. Ses aventures à travers la France et l’Europe, mêlées à de nombreux événements publics et sociaux, inspirent à Michel Déon un roman picaresque dans la tradition de Lesage et de Fielding.
La Vie devant soi de Romain Gary
1975
Goncourt 1975
Romain Gary (et Émile Ajar)
Littérature
4 h
La vie devant soi raconte l’histoire, dans le quartier de Belleville, à Paris, d’un petit garçon arabe orphelin, Momo, et d’une dame juive, âgée, malade, Madame Rosa, qui garde dans son appartement des enfants dont les mères travaillent ou ont disparu.
Dès la publication du livre d’Émile Ajar, Momo et Madame Rosa sont devenus célèbres, presque des personnages publics, et le roman a été aussitôt traduit dans une multitude de pays.
C’est que ce roman, qui provoque constamment le rire et les larmes, porte en lui toutes les questions, tous les drames et tous les rêves du monde d’aujourd’hui.
Lorsqu’à la fin du livre la police enfonce la porte de la cave où le petit Momo veille le corps de Madame Rosa qu’il n’a pas voulu laisser conduire à l’hôpital, ces deux protagonistes d’un immense amour atteignent une fois pour toute la dimension de Légende, parce que face aux oppressions et aux injustices ils ont lutté jusqu’au bout, par la lumière et l’intelligence et par la force du cœur.
 
 
Les oiseaux vont mourir au Pérou de Romain Gary
1975
Romain Gary
Littérature
3½ h
« Il s’accouda à la balustrade et fuma se première cigarette en regardant les oiseaux tomber sur le sable : il y en avait qui palpitaient encore. Personne n’avait jamais pu lui expliquer pourquoi ils quittaient les îles du large pour venir expirer sur cette plage, à dix kilomètres au nord de Lima. »
« Il n’y a pas eu préméditation de ma part : en écrivant ces récits, je croyais me livrer seulement au plaisir de conter. Ce fut en relisant le recueil que je m’aperçus de son unité d’inspiration : mes démons familiers m’ont une fois de plus empêché de partir en vacances. Mes airs amusés et ironiques ne tromperont personne : le phénomène humain continue à m’effarer et à me faire hésiter entre l’espoir de quelque révolution biologique et de quelque révolution tout court. »
Romain Gary.
Siddhartha de Hermann Hesse
1975
Hermann Hesse
Littérature allemande
3 h
Siddhartha semble avoir jailli des doigts de Hesse comme une eau limpide coule peu à peu d’un glacier. Car les étapes de la vie de Siddhartha, fils de brahmane et enfant, adulte et vieillard en quête de pureté, sont autant de perles d’un cycle, celui d’une vie apparaissant aussi logiquement fluide qu’un torrent qui, quels que soient ses remous, finit dans la mer de l’accomplissement. De la spiritualité sans limites au matérialisme le plus corrupteur, Siddhartha, tour à tour apprenti brahmane, ascète fuligineux ou commerçant jouisseur, foule un chemin qu’il croit pouvoir choisir.
Mais, création née de la rencontre de l’éducation protestante de Hesse avec les philosophies orientales, notamment le bouddhisme, le chercheur itinérant devra connaître une rédemption toute chrétienne avant d’accéder à la plénitude. Écrivain confirmé (il a 45 ans quand paraît le roman), Hesse accorde son style, une épure généreuse, à la volonté de purification obstinée de son héros. Rendant ainsi son court roman aussi cristallin que les velléités de Siddhartha sont contradictoires, il procure à ses pages une atemporalité expliquant leur succès jamais démenti. Car, même au milieu d’une mer traversée de courants, l’eau du glacier reste claire, la jeunesse occidentale faisant de Siddhartha le miroir transparent et naïf de ses aspirations désordonnées à l’absolu.
 
 
Le Maître ou le tournoi de go de Yasunari Kawabata
1975
Yasunari Kawabata
Littérature japonaise
2½ h
La plupart des professionnels du Go aiment aussi d’autres jeux, mais la passion du Maître présentait un caractère particulier : l’incapacité de jouer tranquillement, en laissant les choses suivre leur cours. Sa patience, son endurance s’avéraient infinies. Il jouait jour et nuit, pris par une obsession qui devenait troublante. Il s’agissait peut-être moins de dissiper des idées noires ou de charmer son ennui que d’une sorte d’abandon total au démon du jeu.
 
 
Le petit âne blanc de Joseph Kessel
1975
Joseph Kessel
Littérature
9
3 h
Sur la place du marché, au pied des remparts du vieux Tanger, se rassemble une foule grouillante de charmeurs de serpents, d’écrivains publics, de vendeurs d’épices... C’est là, que le petit Bachir, l’enfant pauvre à la voix d’or, vient chanter puis raconter ses histoires étonnantes. Devant un public émerveillé, il va faire ainsi quatre récits, témoins des aventures qu’il a vécues et des secrets qu’il a découverts.
Villa Triste de Patrick Modiano
1975
Libraires 1976
Patrick Modiano
Littérature
3 h
Quand ils passaient la nuit à la Villa triste, Yvonne et Victor s’efforçaient de ne pas remuer du tout. Mais on sent bien que la sérénité n’était qu’un leurre. Des années après, le narrateur retourne dans la ville d’eaux et invoque, par intermittence, le souvenir nostalgique et lucide de sa relation avec Yvonne, des gens qui gravitaient autour d’eux, des extravagances de Meinthe, fantôme qui nous guide dans les rues aujourd’hui endormies... Mais ce qui resurgit avant tout, c’est l’angoisse inexplicable de Victor, qu’il avait espéré apaiser en séjournant dans cette station thermale reculée, à proximité de la Suisse. Patrick Modiano s’appuie sur une langue fluide parsemée de petites formules moqueuses pour donner un tour grave et, malgré tout, léger à son roman. Grâce à cet équilibre habile, il esquisse les contours d’un homme en quête de repères pour supporter sa mémoire, tout comme il était, jeune, en quête d’immobilité et de racines. Et si les estivants de l’époque, ridicules et artificiels, ne sont pas tout à fait détestables, peut-être est-ce parce que le mystère qui plane donne un caractère intangible à cet été lointain.
Sophie, la mer et la nuit de Jacques Sternberg
1975
Jacques Sternberg
Littérature
5½ h
Touche à tout de génie, esprit anticonformiste, Jacques Sternberg avait plusieurs passions : l’écriture, le jazz, la voile, et la dérive “au bord de l’éternel féminin”.
Sophie a le charme, le mystère, l’indolence et la soif de liberté qui peut faire chavirer le plus habile des marins. À la fois “royale et minable, fauve et perdue, nocive et désarmée”, elle fascine dès le premier instant. Son déchirant sourire cache une dangereuse évidence qui va faire découvrir au narrateur de ce roman des paysages dont il n’aurait jamais soupçonné l’existence. D’une banale rencontre à un improbable voyage, l’amant et enquêteur, proie et chasseur, se perd dans une nuit sans fin dont la seule lumière est la cause de sa perte.
Après avoir été le plus grand succès de Jacques Sternberg, Sophie, la mer et la nuit, est devenu un livre-culte. À mi-chemin entre le suspense psychologique et le récit fantastique, il dévoile le goût pour l’absurde, l’érotisme et l’humour noir d’une figure marquante du bouillonnement culturel des années 70.
Acid test de Tom Wolfe
1975
Tom Wolfe
Littérature américaine
10 h
Cette chronique, qui évoque l’univers des Freak Brothers, retrace la pérégrination à travers les Etats-Unis du premier groupe psychédélique américain, les Pranksters. A bord d’un vieux bus peinturluré embarquent Ken Kesey (l’auteur de Vol au-dessus d’un nid de coucou), Neal Cassady (héros du On the Road de Kerouac) et quelques autres, peintres, écrivains, drogués, vagabonds, marginaux divers. Le groupe recevra la visite des Beatles, participera aux “Trip Festivals” et à la première convention nationale de l’Underground, sans cesser d’avoir le FBI aux trousses. Les années 70 commencent.
Tous feux éteints de Henry de Montherlant
1975
Henry de Montherlant
Littérature
3 h
Carnets 1965, 1966, 1967. Carnets sans dates et 1972.
La parution des Carnets qui précédèrent de peu le suicide de Montherlant, apporte sur l’homme et le moraliste un éclairage plus intime, plus féroce et plus absolu.
Les Flamboyants de Patrick Grainville
1976
Goncourt 1976
Patrick Grainville
Littérature
8 h
Voici une saga de l’Afrique moderne et légendaire centrée autour d’un « général roi » fou, véritable héros d’épopée, de western et de bande dessinée. Une guerre, une révolution, une quête du sacré s’enchaînent dans un foisonnement de vie végétale et animale. Et au beau milieu de cette folie, un jeune Écossais venu en pays yali pour s’endurcir va plonger dans la mystique du roi Tokor…
...Ou tu porteras mon deuil de Dominique Lapierre
1976
Dominique Lapierre
Littérature
10 h
Juillet 1936: l’Espagne est en feu. La guerre civile jette sur les routes des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants. Sous le soleil d’Andalousie une femme fuit, serrant dans ses bras un nouveau-né, son cinquième enfant: Manuel. A Palma del Rio, le sang coule dans les rues.
Vingt-huit ans plus tard, le 20 mai 1964, l’arène de Madrid est comble. A 6 heures du soir, vingt millions d’Espagnol - dont le Général Franco - attendent devant les postes de télévision l’entrée de l’idole de la génération nouvelle, Manuel Benitez El Cordobès, qui va être solennellement consacré « matador de toros ».
Entre ces deux dates s’inscrivent les destin d’un homme et l’une des périodes les plus tragiques qu’ait connues l’Espagne. A travers l’ascension vers la gloire et la fortune du petit orphelin de la guerre civile, ce livre raconte l’histoire de l’Espagne contemporaine.
Le Ravenala ou l'Arbre du voyageur de Jacques Perry
1976
Livre Inter 1976
Jacques Perry
Littérature
3½ h
Imaginez un fragment de la carte de France, avec un ruban bleu aux paresseux méandres qui figure la Loire et, à côté de hachures indiquant des hauteurs, une grande tache verte qui est une forêt. Tracez des routes dans la forêt. Ces routes se croisent. Au carrefour de huit d’entre elles, il y a une maison forestière. Vous avez le cadre où ont grandi Antoine, Julie et Vivien, les enfants du garde Guillaume Lambert et de Sandrine, sa femme, au milieu de toutes sortes d’arbres, celui du voyageur excepté bien entendu puisqu’il n’est pas originaire du Val de Loire.
Le ravenala, pour l’appeler par son autre nom malgache, n’en joue pas moins un rôle précis dans l’histoire des Lambert que raconte Vivien ou plutôt qu’il revit à près de quarante ans d’écart. Il avait huit ans en 1939, Julie en avait dix, Antoine onze. En ce temps-là, Guillaume mettait une heure à abattre un chêne de deux cents ans. Aujourd’hui, une tronçonneuse ne prend que six minutes.
En ce temps-là… temps merveilleux de l’enfance vécue au cœur des bois parmi des êtres accordés entre eux et à la nature, temps magique-ment relié aux heures présentes par le fil des années dans un récit en-chanteur où se déploie, plus sûr que jamais, le talent de l’auteur de Vie d’un païen.
Les jours du monde de René Barjavel
1977
Les Dames à la Licorne (2)
René Barjavel (et Olenka de Veer)
Littérature
5½ h
Que sont devenues les “Dames à la licornes” les cinq filles de Sir John Greene après avoir quitté leur île fabuleuse?
Les voici lancées dans le réel, plus fantastique peut-être que le rêve, mais moins facile à vivre...
Le voici à Paris, Pékin, Bangkok? dans le désert de Gobi, en cette période bouillonnante qui précède la première guerre mondiale. Voici une nouvelle maison étrange et ses animaux familiers qui ne le sont pas moins. Et voici les enfants des “Dames à la licorne” qui grandissent, guettés à leur tour par l’amour et l’aventure, tandis que s’enfle la rumeur de l’énorme guerre qui s’approche.
Une même nostalgie unit les enfants à leur mères : celle de l’île perdue, loin de laquelle ils sont nés. Vont-ils la retrouver un jour?
Les mots pour le dire de Marie Cardinal
1977
Marie Cardinal
Littérature
6 h
Un de ces romans qui agrippent, fascinent, ne vous laissent de repos que lorsque vous posez les yeux sur les derniers mots. Il s’ouvre sur une sombre impasse pavée que la narratrice arpente trois fois par semaine, au rythme de l’analyse qu’elle décide d’entreprendre. Sa détresse est telle que les médecins et leurs prescriptions ne peuvent, n’ont jamais rien pu pour elle. La solution est ailleurs, dans les méandres de son passé qu’elle se décide à forer, au risque d’endurer au début des souffrances plus dévastatrices, semble-t-il, que le mal. Alors, peu à peu filtre la lumière. Celle que la conscience met à jour, réduisant l’angoisse, anémiant la névrose, acculant le silence aux mots.
 
 
Clair de femme de Romain Gary
1977
Romain Gary
Littérature
2 h
Ce roman est un chant d’amour à cette “troisième dimension” de l’homme et de la femme : le couple.
L’union de Yannick et Michel est rompue par un destin inéluctable. Mais un désespoir d’amour qui désespérerait de l’amour est pour eux une contradiction qu’ils ne peuvent admettre. Il faut donc triompher de la mort. Yannick dit à Michel : “Je vais disparaître, mais je veux rester femme. Je te serai une autre. Va vers elle. Va à la rencontre d’une autre patrie féminine. La plus cruelle façon de m’oublier, ce serait de ne plus aimer.” Et c’est ainsi qu’apparaît Lydia et que se reformera, dans une célébration passionnée, au-delà de l’éphémère, la patrie du couple, où “tout ce qui est féminin est homme, tout ce qui est masculin est femme”.
Ces garçons qui venaient du Brésil de Ira Levin
1977
Ira Levin
Littérature
5½ h
De nuit, à Vienne, Yakov Liebermann, « le chasseur de Nazis », reçoit un appel du Brésil : « Six SS partent demain en mission, Mengele les envoie... ». La voix s’étrangle. Quelqu’un raccroche.
Aussitôt Yakov alerte un de ses amis de l’agence Reuter. Oui, toute information utile lui sera transmise.
Et presque aussitôt, partout dans le monde, des hommes tombent. En chaîne. Tués sur le coup. Des « accidents » très étranges...
Yakov Liebermann l’infatigable remonte chaque piste et fait une découverte : toutes les victimes étaient des fonctionnaires paisibles, âgés. Chacun d’eux a laissé un fils très, très jeune. 
 
 
Vivre en survivant de Jacques Sternberg
1977
Jacques Sternberg
Littérature
3 h
Grand timonier de la dérive en tout genre, Jacques Sternberg, bravant la tempête des critiques et la marée des commis littérateurs, dévoile sans fard son art de vivre en survivant à contre-courant des idées reçues, des modes saisonnières et du show-biz technocratique. On nous serine les oreilles de Concorde, de charters et de beaux voyages ? Le voilà sifflotant son solo pour un Solex le long des chemins de notre douce France ou vantant les délices sans fin – mais non sans femmes – du cocon. Coq en pâte du farniente ? Non pas. À travers les barreaux du bureau, Jacques Sternberg a pu mettre au point une infaillible méthode – celle du travail simulé – qui garantit à la fois le bulletin de salaire, le sourire du directeur et le plaisir du quant-à-soi. Mais le fin du fin pour Sternberg, apôtre de la sous-value, reste celui d’inventer de l’inutile, c’est-à-dire du non-rentable, du non-vendable. Bricoleur de l’impossible il nous apprend comment par exemple il faut être en avance sur son temps – écologiste dans les années 50 – ou en retard – réinventer le collage dans les années 60 – mais jamais être de son temps. Quartier-maître des sirènes.
John l'Enfer de Didier Decoin
1977
Goncourt 1977
Didier Decoin
Littérature
7 h
Triomphante, folle de ses richesses, de sa démesure et de ses rêves, New York se délabre pourtant, rongée de l’intérieur. John L’Enfer, le Cheyenne insensible au vertige, s’en rend bien compte du haut des gratte-ciel dont il lave les vitres. Il reconnaît, malgré les lumières scintillantes des quartiers de luxe, malgré l’opacité du béton des ghettos de misère, les signes avant-coureurs de la chute de la plus étonnante ville du monde : des immeubles sont laissés à l’abandon, des maisons tombent en poussière, des chiens s’enfuient vers les montagnes proches...
Devenu chômeur, l’Indien rencontre deux compagnons d’errance : Dorothy Kayne, jeune sociologue qu’un accident a rendue momentanément aveugle, et qu’effraie cette nuit soudaine ; et Ashton Mysha, Juif hanté par sa Pologne natale, qui vit ici son ultime exil.
Trois destins se croisent ainsi dans New York l’orgueilleuse, New York dont seul John L’Enfer pressent l’agonie. Trois amours se font et se défont dans ce roman de l’attirance et de la répulsion, de l’opulence et du dénuement.
Abraham de Brooklyn chantait la naissance de New York. Avec John L’Enfer, voici venu le temps de l’apocalypse.
L’apocalypse possible dès aujourd’hui d’une cité fascinante et secrète, peuplée de dieux ébranlés et d’épaves qui survivent comme elles peuvent dans le fracas et les passions.
Ce que je crois de Hervé Bazin
1977
Hervé Bazin
Littérature
3 h
Dans la célèbre collection où se sont exprimés les personnalités les plus diverses, le Ce que je crois d’Hervé Bazin suscitera sans doute autant de sympathies que de polémiques.
Au long d’une œuvre, dont la critique a reconnu la cohérence, le romancier a créé des personnages dont les idées ne sont pas forcément les siennes ou les illustrent parfois a contrario. D’où l’intérêt de cet ouvrage, écrit sur le ton modeste, mais dans le style nerveux propre à l’auteur de Vipère au poing et de Madame Ex.
L’écrivain, ici, disparaît derrière l’homme qui ne se contente pas de dire ce qu’il pense des grands problèmes existentiels (la religion, l’origine de la vie, la mort, l’amour le choix de société), mais se complète par l’exposé très vif de ses “croyances pratiques” concernant la libération de la femme, le malaise de la jeunesse et de la famille, l’avenir de l’Europe ou l’aventure spatiale.
On découvrira chez Hervé Bazin une culture philosophique et scientifique, que ses romans n’affichaient pas, et une hauteur de vues qui lui permet, au dernier chapitre, d’énumérer les causes de la “crise planétaire” et de conclure que l’espèce humaine, malade d’avoir “à se mesurer, trop tôt, avec des moyens dont la puissance dénature les fins”, est en train de passer son “suprême examen”, avant la promotion finale ou la disparition.
L'anti-jeu de Jean Hougron
1977
Jean Hougron
Littérature
10 h
Dans le Saigon des années cinquante alors que gronde la révolte indochlnoise, Alexandre Larsac s’engouffre au Grand Monde, ce temple du jeu, le plus vaste, le plus frénétique d’Asie. Mais comme tous, il perdra. C’est la descente aux enfers. Jusqu’au jour où il rencontrera Manotti. Manotti qui gagne à coup sûr par une étrange méthode, Manotti, le maître de « l’anti-jeu ». Alexandre deviendra riche, très riche. Mais l’argent se paie comme le reste. Alexandre en fera l’expérience.
Et viendra le temps de May qui appartient à un autre. Une aventure d’abord bien ordinaire, et brusquement la passion, celle qui flambe. Un amour ne vaut que ce que valent ceux qui s’aiment et ces deux-là sont terribles. Ils vont jusqu’au bout de leur souffle. Et du souffle, ils en ont à revendre. À la fin quand même…
Le monstre des Hawkline de Richard Brautigan
1977
Richard Brautigan
Littérature américaine
2 h
Plus qu’une écriture, ce livre a au fond un parfum pour être tout à fait franc, il faut y voir quelque chose comme le mélange d’une senteur de genévrier frais le matin et d’un relent de hash dans une cuisine. “Ce roman est écrit pour les copains du Montana”, prévient Brautigan dans une dédicace. Il faut le recevoir comme ça : la bonne, la très bonne histoire contée par un gars qui doit pas beaucoup hésiter pour s’en rouler un petit et après, tasse de thé à la main et bûche dans l’âtre, s’offrir une rêverie aussi élaborée que les stratégies échiquéennes de Bobby Fischer. Un grand maître de l’imagination.
Le Vieux Marin de Jorge Amado
1978
Jorge Amado
Littérature étrangère
5½ h
Un narrateur cynique et ironique essaie de démêler le vrai du faux dans une histoire abracadabrantesque. Qui pouvait bien être le commandant Vasco Moscoso de Aragão, débarqué un jour en grande pompe dans la paisible ville de Piripiri peuplée de retraités en attente du jugement dernier ? Était-il, comme certaines mauvaises langues l’affirment, un simple fils de commerçant, ou ce vieux loup de mer, capitaine au long cours ? La ville se divise. On argumente, réfute, s’exclame, s’esclaffe, se dispute, se sépare. Au grand dam du narrateur, simple serviteur de l’illustre mystère. Jusqu’au jour où le fier et digne capitaine se voit obligé de prendre les commandes d’un bateau transportant d’importants passagers. La vérité finira-t-elle par éclater aux yeux de tous ? Titres honorifiques et mariages bourgeois en prennent pour leur grade, et Jorge Amado de rendre hommage, encore une fois, aux filles de petite vertu et au peuple métissé d’un Brésil ardent.
L'avenir de Bernadette de Janine Boissard
1978
L'esprit de famille (2)
Janine Boissard
Littérature
5½ h
Ce livre est une invitation. Parents et adolescents, et aussi tous ceux qui souffrent de la solitude, sont conviés à venir se chauffer au feu de cette famille, à partager ses problèmes, à rire beaucoup avec elle, à pleurer parfois, mais toujours à s’y sentir bien.
Un instant dans le vent de André Brink
1978
André Brink
Littérature étrangère
6½ h
L’expédition conduite par Erik Larsson à l’intérieur du continent sud-africain se termine par un désastre : le guide se suicide, les porteurs s’enfuient, les deux Blancs qui l’avaient conçue meurent. Elisabeth Larsson reste seule survivante, au milieu de l’immense veld. Apparaît Adam, un esclave en fuite, qui a suivi le convoi de loin.
Cette femme blanche, cet homme noir que tout sépare vont cheminer ensemble des mois, vers ce qu’ils appellent encore la civilisation. Mais le vrai cheminement s’accomplit en eux-mêmes à la rencontre l’un de l’autre et de l’amour qui va les unir.
On retrouve dans Un instant dans le vent la même langue somptueuse, le même amour passionné de la terre africaine et la même condamnation des rigueurs de l’apartheid que dans les autres romans d’André Brink.
Pourquoi pas nous ? de Patrick Cauvin
1978
Patrick Cauvin
Littérature
3½ h
Jacqueline Puisset. Célibataire. 40 ans. Libraire à Perpignan. Cultivée. Dotée d’un strabisme divergent qui lui donne un air rêveur. S’occupe du ciné-club et du troisième âge. Vie amoureuse : néant.
Philippe Lipinsky. Catcheur. Nom de ring : Mephisto King. 125 kilos. Vit à Montmartre. Pratique l’aquarelle. Egalement célibataire. Bon fils. Vie amoureuse : néant. Signe particulier commun : ils se considèrent laids.
Jacqueline et Philippe étaient faits pour la solitude. Patrick Cauvin les réunit. Jamais personne avant lui n’avait abordé un tel sujet avec une telle tendresse, avec autant d’humour, de délicatesse et d’émotion.
 
 
Malataverne de Bernard Clavel
1978
Bernard Clavel
Littérature
3 h
Ils sont trois, trois copains disparates réunis par le hasard dans un bourg du Jura. Serge, blond, fragile, très fils de famille ; Christophe, opulent comme l’épicerie paternelle ; enfin Robert, apprenti plombier, qui fuit un foyer où l’ivrognerie règne, et dont le seul réconfort est Gilberte, la fille d’un fermier voisin. Ce ne sont pas - pas encore - des voyous. Seulement des gosses incompris de leurs parents, livrés à eux-mêmes, incapables de s’insérer dans notre société. Enhardis, grisés par un vol de fromages, ils décident de tenter “un grand coup” à Malataverne. Serge et Christophe ont tout mis au point. Seul, Robert hésite. Lâcheté ? Honnêteté ? Superstition ? Personne ne peut l’aider, il est seul devant sa conscience. Seul devant les yeux clairs de Gilberte. Seul devant Malataverne, le lieu maudit.
 
 
Shogun de James Clavell
1978
Shogun (2)
James Clavell
Littérature
11 h
Dans les années 1600, John Blackthorne, un navigateur anglais qui a rêvé d’accomplir le tour du monde, aborde aux côtes du Japon. Et pour lui l’aventure commence dans ce pays inconnu, mystérieux, en proie à de sauvages divisions féodales tandis que s’accomplit l’irrésistible ascension de Toranaga - qui deviendra Shôgun, le maître du Japon, John Blackthorne va vivre une extraordinaire aventure. D’une foule de personnages infiniment vivants et divers, pères jésuites, guerriers, prostituées, se détache la figure de la très belle Mariko, épouse d’un samouraï et qui s’éprend de Blackthorne. Leur amour sera semé de guets-apens, d’intrigues cruelles et d’assassinats... Dans cette saga, deux civilisations s’affrontent. Le Japon révèle aux yeux Occidental tous ses contrastes: sa férocité et les rites de sa politesse, les raffinements de son érotisme et sa fascination de la mort
Vas-y maman de Nicole de Buron
1978
Nicole de Buron
Littérature
2½ h
Depuis quinze ans, ça va la vie ? Euh, oui...
Annie Larcher (vous, moi) a un bon mari (paisiblement phallocrate), deux enfants chéris (et éreintants), de l’argent (juste assez), une charmante maison (avec plomberie en rébellion permanente), et depuis quinze ans elle veille, prépare, répare, sourit..
Et un soir elle hurle « J’étouffe ! »
Oui, elle étouffe d’inexistence, de solitude, de soumission, elle étouffe sous les mixers et autres robots ménagers !
Alors la brillante journaliste qu’elle fut.. devient hôtesse-standardiste : peu payée, tendue, deux fois plus fatiguée...
Et si tout ce qu’Annie ressent, elle le jetait noir sur blanc? Si ça devenait un livre à succès? Ce serait le salut, le bonheur, non? Pas sûr...
Qu’il est donc difficile d’être la femme d’un mari !
L'aurore de Max Gallo
1978
Les hommes naissent tous le même jour (1)
Max Gallo
Littérature
7 h
Un jour, le 1er janvier 1900, sept enfants naquirent en sept lieux différents du monde. Le premier, Allen Roy Gallway, né à San Francisco, était le fils d’une blanchisseuse et d’un marin. Le deuxième, Lee Lou Ching, vit le jour à Wushi, un village proche de Shanghai. Son père était paysan, sa mère mourut en lui donnant naissance. Le troisième était une fille, Anna Spasskaia. Ses parents habitaient Saint-Pétersbourg où son père était ingénieur dans une grande usine métallurgique. Le quatrième, Karl Merminger, naquit dans une famille bourgeoise de Munich. Le cinquième et le sixième étaient des filles. L’une, Sarah Berelovitz, avait pour père un marchand juif de Varsovie. L’autre, Dolorès, fille d’une Indienne de La Paz morte au moment de l’accouchement, fut adoptée par un père jésuite. Le septième, Serge Cordelier, était le fils d’un professeur de physique au Collège de France. Sept enfants, le même jour, le premier jour du siècle. Que vont-ils devenir au fil des ans? Max Gallo, dans ce grand roman-fresque, fait se croiser leurs destinées, qui racontent ainsi notre temps. Allen Roy Gallway sera marin comme son père, puis à force de volonté il deviendra écrivain et journaliste. Lee Lou Ching s’engagera dans les rangs des révolutionnaires chinois. Anna Spasskaia, sensible, enthousiaste, sera entraînée dans la tourmente qui bouleverse la Russie. Sarah Berelovitz, installée à Paris à la mort de son père, sera une pianiste de renommée internationale et parcourra l’Europe. Dolorès épousera un diplomate américain en poste à Berlin, Moscou, Paris. Serge Cordelier deviendra un haut fonctionnaire français. Karl Menninger, engagé en 1917 dans l’armée allemande, participera à la tragédie du nazisme. Max Gallo fait se côtoyer, se rencontrer ces hommes et ces femmes qui nous deviennent proches, dont nous partageons les amours et les espoirs. Leurs vies, commencées en des lieux si éloignés, nous montrent que les hommes, quelle que soit leur patrie, « naissent tous le même jour », qu’ils se ressemblent. En 1939, arrivés au « milieu de leur vie », ils ont encore devant eux le temps des grandes épreuves, la guerre. Max Gallo, dans un second volume intitulé Crépuscule, suivra le destin de ces sept héros jusqu’à nos jours.
Charge d'âme de Romain Gary
1978
Romain Gary
Littérature
5 h
Marc Mathieu est un physicien français, âgé d’environ trente ou quarante ans et profondément athée. Un jour, il découvre une nouvelle source d’énergie qu’il nomme le « carburant avancé ». Il s’agit en fait de récupérer l’âme des défunts pour l’utiliser ensuite. Mathieu cherche alors à dégrader cet élément si particulier. N’y arrivant pas, il transmet son travail à toutes les grandes puissances qui se mettent à construire des énormes collecteurs d’âmes.
La Diane rousse de Patrick Grainville
1978
Patrick Grainville
Littérature
4½ h
Au centre de l’aventure, Hélianthe, obsédante Diane chasseresse dont la disparition, les hypothétiques résurrections, les désordres et les sortilèges hantent tout un village. Pour le narrateur, peut-être ne reste-t-il plus d’elle que le souvenir d’un corps minutieusement célébré, et la présence de cette autre Diane, superbe setter roux auquel il voue un culte voluptueux. Mais pourquoi ce narrateur est-il aveugle ? Et que sont pour lui Judith et Christophe, les deux adolescents qui accompagnent son errance ?
L’estuaire d’un fleuve de Normandie, carrefour d’échanges, effervescent théâtre d’apparitions multiples, seuil de toutes les légendes, est le lieu où s’inscrit la quête du narrateur, parmi monstres, éphèbes, filles et bêtes.
La valse aux adieux de Milan Kundera
1978
Milan Kundera
Littérature étrangère
4½ h
L’univers absurde d’une station thermale spécialisée dans le traitement de la stérilité sert de décor à cette valse mi-tragique, mi-grotesque. Dans cette lutte éternelle entre les visions masculine et féminine de l’existence, avec un sens aigu de la dérision, Kundera nous invite à une parenthèse dialectique dont les deux volets, mouvement et immobilité, ne sont qu’une traduction des deux pôles identitaires qui sous-tendent toute son oeuvre : l’individu et le groupe. Dans ce lieu où la stérilité est soignée par le mensonge, la perspective d’une naissance est à la fois une promesse de vie pour Ruzena et une menace de mort pour Klima. Autour d’eux gravitent des personnages qui s’adonnent à la danse triste et dérisoire de l’amour et de la dissimulation. Au bout du compte, ceux qui étaient de passage quittent la piste, laissant derrière eux des séquelles irréparables. La parenthèse une fois refermée, on a le vague sentiment que les personnages ont passé leur temps à essayer de prendre congé d’une partie de leur vie pour mieux se construire.
Les oiseaux se cachent pour mourir de Colleen McCullough
1978
Les oiseaux se cachent pour mourir (1)
Colleen McCullough
Littérature étrangère
8½ h
Meggie Cleary : un destin à peine ébauché, mais si lourd à porter. Tout a commencé par l’arrachement à la ferme natale, quand sa famille a quitté la Nouvelle-Zélande pour l’Australie. Là, dans l’immense domaine où son père est régisseur, la petite Meggie travaille et veille sur ses frères. Elle n’a que neuf ans lorsqu’elle rencontre celui qui va marquer toute sa vie : Ralph de Bricassart, un jeune prêtre ambitieux. Au fil des années, ils vont se chercher, se fuir, se retrouver, se perdre à nouveau. Pour se délivrer de cet amour impossible, Meggie épouse Luke O’Neill, qui très vite révèle sa vraie nature, brutale et tyrannique. De son côté, Ralph, fidèle à sa vocation, gravit les échelons de la hiérarchie ecclésiastique... 
Les oiseaux se cachent pour mourir est un superbe roman d’amour, désormais un grand classique. 
Les oiseaux se cachent pour mourir de Colleen McCullough
1978
Les oiseaux se cachent pour mourir (2)
Colleen McCullough
Littérature
8 h
Pour se délivrer d’un amour impossible, pour oublier Ralph, le jeune prêtre qui depuis (enfance obsède ses pensées, Meggie a épousé Luke O’Neill - amoureux charmant... mari brutal et tyrannique.
Et Meggie est emmenée dans le Queensland, terre tropicale et oppressante où Luke travaille sur les champs de canne à sucre. Un accouchement difficile la laisse sans force, brisée...
Grâce à des amis, elle peut jouir enfin de quelque repos sur l’île de Matlock. L’ardente, l’indomptable Meggie veut reprendre en main son destin.
C’est là, dans ce paysage presque irréel de palmiers et de récifs de corail, que Ralph réapparaît.
Ils se connaissent depuis seize ans. Depuis seize ans ils se cherchent, se fuient, se craignent, s’attendent…
Rue des boutiques obscures de Patrick Modiano
1978
Goncourt 1978
Patrick Modiano
Littérature
3 h
Qui pousse un certain Guy Roland, employé d’une agence de police privée que dirige un baron balte, à partir à la recherche d’un inconnu, disparu depuis longtemps ? Le besoin de se retrouver lui-même après des années d’amnésie ? Au cours de sa recherche, il recueille des bribes de la vie de cet homme qui était peut-être lui et à qui, de toute façon, il finit par s’identifier. Comme dans un dernier tour de manège, passent les témoins de la jeunesse de ce Pedro Mc Evoy, les seuls qui pourraient le reconnaître: Hélène Coudreuse, Fredy Howard de Luz, Gay Orlow, Dédé Wildmer, Scouffi, Rubirosa, Sonachitzé, d’autres encore, aux noms et aux passeports compliqués, qui font que ce livre pourrait être l’intrusion des âmes errantes dans le roman policier. Le titre, lié au nom d’une rue de Rome (via delle Botteghe Oscure), évoque aussi celui d’un recueil de rêves publié quelques années auparavant, en 1973, par Georges Perec.
 
 
Je suis un chat de Natsume Sôseki
1978
Natsume Sôseki
Littérature étrangère
12 h
Mort en 1916 à quarante-neuf ans, Natsume Sôseki vécut aux confins de la psychose la déchirure dont pâtirent tous les intellectuels nés avec la révolution industrielle, politique et culturelle du Meiji. Formé aux lettres classiques chinoises, au haïku, mais envoyé en Angleterre de 1900 à 1903 pour pouvoir enseigner ensuite la littérature anglaise, il s’imprégna si profondément du ton de Swift, de Sterne et de De Foe que, sans nuire à tout ce qu’il y a de japonais dans Je suis un chat, cette influence nous impose de penser au voyage de Gulliver chez les Houyhnhnms; sans doute aussi d’évoquer Le chat Murr d’Hoffmann. C’est pourquoi le traducteur peut conclure sa préface en affirmant que Je suis un chat «suffit amplement à démentir l’opinion si répandue selon laquelle les Japonais manquent d’humour». Ni Hegel, ni Marx, ni Darwin, qu’il a lus, ne lui ont fait avaler son parapluie.
La gouaille, voire la désinvolture apparente, n’empêchent pas les chapitres de s’organiser, cependant que tous les styles (jargon des savants et du zen, ou argot d’Edo, ancien nom de Tôkyô) se mêlent pour présenter la satire désopilante d’une société en transition, et même en danger de perdition. Kushami-Sôseki se demande parfois s’il n’est pas fou, mais c’est la société d’alors qui devient folle, elle qui déjà enferme en asile ceux qui la jugent. Le chat ne s’y trompe jamais, lui : aucun ridicule n’échappe à ce nyctalope. Alors que peut-être on en devrait pleurer, on rit follement. Si vous voulez comprendre le Japon, identifiez-vous au chat de Sôseki.
 
 
Eloge de l'ombre de Junichirô Tanizaki
1978
Junichirô Tanizaki
Littérature japonaise
1½ h
« Car un laque décoré à la poudre d’or n’est pas fait pour être embrassé d’un seul coup d’oeil dans un endroit illuminé, mais pour être deviné dans un lieu obscur, dans une lueur diffuse qui, par instants, en révèle l’un ou l’autre détail, de telle sorte que, la majeure partie de son décor somptueux constamment caché dans l’ombre, il suscite des résonances inexprimables.
De plus, la brillance de sa surface étincelante reflète, quand il est placé dans un lieu obscur, l’agitation de la flamme du luminaire, décelant ainsi le moindre courant d’air qui traverse de temps à autre la pièce la plus calme, et discrètement incite l’homme à la rêverie. N’étaient les objets de laque dans l’espace ombreux, ce monde de rêve à l’incertaine clarté que sécrètent chandelles ou lampes à huile, ce battement du pouls de la nuit que sont les clignotements de la flamme, perdraient à coup sûr une bonne part de leur fascination. Ainsi que de minces filets d’eau courant sur les nattes pour se rassembler en nappes stagnantes, les rayons de lumière sont captés, l’un ici, l’autre là, puis se propagent ténus, incertains et scintillants, tissant sur la trame de la nuit comme un damas fait de ces dessins à la poudre d’or. »
Publié pour la première fois en 1978 dans l’admirable traduction de René Sieffert, ce livre culte est une réflexion sur la conception japonaise du beau.
Le Coq de bruyère de Michel Tournier
1978
Michel Tournier
Littérature
5 h
Comment le Père Noël donnerait-il le sein à l’Enfant Jésus ? L’Ogre du Petit Poucet était-il un hippie ? Un nain peut-il devenir un surhomme ? Est-il possible de tuer avec un appareil de photographie ? Le citron donne-t-il un avant-goût du néant ? À ces questions - et à bien d’autres plus graves et plus folles encore - ce livre répond par des histoires drôles, navrantes, exaltantes et toujours exemplaires.
Allegra de Françoise Mallet-Joris
1978
Françoise Mallet-Joris
Littérature
9 h
Aux yeux de ses parents, de ses soeurs, Allegra passe pour jolie, parfaite, un peu indifférente. Elle vient de se marier : on lui prédit un avenir à son image, calme et souriant. En vérité, qui est Allegra derrière cette douceur limpide ? Il suffira d’un gosse de quatre ans, un petit garçon arabe, muet, abandonné des jours entiers dans la cour de son immeuble, pour changer bientôt son existence. Entre cet enfant qui se tait et cette jeune femme qui se cherche, il naît une passion merveilleuse. Leurs après-midi silencieux sont des aveux, leurs promenades des chansons et des aventures. Ils sont hors du monde.
Autour d’eux, pourtant, tout s’écroule et change. La famille d’Allegra, que troublent d’étranges révolutions intérieures, organise une véritable conspiration à son propos ; on en découvre peu à peu les rebondissements qui rendent passionnant ce livre au dénouement soudain, et imprévisible. Car à quoi rêvaient donc le petit Rachid et Allegra, toujours souriante, « si jolie, un peu indifférente » ?...
Jamais Françoise Mallet-Joris n’avait cerné à ce point un personnage tout en lui laissant le flou de son énigmatique vérité. Le tour de force et la maîtrise d’une romancière exceptionnelle s’imposent à l’évidence une fois encore. On dirait que cette œuvre dense a fixé quelque chose de plus qu’une histoire : le désarroi d’une société à la dérive dont Allegra et les siens seraient les saisissants reflets."
 
 
Raisons et sentiments de Jane Austen
1979
Jane Austen
Littérature
10 h
Injustement privées de leur héritage, Elinor et Marianne Dashwood sont contraintes de quitter le Sussex pour le Devonshire, où elles sont rapidement acceptées par la bourgeoisie locale étriquée et à l’hypocrisie feutrée. L’aînée, Elinor, a dû renoncer à un amour qui semblait partagé, tandis que Marianne s’éprend bien vite du séduisant Willoughby. Si Elinor, qui représente la raison, dissimule ses peines de cœur, sa cadette étale son bonheur au grand jour, incapable de masquer ses sentiments. Jusqu’au jour où Willoughby disparaît... Publié en 1811, Raison et sentiments est considéré comme le premier grand roman anglais du XIXe siècle. L’avant-propos d’Hélène Seyrès permet de replacer dans son contexte ce classique de la littérature, dont l’auteur a influencé nombre d’écrivains majeurs, tels Henry James, Virginia Woolf ou Katherine Mansfield.
 
 
La décharge de Béatrix Beck
1979
Livre Inter 1979
Béatrix Beck
Littérature
2½ h
Les Duchemin s’entassent dans une misérable baraque située entre le cimetière d’un village et la décharge publique, un amoncellement d’ordures en perpétuelle combustion que le père a mission de surveiller. Noémi Duchemin rédige ses souvenirs à la demande de son institutrice. C’est une adolescente sensible et surdouée qui use d’un style neuf et savoureux, capable de transformer en féerie une réalité sordide. Rien de plus difficile que de faire parler l’enfance et la misère. Béatrix Beck gagne ce double pari. Elle a l’espièglerie ravageuse de Queneau. C’est Zazie zonarde.
Sur le Tour de France de Antoine Blondin
1979
Antoine Blondin
Littérature
1½ h
« Ainsi, peu à peu, chaque détour de la route, chaque lacet de la montagne, finit par appeler l’écho d’un exploit et la figure d’un homme. Une nouvelle carte de France se dessine à l’intérieur de l’autre, dont les provinces sont aux couleurs des champions qui s’y sont illustrés, qui les ont illustrées. La mémoire des Anciens, fidèles et fervents, ne serait peut-être pas hostile à ce que ces champs de bataille soient baptisés du nom du rouleur ou du grimpeur qui a trouvé là l’occasion de s’accomplir. Des Vosges aux Pyrénées, sans oublier le Massif central et l’Enfer du Nord, nous verrions s’ouvrir des boulevards Bobet, des avenues du Président Anquetil, des cours Raymond Poulidor. Mais le meilleur est sans doute encore d’attacher sa réputation à la conquête d’une victoire d’étape. » Antoine Blondin.
L'esprit de famille de Janine Boissard
1979
L'esprit de famille (1)
Janine Boissard
Littérature
4 h
Moi, Pauline, j’ai eu 17 ans hier. Dans sept mois je passerai mon bachot de français. Je le vois pour l’instant comme une porte fermée. Les yeux pers, paraît-il, les cheveux moyens, ni grasse ni maigre, il me semble sur tous les plans avoir un peu de chacune. Ainsi que Bernadette, je me sens capable de prendre le monde à bras le corps, pour lui imprimer une direction plus juste. J’ai, comme Cécile ; toujours un refrain dans la tête. Et certains matins, quand j’ai réussi à convaincre une bonne âme de me porter mon chocolat au lit, je me vois assez bien comme Claire, belle dame en décolleté, occupant ses journées à tourner les têtes...
Claire et le bonheur de Janine Boissard
1979
L'esprit de famille (3)
Janine Boissard
Littérature
5 h
Voici le troisième volet de L’Esprit de Famille. Nous y retrouvons avec un très grand plaisir la famille Moreau: tendresse des parents, gaieté de Cécile, rude franchise de Bernadette, hésitations de Pauline devant la vie et Claire, l’insaisissable, qui va se révéler à elle-même... et aux lecteurs.
Huit jours en été de Patrick Cauvin
1979
Patrick Cauvin
Littérature
4½ h
Une femme, trois enfants, l’autobus, le soir les pantoufles et la télé. Une vie monotone comme il y en a tant et soudain, pendant huit jours en été, la vie avec ce que cela signifie d’aventure, d’émotion, d’amour, de désespoir et de bonheur. Huit jours qui donnent enfin et pour toujours un sens à la vie de Jean-François. Gai, drôle, tendre, émouvant et parfois même féroce, Huit jours en été est un des meilleurs romans de Patrick Cauvin, l’auteur de : L’Amour aveugle ; Monsieur Papa ; E=mc2, mon amour ; Pourquoi pas nous ?
 
 
La forêt d'Iscambe de Christian Charrière
1979
Christian Charrière
Littérature
9 h
Notre civilisation n’est plus : une forêt gigantesque s’étend sur la moitié de l’Europe. Un ermite et son disciple font route vers les ruines de Paris. Captivé, émerveillé, Le Lecteur s’engage à Leur suite dans cette forêt extraordinaire, peuplée de termites géants et de fleurs carnivores, de héros déchus et de milices sangLantes... On entre dans la Forêt d’Iscambe et on en sort changé à jamais.
 
 
Une affaire intime de Max Gallo
1979
Max Gallo
Littérature
6½ h
Dans une vie tout se tient. Lorsque Daniel Salmon quitte sa jeune femme, Laure, il n’imagine pas que son existence entière va basculer. Il est seul. Il s’installe dans une ville du sud de la France, au bord de la Méditerranée. Scénariste, il veut y travailler. Mais la ville est comme un échiquier. Chacun y est à sa place, le député, le maire, le directeur du casino, les gardes du corps, les épouses, les femmes du demi-monde, les journalistes, les opposants. Il y a eu crime, mais rien ne trouble l’apparence tranquille de cette ville de plaisir. Arrive Salmon. Il a cette acuité du regard que donne le désespoir, cette disponibilité qu’offre la solitude, cette curiosité d’étranger. Il vit sa double passion : celle de l’homme qui perd une femme, celle du témoin qui veut connaître et dire la vérité. Il trouble la partie d’échecs qui se joue entre les puissants. Il menace sans le savoir l’équilibre de la ville. Il a le courage de ceux que le chagrin et l’angoisse rendent imprudents. On l’observe. Il parle de Laure, de son amour malheureux, de ses rêves parfois. Il donne à tous des armes contre lui. Dans cette ville dont il perce le secret, il joue sa vie.
J’ai vécu ce livre comme une aventure personnelle et obsédante. J’ai voulu que ce roman plonge dans notre présent. Que la ville où Salmon s’enferme, que les personnages qu’il y côtoie soient aussi vrais dans la France d’aujourd’hui que le sont dans L’honneur perdu de Katerina Blum, de Heinrich Boll, ceux d’Allemagne. J’ai tenté de faire avec ce qui se passait en moi et autour de moi, une œuvre d’imagination, c’est-à-dire un roman du présent.
Pour moi, Daniel Salmon. Laure, la ville et ceux qui la dominent, existent. Entre eux et moi. c’est une affaire intime.
MAX GALLO
Crépuscule de Max Gallo
1979
Les hommes naissent tous le même jour (2)
Max Gallo
Littérature
6 h
Max Gallo achève avec le deuxième tome, Crépuscule, de Les hommes naissent tous le même jour, le roman où il raconte notre siècle. Les sept héros, nés le 1er janvier 1900, ont atteint, quand commence ce volume, le « milieu de la vie ». Que vont devenir, alors que débute la Seconde Guerre mondiale, ces personnages qui ne peuvent qu’être emportés par la tourmente : Karl Menninger, l’officier allemand ; Serge Cordelier, le haut fonctionnaire français décidé à la Résistance ; Allen Roy Gallway, le lucide écrivain américain ; Lee Lou Ching, qui est devenu l’un des chefs du communisme chinois ; Anna Spasskaia, la jeune femme russe de Leningrad, révolutionnaire de 1917 persécutée par le régime de Staline ; Sarah Berelovitz, la grande pianiste d’origine polonaise ?
Autour de ces héros, tout un monde d’événements et de personnages surgit qui nous entraîne jusqu’à aujourd’hui, car, comme dans la vie, à côté de la génération qui vieillit, Max Gallo fait naître d’autres acteurs du récit : Christophe Le Guen, Nathalia Berelovitz, Catherine..., beaucoup d’autres, adolescents des années 70, dont le destin raconte notre présent.
L'angoisse du roi Salomon de Romain Gary
1979
Romain Gary (et Émile Ajar)
Littérature
6 h
- Je vous préviens que ça ne se passera pas comme ça. Il est exact que je viens d’avoir quatre-vingt-cinq ans. Mais de là à me croire nul et non avenu, il y a un pas que je ne vous permets pas de franchir. Il y a une chose que je tiens à vous dire. Je tiens à vous dire, mes jeunes amis, que je n’ai pas échappé aux nazis pendant quatre ans, à la Gestapo, à la déportation, aux rafles pour le Vél’ d’Hiv’, aux chambres à gaz et à l’extermination pour me laisser faire par une quelconque mort dite naturelle de troisième ordre, sous de miteux prétextes physiologiques. Les meilleurs ne sont pas parvenus à m’avoir, alors vous pensez qu’on ne m’aura pas par la routine. Je n’ai pas échappé à l’holocauste pour rien, mes petits amis. J’ai l’intention de vivre vieux, qu’on se le tienne pour dit !
Big Sur de Jack Kerouac
1979
Jack Kerouac
Littérature américaine
5 h
Le héros de ce roman, Jack Duluoz ou Ti Jean, n’est autre que Jack Kerouac, l’auteur de Sur la route. Au bord de la folie, le Roi des Beatniks cherche à fuir l’existence de cinglé qu’il a menée pendant trois ans et part pour San Francisco. Il se réfugie au bord de la mer, à Big Sur, dans une cabane isolée. Après quelques jours de bonheur passés dans la solitude à se retremper dans la nature, Duluoz est à nouveau saisi par le désespoir et l’horreur. Aussi revient-il à San Francisco où l’attendent le monde, les beatniks, l’érotisme. Mais il ne retrouve pas la paix pour autant.
Le livre du rire et de l'oubli de Milan Kundera
1979
Milan Kundera
Littérature étrangère
5 h
Tout ce livre est un roman en forme de variations. Les différentes parties se suivent comme les différentes étapes d’un voyage qui conduit à l’intérieur d’un thème, à l’intérieur d’une pensée, à l’intérieur d’une seule et unique situation dont la compréhension se perd pour moi dans l’immensité.
C’est un roman sur Tamina et, à l’instant où Tamina sort de la scène, c’est un roman pour Tamina. Elle est le principal personnage et le principal auditeur et toutes les autres histoires sont une variation sur sa propre histoire et se rejoignent dans sa vie comme dans un miroir.
C’est un roman sur le rire et sur l’oubli, sur l’oubli et sur Prague, sur Prague et sur les anges.
Pélagie-la-Charrette de Antonine Maillet
1979
Goncourt 1979
Antonine Maillet
Littérature
5 h
Chassée par les Anglais en 1755, une veuve, devenue esclave en Géorgie, décide de revenir en Acadie avec ses enfants. Rejointe par d’autres exilés, son odyssée de toutes les amours, de tous les dangers, durera dix ans. De Charleston à Baltimore, en passant par les marais de Salem, Pélagie et son peuple croiseront les Iroquois, connaîtront la guerre d’Indépendance américaine, souffriront la haine des protestants de Boston et un hiver rigoureux avant de regagner leur Terre promise. On ne sait ce qu’il faut admirer le plus de cette épopée : la langue d’Antonine Maillet, ce français violent, coloré, magnifié d’Acadie, ou l’héroïsme d’une femme incarnant le courage de nos lointains cousins. Une certitude cependant : par son humour, sa ferveur, Pélagie-la-Charrette est un chef d’œuvre.
Ecoute le chant du vent de Haruki Murakami
1979
Haruki Murakami
Littérature japonaise
2 h
« Été 1970, « je », le narrateur, de retour au pays natal, une petite ville en bord de mer, trompe l’ennui en buvant de la bière avec son ami « le Rat », et fréquente une jeune fille libérée. Alors qu’il prend avec simplicité l’insouciance de l’amour de chacun des deux, l’été du narrateur fait remonter à la surface des souvenirs qui s’écoulent douloureusement. Première œuvre remarquable qui saisit d’une touche légère un portrait passé de l’adolescence, elle a été récompensée du prix Gunzô des débutants. »
 
 
Moi d'abord de Katherine Pancol
1979
Katherine Pancol
Littérature
3½ h
Ce sera Antoine. Sophie en est sûre. Le voyage en Italie, la bague de fiançailles, l’appartement propret, la présentation aux parents, et dans un an le premier de leurs trois enfants… Sophie veut le meilleur, et bien plus encore. Elle veut de l’aventure, de la folie, du Septième Ciel… Comment trouver le bonheur quand on a vingt ans et envie de dévorer la vie?
 
 
Affaires étrangères de Jean-Marc Roberts
1979
Renaudot 1979
Jean-Marc Roberts
Littérature
2½ h
Tout abandonner : Nina sa femme, sa mère, ses amis, le poker et même la grand-mère Yette, et le chien. Ou plutôt s’éloigner, peu à peu, mais inexorablement : voilà le curieux destin de Louis Coline, jeune cadre au service publicité des Magasins de l’avenue de l’Opéra. Quitter un amour partagé, des affections sûres, les dimanches en famille, les soirées entre amis, pour Bertrand Malair, son nouveau patron. Que sait-on de Malair, personnage énigmatique suivi comme son ombre par ses deux acolytes, Lingre et Belais ? On murmure à son propos des choses inquiétantes.
Qu’il aurait naguère poussé un cadre au suicide, qu’il transforme ses collaborateurs en domestiques et s’entoure - Louis en fera bientôt l’expérience - de personnages singuliers. Malair fascine Louis et l’attire un peu plus chaque jour : encouragements, marques de confiance, présentation au cercle de ses amis - tout ce dont le jeune homme s’était pris à rêver. Le rêve se réalise, il s’y plonge et s’y enferme, y trouve l’exaltation, peut-être, d’une puissance qu’il croit partager, pais en perdant toute mesure. Car tel est le pouvoir d’un Malair : vous séduire, vous aimer, croyez-vous, mais aussi tout vous prendre sans rien vous donner.
Le jour où il vous quitte, vous n’êtes plus personne. D’ailleurs, qui est qui dans cette étrange tragédie sans éclats où la vie se brise sans combat ?
Le choix de Sophie de William Styron
1979
William Styron
Littérature
18 h
À Brooklyn, en 1947, Stingo, jeune écrivain venu du Sud, rencontre Sophie, jeune catholique polonaise rescapée des camps de la mort. À la relation de la rencontre du jeune homme avec l’amour, se superposent la narration du martyre de Sophie, l’évocation de l’univers concentrationnaire et de l’holocauste nazi. Les deux veines, autobiographique et historique, irriguent en profondeur ce roman et fusionnent en une émouvante parabole sur l’omniprésence du Mal, symbolisé par l’horreur nazie, mais aussi par l’esclavage et le racisme brutal ou larvé de la société américaine, l’intolérance à tous les degrés, la férocité de la lutte de l’homme pour la vie ou la survie la plus élémentaire.
Un endroit où aller de Robert Penn Warren
1979
Robert Penn Warren
Littérature américaine
10 h
Dans ce livre où l’invention du récit, les retours de la mémoire et l’intrusion des événements font comme un tourbillon, les aventures et mésaventures de Jed Tewksbury sont toutes dominées par l’arrachement au Sud, la traversée de la guerre et la furieuse mais impossible liaison avec Rozelle. C’est qu’avec Un endroit où aller (1977), composé quand il avait déjà plus de soixante-dix ans, Robert Penn Warren, inoubliable auteur des Fous du roi (1946), n’a pas seulement écrit une superbe histoire tout imprégnée de relents autobiographiques, il a aussi livré les trois clefs de son propre royaume : l’amour au sens le plus déchirant, l’aventure sous l’angle presque médiéval de la quête, et le Sud dans la dialectique la plus mythologique de l’appartenance et du détachement. Voilà, à coup sûr, l’un des livres indispensables dans la bibliothèque de l’honnête homme d’aujourd’hui.
 
 
Deux amours cruelles de Junichirô Tanizaki
1979
Junichirô Tanizaki
Littérature japonaise
2 h
« Bien des histoires d’amour de la littérature japonaise atteignent des profondeurs de tendresse et de cruauté que la littérature occidentale n’a presque jamais atteintes… Les deux histoires de Tanizaki dont Kikou Yamata nous donne aujourd’hui la traduction, appartiennent à cette catégorie qui dépasse tous les qualificatifs. Le plaisir, la joie de découvrir un monde aussi étonnamment étrange, séduisant et souvent hallucinant m’apparaît comme aussi merveilleux que de pouvoir regarder l’autre côté de la lune. C’est un monde qui, bien qu’il nous soit demeuré longtemps caché n’est pas aussi inaccessible qu’on pouvait le penser. C’est un peu comme cette part de réalité de notre âme que nous apercevons dans nos rêves et sans laquelle on ne pourrait jamais saisir la vraie nature de notre être très mystérieux. »
Chesapeake de James A. Michener
1979
James A. Michener
Littérature américaine
27 h
Chesapeake est un roman de James A. Michener, romancier américain, publié en 1978 et dont la traduction en français est parue l’année suivante. C’est une vaste fresque historique, s’étendant sur environ quatre siècles, ayant pour cadre un petit territoire proche de la baie de Chesapeake sur la côte orientale des États-Unis.
L’histoire débute en 1583, avec l’installation sur les bords du Choptank, petite rivière bordée de marécages, de Pentaquod, un Indien fuyant sa tribu iroquoise des Susquehannocks. Il s’intègre aux pacifiques Indiens autochtones du secteur et en devient le guide. Ensuite, c’est l’arrivée en 1606 des premiers colons anglais, sous la conduite du capitaine John Smith. Très vite les Indiens sont éliminés ou acculturés et se met en place la colonie du Maryland et un modèle économique assis sur les plantations de tabac qui crée un courant de relations permanent avec l’Angleterre.
À travers des générations de planteurs qui détiennent la richesse et l’influence, des générations d’hommes des marais qui possèdent la ruse et l’audace, de quakers qui incarnent le génie créateur et la conscience morale de la communauté, quatre siècles d’histoire américaine sont ici restitués.
 
 
La Bataille du Petit Trianon de Jorge Amado
1980
Jorge Amado
Littérature étrangère
5 h
Nous sommes au Brésil à Rio de Janeiro, en pleine Seconde Guerre Mondiale, sous l’Estado Novo, dictature militaire proche de l’idéologie nazie qui n’a de cesse de chasser les communistes et de torturer les opposants politiques.
Le grand poète académicien Antonio Bruno apprend la déroute des Français et l’entrée des Allemands dans Paris. Devant une telle défaite, voyant que la barbarie s’installe, il meurt de chagrin. Une place est désormais vacante à l’Académie des Lettres brésilienne ; le colonel Agnaldo Sampaio Pereira, grand admirateur du Troisième Reich, va alors se présenter, persuadé d’être élu à l’unanimité. Mais les académiciens refusent de laisser ce « Goebbels » brésilien briguer le fauteuil des immortels et vont lui imposer un autre candidat, membre de l’armée lui aussi, mais défenseur de la démocratie : le général Waldomiro Moreira. Qui du fascisme ou du libéralisme finira par gagner ? L’armée parviendra-t-elle à trouver sa place au sein du précieux monde des Lettres ?
Avec un humour féroce, Jorge Amado dénonce, dans La bataille du Petit Trianon, la bestialité et la bêtise de l’homme.
Dans une société où les machinations et la perversité sont de mise, ne restent que la littérature et la poésie pour (ré)enchanter le monde et faire éclater sa sensualité.
La charette bleue de René Barjavel
1980
René Barjavel
Littérature
3½ h
René Barjavel raconte son enfance dans la boulangerie provençale de ses parents. Au fil des pages et des souvenirs, parfois précis, parfois flous comme des couleurs dans la brume, nous voyons vivre un petit garçon naïf et ébloui, qui découvre les merveilles familières du monde. Autour de lui, c’est un bourg de Provence qui surgit, au temps de la Grande Guerre de 1914. Et si les hommes qui sont loin, au front, s’entre-tuent avec des moyens très modernes, à Nyons c’est encore la civilisation paysanne et artisanale qui subsiste, la civilisation de la main et de l’outil. Et les enfants regardent le charron fabriquer pièce par pièce un chef-d’oeuvre : la grande charrette bleue qu’un paysan lui a commandée et qui va porter dans cette histoire le signe du destin. Mais déjà le premier aéroplane, aux ailes de toile, se pose dans un champ...
 
 
Le corbeau vient le dernier de Italo Calvino
1980
Italo Calvino
Littérature italienne
4 h
Deux enfants qui jouent à la guerre se trouvent brusquement confrontés à de vrais soldats. Un bœuf solitaire et mélancolique rêve d’un paradis perdu. Deux frères sèment la terreur dans leur village natal et d’autres encore invoquent avec force le “droit à la paresse”. On aimera retrouver dans ces histoires et quelques autres la fantaisie, l’ironie amusée et l’invention toujours inattendue de l’auteur de Marcovaldo et du Baron perché. Ce furent ses premiers récits, il portaient déjà la marque d’un maître.
 
 
Si par une nuit d'hiver un voyageur de Italo Calvino
1980
Italo Calvino
Littérature italienne
5½ h
« Tu vas commencer le nouveau roman d’Italo Calvino. Détends-toi. Concentre-toi. Écarte de toi toute autre pensée. » Lecteur, avez-vous jamais rêvé d’être le héros d’un roman d’Italo Calvino ? Avez-vous jamais imaginé devenir auteur, libraire, professeur d’université ? Le voyage commence ici : non pas un récit, mais dix aventures vertigineuses et sublimes, dont vous serez partie prenante. Un des romans les plus ingénieux, les plus insolites, sur ce triangle magique qui lie auteur, personnages et lecteur. Le voici, le livre de notre temps et de notre monde. - Paul Fournel, président de l’Oulipo.
C'était le Pérou de Patrick Cauvin
1980
Patrick Cauvin
Littérature
4 h
Entre Bezons et le Machupicchu, entre la France et le Pérou, il y a plus de dix mille kilomètres.
Quatre hommes, aussi différents que l’on puisse être, vont les franchir, le temps des vacances. Leur rencontre, dans une voiture bringuebalante cheminant entre 3 000 et 5 500 mètres d’altitude sur la route des Andes, va non seulement les entraîner dans d’abracadabrantes aventures, mais aussi changer à jamais leur vie.
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