A la parution du Coq et l’Arlequin en 1918, Jean Cocteau dédie ce texte à Georges Auric, un des jeunes musiciens du « groupe des Six » avec lequel il partage le rejet d’héritages artistiques tels que le debussysme ou le wagnérisme. Dans la préface qu’il rédige en 1978 lors de la réédition du livre, Georges Auric écrit qu’il y retrouve « plusieurs des pensées qui, auprès de Satie, [les] préoccupaient tous, mais exprimées avec une acuité, un “brio” très exactement éblouissants », à propos de Stravinsky notamment, et du Sacre du Printemps que Cocteau considère comme « un chef-d’oeuvre » qui « nous cogne en mesure sur la tête et sur le cœur ».
Au-delà d’une réflexion sur la création musicale, « ces notes autour de la musique apparaissent en même temps comme des notes autour des années où elles étaient rédigées », écrit Georges Auric. « Il me suffit d’en entrouvrir les pages : en marge de chacune, avec le binocle de notre “bon maître” d’Arcueil, avec son rire, ses mauvaises humeur, avec les coulisses de Parade, les exégèses de leur auteur et nos longues discussions, c’est également toute la vie quotidienne d’une époque que je pouvais croire pour toujours abolie qui ressuscite pour moi. »