1962
Yves Dermèze
Espionnage
2 h
— Arrêtez ! cria-t-il. Elle n’écouta pas. Elle courait. En trois bonds, elle atteignit la porte, l’ouvrit, sauta à l’extérieur, dans la nuit. Cartier haussa les épaules, empocha son pistolet, alla jusqu’à la porte sans cesser de surveiller Guzman, poussa le verrou et revint près du blessé. — Inutile de faire l’imbécile, bougonna-t-il. Je sais que je t’ai touché au bras. Lève-toi : tu as des choses à me raconter. Et si… Il se tut, s’agenouilla, stupéfait. Guzman ne bougeait pas, n’entendait pas. Il était couché sur le dos, les yeux grands ouverts. Son bras droit, qu’avait atteint la balle tirée par Cartier, faisait avec son corps un angle étrange. Sans doute était-il brisé. Mais ce n’était pas cela que regardait Cartier. Un petit trou bien rond perçait les vêtements de Guzman, juste à hauteur du cœur. Un mince filet de sang avait filtré et s’élargissait à vue d’œil, sur l’étoffe. Guzman était mort d’une balle en plein cœur.
