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Quand reviennent les âmes errantes de François Cheng
2012
François Cheng
Littérature
1½ h
Il y a dans cette oeuvre atypique quelque chose de la tragédie grecque, de la poésie épique, ou même de l’oratorio (tant il est vrai que l’on imagine aisément une scène avec ces trois « voix » et ce choeur). Mais bien que l’on soit devant un grand poème spirituel en prose aux accents claudéliens, il y a bien là un récit, qui s’inscrit dans un cadre historique.
Les trois personnages sont pris dans la tourmente de l’écroulement du dernier royaume indépendant devant le tyran qui prendra le nom de Premier empereur (fin du IIIe siècle avant J.-C.). Au milieu de ce chaos, deux hommes sont épris de la même femme, sans jalousie aucune. Le premier, joueur de zhou (instrument traditionnel à percussion), est autant l’incarnation du yin que le second, valeureux chevalier, l’est du yang. Tous deux périront dans d’atroces souffrances après avoir tenté vainement de s’approcher du tyran pour le supprimer. Entre eux et avec eux, la femme aimée incarne le souffle de vie, le désir généreux de pureté qui élève l’homme jusqu’à sa plus haute dimension. Et à cette hauteur, elle continuera à dialoguer par-delà la mort avec ses deux amours, dont lui reviennent les âmes errantes.
Le livre se termine par une exaltation en vers de la « nuit mystique où la terre se donne au ciel », dans laquelle, comme dans le Cantique des cantiques biblique, on ne distingue pas toujours qui, des trois personnages, est le locuteur. Sublime !
Les français malades de leurs mots de Loïc Madec
2018
Loïc Madec
Essai
2 h
Les Français se disent attachés à leur langue. L’usage qu’ils en font permet pourtant d’en douter sérieusement. Loin de rendre hommage à sa richesse et à sa subtilité en variant le vocabulaire, leurs conversations s’articulent en effet à des mots qui leur servent de prêt-à-parler, où le superlatif le dispute au vain et à l’insidieux. Le constat qu’il établit, au-delà de la dissolution des termes et de leurs sens dans la facilité instiguée par une époque ployant sous le festif, se double d’un diagnostic enracinant le mal dans une société française où, narcissisme radieux oblige, prévaut en définitive l’évitement des autres et de leurs opinions. Inutile aujourd’hui d’engager un authentique dialogue : le très intégré “chacun-ses-goûts”, entérinant l’imprescriptibilité des choix individuels, a engendré le sacrosaint “ressenti”, garant inconditionnel de l’immunité des points de vue et fossoyeur de l’échange. Le locuteur français, béat au fond de la tombe d’une “com’” qu’il continue pourtant de célébrer, est désormais à l’abri de tout réel désaveu. Il fallait une sensibilité aiguë ainsi qu’un amour ardent de la langue pour s’émouvoir de ce gâchis puis interpeller ses compatriotes - et de fait tous les francophones - sur les tristes raisons de leurs tics (de la simple causerie aux discours politiques, en passant par les interviews, les messages publicitaires...). La présentation de cette débâcle est à la fois incisive et facétieuse. Le lecteur a entre les mains un texte lucide, brusque, stimulant.
 
 
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